La Série Surnaturelle 
La vie de William Marrion Branham

La Série Surnaturelle
La vie de William Marrion Branham

Owen Jorgensen

Un avertissement solennel

Chapitre 69

1955



LA CAMPAGNE DE WILLIAM BRANHAM, à Phœnix, se termina le mercredi mars 1955. Le lendemain, il se rendit à Los Angeles, en Californie, pour commencer une campagne de cinq soirs à l’Angelus Temple, l’église fondée par Aimee Semple McPherson, une célèbre évangéliste des années 1920. Ils se déplacèrent ensuite dans un bâtiment plus grand pour tenir deux réunions parrainées par les Hommes d’Affaires du Plein Évangile International. Le vice-président des Hommes d’Affaires, Miner Arganbright, avait loué la Stock Arena pour les vendredis et samedis soirs, soient les 11 et 12 mars.

Bill espérait que ces deux réunions se dérouleraient mieux que celle qu’il avait tenue en Californie l’été précédent. Au mois d’août 1954, lorsqu’il avait prêché au Calvary Temple, les foules avaient été beaucoup moins nombreuses que ce à quoi s’attendaient ses promoteurs. Par la suite, Bill avait appris que plusieurs personnes avaient refusé d’y assister parce qu’elles n’aimaient pas l’église dans laquelle ses réunions se déroulaient. Même s’il n’était rattaché à aucune dénomination, les conflits entre dénominations affectaient néanmoins son ministère.

Il visitait régulièrement la côte Ouest depuis 1947. Au début, ses réunions en Californie avaient débordé de foi et de miracles et les foules accouraient en plus grand nombre à chaque année qu’il y retournait. Mais cette tendance s’était inversée dernièrement. Les chrétiens d’Orange County semblaient avoir perdu l’intérêt pour son don surnaturel. Il était certain que les films et la télévision distrayaient les gens des choses de Dieu. Peut-être qu’Hollywood avait même entraîné quelques chrétiens dans ses illusions, engourdissant leurs sens spirituels et les empêchant de voir le signe du Messie manifesté au milieu d’eux. Ou peut-être que les jalousies et les rivalités entre dénominations rendaient les dirigeants d’églises réticents à coopérer entre eux. Peu importe la raison, l’assistance aux campagnes de Bill en Californie avait diminué considérablement au cours des trois dernières années.

Bill se souvenait d’une conversation qu’il avait eue avec un prédicateur baptiste la première fois qu’il était allé à Los Angeles, en 1947. Le ministre l’avait averti : «Frère Branham, maintenant que vous êtes sur la côte Ouest, vous feriez mieux de faire attention à ce que vous prêchez.»

Cela l’intrigua. «Je prêche la guérison divine. Qu’y a-t-il de mal à ça?»

«Oh, je crois aussi à la guérison divine,» répliqua le ministre, «mais ici, en Californie, il y a une différence. Prenez l’édition du samedi de n’importe quel journal et vous verrez par vous-même. Ici, la pire forme de fanatisme est reliée à la guérison divine, des gens étranges avec toutes sortes de théories et de sentiments étranges qu’ils appellent signes de Dieu. Si vous ne faites pas attention, vous allez provoquer l’accroissement de ce genre de choses.»

À l’époque, Bill avait répondu : «Écoutez, monsieur, mon don vient de Dieu. Je crois qu’il va bénir les chrétiens. Mon désir est de rassembler tous ces pentecôtistes dispersés en un commun accord. Ils ont la meilleure chose au monde, le baptême du Saint-Esprit. Sûrement que ces gens spirituels reconnaîtront ce qu’est mon don et comprendront ce que j’essaie de faire.»

Le ministre baptiste avait répondu : «Je ne doute ni de votre don, ni de vos motifs, mais que Dieu soit avec vous, Frère Branham.» Il avait prononcé cette phrase solennellement; comme un avertissement bien plus qu’une bénédiction. À l’époque, Bill n’avait pas compris ce que le prédicateur avait voulu dire. Il devait bientôt l’apprendre.

Le lundi 7 mars 1955, Bill se réveilla à 3 du matin. Incapable de se rendormir, il se leva pour prier. Il sentit bientôt la présence de l’ange du Seigneur dans la chambre. L’instant d’après, une vision l’emmena en promenade.

Il se tenait maintenant sur le bord d’une paroi rocheuse et avait une vue panoramique sur Los Angeles. Directement en bas se trouvait une rue bordée de palmiers. Des vautours criards voletaient partout, certains d’arbres en arbres, d’autres s’étaient attroupés autour de la carcasse d’un animal mort. Sur la chaussée, chaque espèce de vautour était représentée. Du haut d’un palmier, un vautour cria au groupe qui mangeait la carcasse : «Je l’ai.» Un des vautours qui était sur le rue leva les yeux de son repas et répondit : «Je l’ai aussi.» Cela déclencha un vacarme dans lequel chaque vautour croassait à son voisin : «Je l’ai! Je l’ai!»

Bill se demandait ce que cette étrange scène bruyante pouvait bien signifier. Soudain, le même prédicateur baptiste qui lui avait donné l’avertissement solennel lors de son premier séjour à Los Angeles apparut près de lui sur la paroi rocheuse. Le prédicateur regarda Bill droit dans les yeux et lui dit sévèrement : «Que vous ai-je dit il y a huit ans, Frère Branham?»

«Monsieur, je suis désolé. Je croyais qu’ils comprendraient à coup sûr.»

L’ange du Seigneur apparut à la droite de Bill. Il dit : «Moïse pensa aussi que les Israélites comprendraient à coup sûr.»[96]

Puis la vision s’éteignit et Bill se retrouva dans sa chambre.

LE VENDREDI SOIR, à la Stock Arena, Bill raconta la vision à son auditoire et demanda publiquement pardon au prédicateur baptiste de ne pas avoir tenu compte de son avertissement. Puis il essaya de nouveau de se faire comprendre par les gens. Pendant deux soirs il expliqua la différence entre le sceau de Dieu sur le croyant et le sceau de l’antéchrist sur l’incroyant. Il enseigna que le sceau de Dieu était le baptême du Saint-Esprit qui amenait le chrétien à accepter toute la Parole comme inspirée de Dieu. L’esprit antéchrist prétendait aussi aimer Dieu, mais cet esprit ne pouvait pas accepter toutes les choses écrites dans la Bible comme vraies.

Bill dit : «Les gens qui ont l’esprit de l’antéchrist sont des croyants tièdes, toujours hésitants, s’approchant du Saint-Esprit pour dire ensuite : “Je ne crois pas en de telles choses.” Ils ne peuvent pas aller plus loin que leur leader, Judas, ils sont très fondamentaux au niveau de la doctrine, mais pour ce qui est du baptême du Saint-Esprit, ils disent : “Oh, c’est du fanatisme; il n’y a rien de vrai là-dedans.” Ils croient peut-être la Parole intellectuellement, mais ils ne peuvent pas la croire de tout leur cœur.»

«L’esprit antéchrist sera un esprit religieux. Jésus a dit qu’il serait si près de la vérité que cela séduirait même les élus, si c’était possible.[97] Cela nous montre un angle différent, n’est-ce pas? C’est un esprit religieux, un esprit qui peut crier, danser, chasser des démons, faire des miracles, pourtant, c’est toujours l’antéchrist. Jésus a enseigné que ce n’était pas tous ceux qui l’appelaient “Seigneur” qui entreraient dans le Royaume des cieux. Au jour du jugement, plusieurs personnes lui diront : “Seigneur, n’avons-nous pas prophétisé en Ton nom, chassé des démons en Ton nom et fait plusieurs miracles en Ton nom?” Puis Jésus leur dira : “Éloignez-vous de Moi, vous qui commettez l’iniquité. Je ne vous ai jamais connus.”[98]»

«Vous ne pouvez pas baser votre salut sur des émotions. Lorsque j’étais en Inde, j’ai vu des gens se surexciter au point de devenir frénétiques, crier à pleins poumons, puis marcher pieds nus sur des charbons ardents sans se brûler, pourtant, ils nient l’existence même de Jésus-Christ! Les émotions ne veulent donc rien dire.[99] Ce qui importe, ce sont les fruits du Saint-Esprit : l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté et la douceur.[100] C’est juste. Je ne veux pas vous blesser, mais cela doit être dit. Vous avez vu le Saint-Esprit agir dans mon ministère par le don du discernement. J’en suis maintenant rendu au point où je veux vous parler de ces choses-là en plus du reste.»

Quelques minutes plus tard, il reprit l’exemple de la vision des vautours se nourrissant de charogne, mais prétendant avoir la vérité. Bill dit : «Frères, vous ne comprenez pas mon ministère. Le Dieu du ciel essaie de vous rassembler. Mais à chaque fois que je viens ici, les foules sont de moins en moins nombreuses. Peu importe ce que j’essaie de faire, certaines personnes définissent mon ministère comme étant une secte. Frères et sœurs, le grand mouvement pentecôtiste ne prospérera jamais à moins que vous abandonniez vos préjugés et que vos coeurs ne soient de nouveau unis d’un même esprit. Si vous continuez à le rejeter, rappelez-vous que Laodicée, le dernier âge de l’église, devient tiède et Dieu les vomit de Sa bouche! [101] Entendez la parole du Seigneur!»

«L’église pentecôtiste est en train de devenir froide et guindée. C’est la raison pour laquelle vous ne pouvez pas coopérer les uns avec les autres, vous prêtez plus attention à vos organisations qu’à Jésus-Christ. Chaque église essaie d’éclipser les autres en construisant le plus beau bâtiment en ville. Qu’est-ce que Dieu a à faire des bâtiments d’églises? Si vous croyez que Jésus revient bientôt, pourquoi mettez-vous des millions de dollars dans la construction de vos églises? Cet argent devrait être dépensé pour les missions, consacré à annoncer l’Évangile à ceux qui ne l’ont jamais entendu.»

«Vous, les pentecôtistes, avez baissé vos standards, permettant au péché d’entrer dans l’église. Les femmes pentecôtistes avaient l’habitude d’avoir les cheveux longs et de se vêtir décemment. Maintenant, la plupart d’entre elles ont coupé leurs cheveux, se maquillent et portent des shorts ou des robes moulantes. Elles disent être baptisées du Saint-Esprit? Je crois que le Saint-Esprit vous fait vous habiller décemment et vivre correctement. Si le Saint-Esprit a condamné ces choses au commencement. Il est toujours le même Saint-Esprit ce soir. Il ne change pas.»

«J’ai bien peur que quelque chose n’a pas été commencée de la bonne façon au tout début. Amen. Oh! Là, là!, je déteste dire cela. Mais comment pourrais-je ne pas le dire alors que cela veut tout simplement sortir de moi?»

«Ce soir, les Hommes d’Affaires Chrétiens m’ont amené ici dans cet immense aréna pour que nous puissions nous réunir sans nos étiquettes de dénominations. Cet endroit devrait être plein à craquer de ministres se serrant la main les uns aux autres en louant Dieu d’avoir envoyé un réveil. Mais trop de prédicateurs ont dit à leur église : “N’allez pas là car il n’appartient pas à notre groupe.” Frères, c’est le diable qui s’insinue entre vous, vous séparant, vous éloignant les uns des autres. Ne voyez-vous pas ce que je veux dire?»

«Alors si ce prédicateur baptiste est ici ce soir, je m’excuse à nouveau. Mon ministère a encouragé le fanatisme au lieu de rassembler les chrétiens de la Californie. Chacun doit reconnaître un démon et l’anéantir. Oh, frère, si vous croyez que je suis le serviteur de Dieu, écoutez ma voix ce soir. Revenez à l’Évangile. Priez pour que le Saint-Esprit vous donne assez d’amour pour vous libérer de tous ces préjugés. Humiliez-vous et priez que Dieu vous façonne à son image. Alors vous ne serez pas séduits par toutes ces fausses vignes qui essaient d’imiter les vrais dons de Dieu.»

WILLIAM BRANHAM savait que plusieurs personnes pensaient que son don était très peu orthodoxe. Il essayait souvent d’expliquer le fonctionnement des visions à ses auditoires, espérant qu’une telle explication aiderait les chrétiens à éviter les malentendus. Mais certains le comprenaient mal de toute façon.

Une fois, un jeune pentecôtiste vint voir Bill pour lui demander conseil sur sa relation de couple. L’homme dit : «Ma femme est une luthérienne ardente et je ne parviens pas à lui faire voir le baptême du Saint-Esprit. Frère Branham, je vous ai vu faire affaire avec des démons lors de vos réunions, alors lorsque ma femme se moque de moi, je commande au démon de sortir d’elle dans le Nom de Jésus. Mais peu importe à quel point j’y mets du cœur, je n’arrive pas à le faire quitter. Maintenant je crois bien qu’on va divorcer.»

«Frère, vous ne vous y prenez pas du tout de la bonne façon,» répliqua Bill. «Lorsqu’elle commencera cela, dites : “Que Dieu te bénisse, ma chérie. Je t’aime”, et soyez gentil avec elle. Faites quelque chose qui lui ferait plaisir et priez silencieusement pour elle dans votre cœur. Dieu se chargera du reste.»

Trois semaines plus tard, cet homme téléphona à Bill pour lui dire : «Mon foyer est révolutionné. Ma femme est une personne différente.»

«Qu’est-ce qui a le plus de puissance,» demanda Bill, «crier et donner des coups de pied ou mettre les bras autour d’elle avec amour? Rappelez-vous toujours que Dieu est amour. C’est de cette façon que je chasse les démons lors de mes réunions, par la puissance de l’amour.»

Mais la plupart des malentendus n’étaient pas aussi faciles à corriger. Le pire de tout était lorsque les prédicateurs qui avaient été témoins du don de Bill ou qui en avaient entendu parler, essayaient de l’imiter pour leur gain personnel, causant ainsi beaucoup de confusion parmi les chrétiens. Quelques-uns de ces prédicateurs étaient carrément des imposteurs capitalisant sur la naïveté de gens honnêtes mais spirituellement ignorants. D’autres embrassaient sincèrement les dons du Saint-Esprit mais ne prenaient pas garde de les manier d’une façon scripturaire et causaient ainsi presque autant de dommage que les précédents.

Bill connaissait un prédicateur bien embrouillé proclamant avoir un don de discernement qui disait : «Cette femme est possédée de trois démons. L’un d’eux se nomme Jeff et un autre Seth. Chacun est de couleur différente. Un de ces démons est vert, l’autre bleu et le dernier est rose.» Lorsque Bill entendit cela, il pria : «Oh, Dieu, ai-je déjà dit quoi que ce soit pour donner de telles idées aux gens? Ne laisse pas cela se produire, Seigneur. Beaucoup de ces gens luttent tellement fort, essayant de voir le royaume de Dieu. Comment peuvent-ils se rassembler par centaines pour écouter de telles inepties? Fais-leur entendre la voix du Bon Berger afin qu’ils n’écoutent pas celle de ces étrangers.»

La vérité à propos du don de Bill était bien plus puissante et saisissante que tout ce que ces imitateurs pouvaient imaginer. Lorsque l’onction descendait sur lui pendant un service de prière, c’était comme si on avait ouvert les rideaux d’une fenêtre, lui permettant d’entrevoir une partie du royaume spirituel. Il pouvait sentir la présence de l’ange du Seigneur à quelques pieds [moins d’un mètre] à sa droite et pouvait souvent voir l’ange sous la forme d’une colonne de feu suspendue dans les airs. Lorsque les gens de la ligne de prière s’avançaient dans la présence de cet ange, Bill pouvait savoir s’ils étaient des croyants ou des incroyants. Un faible halo entourait les chrétiens et ils avaient un esprit chaleureux. Si un chrétien était troublé par le doute, Bill pouvait voir une bande sombre qui suivait celui-ci. Si un croyant était tourmenté par un démon, Bill voyait une ombre noire ondulée au-dessus de sa tête.

En général, les démons apparaissaient sous la forme de nuages sombres, froids et indifférents. Une personne envisageant le suicide était entourée d’un brouillard noir de démons la poussant à commettre l’acte. Si quelqu’un était en train de mourir, Bill voyait souvent une ombre noire entourant sa tête. Il disait alors que la personne était sous l’ombre de la mort. Souvent, lorsqu’un démon causant une maladie spécifique était exposé sur la scène, il criait à l’aide à d’autres démons qui causaient la même maladie en d’autres personnes non loin de là. Bill le voyait comme une bande sombre courant de la personne sur l’estrade jusqu’à une autre dans l’auditoire. Il pouvait alors démasquer les deux démons sur-le-champ. Ses diagnostics étaient toujours justes.

Lorsqu’il était sous l’onction, il pouvait sentir la foi des gens tirer sur son don. La principale raison pour laquelle il faisait des lignes de prière de toute façon, était pour lui permettre d’isoler la foi de la personne pour laquelle il priait. Il savait que c’était la foi de chaque individu qui mettait son don en opération. Lorsque les gens s’avançaient, une conversation de quelques mots seulement était suffisante pour susciter une vision. Si Bill continuait à parler, la vision se poursuivait jusqu’à ce qu’il soit épuisé physiquement. Afin de retarder l’inévitable, il essayait d’en dire juste assez pour élever la foi de la personne au point où elle puisse accepter sa guérison surnaturelle de la part de Jésus-Christ. Même sans vision, Bill pouvait souvent savoir si le patient était guéri parce que le halo l’entourant se mettait à briller plus intensément. L’ange du Seigneur quittait souvent l’estrade pour se déplacer dans l’auditoire. Tout ce que Bill avait à faire alors était de regarder la colonne de feu, puisque la vision se dévoilait toujours sous cette lumière. Parfois, lors d’une réunion, la foi des chrétiens devenait si grande que Bill pouvait la voir sous la forme d’une brume laiteuse suspendue au-dessus de l’auditoire. Lorsque cela se produisait, il y avait tellement de gens tirant sur son don en même temps qu’il avait de la difficulté à discerner les problèmes un par un. Habituellement, à ce moment-là, il mettait fin à la ligne de prière et faisait une prière générale pour la guérison de chaque personne malade dans le bâtiment.

Malgré les nombreuses fois où il avait essayé d’expliquer l’aspect surnaturel de son don, la plupart des gens ne le comprenaient toujours pas. Il n’y avait aucun mal à cela. Le problème était lorsque des gens se servaient de ses explications pour essayer d’imiter son ministère. Tout ceci devint douloureusement clair un certain matin, lorsqu’une femme d’âge mûr vint chez Bill pour lui demander de l’aide. Il l’invita à prendre place au salon. Meda était en train de préparer le petit-déjeuner. La femme s’assit sur la chaise capitonnée, enleva ses chaussures et ses bas de nylon, replia ses jambes sous elle et se mit à se frotter les mains nerveusement. Son visage avait l’air hagard, bouleversé. Lorsque Bill lui demanda ce qui n’allait pas, tout ce qu’elle lui répondit était qu’elle se sentait bizarre. Il insista pour qu’elle lui donne plus de détails mais elle demeura vague et mystérieuse.

À ce moment-là, une vision vint percer le cœur du mystère. «Madame, vous venez de St-Louis. Votre mari y est policier.»

«Oui, c’est exact. Comment le savez-vous?»

Bill ne répondit pas à sa question. Il était toujours en train d’observer le déroulement de la vision. «Vous aviez l’habitude d’être une ménagère accomplie, mais maintenant, votre maison ressemble à une soue à cochons. Votre fille adulte s’y trouve en ce moment et prend soin de votre mari.»

«C’est vrai, qui vous a dit cela?»

«Lorsque vous avez commencé à vous sentir étrange, vous êtes allée voir le médecin. Il vous a injecté des hormones. Vous êtes ensuite allée dans une certaine église et le ministre vous a dit que vous étiez possédée par des démons. Il vous a envoyée voir un prédicateur en Californie qui vous a dit que vous aviez sept démons en vous. Vous l’avez cru parce que vous pensiez que c’était la raison pour laquelle vous vous sentiez si étrange. Vous avez ensuite écouté une femme prédicateur qui vous a dit que vous aviez cinq démons. Elle vous a dit de venir à Jeffersonville pour m’en parler.»

«Oui, tout cela est vrai. Comment le savez-vous? Ma fille vous a-t-elle appelé?»

La vision prit fin, ramenant Bill dans son salon. Il pouvait maintenant lui répondre. «Le Saint-Esprit m’a montré ces choses par vision.»

La femme déplia ses jambes et se redressa. «Je peux maintenant aller au fond du problème. Je n’ai pas mangé depuis sept jours et je ne mangerai pas jusqu’à ce que je découvre ce qui s’est passé avec ces deux démons. Si je peux trouver comment ces deux démons m’ont quittée, je pourrai faire partir les autres de la même façon.»

«Madame, premièrement, vous n’avez pas de démons en vous.»

«Je n’en ai pas?»

«Non, madame. N’avez-vous pas observé votre mère passer à travers les changements de la vie? C’est la même chose qui vous arrive. Pourquoi pensez-vous qu’on vous a injecté des hormones?»

«Je ne le sais pas.»

«C’était pour la ménopause, voilà tout.»

«Allez-vous prier pour moi et chasser cela?»

«Il n’y a rien à chasser. Votre état n’est pas causé par des démons, c’est seulement une condition naturelle de la vie.»

Les traits de son visage se détendirent considérablement. L’odeur de bacon lui fit tourner la tête vers la cuisine. «Vous avez un peu faim?» demanda Bill avec un sourire narquois. Elle se retrouva bientôt assise à table, mangeant du bacon, des œufs et des rôties. Lorsqu’elle termina sa deuxième tasse de café, Bill lui dit : «Maintenant allez à la maison, faites le ménage puis préparez une bonne tarte aux pommes pour votre mari. Lorsqu’il reviendra à la maison ce soir, asseyez-vous sur ses genoux, entourez-le de vos bras, embrassez-le et dites-lui que vous l’aimez. À partir de maintenant, vivez comme une vraie chrétienne.»

En la regardant partir, Bill songea aux deux prédicateurs en Californie qui avaient dit à cette femme naïve qu’elle était possédée par des démons. Il se demandait si ces deux prédicateurs avaient déjà assisté à ses réunions. Il espérait qu’ils n’essayaient pas d’imiter son ministère. Bill pensa à nouveau au ministre baptiste et à son avertissement solennel : «Que Dieu soit avez-vous.»

Peu de temps après, un jeune homme arriva chez Bill à bord d’un vieux pick-up de marque Chevrolet. Bill s’assit dans le porche et écouta le problème du jeune homme.

«Frère Branham, je suis propriétaire d’une entreprise vendant des voitures d’occasion à Minneapolis. Il y a quelques années, ma femme est allée à une réunion pentecôtiste et a reçu l’Esprit. Elle voulait que j’aille à l’église avec elle, mais je lui ai dit : “Non, je ne suis pas du type religieux.” Puis, il y a quelques mois, quelque chose s’est produit qui m’a complètement ébranlé. Je venais de vendre une voiture à une dame âgée et venais d’accrocher mon manteau lorsque je me suis demandé si je lui avais bien donné les deux jeux de clés. En regardant dans la poche de mon manteau, j’y ai trouvé un papier qui disait : “Où passerez-vous l’éternité?” Cette question me toucha si profondément que j’ai laissé mon entreprise aux soins d’un associé et je suis allé chez moi pour chercher la face de Dieu. Je me suis rendu à une des réunions de Billy Graham. Il m’a dit que si je levais la main et acceptais Christ comme mon Sauveur personnel, la question serait réglée; je passerais l’éternité avec Jésus. J’ai levé ma main, mais je ne sentais toujours pas que la question était réglée. Je suis donc allé dans une église nazaréenne. Les nazaréens m’ont dit qu’à moins que je ne sois assez heureux pour me mettre à crier, je ne suis pas sauvé. Alors j’ai prié jusqu’à ce que je me mette à crier, mais je ne sentais toujours pas que c’était réglé. Je suis ensuite allé chez les pentecôtistes. Ils m’ont dit que si je parlais en langues, ma destinée éternelle serait réglée. Ils ont prié avec moi pendant la moitié de la nuit, jusqu’à ce que je me mette à parler en langues, mais je ne sentais pas encore que la question était réglée. Puis j’ai rencontré des gens du magazine La Voix de la Guérison. Ils m’ont dit que vous étiez un prophète. Ils m’ont affirmé que si je venais ici, vous me diriez ce que j’ai besoin de savoir. Frère Branham, comment puis-je savoir où je passerai l’éternité?»

«Bien, frère, je veux tout d’abord vous dire que je ne suis pas un prophète; je suis seulement son serviteur. Mais vous n’avez pas besoin d’un prophète pour mettre les choses au clair, vous avez seulement besoin de la Parole de Dieu. M. Graham, les nazaréens et les pentecôtistes vous ont tous dit la vérité; et pourtant, ce n’est pas la vérité, pas complètement. De lever la main, de crier ou de parler en langues n’est pas de recevoir Christ. Recevoir Christ, c’est recevoir la personne du Seigneur Jésus-Christ.»

Le jeune homme hocha la tête comme s’il comprenait, mais Bill pouvait voir à l’expression de son visage qu’il était toujours confus. «Où puis-je trouver Jésus-Christ?»

«Vous avez dit qu’au moment où vous avez lu cette note, quelque chose vous a frappé et vous vous êtes mis à vouloir Dieu. Avant ce temps, vous le fuyiez. Puis soudain, vous avez fait demi-tour et avez pris l’autre direction. Qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis?»

«Je ne le sais pas.»

«Dieu est descendu dans votre cœur au moment même où vous avez lu ce papier.»

«Vous voulez dire que je l’avais depuis tout ce temps?»

«Certainement, mon frère. C’est ce que le mot conversion signifie, de faire demi-tour.»

«Frère Branham, voudriez-vous prier pour moi?»

Bill sourit et secoua la tête. «Vous n’avez pas besoin de prière. La vérité vous a rendu libre. C’est ça l’œuvre du Saint-Esprit, la personne et non la pensée. Le Saint-Esprit est la personne de Jésus-Christ que nous acceptons dans notre cœur et qui nous donne une attitude nouvelle et différente face à toutes les choses de la vie.» [102]



[96] Actes 7:22-29. La première tentative de Moise pour délivrer les Israélites était sincère mais inappropriée, et par conséquent, elle n’eut pas de succès.

[97] Matthieu 24:24

[98] Matthieu 7:21-23

[99] Matthieu 7:13-20

[100] Galates 5:22

[101] Apocalypse 3:14-22

[102] Jean 8:30, 14:15-19; Actes 3:19-21



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