L'histoire de ma vie

Date: 59-0419A | La durée est de: 1 heure 54 minutes | La traduction: MS
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1     Courbons la tête un instant pour prier. Notre bienveillant Père Céleste, nous sommes vraiment privilégiés de nous approcher de Toi, notre Dieu et Sauveur. D’entendre ce chant merveilleux, Que Tu es grand, ça nous remplit d’enthousiasme, car nous savons que Tu es grand. Nous prions que Ta grandeur nous soit manifestée de nouveau cet après-midi, alors que nous parlerons. Et il m’est échu, pour la première fois depuis bien des années, d’essayer de faire un retour en arrière sur ma vie passée, aussi je prie que Tu me donnes la force et—et d’être ce que je dois être, Seigneur, en cette heure. Et puissent toutes les erreurs que j’ai commises au cours de ma vie servir seulement de tremplin pour amener les autres plus près de Toi. Accorde-le, Seigneur. Que les pécheurs voient les traces de pas sur les sables du temps, et qu’ils soient conduits à Toi. Nous demandons ces choses au Nom du Seigneur Jésus. Amen. (Vous pouvez vous asseoir.)
    [Frère Glover dit: “Pourriez-vous prier sur ces mouchoirs avant de commencer?”—N.D.É.] Volontiers. [“Il y a ceux-là et ceux-ci, sur lesquels il faut prier.”] Très bien, monsieur; merci. Ce saint homme, Frère Glover, que je connais depuis maintenant pas mal d’années, j’ai eu le privilège de passer quelques moments avec lui hier soir. Et il m’a raconté que… il a été alité pendant un petit bout de temps, pour prendre du repos. Et maintenant, à soixante-quinze ans, il reprend le service du Seigneur. Je suis deux fois moins fatigué qu’avant d’entendre ça. Je pensais que j’étais fatigué, mais je—je ne crois pas que je le sois. Il vient de poser des mouchoirs ici pour moi, sous la—la forme d’enveloppes, et tout, ils ont été mis à l’intérieur, déjà prêts à être expédiés.

2     Maintenant, ceux d’entre vous qui êtes à l’écoute de la radio, ou ici, et qui aimeriez avoir un de ces mouchoirs, et vous… L’Angelus Temple en envoie régulièrement, tout le temps. Vous pouvez écrire ici même à l’Angelus Temple, et ils prieront sur eux; en effet, je peux vous assurer que c’est conforme à l’Écriture. C’est une promesse de Dieu.

3     Et si jamais vous aimeriez que je prie sur un mouchoir pour vous, eh bien, je le ferai volontiers. Il vous suffit de m’écrire, à la boîte postale 3-2-5, 325, à Jeffersonville, ça s’écrit J-e-f-f-e-r-s-o-n-v-i-deux l-e. Jeffersonville, Indiana. Ou si vous ne vous souvenez plus de la boîte postale, écrivez simplement “Jeffersonville”. C’est une petite ville, d’une population d’environ trente-cinq mille habitants. Tout le monde me connaît là-bas. Alors, il nous fera plaisir de prier sur un mouchoir et de vous l’envoyer.

4     Et, bon, nous avons eu beaucoup de succès en faisant cela, parce que… Vous recevrez en même temps une petite circulaire, où il est dit que, tout autour du monde, il y a des gens qui prient chaque matin à neuf heures, à midi et à trois heures. Vous pouvez vous imaginer, de l’autre côté du monde, à quelle heure de la nuit il faut qu’on se lève pour faire cette prière. Alors, si ces dizaines de milliers, et de milliers de gens adressent tous leurs prières à Dieu exactement au même moment, pour ce ministère, pour votre maladie, Dieu ne peut vraiment pas refuser ça. Et donc, bon, nous, comme je dis, nous n’avons pas de programme, nous ne voulons pas d’argent, pas un sou. Nous sommes seulement… Si nous pouvons vous aider, nous sommes là pour ça. Et…
    Quelqu’un apporte un autre paquet de mouchoirs.

5     Maintenant, si vous n’avez pas de mouchoir que vous voulez envoyer, eh bien, vous n’avez qu’à écrire de toute façon. Si vous n’en avez pas besoin tout de suite, gardez-le dans le Livre des Actes, dans la Bible, au chapitre 19. Et ce vous sera envoyé sous forme d’un petit ruban blanc, avec les instructions expliquant qu’il faut d’abord confesser vos péchés. Et (merci), qu’il faut confesser vos péchés. Vous ne devez jamais essayer d’obtenir quoi que ce soit de Dieu sans être d’abord en règle avec Dieu. Voyez? Et ensuite, on vous indique là de faire venir vos voisins et votre pasteur. Si vous avez quoi que ce soit dans votre coeur contre quelqu’un, allez d’abord redresser la situation, et puis revenez. Et après, priez, faites une réunion de prière dans votre maison, épinglez ce mouchoir à votre sous-vêtement, et alors croyez Dieu. Et à ces trois heures-là, tous les jours, il y aura des gens tout autour du monde qui prieront, une chaîne tout autour de monde.

6     Et donc, c’est pour vous, c’est absolument gratuit, il vous suffit d’écrire. Et—et, bon, nous ne vous récrirons pas pour vous harceler ou pour vous parler d’un programme que nous aurions. Nous voudrions que vous souteniez un programme, seulement nous n’en—n’en avons aucun à vous faire soutenir. Voyez? Donc, vous… Ce n’est pas pour avoir votre adresse, c’est tout simplement pour vous rendre service, et c’est un ministère que nous nous efforçons de continuer à remplir pour le Seigneur.

7     Maintenant courbons la tête. Si vous êtes à l’écoute de la radio, et que vous avez votre mouchoir posé là, vous n’avez qu’à placer votre main à vous dessus pendant que nous prierons.

8     Bienveillant Seigneur, nous T’apportons ces petits paquets, peut-être que certains, on dirait que ce sont des petits gilets de bébé, ou—ou un petit sous-vêtement, ou peut-être une petite paire de chaussons, ou—ou quelque chose, un mouchoir, qui sont destinés aux malades et aux affligés. Seigneur, c’est conformément à Ta Parole que nous faisons ceci. En effet, nous lisons dans le Livre des Actes, qu’ils prenaient des mouchoirs et des linges qui avaient touché le corps de Ton serviteur Paul, parce qu’ils croyaient que Ton Esprit était sur cet homme. Et les esprits malins sortaient des gens, les afflictions et les maladies les quittaient, parce qu’ils croyaient. Et maintenant, nous sommes bien conscients, Seigneur, que nous ne sommes pas saint Paul, mais nous savons que Tu restes toujours Jésus. Et nous Te prions d’honorer la foi de ces gens.

9     Il est dit qu’une fois, alors qu’Israël, qui essayait d’obéir à Dieu, avait été pris au piège, — il y avait la mer devant eux, les montagnes de chaque côté et l’armée de Pharaon qui approchait, — quelqu’un a dit que “Dieu a abaissé les regards, à travers cette Colonne de Feu, Il a regardé avec des yeux remplis de colère, et la mer a pris peur, elle s’est retirée et a ouvert un sentier pour qu’Israël puisse traverser et aller au pays promis”.

10     Ô Seigneur, abaisse de nouveau les regards, alors que ces objets seront posés sur les corps malades en commémoration de Ta Parole vivante. Et que la maladie prenne peur; regarde à travers le Sang de Ton Fils, Jésus, qui est mort pour cette expiation. Que l’ennemi prenne peur et qu’il se retire, afin que ces gens puissent entrer dans la promesse que “par-dessus toutes choses”, c’est Ton désir “que nous soyons en bonne santé”. Accorde-le, Père, car nous les envoyons avec cette—avec cette attitude-là dans notre coeur. Et c’est notre objectif. Nous les envoyons au Nom de Jésus-Christ. Amen.
    Merci, Frère Glover. Merci, monsieur.

11     Maintenant, comme la réunion de ce soir sera la dernière de cette série de réunions de réveil, je ne sais pas si elle sera diffusée ou non, mais j’aimerais dire (au cas où elle ne le serait pas) à ceux qui sont à l’écoute de la radio que celle-ci a été l’une des plus belles séries de réunions que j’ai eues depuis bien, bien des années. Elle s’est passée sérieusement, sainement, ce sont les réunions les plus remplies d’amour et de collaboration auxquelles j’ai participé depuis longtemps.
    [Un frère dit: “Nous sommes sur les ondes jusqu’à quatre heures quinze, frère. Et les gens vous écoutent, partout au sud de la Californie, jusque dans les îles, et sur les bateaux; nous recevons des messages d’eux. Alors, vous avez un auditoire nombreux, des milliers et des dizaines de milliers de personnes.”—N.D.É.] Merci, monsieur. C’est très bien, ça. Je suis content d’entendre ça. Que Dieu vous bénisse tous.

12     Et j’ai certainement toujours eu une place spéciale dans mon coeur pour l’Angelus Temple, à cause de sa position en faveur du plein Évangile de Jésus-Christ. Et maintenant on—on dirait que ça me touche de plus près maintenant. On dirait qu’après avoir fait connaissance avec tout le monde et avoir vu leur bel esprit, on dirait que je suis vraiment plus des vôtres qu’auparavant. Ma prière, c’est que Dieu vous bénisse. Et… [L’auditoire applaudit. —N.D.É.] Merci bien.

13     Maintenant, on a annoncé qu’aujourd’hui j’allais prendre un moment pour vous parler un peu de l’Histoire de ma vie. C’est une—une chose difficile pour moi. Ce sera la première fois que j’essaierai d’aborder ça depuis bien des années. Et je n’aurai pas le temps d’entrer dans les détails, mais seulement d’en aborder une partie. Et, là, j’ai fait beaucoup d’erreurs, j’ai fait beaucoup de choses qui n’étaient pas justes. Et je vous demande, à vous qui êtes à l’écoute de la radio ainsi qu’à vous qui êtes présents, de ne pas voir mes erreurs comme des pierres d’achoppement mais plutôt comme des tremplins qui serviront à vous rapprocher du Seigneur Jésus.

14     Et puis, ce soir; on doit distribuer des cartes de prière pour le service de guérison de ce soir. Or, quand nous parlons de service de guérison, ça ne veut pas dire que nous allons guérir quelqu’un, nous allons “prier pour quelqu’un”. C’est Dieu qui guérit. Il a simplement été plein de bienveillance à mon égard, en exauçant mes prières.

15     Il y a quelque temps, là, je parlais à l’organisateur des campagnes d’un évangéliste bien connu, et—et on lui a demandé comment il se faisait que cet évangéliste ne priait pas pour les malades. Et l’évangéliste a répondu à—à l’organisateur de mes réunions, il a dit: “Si… Cet évangéliste croit à la guérison Divine. Mais s’il se mettait à prier pour les malades, ça nuirait à son service, parce qu’il est parrainé par des églises. Beaucoup d’églises, beaucoup d’entre elles, ne croient pas à la guérison Divine.”

16     Donc, j’honore et je respecte cet évangéliste, parce qu’il reste à sa place, à son poste. Peut-être qu’il… Moi, je ne pourrais jamais prendre sa place, et je doute qu’il puisse prendre ma place. Nous avons tous notre place dans le Royaume de Dieu. Nous sommes tous unis. Des dons différents, mais le même Esprit. Des manifestations différentes, voilà ce que je voulais dire, mais le même Esprit.

17     Et, maintenant, ce soir, les services commenceront… Je pense qu’ils ont dit que le concert commencera à six heures et demie. Or, ceux d’entre vous qui sont à l’écoute de la radio, venez donc écouter ça. C’est… Ce sera très beau, ça l’est toujours.

18     Et puis, j’aimerais dire que les cartes de prière seront distribuées immédiatement après la réunion, aussitôt qu’on aura terminé la réunion, si vous êtes ici et que vous voulez avoir une carte de prière. Il y a quelques instants, on m’a informé là-bas que, soit mon fils, ou M. Mercier, ou M. Goad, distribueront des cartes de prière. Vous n’aurez qu’à rester assis à votre place. Aussitôt qu’on aura terminé la réunion, restez à votre place, pour que les frères puissent descendre dans l’allée et distribuer les cartes de prière aussi rapidement que possible. Que vous soyez aux balcons, ou à l’étage, n’importe où, en bas, où que vous soyez, vous n’avez qu’à rester assis à votre place, et les frères sauront que vous êtes là pour une carte de prière. Et alors, ce soir, nous prierons pour les malades. Et, si le Seigneur ne change pas mes pensées, je voudrais prêcher ce soir sur ce sujet: Si Tu nous montres le Père, nous serons satisfaits.

19     Maintenant, cet après-midi, j’aimerais, simplement comme introduction à l’Histoire de ma vie, lire un texte qui se trouve dans l’Épître aux Hébreux, au chapitre 13, et commençons ici vers… je dirais vers le verset 12.
    C’est pour cela que Jésus aussi, afin de sanctifier le peuple par son propre sang, a souffert hors de la porte.
    Sortons donc pour aller à lui, hors du camp, en portant son opprobre.
    Car nous n’avons point ici-bas de cité permanente, mais nous cherchons celle qui est à venir.

20     Maintenant, voilà en quelque sorte notre texte. En effet, voyez-vous, s’il s’agit de l’histoire d’une vie, ou de quoi que ce soit qui a trait à un être humain, nous ne glorifions pas ça, et surtout pas le passé d’un—d’un homme, s’il a été aussi sombre que le mien. Mais je me suis dit que, si nous lisions l’Écriture, Dieu bénirait l’Écriture. Et ma pensée, c’est:
    Que nous n’avons point ici-bas de cité permanente, mais nous cherchons celle qui est à venir.

21     Bon, je sais que vous aimez beaucoup Los Angeles. Avec raison. C’est une grande ville, une ville magnifique. Malgré son smog et quoi encore, n’empêche que c’est une ville magnifique, le climat y est agréable. Mais cette ville n’est pas permanente, elle doit avoir une fin.

22     Je me suis trouvé à Rome, où ont été les grands empereurs,  et les villes qu’ils avaient construites en pensant qu’elles seraient immortelles, il faut même creuser à une profondeur de vingt pieds [six mètres—N.D.T.] pour en trouver les ruines.

23     Je me suis trouvé où les pharaons ont eu leurs grands royaumes, et il vous faudrait creuser dans le sol pour trouver où les grands pharaons ont régné.

24     Tous, nous aimons penser à notre ville et à notre localité. Mais, souvenez-vous, elle ne peut pas subsister.

25     Quand j’étais un petit garçon, j’allais près d’un grand érable. Dans ma région, nous avons beaucoup de bois dur. Et donc, nous avions des érables, des érables à sucre, et ce que nous appelons l’ “érable dur” et l’ “érable mou”. Cet arbre géant, c’était l’arbre le plus magnifique. Et, quand je rentrais des champs, d’avoir fait les foins et—et les moissons, j’aimais aller près de ce gros arbre, et—et m’asseoir dessous, et—et regarder en haut. Je pouvais y voir ses branches puissantes se balancer au vent, son tronc énorme. Et je me disais: “Tu sais, je crois que cet arbre sera là pendant des centaines et des centaines d’années.” Il n’y a pas longtemps, j’ai jeté un coup d’oeil à ce vieil arbre, ce n’est plus qu’une souche.

26     “Car nous n’avons point ici-bas de cité permanente.” Non, rien de ce qu’on peut voir sur cette terre n’est permanent. Ça doit avoir une fin. Tout ce qui est mortel doit céder à l’immortalité. Alors, aussi bien construites que soient nos autoroutes, aussi bonnes que soient nos constructions, tout ça doit disparaître, car ici-bas il n’y a rien qui soit permanent. Il n’y a que l’Invisible qui est permanent.

27     Je me souviens de la maison où nous habitions, c’était une vieille maison de rondins, aux fentes bouchées avec de la boue. Je… Il se peut que bien des gens ici n’aient jamais vu une maison aux fentes bouchées avec de la boue. Mais les fentes étaient toutes bouchées avec de la boue, et les énormes rondins de cette vieille maison, je pensais que cette maison-là resterait debout pendant des centaines d’années. Mais, vous savez, aujourd’hui, à l’endroit où se trouvait cette maison ils ont construit un complexe d’habitation. C’est tellement différent. Tout change. Mais…

28     Et je voyais mon père, à l’époque, c’était un homme plutôt court, costaud, très fort, et c’était l’un des petits hommes les plus forts que je connaissais. J’ai rencontré M. Coots, — un homme avec qui il travaillait autrefois à abattre le bois, il était bûcheron, — et, il y a environ un an. Et M. Coots est un de mes très bons amis, un diacre de la Première Église Baptiste, et il a dit: “Billy, tu devrais être un homme vraiment très fort.”
    J’ai dit: “Non, je ne le suis pas, M. Coots.”

29     Il a dit: “Si tu tenais de ton père, tu le serais.” Il a dit: “J’ai vu cet homme de cent quarante livres, charger tout seul sur le chariot un rondin qui pesait neuf cents livres.” Il savait tout simplement comment s’y prendre. Il était fort. Je le voyais arriver, il allait se laver, se préparer pour le dîner, quand maman l’appelait.

30     Nous avions un vieux pommier dans la cour de devant, et il y en avait aussi trois ou quatre petits plus loin, vers l’arrière. Et sur l’arbre du milieu, il y avait une vieille glace, qui avait été brisée, d’un miroir, d’un grand miroir. Et elle avait été fixée sur l’arbre avec quelques clous qu’on avait recourbés. Un peu comme ce que vous, les menuisiers qui sont à l’écoute, vous appelleriez des “portemanteaux”. Ils avaient été recourbés pour tenir la glace en place. Et il y avait un vieux peigne en fer-blanc. Combien ont déjà vu un vieux… le vieux peigne à l’ancienne mode, en fer-blanc? Je le revois encore.

31     Et puis, il y avait une petite tablette pour se laver, ce n’était qu’une petite planche avec une petit pied incliné en dessous, et c’était cloué à l’arbre. Une espèce de vieille pompe à eau à moitié sulfureuse, là, avec laquelle nous pompions de l’eau, et nous nous lavions près de ce vieil arbre. Maman se servait de sacs de farine pour faire des serviettes. Est-ce que quelqu’un a déjà utilisé une serviette faite avec un sac de farine? Eh bien, là, c’est sûr, je me sens comme en famille. Et ces grandes serviettes rugueuses! Quand elle nous donnait un bain, à nous les tout-petits, elle… c’est comme si elle nous arrachait la peau, chaque fois qu’elle nous frictionnait. Et je me rappelle ce vieux sac de farine. Elle en tirait quelques fils et elle faisait des petits glands, pour décorer ça un peu.

32     Combien ont déjà dormi sur une paillasse? Eh bien, dites donc! Combien savent ce que c’est qu’un oreiller de balle d’avoine? Eh bien, Frère Glover, là, je suis en famille, ça, c’est sûr! Une paillasse, eh bien, ça ne fait pas si longtemps que je ne couche plus là-dessus, et c’était… Oh, on—on dort bien là-dessus, c’est frais. Et puis, en hiver, ils mettaient une vieille couette par-dessus, vous savez; et il fallait qu’ils mettent un morceau de toile par-dessus pour nous couvrir, à cause du vent qui poussait la neige dans les—les fentes de la maison, vous savez, les vieux bardeaux retroussaient, vous savez, et la neige passait par là. Et, oh, je m’en souviens très bien.

33     Et puis papa avait un blaireau. Je… Là, celle-là, elle va vous surprendre. Il était fait d’enveloppes de maïs, un blaireau en enveloppes de maïs. Il prenait le vieux savon à lessive de maman, qu’elle avait fait, il le travaillait et il l’appliquait sur son visage avec ce blaireau en enveloppes de maïs, et il se rasait avec un grand rasoir à manche. Et le dimanche, il prenait les—les morceaux de papier, et il en glissait tout autour de son col, — ils portaient des cols en celluloïd, — il mettait ça autour de son col, comme ça, pour éviter d’avoir de la—de la—de la mousse sur son col de chemise. Avez-vous déjà vu faire ça? Eh bien, eh bien!

34     Je me souviens d’une petite source en contrebas, où nous allions boire une gorgée d’eau et puiser notre eau avec une vieille calebasse qui nous servait de louche. Combien ont déjà vu une louche faite avec une calebasse? Mais enfin, vous êtes combien ici du Kentucky? Eh bien, oui, regardez-moi donc tous ces gens du Kentucky. Eh bien, oh! la la! je suis—je suis vraiment… Je pensais que tout le monde était de l’Oklahoma et de l’Arkansas par ici, mais on dirait bien que le Kentucky commence à envahir la région aussi. Eh bien, c’est vrai qu’ils ont trouvé du pétrole dans le Kentucky il y a quelques mois, vous savez, alors peut-être que certains de ceux-là viennent s’installer par ici.

35     Et puis, je me souviens quand papa arrivait et qu’il faisait un brin de toilette avant le dîner; il retroussait ses manches, et ses petits bras trapus, — quand il levait les bras pour se laver, qu’il jetait de l’eau sur son visage, — les muscles roulaient sur ses petits bras. Je me disais: “Tu sais, mon papa vivra jusqu’à cent cinquante ans.” Il était tellement fort! Mais il est mort à cinquante-deux ans. Voyez? “Nous n’avons point ici-bas de cité permanente.” C’est exact. Nous ne pouvons pas être là en permanence.

36     Maintenant faisons un petit voyage, tous ensemble. Chacun de vous, ici, vous avez une histoire de votre vie, tout comme moi, et c’est agréable de se balader de temps en temps sur le sentier des souvenirs. Vous ne trouvez pas? De faire un retour en arrière et, faisons tous un retour en arrière pendant un moment, sur des expériences semblables que nous avons vécues quand nous étions enfants.

37     Et maintenant, la première partie de l’histoire de ma vie, je vais juste l’effleurer, parce qu’elle se trouve dans le livre, et beaucoup parmi vous ont le livre.

38     Je suis né dans une petite cabane de montagne, là-haut dans les montagnes du Kentucky. Nous vivions dans une seule pièce, pas de tapis sur le sol, même pas de bois sur le sol, c’était juste un sol nu, tout simplement. Une souche, le dessus d’une souche coupée, avec trois pieds en dessous, c’était ça notre table. Et tous les petits Branham s’entassaient là-dedans et dehors, devant la petite cabane, et on se traînait dehors, — on aurait dit qu’une bande d’opossums s’étaient traînés dans la poussière par là, vous savez, — tous les petits frères. Nous étions neuf, et il n’y avait qu’une petite fille, et, vraiment, elle en a vu de toutes les couleurs parmi cette bande de garçons. Nous devons lui témoigner du respect encore aujourd’hui à cause des choses que nous avons faites à cette époque-là. Elle ne pouvait venir nulle part avec nous, nous la renvoyions, c’était une fille. Alors, elle n’aurait pas tenu le coup, vous savez. Alors, nous avions… Et tout…

39     Je me souviens que, derrière la table, nous avions seulement deux chaises, et elles étaient faites d’écorce. Simplement des petits hickorys qui avaient été assemblés, et le fond, c’était des morceaux d’écorce de hickory entrelacés. Est-ce que quelqu’un a déjà vu une chaise en écorce de hickory? Oui. Et j’entends encore maman. Oh, plus tard, quand nous avons emménagé dans une maison où elle pouvait avoir un plancher de bois, elle avait les bébés sur ses genoux, comme ceci, et elle se balançait sur cette vieille chaise, ça faisait boum, boum, boum, sur le plancher. Et je me souviens que pour empêcher que les petits ne sortent par la porte, quand elle faisait la lessive ou quelque chose, elle plaçait une chaise comme en diagonale contre la porte, pour empêcher les petits de sortir, quand elle devait aller chercher de l’eau à la source, et tout ça.

40     Maman avait quinze ans quand je suis né, papa avait dix-huit ans. J’ai été le premier de neuf enfants. Et ils m’ont raconté que le matin où je suis né…

41     Or, nous étions très pauvres, les plus pauvres parmi les pauvres. Et nous n’avions même pas de fenêtre dans cette petite cabane. Il y avait une espèce de petite porte en bois qu’on ouvrait. Je doute que vous ayez déjà vu quelque chose comme ça. Une petite porte en bois qui s’ouvrait, au lieu d’une fenêtre, on la laissait ouverte le jour et on la fermait la nuit. Nous ne pouvions pas allumer les lumières électriques, ni même brûler du pétrole à cette époque-là, nous avions ce qu’on appelle “une lampe à graisse”. Maintenant, je ne sais pas si vous savez ce que c’est qu’une lampe à graisse. Eh bien, qu’est-ce que vous en… Et est-ce que vous avez déjà acheté… fait brûler un noeud de pin? Il suffit de prendre un noeud de pin, de l’allumer, et de le poser sur un couvercle, ça va brûler. Et c’est… ça enfumait un peu, mais, de toute façon, ils n’avaient pas de meubles pour que ça les enfume. Alors, c’est seulement… c’est la cabane qui se faisait enfumer. Ça tirait bien, parce que le tirage se faisait très, très bien par le toit là-haut. Alors, ça…

42     Je suis né le—le 6 avril 1909. Évidemment, vous savez, comme ça j’ai un peu plus de vingt-cinq ans maintenant. Et, donc, le matin où je suis né, maman a dit qu’ils ont ouvert la fenêtre. Or, nous n’avions pas de médecin; il y avait une sage-femme. Simplement… Et cette sage-femme, c’était ma grand-mère. Et alors, quand je suis né, et que j’ai poussé mon premier cri, alors—alors maman voulait voir son enfant. Et—et elle n’était elle-même qu’une enfant. Et, quand ils ont ouvert la petite fenêtre, juste au point du jour, vers les cinq heures, et le… il y avait un rouge-gorge perché tout près d’un petit buisson. Vous en avez tous vu la gravure dans—dans mon livre, sur l’histoire de ma vie. Un rouge-gorge était perché là, il chantait à plein gosier.

43     J’ai toujours aimé les rouges-gorges. Les garçons, vous qui êtes à l’écoute de la radio, ne tirez pas sur mes oiseaux. Voyez-vous, ce sont—ce sont—ce sont… Ceux-là, ce sont mes oiseaux. Avez-vous déjà entendu la légende du rouge-gorge, comment sa poitrine est devenue rouge? Je vais m’arrêter ici pendant un instant. Comment sa poitrine est devenue rouge… Un jour, le Roi des rois était mourant, sur la Croix, Il souffrait et personne ne voulait venir à Lui. Il n’avait personne pour L’aider. Et il y avait un petit oiseau brun qui voulait arracher les clous de la Croix, il volait vers la Croix sans arrêt, et il tirait sur les clous. Il était trop petit pour les arracher, et sa petite poitrine est devenue toute rouge, tachée de sang. Et depuis ce jour-là, sa poitrine est rouge. Ne tirez pas sur lui, les garçons. Laissez-le tranquille.

44     Il était perché près de la fenêtre, il gazouillait à la manière dont chantent les rouges-gorges. Et—et papa a ouvert la fenêtre. Et quand ils ont ouvert la petite “porte-fenêtre”, cette Lumière que vous voyez sur la photo est entrée par la fenêtre en tournoyant — selon le dire de ma mère — et elle s’est placée au-dessus du lit. Grand-maman ne savait pas quoi dire.

45     Or, nous ne sommes… n’étions pas une famille religieuse. Les gens de ma famille sont catholiques. Je suis Irlandais, des deux côtés. Mon père est strictement Irlandais, Branham. Ma mère, c’est une Harvey; seulement, son père a épousé une Indienne Cherokee, c’est ce qui a rompu la petite lignée de sang irlandais. Papa et maman n’allaient pas à l’église, ils se sont mariés en dehors de l’église, et ils ne pratiquaient aucune religion. Là-bas dans les montagnes, il n’y avait même pas d’église catholique. Donc, ils sont arrivés avec les premiers colons, deux Branham sont arrivés, et c’est de là qu’est descendue la génération entière des Branham; voilà la généalogie de la famille.

46     Et, donc, elle a ouvert… Quand ils ont ouvert cette fenêtre, et qu’il y a eu cette Lumière dans la pièce, ils ne savaient pas quoi faire. Papa s’était acheté (m’a dit maman) une salopette toute neuve pour cet événement. Il était debout avec les… ses bras dans le plastron de sa salopette, semblable à celle que portaient les forestiers et les bûcherons à cette époque-là. Et ça les a effrayés.

47     Eh bien, quand j’ai eu une dizaine de jours, ou quelque chose comme ça, ils m’ont emmené à une petite église baptiste appelée “le Royaume des Opossums”, l’église baptiste du Royaume des Opossums. C’est tout un nom, ça. Il y avait un vieux prédicateur itinérant, un prédicateur baptiste à l’ancienne mode, qui passait par là environ une fois tous les deux mois. Le… Les gens se rassemblaient là pour une petite réunion, ils y allaient chanter quelques cantiques, mais ils avaient une prédication de temps en temps, quand il s’arrêtait là sur son circuit. Tous les ans, ils le payaient avec un sac de citrouilles et des choses comme ça, vous savez, que les gens cultivaient pour les lui donner. Alors le vieux prédicateur est venu, et là, il a prié pour moi, tout petit garçon. Ça a été ma première sortie à l’église.
    À l’âge d’environ… d’un peu plus de deux ans, la première vision a eu lieu.

48     Eh bien, ça s’était raconté, aux alentours, dans les montagnes là-bas, que “cette Lumière était entrée”. Alors, ils ont essayé d’expliquer la chose. Certains disaient que ce devait être le soleil qui s’était réfléchi dans un miroir de la maison. Seulement il n’y avait aucun miroir dans la maison. Et le soleil n’était pas levé, alors, il était trop tôt, cinq heures. Et puis, oh, ils n’Y ont plus pensé, simplement. Et quand j’ai eu environ… je suppose, près de trois ans…

49     Or, je dois être franc. Il y a des choses ici que je n’aime pas dire, et je souhaiterais pouvoir les laisser de côté et ne pas avoir à les dire. Mais, pourtant, pour dire la vérité, il faut dire la vérité, même si c’est sur vous-même ou sur votre famille. Dites-le franchement, et comme ça c’est toujours pareil.

50     Mon père était loin d’être quelqu’un de religieux. C’était le type même du montagnard, qui buvait constamment, tout le temps. Et il s’était mis dans le pétrin au cours d’une bagarre; deux ou trois hommes avaient failli se faire tuer, ils se battaient, ils tiraient des coups de feu, ils se donnaient des coups de couteau, à une espèce de fête qu’il y avait eu là-bas dans les montagnes. Et papa avait été l’un des meneurs de cette bagarre; en effet, l’un de ses amis avait été blessé et avait frappé quelqu’un avec une chaise. Et il… Cet homme avait sorti son couteau et, avec ce couteau, il allait transpercer le coeur de l’ami de papa, qui était par terre, alors papa l’a défendu. Et ça a vraiment dû être une bagarre terrible, parce qu’ils, depuis Burkesville, très loin, à de nombreux milles de là, ils ont fait venir un shérif à cheval, aux trousses de papa.

51     Donc, l’homme gisait là, presque mort. Il y a peut-être quelqu’un de sa parenté à l’écoute. Je vais le nommer, il s’appelait Will Yarbrough. Probablement que… Je pense qu’il y a de ses fils en Californie. Mais c’était une brute, un homme très fort, il a tué son propre fils avec un barreau de clôture. Alors, il—il était un homme très fort et très méchant. Donc, il y a eu un grand combat au couteau entre lui et papa. Mon père a failli tuer cet homme, alors il a été obligé de prendre la fuite, de quitter le Kentucky, traverser la rivière pour venir dans l’Indiana.

52     À cette époque, un de ses frères vivait à Louisville, dans le Kentucky, il était sous-directeur des scieries de bois de mosaïque du Kentucky, de Louisville. Et, donc, papa est allé trouver son frère aîné. Papa était le plus jeune des garçons, de dix-sept enfants. Donc, il est allé trouver son frère aîné, et là, il a été absent pendant presque un an. Il ne pouvait pas revenir, parce qu’il était recherché par la police. Et puis, quand nous avons eu de ses nouvelles, c’était par une lettre signée d’un autre nom, mais ça, il l’avait déjà dit à maman, qu’il lui donnerait des nouvelles comme ça.

53     Et puis, un jour, je me souviens, la source (cette petite cabane) était juste derrière la maison. Et—et pendant cette période, après… Il y a neuf… onze mois entre moi et mon frère, celui qui me suit, et il se traînait encore à quatre pattes. J’avais un gros caillou à la main, et je voulais lui montrer avec quelle force je pouvais lancer ce caillou dans la vieille boue, à l’endroit où la source était sortie de la terre et avait rendu le sol boueux. J’ai entendu un oiseau, il chantait au haut d’un arbre. J’ai regardé en haut, dans l’arbre, et l’oiseau s’est envolé; et, à ce moment-là, une Voix m’a parlé.

54     Bon, je sais que vous pensez que je ne peux pas fouiller dans ma pensée et me souvenir de ça. Mais le Seigneur Dieu, qui est Juge de la terre et des cieux, et de tout ce qui existe, sait que je dis la vérité.

55     Quand cet oiseau s’est envolé, une Voix est sortie de l’endroit où se trouvait cet oiseau dans l’arbre, semblable à du vent dans un buisson, et Elle a dit: “Tu vivras près d’une ville appelée New Albany.” Et j’ai vécu, depuis l’âge de trois ans jusqu’à maintenant, à moins de trois milles [cinq kilomètres—N.D.T.] de New Albany, dans l’Indiana.

56     Je suis rentré à la maison et j’en ai parlé à ma mère. Eh bien, elle a pensé que j’avais seulement rêvé ou quelque chose comme ça.

57     Plus tard, nous avons déménagé dans l’Indiana, et papa est allé travailler pour un homme, M. Wathen, un homme riche. Il est propriétaire des distilleries Wathen. Et il détenait un gros paquet d’actions; c’est un multimillionnaire, et les Colonels de Louisville, et—et, au base-ball, et tout. Donc, nous vivions près de là. Et comme papa était un homme pauvre mais qu’il ne pouvait pas s’empêcher de boire, alors il—il s’est mis à fabriquer du whisky dans un—dans un alambic.

58     Et alors, j’en ai vu de dures à cause de ça, vu que j’étais le plus âgé des enfants. Je devais faire le transport de l’eau à cet alambic, pour que les serpentins restent froids pendant qu’ils fabriquaient le whisky. Après, il s’est mis à en vendre, alors il s’est procuré deux ou trois alambics. Bon, c’est ce bout-là que je n’aime pas raconter, seulement c’est la vérité.

59     Et je me souviens qu’un jour, je revenais de la grange, je me dirigeais vers la maison, en pleurant. C’est parce que, derrière la maison, il y avait un étang, il… c’est là qu’ils coupaient la glace à l’époque. Plusieurs d’entre vous se souviennent du temps où ils coupaient la glace et la mettaient dans la sciure. Eh bien, c’est comme ça que M. Wathen conservait la glace, là-bas dans la région. Et papa était son—son chauffeur, son chauffeur privé. Et quand… Cet étang était rempli de poissons. Et quand ils allaient couper la glace, qu’ils la sortaient et la mettaient dans la sciure, ensuite, quand la glace fondait, l’été, à mesure qu’elle devenait liquide, elle était assez propre, je suppose, c’était plus comme de la glace de lac, alors ils pouvaient s’en servir, pas pour boire, mais pour garder l’eau froide, la mettre autour de leurs seaux, et leur lait, et tout.

60     Un jour, je transportais de l’eau à partir de la pompe, là, qui était à une distance d’environ un pâté de maisons. Je braillais à qui voulait m’entendre, parce que j’étais rentré de l’école, et tous les garçons étaient allés pêcher à l’étang. J’aimais vraiment beaucoup la pêche. Alors, ils avaient tous pu aller à la pêche, tous sauf moi; et moi, je devais transporter de l’eau pour cet alambic. Évidemment, oh, il ne fallait pas en souffler mot, c’était pendant la prohibition. Et je… C’était toute une épreuve. Et je me souviens que je m’étais blessé à un orteil, et que je marchais avec un épi de maïs attaché sous l’orteil pour le protéger de la poussière. Avez-vous déjà fait ça? Il suffit de mettre un épi de maïs sous l’orteil, comme ceci, et d’enrouler une ficelle autour. Avec ça, votre orteil se dresse, presque comme une tête de tortue, bien relevé. On aurait pu me suivre à la trace partout où j’allais, avec cet épi de maïs sous mon orteil, à l’endroit où je m’étais blessé, vous savez. Je n’avais pas de chaussures à me mettre. Alors, nous ne portions jamais de chaussures, parfois pendant la moitié de l’hiver. Et si nous en portions, nous… c’était seulement ce que nous pouvions ramasser, que quelqu’un nous donnait. Et les vêtements, c’était ce que quelqu’un, une société de bienfaisance nous donnait.

61     Je me suis arrêté sous un arbre, et j’étais assis là, à brailler — c’était en septembre — parce que je voulais aller à la pêche. Il fallait que je remplisse plusieurs cuves d’eau avec des petits seaux à mélasse à peu près hauts comme ça, d’un demi-gallon [deux litres—N.D.T.]; en effet, je n’étais qu’un petit gars d’environ sept ans. Je les versais dans une grande cuve, ensuite je retournais en chercher deux autres seaux et je revenais; je les tirais à la pompe. C’est cette eau-là que nous avions. Cette nuit-là, ils allaient distiller une cuvée de whisky de maïs, ces hommes-là avec papa, à la maison.

62     Alors je pleurais, et tout à coup j’ai entendu un bruit, comme un tourbillon, quelque chose comme ceci (j’espère que ce n’est pas trop fort, là), ça faisait: “Wouououhh… wouououhh…” juste un bruit comme ça. Eh bien, le temps était très calme, et j’ai regardé autour de moi. Et, savez-vous ce que c’est, un petit tourbillon, je crois que vous appelez ça des petits cyclones? En automne, dans le champ de maïs, vous savez, ils ramassent les feuilles et tout; en automne, là, quand les feuilles commencent juste à changer de couleur. J’étais sous un grand peuplier blanc, qui se trouvait à peu près à mi-chemin entre la grange et la—la maison. Et j’ai entendu ce bruit. J’ai regardé autour de moi, c’était aussi calme que ça l’est dans cette pièce. Pas une feuille qui bougeait nulle part, ni rien. Je me suis dit: “D’où vient ce bruit?” Eh bien, j’ai pensé: “Ce doit être loin d’ici.” Je n’étais qu’un gamin. Et ça faisait de plus en plus de bruit.

63     J’ai repris mes petits seaux, j’ai laissé échapper encore deux ou trois braillements, et je me suis mis en route pour remonter l’allée; je m’étais reposé. Je m’étais à peine éloigné de quelques pieds de là, de sous les branches de ce gros arbre, et, oh! la la! quel bruit de tourbillon il y a eu! Je me suis retourné pour regarder, et à peu près à mi-hauteur de cet arbre, il y avait un autre tourbillon, dans cet arbre, il tournoyait, et tournoyait, en agitant les feuilles. Eh bien, je n’ai rien trouvé d’étrange à ça, parce qu’on était à cette époque-là de l’année, et, en automne, eh bien, il y a des tourbillons comme ça qui se forment. Des petits… Nous appelons ça des “tourbillons”. Et ils—et ils soulèvent la poussière. Vous en avez vu dans le désert, comme ça. Même chose. Alors, je l’observais, mais il ne partait pas. D’habitude, c’est comme un coup de vent qui dure un instant, puis qui s’en va, mais il y avait déjà deux minutes ou plus qu’il était là.

64     Eh bien, j’ai recommencé à remonter l’allée. Et je me suis encore retourné pour regarder ça. Et, à ce moment-là, une Voix humaine, tout aussi audible que la mienne, a dit: “Ne bois jamais, ne fume jamais, et ne souille jamais ton corps d’aucune façon. Tu auras une oeuvre à accomplir quand tu seras plus âgé.” Mais, j’ai failli mourir de peur! Vous pouvez vous imaginer comment un petit garçon pouvait se sentir. J’ai laissé tomber ces seaux, et je suis rentré à la maison aussi vite que j’ai pu, en criant à tue-tête.

65     Il y avait des vipères cuivrées dans cette région-là, des serpents, et ils sont très venimeux. Maman a pensé qu’en passant près du jardin j’avais peut-être posé le pied sur une vipère cuivrée, alors elle a couru à ma rencontre. Je me suis jeté dans ses bras, en criant, en l’étreignant et en l’embrassant. Elle a dit: “Qu’est-ce qu’il y a? T’es-tu fait mordre par un serpent?” Elle m’examinait sous toutes les coutures.
    J’ai dit: “Non, maman! Il y a un homme dans cet arbre, là-bas.”
    Elle a dit: “Oh, Billy, Billy! Qu’est-ce que tu me chantes là?” Elle a dit: “Est-ce que tu t’es arrêté pour dormir?”
    J’ai dit: “Non, maman! Il y a un homme dans cet arbre, et Il m’a dit de ne pas boire et de ne pas fumer.”

66     “Boire du whisky et—et des choses comme ça.” Et moi qui transportais de l’eau à un alambic au même moment. Et Il a dit: “Ne bois jamais, et ne souille jamais ton corps d’aucune façon.” Ça, c’est l’immoralité, vous savez, et mon enfan-… ma vie de jeune homme avec les femmes. Et, à ma connaissance, je n’ai jamais été coupable de ça, pas une seule fois. Le Seigneur m’a aidé dans ces choses-là, comme vous le verrez au fil de mon récit. Et, donc: “Ne bois pas, ne fume pas, et ne souille pas ton corps, car tu auras une oeuvre à accomplir quand tu seras plus âgé.”

67     Eh bien, j’ai raconté ça à maman, et—et elle s’est contentée de rire de moi. Et j’étais vraiment hystérique. Elle a appelé le médecin, et le médecin a dit: “Eh bien, c’est seulement nerveux, c’est tout.” Alors, elle m’a mis au lit. Et je ne suis plus jamais, depuis ce jour-là, je ne suis plus jamais repassé près de cet arbre. J’avais peur. Je passais par l’autre côté du jardin, parce que je pensais qu’il y avait un homme au haut de cet arbre, et qu’Il me parlait, une Voix très grave qui parlait.

68     Et puis, peut-être un mois plus tard, je jouais aux billes dehors, avec mes petits frères, dans la cour de devant. Tout à coup, une sensation bizarre m’a envahi. Je me suis arrêté et je me suis assis près d’un arbre. Nous étions sur la berge, tout près de la rivière Ohio. J’ai regardé en direction de Jeffersonville, et j’ai vu un pont s’élever et traverser, là, la rivière, enjamber la rivière. Et j’ai vu seize hommes (je les ai comptés) tomber de là, et perdre la vie, sur ce pont. J’ai couru en vitesse le dire à ma mère, et elle a pensé que je m’étais endormi. Mais ils ne l’ont pas oublié, et vingt-deux ans plus tard, le pont municipal, là, — que beaucoup d’entre vous traversent, quand vous traversez là-bas, — a enjambé la rivière au même endroit, et seize hommes ont perdu la vie en construisant ce pont au-dessus de la rivière.

69     Ça n’a jamais manqué d’être parfaitement vrai. Ce que vous voyez ici dans la salle, c’est comme ça que Ça a toujours été.

70     Donc, ils ont pensé que c’était seulement nerveux. Et je suis une personne nerveuse, c’est vrai. Et, si vous avez déjà remarqué, les gens qui ont—ont une disposition à être spirituels sont des gens nerveux.

71     Regardez les poètes et les prophètes. Regardez William Cowper, qui a écrit ce chant bien connu: “Il y a une Source remplie du Sang des veines d’Emmanuel.” Est-ce que vous avez déjà… Vous connaissez ce chant. Il n’y a pas longtemps je me suis trouvé près de la tombe de cet homme. Frère Julius, je crois, je ne sais pas si, non… oui, c’est exact, il était avec nous là-bas, à sa tombe. Et—et là, après qu’il a eu écrit ce chant, l’inspiration l’a quitté, il a essayé de trouver le—le fleuve, pour se suicider. Vous voyez, l’Esprit l’avait quitté. Et ces gens-là, les poètes, par exemple, et les écrivains, et… ou, non pas… je veux dire, les prophètes.

72     Regardez Élie, alors qu’il s’était tenu sur la montagne et qu’il avait fait descendre le feu du ciel, et fait descendre la pluie du ciel. Après, quand l’Esprit l’a eu quitté, il s’est enfui parce qu’une femme l’avait menacé. Et Dieu l’a trouvé caché au fond d’une caverne, quarante jours plus tard.

73     Regardez Jonas, il avait tellement d’inspiration quand le Seigneur l’a eu oint pour prêcher là-bas à Ninive, qu’une—qu’une ville de l’importance de Saint Louis s’est repentie en prenant le sac. Après, quand l’Esprit l’a quitté, qu’est-ce qui lui est arrivé? Après que l’Esprit l’a quitté, nous le trouvons sur la montagne, à prier Dieu de prendre sa vie. Vous voyez, c’est l’inspiration. Et quand ces choses-là se produisent, elles—elles ont un effet sur vous.

74     Et puis, je me souviens, j’ai grandi, et je suis devenu un jeune homme. (Je vais me dépêcher pour terminer d’ici quelques instants.) Quand je suis devenu un jeune homme, j’avais le même genre d’idées que tous les jeunes hommes. Je… À l’école, j’avais rencontré des jeunes filles, vous savez. J’étais très timide, vous savez. Et je—j’ai fini par me faire une petite amie. Et j’étais comme tous les garçons d’une quinzaine d’années, je pense. Et—et alors, oh, elle était jolie. Oh! la la! elle avait des yeux de colombe, et elle avait les dents comme des perles et un cou de cygne, et elle—elle était vraiment jolie.

75     Et un autre garçon, il… nous étions copains, alors il a emprunté la vieille Ford modèle T de son papa, et nous avons pris rendez-vous avec nos petites amies. Nous allions sortir avec elles en voiture. Nous avions assez d’argent pour acheter deux gallons [huit litres—N.D.T.] d’essence. Il fallait relever la roue arrière de la voiture pour la démarrer à la manivelle, — je ne sais pas si vous vous souvenez de ça ou pas, vous savez, — pour la démarrer à la manivelle. Enfin, ça—ça se passait assez bien pour nous.

76     Et alors, j’avais quelques pièces de cinq cents dans ma poche, et nous nous sommes arrêtés à un petit restaurant pour prendre… On pouvait acheter un sandwich au jambon pour cinq cents. Et alors, oh, j’étais riche, je pouvais en acheter quatre! Voyez? Et, après que nous avons mangé les sandwichs et bu le coca-cola, je suis allé rendre les bouteilles. Et, à ma surprise, quand je suis ressorti (les femmes commençaient seulement à déchoir de la grâce à cette époque-là, ou, de la féminité), ma petite colombe fumait une cigarette.

77     Eh bien, j’ai toujours eu mon opinion d’une femme qui fume la cigarette, et je n’ai absolument pas changé d’avis depuis ce temps. C’est exact. C’est la chose la plus dégradante qu’elle puisse faire. Et c’est tout à fait exact. Et je—j’ai pensé que je… Bon, la compagnie de cigarettes pourrait me poursuivre pour ça, mais, je vous le dis, c’est un coup monté du diable, rien d’autre. Il n’y a rien dans ce pays qui tue et qui sabote plus que ça. Je préférerais que mon fils soit un ivrogne plutôt qu’il soit un fumeur. C’est la vérité. Je préférerais voir mon épouse étendue par terre, ivre, plutôt que de la voir avec une cigarette. Voilà à quel point…

78     Or, cet Esprit de Dieu qui est avec moi, s’il s’agit bien de l’Esprit de Dieu (vous pourriez le contester), vous qui fumez la cigarette, vous avez peu de chances de vous en tirer quand vous arriverez là-bas, parce que ça… chaque fois. Vous remarquerez, sur l’estrade, comme Il condamne ça. C’est une chose horrible. N’y touchez pas. Mesdames, si vous avez été coupables de ça, je vous en prie, au Nom de Christ, n’y touchez plus! Ça vous ruine la santé. Ça vous tuera. Ça… C’est du—c’est du cancer ramassé à pleine pelle.

79     Les médecins essaient de vous mettre en garde. Et de voir qu’on peut vous vendre cette camelote-là! Si vous alliez à la pharmacie et que vous disiez: “Acheter… je voudrais acheter pour cinquante cents de cancer.” Voyons, ils feraient enfermer ces gens-là. Mais quand vous achetez pour cinquante cents de cigarettes, vous achetez la même chose. Les médecins le disent. Oh, cette nation assoiffée d’argent. Quel dommage. Ça tue. La preuve est faite.

80     Eh bien, quand j’ai vu cette belle jeune fille qui prenait de grands airs, la cigarette à la main, ça m’a presque donné le coup de grâce, parce que je pensais vraiment que j’étais amoureux d’elle. Et je me suis dit: “Eh bien…”

81     Bon, on me traite de “misogyne”, vous le savez, parce que je suis toujours un peu contre les femmes, mais pas contre vous, les soeurs. Je suis seulement contre la façon dont les femmes modernes se comportent. C’est exact. Les femmes qui sont bonnes, on devrait les soutenir.

82     Mais, je m’en souviens encore, quand l’alambic de mon père fonctionnait, là-bas, il fallait que j’y aille avec de l’eau et tout; et de voir des jeunes filles qui n’avaient pas plus de dix-sept, dix-huit ans, là-bas, avec des hommes de l’âge que j’ai maintenant, ivres. Et ils étaient obligés de les dégriser et de leur donner du café noir, pour qu’elles rentrent à la maison faire le souper de leur mari. Oh, quelque chose comme ça, je disais: “Je…” Voici le commentaire que je passais à l’époque: “Elles ne valent pas la bonne balle propre qui les tuerait.” C’est vrai. Je détestais les femmes. C’est vrai. Et il faut vraiment que je surveille tous mes gestes maintenant, pour me retenir de penser encore la même chose.

83     Donc, mais, maintenant, une femme bonne est un joyau sur la couronne d’un homme. On devrait l’honorer. Elle… Ma mère est une femme, mon épouse en est une, et elles sont charmantes. Et j’ai des milliers de soeurs chrétiennes pour qui j’ai le plus grand respect. Mais si—si elles peuvent respecter ce que Dieu a fait d’elles, une mère et une vraie reine, ça, c’est bien. Elle est l’une des choses les meilleures que Dieu ait pu donner à un homme: une épouse. En dehors du salut, une épouse est ce qu’il y a de mieux, si elle est une bonne épouse. Mais, si elle ne l’est pas, Salomon a dit: “Une femme bonne est un joyau sur la couronne d’un homme, mais une—une femme vile ou une femme mauvaise, c’est de l’eau dans son sang.” Et c’est exact, c’est la pire chose qui puisse arriver. Alors, une femme bonne… Si vous avez une bonne épouse, frère, vous devriez la respecter au plus haut point. C’est exact, vous devriez le faire. Une vraie femme! Et, les enfants, si vous avez une vraie mère qui reste à la maison, et qui essaie de prendre soin de vous, qui entretient vos vêtements, qui s’occupe de vous envoyer à l’école, qui vous enseigne au sujet de Jésus, vous devriez honorer cette gentille maman de tout votre être. Vous devriez respecter cette femme, oui monsieur, parce que c’est une vraie mère.

84     On parle de l’illettrisme qu’on trouve dans les montagnes du Kentucky. C’est ce qu’on voit par ces histoires sur Saint-Éloigné, là. Certaines de ces vieilles mômans de Saint-Éloigné, là-bas, pourraient venir ici à Hollywood vous montrer à vous, les mères modernes, à élever vos enfants. Que son enfant à elle rentre à la maison une nuit, les cheveux tout ébouriffés, et les lèvres… ça glisse (comment vous appelez ça?), cette espèce de maquillage qu’elles se mettent sur le visage, et sa robe toute comprimée sur le côté, après avoir passé la nuit dehors, ivre; frère, elle arracherait une branche au haut d’un hickory, et elle ne sortirait plus jamais. Je vous le dis, elle… Et si vous aviez un peu plus de ça, vous auriez un Hollywood meilleur par ici, et une nation meilleure. C’est exact. C’est vrai. “Tâchez donc d’être moderne”, ça—ça, c’est une des ruses du diable.

85     Donc, cette jeune fille, quand je l’ai regardée, ça m’a fendu le coeur, c’est bien simple. Je me suis dit: “La pauvre petite.”
    Elle a dit: “Oh, tu veux une cigarette, Billy?”
    J’ai dit: “Non, mam’selle.” J’ai dit: “Je ne fume pas.”
    Elle a dit: “Bon, tu as dit que tu ne dansais pas.” Ils voulaient aller à un bal, et moi je ne voulais pas. Donc, ils disaient, il y avait un bal là-bas, au parc du Sycomore.
    Et j’ai dit: “Non, je ne danse pas.”
    Elle a dit: “Bon, tu ne danses pas, tu ne fumes pas, tu ne bois pas. Qu’est-ce que tu fais pour t’amuser?”
    J’ai dit: “Eh bien, j’aime la pêche et j’aime la chasse.” Ça ne l’intéressait pas.
    Alors, elle a dit: “Prends cette cigarette.”
    J’ai dit: “Non, mam’selle; merci. Je ne fume pas.”

86     Et je me tenais sur l’aile. Il y avait un marchepied sur les vieilles Ford, vous vous souvenez, et je me tenais sur cette aile, nous étions assis sur la banquette arrière, elle et moi. Et elle a dit: “Tu veux dire que tu ne vas pas fumer une cigarette?” Elle a dit: “Nous, les filles, on a plus de cran que toi.”
    J’ai dit: “Non, mam’selle, je ne crois pas que je veuille faire ça.”

87     Elle a dit: “Eh bien, espèce de grosse poule mouillée!” Oh! la la! Moi, je voulais être le gros méchant Bill, alors je—je ne voulais certainement rien avoir d’une poule mouillée. Vous voyez, je voulais être boxeur professionnel, c’était ça mon  idée de la vie. Alors, j’ai dit… “Poule mouillée! Poule mouillée!”

88     Je ne pouvais pas supporter ça, alors, j’ai dit: “Donne-moi ça!” J’ai tendu la main, je me disais: “Je vais lui montrer, moi, si je suis une poule mouillée ou non.” J’ai pris cette cigarette et j’allais allumer l’allumette. Bon, je sais que vous… Or, je ne suis pas responsable de ce que vous pensez, je suis seulement responsable de dire la vérité. Au moment où j’allais allumer cette cigarette, aussi déterminé à la fumer que je le suis à prendre cette Bible, voyez-vous, j’ai entendu quelque chose qui faisait: “Wouououhh!” J’ai essayé de nouveau, je n’arrivais pas à la porter à ma bouche. Je me suis mis à pleurer, je l’ai jetée par terre. Ils se sont mis à se payer ma tête. Je suis rentré à la maison à pied, à travers champs, je suis resté assis dehors, à pleurer. Et—et c’était une vie terrible.

89     Je me souviens, un jour, papa allait à la rivière avec les garçons. Mon frère et moi, il fallait qu’on parte en bateau et qu’on se promène le long de la rivière, à chercher des bouteilles pour mettre le whisky dedans. On était payés cinq cents la douzaine, à les ramasser le long de la rivière. Papa était avec moi, et il avait une de ces petites bouteilles plates… je crois qu’elles contenaient environ un quart de litre. Un arbre avait été renversé par le vent, et papa… Il y avait cet homme avec lui, M. Dornbush. J’avais son… Il avait un beau bateau, et je voulais me faire bien voir de lui, parce que je voulais me servir de ce bateau. Celui-là avait un bon gouvernail alors que le mien n’avait pas de gouvernail du tout. Tout ce que nous avions, c’était des vieilles planches pour pagayer. Et s’il me donnait la permission de me servir de ce bateau… Alors, il faisait de la soudure, et il avait fabriqué les alambics pour papa. Alors, il… Ils se sont assis sur cet arbre, et papa a sorti de sa poche arrière une petite flasque de whisky, il la lui a tendue; il en a pris une gorgée, il l’a tendue de nouveau à papa, qui en a pris une gorgée, et l’a posée sur un petit rejeton qui avait poussé sur le côté de l’arbre. M. Dornbush l’a prise et il a dit: “Tiens, Billy.”
    J’ai dit: “Non merci, je ne bois pas.”
    Il a dit: “Un Branham qui ne boit pas?” Ils sont pratiquement tous morts de mort violente. Il a dit: “Un Branham qui ne boit pas?”
    J’ai dit: “Non, monsieur.”
    “Non,” papa a dit, “j’ai élevé une poule mouillée.”

90     Mon père qui me traitait de poule mouillée! J’ai dit: “Passez-moi cette bouteille!” J’ai enlevé le bouchon, bien décidé à boire, et, comme je levais la bouteille: “Wouououhh!” J’ai redonné la bouteille, j’ai pris mes jambes à mon cou et je suis parti à travers champs, en pleurant. Quelque chose ne voulait pas me laisser le faire. Voyez? Je ne pouvais pas dire qu’il y avait quoi que ce soit de bon en moi (moi, j’étais bien décidé à le faire), mais c’est Dieu, la grâce, la grâce étonnante, qui m’a empêché de faire ces choses. Moi, je voulais les faire, mais c’est Lui qui refusait de me laisser les faire.

91     Plus tard, j’ai trouvé une jeune fille, quand j’ai eu environ vingt-deux ans; elle était absolument charmante. C’était une jeune fille qui allait à l’église, une luthérienne allemande. Son nom était Brumbach, B-r-u-m-b-a-c-h, ça vient du nom Brumbaugh. Et c’était une jeune fille très bien. Elle ne fumait pas, elle ne buvait pas, et—et elle ne dansait pas, ni rien, une jeune fille très bien. Je suis sorti avec elle pendant quelque temps, et je… À l’âge d’environ vingt-deux ans, là, j’avais gagné assez d’argent, et je m’étais acheté une vieille Ford, et je… nous faisions des sorties ensemble. Et alors, à cette époque, il n’y avait pas d’église luthérienne à proximité, ils avaient déménagé de Howard Park, là-bas.

92     Et alors, il y avait un ministre, celui qui m’a ordonné dans l’Église Baptiste Missionnaire, le docteur Roy Davis. Soeur Upshaw, c’est celui-là même qui m’a envoyé Frère Upshaw, ou qui lui a parlé de moi: le docteur Roy Davis. Et alors, il prêchait, son église, c’était la Première Église Baptiste, ou la—la… Je ne crois pas que c’était la Première Église Baptiste non plus, c’était l’Église Missionn-… ça s’appelait l’Église Baptiste Missionnaire, à Jeffersonville. Et il prêchait là-bas à cette époque-là, et nous allions à l’église le soir, alors… ensuite nous revenions. Je n’ai jamais adhéré à l’église, mais j’aimais simplement y aller avec elle. En effet, l’idée principale, c’était d’ “aller avec elle”, je ferais aussi bien de parler franchement.

93     Donc, d’aller avec elle, et, un jour, je… Elle était d’une bonne famille, alors j’ai commencé à penser: “Tu sais, tu sais, je ne devrais pas prendre le temps de cette jeune fille. Ce n’est—ce n’est pas juste, parce qu’elle est une fille très bien, et moi, je suis pauvre et—et je…” Mon père avait des problèmes de santé, et je—je… Il n’y avait aucune possibilité que je puisse subvenir aux besoins d’une jeune fille comme elle, qui avait été habituée à vivre dans une belle maison avec des tapis sur le plancher.

94     Je me souviens du premier tapis que j’ai vu, je ne savais pas ce que c’était. Je le contournais. Je trouvais que je n’avais jamais rien vu d’aussi joli de toute ma vie. “Pourquoi mettrait-on quelque chose comme ça sur le plancher?” C’était le premier tapis que je voyais. C’était un de ces… Je crois que ça s’appelle “des tapis tressés”. Je peux me tromper. C’est un peu comme de l’ “osier”, ou quelque chose comme  ça, entrecroisé, et on avait posé ça par terre. D’un beau vert  et rouge, avec une grande rose au milieu, vous savez. C’était très joli.

95     Et, donc, je me souviens que je—j’avais décidé qu’il me faudrait soit la demander en mariage, ou bien m’en éloigner pour qu’un homme bien l’épouse, quelqu’un qui serait bon envers elle, qui pourrait subvenir à ses besoins et qui serait gentil avec elle. Moi, je serais gentil avec elle, mais je—je—je gagnais seulement vingt cents par heure. Alors, je ne pouvais pas tellement subvenir à ses besoins. Et je… Il y avait toute la famille, dont il fallait s’occuper, et, comme papa avait des problèmes de santé, je devais m’occuper de tout le monde; alors, j’en arrachais pas mal.

96     Donc, je me disais: “Eh bien, la seule chose à faire, c’est de lui dire que je—je—(elle)—je—je ne reviendrai pas, tout simplement, parce que j’ai trop d’estime pour elle pour gâcher sa vie et pour lui faire perdre son temps avec moi.” Et puis, je me disais: “Si quelqu’un pouvait s’occuper d’elle et l’épouser, lui donner un beau foyer. Et, si elle ne pouvait pas être à moi, peut-être que je pourrais—je pourrais savoir qu’elle est heureuse.”

97     Et donc, je me disais: “Mais je—je ne peux—je ne peux tout simplement pas renoncer à elle!” Je—j’étais très mal en point. Et, jour après jour, j’y pensais. Alors, j’étais trop timide pour la demander en mariage. Tous les soirs, je prenais la décision: “Je vais lui demander.” Et quand je, euh, comment on appelle ça, des papillons, ou quelque chose qu’on a dans…?… Vous, les frères, dans l’auditoire, vous avez probablement tous eu la même expérience à un moment donné. Et une sensation vraiment bizarre, j’avais le visage qui me brûlait. Je—je ne savais pas. Je n’arrivais pas à lui demander.

98     Alors, j’imagine que vous êtes curieux de savoir comment j’ai réussi à me marier. Savez-vous quoi? Je lui ai écrit une lettre pour lui demander. Et alors, sa… Bon, ce n’était pas: “Chère Mademoiselle”, c’était un peu plus (vous savez) affectueux que ça. Ce n’était pas comme un—un simple contrat, c’était… Je—j’ai rédigé ça du mieux que j’ai pu.

99     Et j’avais un peu peur de sa mère. Sa mère était… elle était plutôt sévère. Et, mais son père était doux, un brave Hollandais, un homme vraiment très bien. Il était organisateur de la corporation, des employés de chemin de fer, il gagnait environ cinq cents dollars par mois à cette époque-là. Et moi qui gagnais vingt cents par heure, épouser sa fille. Hm! Je savais que ça, ça ne marcherait jamais. Et sa mère était très… Bon, c’est une brave dame. Et elle—elle faisait partie de ces gens de la haute, vous savez, et elle était un peu guindée, vous savez, alors, elle n’avait que faire de moi, de toute manière. Je n’étais qu’un simple garçon “sassafras”, de la campagne, et elle trouvait que Hope devrait sortir avec un garçon d’une classe un peu meilleure, et je—je—je trouve qu’elle avait raison. Et alors… Mais je—je ne trouvais pas ça à l’époque.

100     Alors, je me suis dit: “Eh bien, bon, je ne sais pas comment. Je—je ne peux pas le demander à son père, et je—je ne vais certainement pas le demander à sa mère. Alors, je dois d’abord lui demander à elle.” Alors, j’ai écrit ma lettre. Et, ce matin-là, en allant au travail, je l’ai glissée dans la boîte aux lettres. Le courrier… Nous devions aller à l’église le mercredi soir, et c’était le lundi matin. Toute la journée du dimanche, j’avais essayé de lui dire que je voulais l’épouser, mais je n’arrivais pas à rassembler assez de courage.

101     Et, donc, je l’ai glissée dans la boîte aux lettres. Et, au travail, tout à coup la pensée m’est venue: “Et si sa mère avait mis la main sur cette lettre?” Oh! la la! Dans ce cas, je savais que j’étais fichu si—si jamais elle avait mis la main dessus, parce qu’elle ne m’aimait pas beaucoup. Eh bien, je passais un moment difficile.

102     Le mercredi soir, quand je suis arrivé, oh! la la! je me suis dit: “Comment vais-je faire pour aller à la porte? Si sa mère a mis la main sur cette lettre, elle va vraiment me faire passer un mauvais quart d’heure, alors, j’espère que c’est elle qui l’a eue.” Je l’avais adressée à “Hope”. C’est comme ça qu’elle s’appelait: Hope. Alors, je m’étais dit: “Je vais simplement l’adresser à Hope.” Et alors… Je pensais qu’il se pouvait qu’elle n’ait pas mis la main dessus.

103     Alors, j’avais assez de bon sens pour ne pas m’arrêter dehors et klaxonner pour qu’elle sorte. Oh! la la! Et tout garçon qui n’a pas assez de courage pour marcher jusqu’à la porte de la maison et frapper pour demander la jeune fille, ne devrait même pas sortir avec elle, de toute façon. C’est tout à fait exact. C’est vraiment bête, ça, c’est moche.

104     Et alors, j’ai arrêté ma vieille Ford, vous savez, et je l’avais toute bien astiquée. Et alors, j’ai marché jusqu’à la porte et j’ai frappé. Miséricorde! c’est sa mère qui a ouvert la porte! J’avais toute la peine du monde à retrouver mon souffle, j’ai dit: “Bon-… bon-… bonjour, Mme Brumbach.” Oui.
    Elle a dit: “Bonjour, William.”
    Je me suis dit: “Oh-oh, ‘William’!”
    Et—et elle a dit: “Veux-tu entrer?”
    J’ai dit: “Merci.” J’ai passé la porte. J’ai dit: “Est-ce que Hope est bientôt prête?”

105     Et juste à ce moment-là, voilà Hope qui arrive en gambadant dans la maison, juste une jeune fille d’environ seize ans. Et elle a dit: “Salut, Billy!”
    J’ai dit: “Salut, Hope.” J’ai dit: “Es-tu bientôt prête à partir pour l’église?”
    Elle a dit: “Dans une petite minute.”

106     Je me suis dit: “Oh! la la! Elle ne l’a pas eue. Elle ne l’a pas eue. Tant mieux, tant mieux, tant mieux. Hope ne l’a pas eue non plus, alors il n’y aura pas de problème, parce qu’elle me l’aurait mentionné.” Alors, je me sentais passablement bien.

107     Et puis, quand je suis arrivé à l’église, la pensée m’est venue: “Et si elle l’avait reçue?” Voyez? Je n’entendais pas ce que le docteur Davis disait. Je lui jetais un coup d’oeil, et je me disais: “Si, peut-être qu’elle attend, tout simplement, et quand je vais sortir d’ici, elle va vraiment me passer un savon pour lui avoir demandé ça.” Et je n’entendais pas ce que le docteur Davis disait. Et—et je lui jetais un coup d’oeil, et je me disais: “Oh! la la! je ne peux pas supporter de renoncer à elle, mais… Et je—je… il va falloir en venir au fait, ça, c’est sûr.”

108     Alors, après l’église, nous descendions la rue ensemble, pour rentrer à la maison, et—et, donc, nous marchions jusqu’à la vieille Ford. Chemin faisant, donc, il y avait un beau clair de lune, vous savez, je lui jetais un coup d’oeil, elle était jolie. Oh! la la! je la regardais, et je me disais: “Oh, j’aimerais tant l’épouser, mais je suppose que je ne peux pas.”

109     Et alors, je continuais à marcher un peu, vous savez, et je la regardais de nouveau. J’ai dit: “Comment—comment te sens-tu ce soir?”
    Elle a dit: “Oh, ça va.”

110     Nous avons arrêté la vieille Ford, et nous sommes descendus, vous savez, sur le côté, nous avons tourné le coin, nous avons marché jusqu’à la maison. Je l’accompagnais jusqu’à sa porte. Je me suis dit: “Tu sais, elle n’a probablement jamais reçu la lettre, alors je ferais aussi bien d’oublier ça. J’aurai une autre semaine de répit, de toute façon.” Alors, je commençais à me sentir assez bien.
    Elle a dit: “Billy?”
    J’ai dit: “Oui.”
    Elle a dit: “J’ai reçu ta lettre.” Oh! la la!
    J’ai dit: “Tu l’as reçue?”
    Elle a dit: “Oui.” Eh bien, elle a simplement continué à marcher, elle n’a pas dit un autre mot.
    Je me suis dit: “Femme, dis-moi quelque chose. Envoie-moi promener, ou dis-moi ce que tu en penses.” J’ai dit: “L’as-tu—l’as-tu lue?”
    Elle a dit: “Oui.”

111     Oh! la la! vous savez comme une femme peut vous tenir en suspens. Oh, ce—ce n’est pas tout à fait comme ça que je voulais le dire, voyez-vous. Voyez? Mais, de toute façon, vous savez, je—je pensais: “Pourquoi ne dis-tu pas quelque chose?” Vous voyez, et je continuais. J’ai dit: “L’as-tu toute lue?”
    Et elle… [espace non enregistré sur la bande—N.D.É.] “Oui.”

112     Nous étions presque devant la porte, alors je me suis dit: “Oh! la la! ne m’emmène pas jusque sur la galerie, parce qu’il se pourrait que je n’arrive pas à courir plus vite qu’eux, alors dis-le-moi tout de suite.” Et, donc, j’attendais toujours.

113     Elle a dit: “Billy, j’aimerais beaucoup faire ça.” Elle a dit: “Je t’aime.” Que Dieu bénisse son âme maintenant, elle est dans la Gloire. Elle a dit: “Je t’aime.” Elle a dit: “Je pense que nous devrions le dire à notre parent, aux parents. Tu ne penses pas?”

114     J’ai dit: “Trésor, écoute, commençons par un partage moitié-moitié.” J’ai dit: “Je le dirai à ton père si tu le dis à ta mère.” Je lui laissais la plus mauvaise part, pour commencer.
    Elle a dit: “D’accord, si tu le dis d’abord à papa.”
    J’ai dit: “D’accord, je lui dirai dimanche soir.”

115     Et alors, le dimanche soir est arrivé, je l’ai ramenée de l’église, et je… Elle ne me quittait pas des yeux. J’ai regardé, il était neuf heures et demie, c’était l’heure pour moi de partir. Alors, Charlie était assis à son bureau, il tapait à la machine sans arrêt. Mme Brumbach était assise dans le coin, elle faisait comme de l’espèce de crochet, vous savez, ou de ces petits cerceaux qu’on tend sur des choses, vous savez. Je ne sais pas comment vous appelez ça. Et donc, elle faisait ce genre de chose là. Et Hope ne me quittait pas des yeux, elle me faisait les gros yeux, vous savez, en me montrant son père. Et je… Oh! la la! Je me disais: “Et s’il disait ‘non’?” Alors je me suis dirigé vers la porte, en disant: “Bon, je pense que je ferais mieux de partir.”

116     Je marchais en direction de la porte, et—et elle est venue à la porte avec moi. Elle me reconduisait toujours à la porte pour me dire “bonsoir”. Alors, je me dirigeais vers la porte, et elle a dit: “Tu ne vas pas lui dire?”
    J’ai dit: “Hum!”, j’ai dit, “j’essaie, vraiment, mais je—je—je ne sais pas comment faire.”
    Elle a dit: “Je vais m’éloigner, et tu n’auras qu’à l’appeler.” Alors, elle s’est éloignée et m’a laissé là.
    J’ai dit: “Charlie.”
    Il s’est retourné, il a dit: “Oui, Bill?”
    J’ai dit: “Est-ce que je peux te parler un petit instant?”
    Il a dit: “Bien sûr.” De son bureau, il s’est tourné vers moi. Mme Brumbach l’a regardé, a regardé Hope, m’a regardé.
    J’ai dit: “Viendrais-tu sur la galerie?”
    Il a dit: “Oui, j’arrive.” Alors, il est sorti sur la galerie.
    J’ai dit: “C’est vraiment une belle soirée, hein?”
    Il a dit: “Oui, c’est vrai.”
    J’ai dit: “Il a fait vraiment chaud.
    Certainement.” Il m’a regardé.
    J’ai dit: “J’ai travaillé tellement dur,” j’ai dit, “tu sais, j’ai même des callosités aux mains.”
    Il a dit: “Tu peux l’avoir, Bill.” Oh! la la! “Tu peux l’avoir.”

117     Je me suis dit: “Oh, c’est mieux, ça.” J’ai dit: “Tu es vraiment sérieux, Charlie?” Il a dit… J’ai dit: “Charlie, écoute, je sais qu’elle est ta fille et que vous avez de l’argent.”

118     Il a étendu le bras et m’a pris par la main. Il a dit: “Bill, écoute, l’argent, ce n’est pas tout ce qui compte dans la vie humaine.” Il a dit…

119     J’ai dit: “Charlie, je—je gagne seulement vingt cents par heure, mais je l’aime et elle m’aime. Et je te promets, Charlie, que je vais tellement travailler, que ces… que les callosités vont s’user de sur mes mains, pour subvenir à ses besoins. Je lui serai vraiment fidèle, autant que je peux l’être.”

120     Il a dit: “Je crois ça, Bill.” Il a dit: “Écoute, Bill, je voudrais te dire.” Il a dit: “Tu sais, le bonheur, ce n’est pas l’argent qui fait le bonheur.” Il a dit: “Sois seulement gentil avec elle. Et je sais que tu le seras.”
    J’ai dit: “Merci, Charlie. Certainement que je le serai.”

121     Après, c’était à son tour de le dire à sa maman. Je ne sais pas comment elle s’y est prise, mais nous nous sommes mariés.

122     Alors, quand nous nous sommes mariés, nous n’avions rien, rien pour se mettre en ménage. Je pense que nous avions deux ou trois dollars. Alors, nous avons loué une maison, qui nous coûtait quatre dollars par mois. C’était une petite maison de deux pièces. Et quelqu’un nous avait donné un vieux lit pliant. Je me demande si quelqu’un ici a déjà vu un de ces vieux lits pliants? Ils nous avaient donné ça. Et je suis allé chez Sears et Roebucks, et j’y ai acheté une petite table avec quatre chaises, et elles—elles n’étaient pas peintes, vous savez; nous les avons achetées à crédit. Ensuite, je suis allé voir M. Weber, un brocanteur, et j’ai acheté une cuisinière. Je l’ai payée soixante-quinze cents, et j’ai payé un dollar et quelque chose pour les grilles qui allaient dedans. Nous nous sommes mis en ménage. Je me souviens que j’avais pris, que j’avais peint un trèfle d’Irlande sur les chaises, quand je les avais peintes. Et, oh, mais nous étions heureux. Nous étions l’un à l’autre, alors, c’est tout ce qu’il nous fallait. Et Dieu, par Sa miséricorde et Sa bonté, nous étions le petit couple le plus heureux qui se puisse trouver sur terre.

123     J’ai découvert ceci, que le bonheur ne réside pas dans le nombre des biens de ce monde que l’on possède, mais dans la satisfaction que l’on tire de la portion qui nous est allouée.

124     Un peu plus tard, Dieu est descendu et Il a béni notre petit foyer, nous avons eu un petit garçon. Son nom était Billy Paul, il est ici à la réunion en ce moment. Et, au bout de quelque temps encore, d’environ onze mois, Il nous a bénis de nouveau, avec une petite fille appelée Sharon Rose, d’après l’expression de “la Rose de Saron”.

125     Et un jour, je me souviens que j’avais mis de l’argent de côté pour prendre quelques jours de vacances, aller à un endroit appelé le lac Paw Paw, à la pêche. Et, en revenant…

126     Et, pendant cette période… Je suis en train d’oublier ma conversion. Je me suis converti. J’ai été ordonné dans l’Église Baptiste Missionnaire par le docteur Roy Davis; j’étais devenu ministre de l’Évangile, et j’avais mon tabernacle, où je prêche maintenant, à Jeffersonville. J’étais pasteur de cette petite église. Et je…

127     Sans prendre d’argent, j’ai été pasteur de cette église pendant dix-sept ans, sans en recevoir un sou. J’étais contre le fait de pren-… Il n’y avait même pas de plateau à offrandes dans l’église. Et, pour mes dîmes, que j’avais à cause de mon travail, et tout, il y avait une petite boîte à l’arrière du bâtiment, où il était dit, il y avait un petit écriteau dessus: “Toutes les fois que vous avez fait ces choses au plus petit d’entre les Miens, c’est à Moi que vous les avez faites.” Et alors, c’est comme ça qu’on a payé l’église. Nous avions contracté un emprunt sur dix ans pour la payer, et nous avons remboursé en moins de deux ans. Et je n’ai jamais ramassé d’offrande d’aucune sorte.

128     Et, donc, j’avais, oh, quelques dollars que j’avais mis de côté pour mes vacances. Elle travaillait aussi, à la fabrique de chemises Fine. Une jeune fille charmante, un amour. Sa tombe est probablement couverte de neige aujourd’hui, mais elle est toujours dans mon coeur. Et je me souviens qu’elle avait travaillé très fort, pour m’aider à amasser l’argent nécessaire pour aller pêcher à ce lac.

129     Et, comme je revenais de ce lac, j’ai commencé à voir, en approchant de Mishawaka et de South Bend, dans l’Indiana, j’ai commencé à remarquer des automobiles, avec des inscriptions à l’arrière qui disaient: “Jésus seul.” Je me suis dit: “C’est bizarre, ça: ‘Jésus seul.’” Je me suis mis à remarquer ces inscriptions. Et il y en avait sur tout, des bicyclettes, des Ford, des Cadillac, et quoi encore: “Jésus seul.” J’en ai suivi quelques-unes, et elles se sont arrêtées à une très grande église. Et j’ai découvert qu’il s’agissait de pentecôtistes.

130     J’avais entendu parler des pentecôtistes, mais c’était une bande d’ “exaltés qui restaient là, étendus par terre, et qui avaient l’écume à la bouche”, et toutes ces choses qu’on m’avait dites. Alors, je ne voulais rien avoir à faire avec ça.

131     Je les entendais tous s’emballer, là-dedans, alors je me suis dit: “Je crois que je vais simplement entrer.” Donc, j’ai arrêté ma vieille Ford et je suis entré; et ça chantait, comme vous n’en avez jamais entendu de votre vie! J’ai fini par découvrir que c’étaient deux grandes églises, l’une d’elles s’appelait l’A.P.J.C., et l’autre l’A.P.M. Beaucoup d’entre vous ici se souviendront peut-être de ces vieilles organi-… Je pense qu’elles se sont unies, et qu’elles ont pris ce nom-là maintenant, le nom de l’Église Pentecôtiste Unie. Eh bien, j’ai écouté quelques-uns de leurs enseignants. Ils étaient là, oh, ils enseignaient sur Jésus et sur Sa grandeur, et combien tout était si glorieux, et sur un “baptême du Saint-Esprit”. Je me disais: “De quoi parlent-ils?”

132     Au bout d’un moment, quelqu’un s’est levé d’un bond et a commencé à parler en langues. Eh bien, je n’avais jamais rien entendu de semblable, de toute ma vie. Et puis voilà une femme qui arrive en courant à toute vitesse. Ensuite, tout le monde s’est levé et s’est mis à courir. Je me suis dit: “Eh bien, frère, chose certaine, ils ne savent pas se conduire à l’église!” Ça hurlait, ça poussait des cris, ça s’emballait, je me suis dit: “Qu’est-ce que c’est que cette bande-là!” Mais, vous savez, il y avait quelque chose, plus je restais assis là, plus ça me plaisait. Il y avait quelque chose qui semblait être très bon. Je me suis mis à les observer. Et ça continuait. Je me suis dit: “Je vais simplement être patient avec eux pendant un moment, parce que je vais… je suis tout près de la porte. S’ils y vont trop fort, je sortirai en vitesse. Je sais où ma voiture est garée, juste au coin.”

133     J’ai commencé à écouter de leurs prédicateurs, c’étaient des érudits et des gens versés. Eh bien, je me suis dit: “C’est bien, ça.”

134     Alors, l’heure du souper arrivée, ils ont dit: “Que tout le monde vienne souper.”

135     Mais je me suis dit: “Un instant, là. J’ai un dollar et soixante-quinze cents pour rentrer chez moi, et je…” C’est tout l’argent que j’avais, pour l’essence. C’est ce montant qu’il me fallait pour rentrer chez moi. J’avais ma vieille Ford, c’était une assez bonne vieille Ford. Elle n’était pas rétrograde, elle était seulement comme celle que j’ai ici, éreintée, tout simplement. Et elle… Je croyais vraiment que cette Ford faisait du trente milles [cinquante kilomètres—N.D.T.] à l’heure, mais évidemment, c’était quinze dans cette direction-ci et quinze dans cette direction-là. Vous voyez, quand on additionne, ça donne trente. Et alors… Je me suis dit: “Eh bien, ce soir, je pense que je vais revenir et, après la…” Je suis resté pour la réunion du soir.

136     Et, oh, il a dit: “Que tous les prédicateurs, quelle que soit leur dénomination, viennent sur l’estrade.” Eh bien, nous étions environ deux cents sur l’estrade, j’y suis allé. Et alors, il a dit: “Bon, nous n’avons pas assez de temps pour que vous prêchiez tous.” Il a dit: “Défilez, simplement, dites qui vous êtes et d’où vous venez.”

137     Eh bien, quand ça a été mon tour, j’ai dit: “William Branham, baptiste. Jeffersonville, Indiana.” J’ai continué à marcher.

138     J’entendais tous les autres qui disaient qu’ils étaient “pentecôtiste, pentecôtiste, pentecôtiste, A.P.M., A.P.J.C., A.P.M., A.P…”
    J’ai continué à marcher. Je me suis dit: “Eh bien, je dois être le canard boiteux.” Alors, je me suis assis, j’ai attendu.

139     Et, ce jour-là, ils avaient fait prêcher de très bons prédicateurs, des jeunes, qui avaient prêché avec puissance. Après, ils ont dit: “Celui qui va apporter le message de ce soir, c’est…” Je crois qu’ils l’ont appelé l’ “ancien”. Et leurs ministres, au lieu de “révérend”, eux, c’était “ancien”. Ils ont fait venir un vieil homme de couleur sur l’estrade, et il portait une de ces redingotes de prédicateur, à l’ancienne mode. J’imagine que vous n’avez jamais vu ça: une longue queue de pie dans le dos, vous savez, et un col de velours. Et il avait juste une petite couronne de cheveux sur la tête. Le pauvre vieux, il est arrivé comme ceci, vous savez. Il était debout, là, et il s’est retourné. Et, alors que tous les prédicateurs avaient prêché sur Jésus et sur la grandeur… Sa grandeur, et tout, ce vieillard a pris son texte dans Job. “Où étais-tu quand Je fondais la terre, ou quand les étoiles du matin chantaient ensemble et que les Fils de Dieu poussaient des cris de joie?”

140     Et le pauvre vieux, je me suis dit: “Pourquoi n’ont-ils pas fait prêcher quelques-uns des jeunes, là?” De grands… La salle était pleine à craquer. Je me suis dit: “Pourquoi n’ont-ils pas fait ça?”

141     Et, donc, ce vieillard, au lieu de prêcher sur ce qui s’était passé ici sur terre, il s’est mis à prêcher sur ce qui s’était passé au Ciel pendant tout ce temps. Eh bien, il nous L’a montré en haut au commencement, au commencement du temps, et, en descendant l’arc-en-ciel horizontal, il L’a ramené à Sa Seconde Venue. Mais, je n’avais jamais entendu prêcher comme ça de toute ma vie! À peu près au même moment, l’Esprit est descendu sur lui, il a fait un bond à peu près haut comme ça, il a claqué des talons, il a redressé ses épaules et il est descendu de l’estrade en sautillant, il disait: “Je n’ai vraiment pas assez de place sur cette estrade pour prêcher.” Et il avait plus de place que j’en ai ici.

142     Je me suis dit: “Si cette Chose-là donne un comportement comme celui-là à un vieillard, qu’est-ce qu’Elle ferait si Elle venait sur moi?” Je—je me suis dit: “Peut-être qu’il m’En faudrait, de Cela.” Mais, il est arrivé sur l’estrade, et je le prenais en pitié, le pauvre vieux. Seulement, quand il est reparti, c’est moi que je prenais en pitié. Je l’ai regardé descendre de l’estrade.

143     Je suis parti ce soir-là, et je me suis dit: “Bon, demain matin, je ne dirai à personne où, qui je suis.” Alors, je suis parti, et cette nuit-là j’ai mis mon pantalon sous presse. J’ai pris… je suis allé dormir dans le champ de maïs, et je suis allé acheter des petits pains rassis. Vous… j’en ai acheté tout un paquet pour cinq cents. Il y avait une bouche d’incendie un peu plus loin, j’y ai pris de l’eau. Alors, je savais que ça me durerait un petit bout de temps, alors, j’ai pris de l’eau là-bas, j’en ai bu, et je suis allé manger mes petits pains. Je suis revenu boire encore un peu d’eau. Je suis allé dans le champ de maïs, j’ai placé mon petit pantalon en seersucker entre les deux sièges, là, je l’ai repassé sur le siège.

144     Et, cette nuit-là, j’ai prié presque toute la nuit. Je disais: “Seigneur, dans quoi est-ce que je me suis embarqué? Je n’ai jamais vu des gens aussi religieux de toute ma vie.” Je disais: “Aide-moi à voir ce qu’il en est de tout ça.”

145     Le lendemain matin, je me suis rendu là-bas. On nous avait invités à déjeuner. Naturellement, je ne voulais pas venir manger avec eux, vu que je ne pouvais pas participer à l’offrande. Alors je suis simplement parti, et le lendemain matin, quand je suis arrivé, eh bien (j’avais mangé quelques-uns de mes petits pains), je me suis assis. Et ils avaient installé un microphone. Je n’avais jamais vu de microphone auparavant, et j’avais peur de cette affaire-là. Alors, ils… Il y avait une petite ficelle accrochée en haut, et c’était suspendu. Un micro du genre micro suspendu. Et il a dit: “Hier soir, il y avait un jeune prédicateur ici sur l’estrade, un baptiste.”

146     Je me suis dit: “Oh-oh! là, ils vont me passer un bon savon, c’est sûr.”
    Et il a dit: “C’était le plus jeune prédicateur sur l’estrade. Son nom était Branham. Est-ce que quelqu’un saurait où il se trouve? Dites-lui de venir, nous voulons qu’il apporte le message de ce matin.”

147     Oh! la la! Je portais un petit tee-shirt et un pantalon en seersucker, vous savez. Et nous, les baptistes, nous croyons qu’il faut porter un complet pour monter en chaire, vous savez. Alors… Je—je suis resté bien assis. Et pendant cette période… Ils avaient fait ça dans le Nord à ce moment-là, parce que (leur convention internationale) les gens de couleur n’auraient pas pu y venir s’ils l’avaient faite dans le Sud. Les gens de couleur étaient là, et moi, je venais du Sud, j’avais encore le col empesé, vous savez, je me croyais un peu meilleur que les autres. Et il s’est trouvé que ce matin-là, assis juste à côté de moi, il y avait un—un homme de couleur. Alors, je me suis assis et je l’ai regardé. Je me suis dit: “Eh bien, c’est un frère.”

148     Il disait: “Est-ce que quelqu’un saurait où se trouve William Branham?” Je me suis enfoncé dans mon siège, comme ceci. Alors, il a dit, il a fait l’annonce une deuxième fois, il disait: “Est-ce que quelqu’un à l’extérieur” (il a tiré le petit micro vers lui) “saurait où se trouve William Branham? Dites-lui que nous voulons qu’il vienne sur l’estrade pour le message de ce matin. C’est un prédicateur baptiste du sud de l’Indiana.”

149     Je suis resté bien assis, et je me suis baissé, vous savez. Personne ne me connaissait, de toute façon. Ce frère de couleur m’a jeté un coup d’oeil, il a dit: “Sais-tu où il est?”
    J’ai pensé. Je—je devais soit mentir ou faire quelque chose. Alors, j’ai dit: “Descends un peu ici.”
    Il a dit: “Oui, monsieur?”
    J’ai dit: “Je voudrais te dire quelque chose.” J’ai dit: “C’est—c’est moi.”
    Il a dit: “Eh bien, allez, monte sur l’estrade.”
    J’ai dit: “Non, je ne peux pas. Tu vois,” j’ai dit, “je porte cette espèce de petit pantalon en seersucker et ce petit tee-shirt.” J’ai dit: “Je ne pourrais pas monter sur l’estrade.”
    Il a dit: “Ces gens-là, ils s’en fichent de ton habillement. Allez, monte sur l’estrade.”
    J’ai dit: “Non, non.” J’ai dit: “Ne bouge pas, ne dis pas un mot, là.”
    Et ils sont revenus au micro un instant, en disant: “Est-ce que quelqu’un saurait où se trouve William Branham?”
    Il a dit: “Par ici! Par ici! Par ici!” Oh! la la! Là, je me suis levé avec ce petit tee-shirt sur le dos, vous savez. Et voilà que je…

150     Il a dit: “Venez donc, M. Branham, nous voulons que vous apportiez le message.” Oh! la la! devant tous ces prédicateurs, hum, tous ces gens! Je me suis avancé, discrètement, vous savez. J’étais tout rouge, et les oreilles me brûlaient. Je suis monté discrètement, avec un pantalon en seersucker et un tee-shirt, moi un prédicateur, un prédicateur baptiste qui se dirigeait vers le microphone, et je n’en avais jamais vu auparavant, vous voyez.

151     Je me suis tenu là, j’ai dit: “Eh bien, je—je—je ne sais pas, là.” Je cafouillais, j’étais très nerveux, vous savez. Et—et j’ai ouvert ma Bible du côté de Luc 16, et j’ai pensé: “Eh bien, maintenant…” Et je—j’ai abordé le sujet: “Dans le séjour des morts, il leva les yeux, et il pleura.” Et je… Alors, je—j’ai commencé à prêcher, vous savez, je me suis mis à prêcher, et je me sentais un peu mieux. Et j’ai dit: “L’homme riche était dans le séjour des morts, et il pleura.” Trois petits mots, comme ça, j’ai beaucoup de ces prédications-là, par exemple, “Crois-tu cela?”, “Parle au rocher”, vous m’avez entendu prêcher ça. J’ai pris: “Et alors il pleura.” Je disais: “Il n’y a pas d’enfants là-bas, certainement pas dans le séjour des morts. Alors il pleura.” Je disais: “Il n’y a pas de fleurs là-bas. Alors il pleura. Il n’y a pas de Dieu là-bas. Alors il pleura. Il n’y a pas de Christ là-bas. Alors il pleura.” Alors j’ai pleuré. Quelque Chose s’est emparé de moi. Oh! la la! la la! Après, je ne sais pas ce qui s’est passé. Quand je suis revenu un peu à moi, j’étais dehors. Ces gens-là se sont mis à hurler, à pousser des cris et à pleurer, et je, nous avons passé un moment assez impressionnant.

152     Quand je suis sorti dehors, un homme s’est approché de moi, il avait un énorme chapeau texan, des grandes bottes, il s’est approché, il a dit: “Je suis l’ancien Untel.” Un prédicateur, il portait des bottes de cow-boy, des vêtements de cow-boy.
    Je me suis dit: “Eh bien, mon pantalon en seersucker, ce n’est pas si mal, après tout.”
    Il a dit: “Je voudrais que vous veniez au Texas, faire des réunions de réveil à mon église.”
    “Ah oui, je vais noter ça, monsieur.” J’ai noté ça, comme ça.

153     Voilà un homme qui s’approche, il portait une espèce de petit, un genre de pantalon de golf; autrefois, ils portaient ça pour jouer au golf, vous savez, ce petit pantalon bouffant. Il a dit: “Je suis l’ancien Untel, de Miami. J’aimerais que…”
    Je me suis dit: “Eh bien! peut-être que c’est vrai que l’habillement n’est pas si important.” J’ai regardé ça, et j’ai pensé: “Très bien.”

154     Alors, j’ai ramassé tout ça, et voilà, je suis rentré à la maison. Ma femme était là à mon arrivée, elle a dit: “Pourquoi as-tu l’air si heureux, Billy?”

155     J’ai dit: “Oh, j’ai rencontré la crème de la crème. Oh! la la! ce sont les gens les meilleurs qu’on ait jamais vus. Ces gens-là n’ont pas honte de leur religion.” Et, oh, je lui ai tout raconté. J’ai dit: “Et regarde ça, chérie, toute une liste d’invitations. Ces gens-là!”
    Elle a dit: “Ce ne sont pas des fanatiques, j’espère?”

156     J’ai dit: “Je ne sais pas quelle sorte de tiques ils sont, mais ils ont quelque chose dont moi, j’avais besoin.” Voyez? J’ai dit: “Voilà—voilà une chose dont je suis sûr.” J’ai dit: “J’ai vu un vieillard de quatre-vingt-dix ans retrouver sa jeunesse.” J’ai dit: “Je n’avais jamais entendu prêcher comme ça de toute ma vie. Mais, je n’ai jamais vu un baptiste prêcher comme ça.” J’ai dit: “Ils prêchent jusqu’à ce qu’ils soient à bout de souffle, ils fléchissent les genoux jusqu’au sol, ils remontent et ils reprennent leur souffle. On peut les entendre à deux pâtés de maisons de là, et ils prêchent encore.” Et j’ai dit: “Je—je n’ai jamais rien entendu de semblable, de toute ma vie.” J’ai dit: “Ils parlent dans une langue inconnue, et l’autre dit de quoi ils parlent. Je n’ai jamais rien entendu de semblable, de toute ma vie!” J’ai dit: “Veux-tu venir avec moi?”

157     Elle a dit: “Chéri, quand je t’ai épousé… je vais rester à tes côtés jusqu’à ce que la mort nous sépare.” Elle a dit: “J’irai.” Elle a dit: “Maintenant on va le dire à nos parents.”
    J’ai dit: “Bon, dis-le à ta mère, et moi, je le dirai à ma mère.” Alors, nous… Je suis allé le dire à maman.
    Maman a dit: “Mais, bien sûr, Billy. Tout ce que le Seigneur t’appelle à faire, vas-y, fais-le.”
    Et, alors, Mme Brumbach m’a fait demander. J’y suis allé. Elle a dit: “Qu’est-ce que c’est que ces propos-là?”
    J’ai dit: “Oh, Mme Brumbach,” j’ai dit, “mais, vous n’avez jamais vu de pareilles gens.”
    Elle a dit: “Du calme! Du calme!”
    J’ai dit: “Oui, madame.” J’ai dit: “Excusez-moi.”
    Elle a dit: “Sais-tu que c’est une bande fanatiques, ça?”
    J’ai dit: “Non, madame, je ne savais pas ça.” J’ai dit: “Ce—ce sont vraiment des gens très bien.”

158     Elle a dit: “Quelle idée! T’imagines-tu que tu vas traîner ma fille dans des choses semblables!” Elle a dit: “Ridicule! Ça, ce n’est que de la racaille, que les autres églises ont jetée dehors.” Elle a dit: “Tu peux en être sûr, tu n’emmèneras pas ma fille là-dedans comme ça!”

159     J’ai dit: “Mais, vous savez, Mme Brumbach, au fond de mon coeur, je sens que le Seigneur veut que j’aille avec ces gens.”
    Elle a dit: “Retourne à ton église, jusqu’à ce qu’ils aient les moyens de t’offrir un presbytère, et conduis-toi comme un homme sensé.” Elle a dit: “Tu n’entraîneras pas ma fille là-dedans.”
    J’ai dit: “Oui, madame.” Je me suis retourné et je suis parti.
    Hope s’est mise à pleurer. Elle est sortie, elle a dit: “Billy, qu’importe ce que maman dit, je resterai avec toi.” Qu’elle soit bénie!
    J’ai dit: “Oh, ça ne fait rien, chérie.”
    Et j’ai simplement laissé tomber. Elle ne voulait pas laisser aller sa fille parmi ces gens-là, parce que “ce n’était que de la racaille”. Alors, j’ai comme laissé tomber. C’est l’erreur la plus grave que j’aie commise de toute ma vie, l’une des plus graves.

160     Un peu plus tard, quelques années plus tard, on a eu les enfants. Et, un jour, nous… Il y a eu une inondation en 1937. Il y a eu une inondation. Et notre… À ce moment-là je patrouillais, et je faisais tout ce que je pouvais pour faire sortir les gens de l’inondation, les maisons s’écroulaient. Et ma propre épouse est tombée malade, et elle était très, très malade, d’une pneumonie. Et ils l’ont emmenée… L’hôpital habituel était tellement plein que nous n’avons pas pu l’envoyer là-bas; alors, nous l’avons emmenée à—à l’édifice gouvernemental, ils avaient installé une salle là-bas. Et alors, après, ils m’ont encore appelé, pour que j’y retourne. J’ai toujours vécu sur la rivière et je suis très habile pour piloter un bateau, alors j’essayais de ramener les gens, de les sauver de l’inondation. Et alors, je… quelqu’un…

161     Ils m’ont appelé, en disant: “Il y a une maison sur la rue Chestnut, qui est sur le point de s’effondrer. Il y a une mère et un paquet d’enfants à l’intérieur.” Ils disaient: “Si tu penses qu’avec ton bateau, ton moteur, tu pourrais arriver jusqu’à eux.” J’ai dit: “Eh bien, je vais faire tout ce que je peux.”

162     Je franchissais les lames. La digue avait été rompue là-bas, et, oh! la la!… l’eau était en train d’emporter la ville. J’y allais à pleins gaz, et finalement, en passant par les ruelles et les avenues, je suis arrivé là-bas, près de l’endroit où se trouvait la vieille digue, et l’eau y coulait à flots. J’ai entendu quelqu’un crier, et j’ai vu une mère debout sur sa galerie. Et les grandes lames qui déferlaient, comme ça. Eh bien, j’ai continué à monter dans cette direction-là aussi loin que j’ai pu, j’ai frappé le courant, je suis revenu et je suis arrivé de ce côté. J’ai arrêté mon bateau juste à temps pour l’attacher au pilier, du montant de la porte, du montant, ou, du montant de la galerie. Je me suis précipité dans la maison, j’ai empoigné la mère et je l’ai fait monter dans le bateau, avec deux ou trois des enfants. J’ai détaché mon bateau, et je l’ai amenée… ramenée. Je suis allé beaucoup plus bas et je l’ai amenée au bord; j’ai fait environ un mille et demi [deux kilomètres—N.D.T.] dans la ville avant d’arriver au bord avec elle. Et, quand je suis arrivé là-bas, elle s’était évanouie. Et elle s’était mise à… elle criait: “Mon bébé! Mon bébé!”

163     Eh bien, j’ai pensé qu’elle voulait dire qu’elle avait laissé le bébé dans la maison. Oh! la la! Je suis reparti là-bas, pendant qu’ils essayaient de s’occuper d’elle. Et j’ai fini par découvrir que c’était… ou, qu’elle voulait savoir où était son bébé, là-bas. Il y avait un tout-petit d’environ trois ans, mais j’avais pensé qu’elle parlait d’un nourrisson ou quelque chose.

164     Alors, je suis reparti et je me suis rendu là-bas. Et, quand j’ai eu attaché le bateau, je suis entré et je n’ai pas trouvé de bébé, et alors la galerie a cédé et la maison s’est écroulée. J’ai couru à toute vitesse et j’ai saisi la—la pièce de bois qui retenait mon bateau, je suis monté dans le bateau, j’ai tiré et je l’ai détaché.

165     Avec tout ça, je m’étais retrouvé dans le courant de la rivière principale. Il était peut-être onze heures et demie du soir, il tombait de la neige fondue et de la neige. J’ai saisi la corde de démarrage, j’ai essayé de mettre le bateau en marche, et il refusait de démarrer, j’ai ressayé, et il refusait de démarrer, et j’ai ressayé de nouveau. J’avançais toujours plus dans le courant, et les chutes étaient juste un peu plus bas. J’essayais très fort, et je me disais: “Oh! la la! C’est—c’est ma fin! Ça y est!” Et j’essayais très fort. J’ai dit: “Seigneur, je T’en prie, ne me laisse pas mourir d’une mort comme celle-là”, et je tirais, et je tirais.
    Et ça m’est revenu: “Qu’en est-il de cette racaille vers qui tu n’as pas voulu aller?” Voyez? Ah.

166     J’ai posé ma main sur le bateau, et j’ai dit: “Ô Dieu, sois miséricordieux envers moi. Ne me laisse pas quitter mon épouse et mon bébé comme ça, alors qu’ils sont là-bas, malades! Je T’en prie!” Et je continuais tout simplement à tirer, comme ça, et il refusait de démarrer. Et j’entendais  le rugissement plus bas, parce que je… Juste encore quelques minutes, et, oh! la la! ce serait terminé. J’ai dit: “Seigneur, si Tu veux me pardonner, je Te promets que je ferai n’importe quoi.” Je me suis agenouillé dans ce bateau, là, avec la neige fondue qui me frappait le visage, j’ai dit: “Je ferai tout ce que Tu veux que je fasse.” Et j’ai tiré de nouveau, et il a démarré. J’ai mis pleins gaz, et j’ai fini par arriver au bord.

167     Je suis retourné au camion, au camion de patrouille. Et j’ai pensé… Certains disaient: “Eh, l’édifice gouvernemental vient d’être emporté.” Mon épouse et mon bébé étaient là, les deux bébés.

168     Je suis parti vers l’édifice gouvernemental aussi vite que j’ai pu. Et l’eau le traversait à une hauteur de quinze pieds [quatre mètres cinquante—N.D.T.] partout. Il y avait un major là-bas, j’ai dit: “Major, qu’est devenu l’hôpital?”
    Il a dit: “Ne vous inquiétez pas, là. Y avait-il quelqu’un des vôtres à l’intérieur?”
    J’ai dit: “Oui, une—une épouse malade et deux bébés.”
    Il a dit: “Ils sont tous sortis.” Il a dit: “Ils sont dans un wagon de marchandises et ils sont en route vers Charlestown.”

169     J’ai couru, je suis monté sur mon bateau et… ou, monté dans ma voiture, avec le bateau derrière, et j’ai foncé vers… Et puis, les ruisseaux s’étaient étendus, ils avaient environ deux milles et demi ou trois milles [quatre ou cinq kilomètres—N.D.T.] de large. Toute la nuit, j’ai essayé de… Certains disaient: “Le wagon, le wagon de marchandises, l’eau l’a fait dérailler, là-bas, de sur le travelage.”

170     Eh bien, je me suis retrouvé isolé sur une petite île, je suis resté là trois jours. J’ai eu amplement le temps de réfléchir, à savoir si C’était de la racaille ou pas. Je me débattais: “Où est ma femme?”

171     Quand j’ai fini par la trouver, quelques jours plus tard, après que je suis sorti de là et que j’ai traversé, elle était là-haut à Columbus, dans l’Indiana, à la salle des baptistes, ils avaient fait un genre de—d’hôpital là-bas, des chambres de malades alités sur des brancards du gouvernement. Et j’ai couru la trouver, aussi vite que j’ai pu; j’essayais de voir où elle était, je criais: “Hope! Hope! Hope!” J’ai regardé, et elle était étendue sur un brancard, la tuberculose s’était déclarée.
    Elle a levé sa petite main osseuse, et elle a dit: “Billy.”
    J’ai couru la trouver, j’ai dit: “Hope, ma chérie.”
    Elle a dit: “Je suis affreuse à voir, n’est-ce pas?”
    J’ai dit: “Non, ma chérie, tu es bien.”

172     Pendant environ six mois, nous avons fait tout en notre pouvoir pour essayer de sauver sa vie, mais elle dépérissait toujours plus, toujours plus.

173     Un jour, je faisais une ronde, j’avais allumé ma radio, et j’ai cru les entendre dire, lancer un appel à la radio, dire: “William Branham est demandé d’urgence à l’hôpital, son épouse est mourante.” Je suis retourné à toute vitesse à l’hôpital, aussi vite que j’ai pu, j’ai mis la lumière rouge et la sirène en marche, et je suis parti. Quand je—je suis arrivé à l’hôpital, je me suis arrêté, je suis entré en courant. En traversant le—l’hôpital, j’ai rencontré un de mes copains, — nous pêchions ensemble, nous sortions ensemble quand nous étions gamins, — Sam Adair.

174     Le docteur Sam Adair, c’est celui pour lequel il y a eu cette vision dernièrement, et il lui a été dit ce qu’il en serait de la clinique. Il a dit que, si quelqu’un doutait de la vision, il n’aurait qu’à l’appeler à frais virés; si on voulait vérifier si elle était juste ou pas.

175     Et, donc, le voilà qui arrive comme ça, et il avait son chapeau à la main. Il m’a regardé et il a simplement fondu en larmes. J’ai couru vers lui, je lui ai sauté au cou. Il m’a entouré de ses bras, il a dit: “Billy, elle s’en va.” Il a dit: “Je suis désolé. J’ai fait tout ce que j’ai pu, j’ai fait venir des spécialistes et tout.”
    J’ai dit: “Sam, ce n’est pas possible, elle ne s’en va pas!”
    Il a dit: “Oui, elle s’en va.”
    Et il a dit: “N’y va pas, Bill.”
    J’ai dit: “Il faut que j’y aille, Sam.”
    Il a dit: “Ne fais pas ça. Non, je t’en prie, ne fais pas ça.”
    J’ai dit: “Laisse-moi y aller.”
    Il a dit: “J’y vais avec toi.”
    J’ai dit: “Non, reste ici. Je veux rester avec elle pendant ses dernières minutes.”
    Il a dit: “Elle est inconsciente.”

176     Je suis entré dans la chambre. L’infirmière était assise là, et elle pleurait; c’est qu’elle et Hope avaient été des camarades de classe. Alors, j’ai jeté un coup d’oeil, et elle s’est mise à pleurer, elle a levé sa main. Je me suis approché.

177     Je l’ai regardée, et je l’ai secouée. Elle était là, elle était passée d’environ cent vingt livres [cinquante cinq kilos—N.D.T.] à une soixantaine de livres [vingt-sept kilos]. Je—je l’ai secouée. Et, même si je vivais jusqu’à l’âge de cent ans, jamais je n’oublierai ce qui est arrivé. Elle s’est tournée, et ces beaux grands yeux se sont levés vers moi. Elle a souri. Elle a dit: “Pourquoi m’as-tu rappelée, Billy?”
    J’ai dit: “Chérie, je viens juste d’avoir… à la radio.”

178     Il fallait que je travaille. Nous étions très endettés, des centaines de dollars d’honoraires de médecins, et rien pour les payer. Il fallait absolument que je travaille. Je la voyais deux ou trois fois par jour, et tous les soirs, et puis, quand elle était dans cet état.
    J’ai dit: “Qu’est-ce que tu veux dire par là, te ‘rappeler’?”
    Elle a dit: “Bill, tu L’as prêché, tu En as parlé, mais tu ne peux pas t’imaginer ce que C’est.”
    J’ai dit: “De quoi parles-tu?”

179     Elle a dit: “Du Ciel.” Elle a dit: “Écoute,” elle a dit, “je rentrais à la Maison, escortée de gens, des hommes ou des femmes, ou quelqu’un, ils étaient vêtus de blanc.” Et elle a dit: “J’étais dans la tranquillité et dans la paix.” Elle a dit: “De beaux grands oiseaux volaient d’arbre en arbre.” Elle a dit: “Ne pense pas que je divague.” Elle a dit: “Billy, je vais te dire quelle a été notre erreur.” Elle a dit: “Assieds-toi.” Je ne me suis pas assis; je me suis agenouillé, je lui ai pris la main. Elle a dit: “Tu sais où nous avons fait notre erreur?”
    J’ai dit: “Oui, mon amour, je sais.”
    Elle a dit: “Nous n’aurions jamais dû écouter maman. Ces gens-là étaient dans le vrai.”
    Et j’ai dit: “Je sais.”

180     Elle a dit: “Promets-moi ceci, que tu vas aller vers ces gens-là,” elle a dit, “parce qu’ils sont dans le vrai.” Et elle a dit: “Élève mes enfants comme ça.” Et je… Elle a dit: “Je veux te dire quelque chose.” Elle a dit: “Je suis mourante, mais”, elle a dit, “c’est… je ne—je ne redoute pas de partir.” Elle a dit: “C’est—c’est beau.” Elle a dit: “La seule chose, c’est que je n’aime pas te quitter, Bill. Et je sais que tu as ces deux petits enfants à élever.” Elle a dit: “Promets-moi que—que tu ne resteras pas seul, et que mes enfants soient ballottés de l’un à l’autre.” C’était raisonnable de la part d’une mère de vingt et un ans.
    Et j’ai dit: “Je ne peux pas promettre ça, Hope.”

181     Elle a dit: “Promets-le-moi, je t’en prie.” Elle a dit: “Il y a une chose que je veux te dire.” Elle a dit: “Tu te souviens de cette carabine?” J’ai vraiment la folie des armes à feu. Elle a dit: “Tu voulais acheter cette carabine, ce jour-là, et tu n’avais pas assez d’argent pour verser l’acompte.”
    J’ai dit: “Oui.”

182     Elle a dit: “J’ai mis de mon argent de côté, mes pièces de cinq cents, pour essayer de verser l’acompte sur cette carabine pour toi.” Elle a dit: “Alors, quand ce sera fini, et que tu retourneras à la maison, regarde sur le dessus du sofa… ou, du lit pliant, sous ce morceau de papier qu’il y a sur le dessus, tu trouveras l’argent.” Elle a dit: “Promets-moi d’acheter cette carabine.”

183     Vous ne pouvez pas vous imaginer ce que j’ai ressenti quand j’ai trouvé ce dollar soixante-quinze (en pièces de cinq cents) là. J’ai acheté la carabine.
    Et elle a dit: “Tu te souviens de la fois où tu es allé en ville m’acheter une paire de bas, et nous devions aller à Fort Wayne?”
    J’ai dit: “Oui.”

184     J’arrivais de la pêche, et elle m’avait dit… Nous devions aller à Fort Wayne, je devais prêcher ce soir-là. Et elle m’a dit: “Tu sais, je t’avais dit: ‘Il y en a deux sortes.’” L’une, c’était “mousseline de soie”. Et l’autre, qu’est-ce que c’est? rayonne? Est-ce que c’est ça? Rayonne et mousseline. Eh bien, quoi qu’il en soit, c’était ceux en mousseline qui étaient les meilleurs. Pas vrai? Elle a dit: “Achète-moi ceux en mousseline, là, les fashionables.” Vous savez, ce sont ceux qui ont le petit truc à l’arrière du bas, là, en haut? Je ne m’y connaissais pas du tout en vêtements pour dames, alors je…

185     Et je descendais la rue, en disant: “Mousseline, mousseline, mousseline, mousseline,” j’essayais de me concentrer là-dessus, “mousseline, mousseline, mousseline.”
    Quelqu’un disait: “Bonjour, Billy!”
    Je disais: “Oh, bonjour, bonjour.” “Mousseline, mousseline, mousseline, mousseline, mousseline.”
    Je suis arrivé au coin et j’ai rencontré M. Spon. Il a dit: “Hé, Billy, sais-tu que la perche mord là-bas, près du dernier pilier?”
    J’ai dit: “Ah oui, c’est vrai, ça?
    Oui.”
    J’ai pensé, là, quand je l’ai quitté: “Qu’est-ce que c’était, déjà?” J’avais oublié.

186     Alors, Thelma Ford, une jeune fille que je connaissais, elle travaillait au petit magasin à rayons. Je savais qu’ils vendaient des bas pour dames là-bas, alors j’y suis allé. J’ai dit: “Bonjour, Thelma.”
    Elle a dit: “Bonjour, Billy. Comment vas-tu? Comment va Hope?”
    J’ai dit: “Bien.” J’ai dit: “Thelma, je voudrais une paire de chaussettes pour Hope.”
    Elle a dit: “Hope ne veut pas de chaussettes.”
    J’ai dit: “Oui, madame, absolument.”
    Elle a dit: “Tu veux dire des bas.”
    “Oh, bien sûr,” j’ai dit, “c’est ça.” Je me suis dit: “Oh-oh, je viens d’étaler mon ignorance.”
    Elle a dit: “Elle en veut de quelle sorte?”
    Je me suis dit: “Oh-oh!” J’ai dit: “Vous en avez de quelle sorte?”
    Elle a dit: “Eh bien, nous en avons en rayonne.”

187     Je ne connaissais pas la différence. Rayonne, mousseline, pour moi, c’était tout pareil. J’ai dit: “C’est ce que je veux.” Elle a dit… J’ai dit: “Prépare-m’en une paire, des fashionables.” Et elle… Je ne le dis pas comme il faut. Qu’est-ce que c’est? Fully-fashioned. “Fully-fashioned.” Alors, j’ai dit: “Prépare-m’en une paire de ceux-là.”

188     Et au moment de me les remettre, voilà qu’ils ne coûtaient qu’environ trente cents, vingt cents ou trente cents, environ la moitié du prix. Eh bien, j’ai dit: “Donne-m’en deux paires.” Voyez?

189     Je suis retourné à la maison, et j’ai dit: “Sais-tu, chérie, vous les femmes, vous courez les magasins, vous faites le tour de la ville pour trouver des soldes.” Vous savez comme on aime faire cocorico. Et j’ai dit: “Mais, écoute, regarde ça, j’en ai acheté deux paires pour le même prix que toi tu en achètes une. Tu vois?” J’ai dit: “Oh, ça—ça, c’est une aptitude personnelle à moi.” Voyez? J’ai dit—j’ai dit: “Tu sais, c’est Thelma qui me les a vendus.” J’ai dit: “Peut-être qu’elle me les a laissés à moitié prix.”
    Elle a dit: “As-tu pris ceux en mousseline?”
    J’ai dit: “Oui, madame.” Pour moi, c’était tout pareil, je ne savais pas qu’il y avait une différence.

190     Alors elle m’a dit, elle a dit: “Billy.” J’avais trouvé ça bizarre, quand nous sommes arrivés à Fort Wayne, il a fallu qu’elle aille acheter une autre paire de bas. Elle a dit: “Je les ai donnés à ta mère,” elle a dit, “ceux-là, c’est pour les femmes plus âgées.” Elle a dit: “Je regrette d’avoir fait ça.”
    J’ai dit: “Oh, ça ne fait rien, chérie.”

191     Elle a dit: “Maintenant, ne—ne reste pas seul.” Et elle a dit… Elle ne savait pas ce qui allait arriver quelques heures plus tard. J’ai tenu ses mains chéries, pendant que les Anges de Dieu l’emportaient.

192     Je suis rentré à la maison. Je ne savais pas quoi faire. Je me suis étendu là, cette nuit-là, et j’ai entendu… je pense que c’était une petite souris dans le vieux foyer où nous avions mis du papier. J’ai fermé la porte avec mon pied, et son kimono était là, accroché derrière la porte (et elle qui gisait là-bas à la morgue). Peu de temps après, quelqu’un m’a appelé, en disant: “Billy!” C’était Frère Frank Broy. Il a dit: “Ton bébé est mourant.”
    J’ai dit: “Mon bébé?”

193     Il a dit: “Oui, Sharon Rose.” Il a dit: “Le docteur est là en ce moment, et il dit qu’ ‘elle a une méningite tuberculeuse, elle l’a attrapée de sa mère’.” Il a dit: “Elle est mourante.”

194     J’ai pris ma voiture, je me suis rendu là-bas. Elle était là, un amour de petit être. Et ils l’ont transportée d’urgence à l’hôpital.

195     Je suis allé le voir; Sam est monté, il a dit: “Billy, ne va surtout pas dans cette chambre, tu dois penser à Billy Paul.” Il a dit: “Elle est mourante.”
    J’ai dit: “Doc, il—il faut que je voie mon bébé.”
    Il a dit: “Non, tu ne peux pas entrer.” Il a dit: “Elle a une méningite, Billy, et tu la passerais à Billy Paul.”

196     J’ai attendu qu’il parte. Je ne pouvais pas supporter de la voir mourir, et sa mère qui gisait là-bas, chez l’entrepreneur de pompes funèbres. Je vous le dis, la voie du transgresseur est rude. Alors je—j’y suis allé, j’ai ouvert la porte doucement, et quand Sam a été parti et l’infirmière aussi, je suis descendu dans le sous-sol. C’est un tout petit hôpital. Elle était en isolement. Et les mouches allaient sur ses petits yeux; ils avaient mis un petit… ce qu’on appelle “de la mousseline de moustiquaire” ou un petit morceau de tulle sur ses yeux. Et elle… sa petite jambe potelée remuait vivement, comme ça, secouée d’un petit spasme, et ses petites mains, secouées de ce spasme. Je l’ai regardée, et elle était juste assez grande pour être mignonne, elle avait environ huit mois.

197     Sa mère l’installait dehors, avec sa petite couche, vous savez, dans la cour, quand j’arrivais. Je klaxonnais, et elle faisait “gou-gou, gou-gou”, elle tendait les bras vers moi, vous savez.

198     Et ma chérie était étendue là, mourante. J’ai baissé les yeux vers elle, et j’ai dit: “Sharry, tu reconnais papa? Tu reconnais papa, Sharry?” Et, quand elle a regardé… Elle souffrait tellement qu’un des ses beaux petits yeux bleus louchait. C’est comme si on m’avait arraché le coeur.

199     Je me suis agenouillé, j’ai dit: “Seigneur, qu’est-ce que j’ai fait? Est-ce que je n’ai pas prêché l’Évangile au coin des rues? J’ai fait tout ce que j’ai pu. Ne m’impute pas ça. Je n’ai jamais appelé ces gens-là de la ‘racaille’. C’est elle qui a appelé ces gens-là de la ‘racaille’.” J’ai dit: “Je regrette tout ce qui est arrivé. Pardonne-moi. Ne—ne reprends pas mon bébé.” Et, pendant que je priais, c’est comme si un… une espèce de rideau ou de tissu noir était descendu. Je savais qu’Il me l’avait refusé.

200     Or, celui-là a été le moment le plus difficile et le plus perfide de ma vie. Quand je me suis relevé et que je l’ai regardée, alors j’ai pensé… Satan m’a mis dans la tête: “Eh bien, tu veux dire qu’après avoir prêché aussi énergiquement, et mené la vie que tu as menée, maintenant, quand il s’agit de ton propre bébé, Il va te refuser ça?”

201     J’ai dit: “C’est vrai. S’Il ne peut pas sauver mon bébé, alors je ne peux pas…” Je me suis arrêté. Je—je ne savais vraiment pas quoi faire. Et alors, j’ai dit ceci, j’ai dit: “Seigneur, Tu me l’as donnée, et Tu l’as reprise, béni soit le Nom du Seigneur! Même si Tu me reprenais moi aussi, je T’aimerais quand même.”

202     J’ai posé ma main sur elle, j’ai dit: “Sois bénie, ma chérie. Papa aurait voulu t’élever, de tout mon coeur j’aurais voulu t’élever, et t’élever pour que tu aimes le Seigneur. Mais les Anges vont venir te chercher, ma chérie. Papa va prendre ton petit corps et le mettre dans les bras de maman. Je vais t’enterrer avec elle. Et, un jour, papa ira te retrouver, tu n’as qu’à attendre là-haut avec maman.”

203     Au moment de sa mort, sa mère a dit, les derniers mots qu’elle a prononcés, elle a dit: “Billy, reste sur le champ de travail.”

204     J’ai dit: “Je…” Elle a dit… J’ai dit: “Si je suis sur le champ de travail quand Il viendra, j’irai chercher les enfants pour te rejoindre. Sinon, je serai enterré près de toi. Va te poster à droite de la grande porte, et quand tu les verras tous entrer, tiens-toi là et mets-toi à crier ‘Bill! Bill! Bill!’ de toutes tes forces. Je te rejoindrai là-bas.” Je lui ai dit au revoir en l’embrassant. Je suis sur le champ de bataille aujourd’hui. Il y aura bientôt vingt ans de ça. J’ai un rendez-vous avec mon épouse, je vais la rejoindre.

205     Quand il est mort, j’ai pris le petit bébé, et je l’ai mis dans les bras de sa mère, et nous l’avons emmené au cimetière. Je me suis tenu là, à écouter Frère Smith, le prédicateur méthodiste qui a prêché aux funérailles: “Cendres aux cendres, et poussière à la poussière.” (Et j’ai pensé: “Coeur à coeur.”) Elle est partie.

206     Un matin, pas longtemps après, j’ai emmené le petit Billy là-bas. Il n’était qu’un petit bout de chou. Il était…

207     C’est pour ça qu’il reste avec moi et que je reste avec lui: il m’a fallu être les deux, papa et maman (les deux), pour lui. Je prenais son petit biberon. Nous n’avions pas les moyens de faire du feu la nuit pour tenir son lait chaud, alors je le mettais sous mon dos, comme ceci, et je le gardais au chaud par la chaleur de mon corps.

208     Nous sommes restés ensemble comme des copains, et un de ces jours, quand je quitterai le champ de travail, je voudrais lui remettre la Parole, et dire: “Continue, Billy. Tiens-t’en à Elle.” Il y a des gens qui se demandent pourquoi je l’ai tout le temps avec moi. Je ne peux pas renoncer à lui. Il a beau être marié, je me souviens encore qu’elle m’a dit: “Reste avec lui.” Nous sommes restés ensemble comme des copains.

209     Je me souviens que je marchais en ville, avec le biberon sous mon bras, et il se mettait à pleurer. Un soir, il… nous marchions dans la cour de derrière, où… (Quand elle était sur le point d’accoucher de lui, elle suffoquait, et je… ce n’était qu’une jeune fille, vous savez.) Et je marchais jusqu’au vieux chêne au fond de la cour et je revenais. Et il réclamait sa maman en pleurant, mais je n’avais pas de maman à qui l’emmener. Je le prenais dans mes bras, je disais: “Oh, chéri.” Je disais…
    Il disait: “Papa, où est ma maman? Est-ce que tu l’as mise dans la terre, là-bas?”
    Je disais: “Non, chéri. Elle va bien, elle est là-haut, au Ciel.”

210     Et il a dit quelque chose, là, qui m’a presque donné le coup de grâce, un après-midi. Il pleurait, il était tard dans l’après-midi, et je le portais sur mon dos, comme ça, je le portais sur mon épaule et je le tapotais comme ceci. Et il a dit: “Papa, s’il te plaît, va chercher maman et amène-la ici.”
    Et j’ai dit: “Chéri, je ne peux pas aller chercher maman. Jésus…”
    Il a dit: “Eh bien, dis à Jésus de m’envoyer ma maman. Je la veux.”
    Et j’ai dit: “Eh bien, chéri, je… moi et toi, on va aller la voir un jour.”
    Et il s’est arrêté, il a dit: “Papa!”
    J’ai dit: “Oui?”
    Il a dit: “J’ai vu maman, là-haut sur ce nuage.”

211     Oh, ça m’a presque donné le coup de grâce! J’ai pensé: “Oh!: ‘J’ai vu maman, là-haut sur ce nuage.’” C’est bien simple, j’ai failli m’évanouir. J’ai serré le petit bout de chou contre ma poitrine, comme ça, j’ai simplement baissé la tête, et je suis entré dans la maison.

212     Les jours ont passé. Je n’arrivais pas à oublier. J’essayais de travailler. Je ne pouvais pas retourner à la maison, ce n’était plus chez moi. Et je voulais rester là. Nous n’avions rien d’autre que ces vieux meubles en mauvais état, mais c’était quelque chose dont nous avions profité ensemble, elle et moi. C’était chez nous.

213     Et je me souviens, un jour, j’essayais de travailler, pour les services publics. J’étais allé réparer une vieille ligne secondaire qui s’était détachée, c’était très tôt le matin. J’ai escaladé cette croix. (Je ne pouvais pas renoncer à mon bébé. Je pouvais comprendre que ma femme s’en aille, mais que ce bébé s’en aille, ce n’était qu’un tout petit être.) Et j’étais là-haut, je chantais: “Là-haut sur la colline, une Croix faite de bois rugueux.” Les lignes primaires arrivaient au transformateur, et repartaient par (vous savez) les secondaires. Et j’étais monté là-haut. Tout à coup j’ai regardé, et le soleil se levait, derrière moi. Et là, avec mes mains tendues, et la forme de la Croix sur la—sur la colline, j’ai pensé: “Oui, ce sont mes péchés qui L’ont amené là.”

214     J’ai dit: “Sharon, ma chérie, papa a tellement envie de te voir, chérie. Comme j’aimerais te tenir de nouveau dans mes bras, mon petit ange.” Je déraisonnais. Quelques semaines avaient passé. J’ai retiré mon gant de caoutchouc. C’était du deux mille trois cents volts qui passait là, juste à côté de moi. J’ai retiré mon gant de caoutchouc. J’ai dit: “Ô Dieu, je n’aime pas faire ça. Je suis un lâche.” “Mais, Sharry, papa va vous revoir, toi et maman, dans quelques minutes.” J’ai commencé à enlever mon gant pour poser ma main sur ce fil de deux mille trois cents volts. Ça briserait… Mais, il ne resterait même plus de sang en vous. Donc, je—je—je commençais à enlever ce gant, et il s’est passé quelque chose. Quand je suis revenu à moi, j’étais assis sur le sol, avec les mains sur le visage, comme ceci, je pleurais. C’était la grâce de Dieu; sinon je ne serais pas ici à faire un service de guérison, ça, j’en suis sûr. C’était Lui, Il protégeait Son don, pas moi.

215     Je suis parti à la maison. J’ai cessé le travail, j’ai rangé mes outils. Et je suis rentré, j’ai dit: “Je rentre à la maison.”

216     Je suis arrivé par le côté de la maison, et j’ai pris le courrier dans la maison, il faisait un peu froid, je suis entré. Nous avions une petite chambre, je dormais sur un petit lit de camp, là; les gels allaient commencer, et ce vieux poêle… J’ai pris le courrier, j’ai regardé ce qu’il y avait comme courrier, et, sur le dessus, la première chose, c’était ses petites économies de Noël, quatre-vingts cents: “Mademoiselle Sharon Rose Branham.” Et voilà que ça recommençait.

217     J’avais été garde-chasse. J’ai pris mon revolver, mon pistolet, je l’ai sorti de l’étui. J’ai dit: “Seigneur, je—je ne peux plus supporter ça, je suis—je suis en train d’y laisser mes os. Je suis—je suis si tourmenté.” J’ai abaissé le chien du revolver, je l’ai appuyé contre ma tête, en m’agenouillant sur ce lit de camp, là, dans cette chambre sombre. J’ai dit: “Notre Père qui es aux Cieux, que Ton Nom soit sanctifié. Que Ton Règne vienne, que Ta volonté soit faite”, et j’essayais, j’appuyais sur la détente de toutes mes forces, je disais, “sur la terre comme au Ciel. Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien.” Et le coup ne voulait pas partir!

218     J’ai pensé: “Ô Dieu, vas-Tu me démolir complètement? Qu’est-ce que j’ai fait? Tu ne veux même pas me laisser mourir.” J’ai jeté le revolver par terre, et le coup est parti, la balle a traversé la pièce. J’ai dit: “Ô Dieu, pourquoi ne puis-je pas mourir et en finir? Je ne peux vraiment plus continuer. Il faut que Tu fasses quelque chose pour moi.” Je me suis laissé tomber, j’ai fondu en larmes sur ma petite couchette sale, là.
    J’ai dû m’endormir. Je ne sais pas si je dormais ou quoi.

219     J’ai toujours rêvé d’aller dans l’Ouest. J’ai toujours désiré avoir un de ces chapeaux. Dans son jeune temps, mon père dressait les chevaux, et j’ai toujours désiré avoir un de ces chapeaux. Et Frère Demos Shakarian m’en a acheté un hier, c’est le premier que j’ai (que j’aie jamais eu) comme ça, un de ces chapeaux style western.

220     J’avais l’impression de me promener dans la prairie, je chantais ce chant: “La roue du chariot est brisée, il y a un écriteau sur le ranch: ‘À vendre.’” Et, comme je continuais, j’ai remarqué un vieux chariot couvert, une espèce de vieux chariot bâché, dont la roue était brisée. Ça, évidemment, ça représentait ma famille brisée. Et, en m’en approchant, j’ai regardé, et une—une très belle jeune fille se trouvait là, elle avait environ vingt ans, les cheveux blancs flottants et les yeux bleus, vêtue  de blanc. Je l’ai regardée, j’ai dit: “Bonjour.” J’ai continué.
    Elle a dit: “Salut, papa.”

221     Je me suis retourné, j’ai dit: “Papa? Mais,” j’ai dit, “comment, mademoiselle, pouvez-vous… puis-je être votre papa, alors que vous avez le même âge que moi?”
    Elle a dit: “Papa, tu ne sais pas où tu es, c’est tout.”
    J’ai dit: “Que voulez-vous dire?”
    Elle a dit: “Ici, c’est le Ciel.” Elle a dit: “Sur la terre, j’étais ta petite Sharon.”
    “Mais,” j’ai dit, “chérie, tu n’étais qu’un petit bébé.”
    Elle a dit: “Papa, les petits bébés ne sont pas des petits bébés ici, ils sont immortels. Ils ne vieillissent ni ne grandissent jamais.
    Et j’ai dit: “Eh bien, Sharon, chérie, tu—tu es une belle jeune femme.”
    Elle a dit: “Maman t’attend.”
    J’ai dit: “Où?”
    Elle a dit: “Là-haut, dans votre nouvelle maison.”
    Et j’ai dit: “Nouvelle maison?” Les Branham sont des vagabonds, ils n’ont pas de maison, ils ne font que… J’ai dit: “Eh bien, je n’ai jamais eu de maison, chérie.”
    Elle a dit: “Mais tu en as une ici, papa.” Je ne veux pas faire l’enfant, mais c’est tellement réel pour moi. [Frère Branham pleure.—N.D.É.] Quand j’y repense, c’est comme si je revivais tout ça. Elle a dit: “Tu en as une ici, papa.” Je sais que j’en ai une là-bas, un jour j’y irai. Elle a dit: “Où est Billy Paul, mon frère?”
    J’ai dit: “Eh bien, je l’ai laissé chez Mme Broy il y a quelques minutes.
    Elle a dit: “Maman veut te voir.”

222     Je me suis retourné, j’ai regardé, et il y avait des palais immenses, et la Gloire de Dieu les enveloppait. Et j’entendais un choeur Angélique chanter: “Ma Maison, ma douce Maison.” Je me suis engagé dans un grand escalier, je l’ai grimpé à toute vitesse. Et quand je suis arrivé à la porte, elle était là, elle portait un vêtement blanc, ses longs cheveux noirs lui descendaient dans le dos. Elle a tendu les bras, comme elle le faisait toujours quand je rentrais du travail, fatigué, ou quelque chose. Je lui ai saisi les mains, et j’ai dit: “Chérie, j’ai vu Sharon là-bas.” J’ai dit: “Elle est devenue une belle jeune fille, n’est-ce pas?”

223     Elle a dit: “Oui, Bill.” Elle a dit: “Bill.” Elle a mis ses bras autour de moi (et elle a dit), juste autour de mes épaules, elle s’est mise à me tapoter, elle a dit: “Arrête de te faire du souci pour moi et Sharon.”
    J’ai dit: “Chérie, c’est plus fort que moi.”
    Elle a dit: “Maintenant Sharon et moi, nous sommes dans une meilleure situation que toi.” Et elle a dit: “Ne te fais plus de souci pour nous. Veux-tu me le promettre?”
    J’ai dit: “Hope,” j’ai dit, “tu me manques tellement, et Sharon aussi, et il y a Billy qui te réclame tout le temps, il pleure.” J’ai dit: “Je ne sais plus quoi faire avec lui.”
    Elle a dit: “Tout ira bien, Bill.” Elle a dit: “Promets-moi seulement de ne plus te faire de souci.” Et elle a dit: “Veux-tu t’asseoir?” J’ai regardé autour de moi, et il y avait un grand fauteuil.

224     Je me souviens que j’avais essayé d’acheter un fauteuil. Maintenant, pour conclure. Une fois, j’avais essayé d’acheter un fauteuil. Tout ce que nous avions, c’était les vieilles—vieilles chaises très ordinaires de notre mobilier de cuisine, avec le fond en bois. Nous étions bien obligés d’utiliser ces chaises-là, c’étaient les seules que nous avions. Et nous avons eu la possibilité d’acheter un fauteuil, de ceux dont on peut incliner le dossier, comme… je ne me souviens plus quelle marque de fauteuil rembourré c’était. Il coûtait dix-sept dollars, on pouvait donner trois dollars comptant, et puis un dollar par semaine. Nous en avons acheté un. Et, oh, quand j’arrivais… Je travaillais toute la journée, et je prêchais jusqu’à minuit, dans les rues et partout où je pouvais.

225     Et—et je, un jour, j’étais en retard dans mes paiements. Nous n’arrivions plus à les faire, et le temps passait, jour après jour, puis finalement, un jour, ils sont venus chercher mon fauteuil, ils l’ont repris. Ce soir-là, je ne l’oublierai jamais, elle m’avait fait une tarte aux cerises. Pauvre petite, elle—elle—elle savait que j’allais être déçu. Après le souper, j’ai dit: “Pourquoi es-tu si gentille, ce soir, chérie?”
    Elle a dit: “Écoute, j’ai envoyé les garçons du voisinage te chercher des vers pour la pêche. Tu ne penses pas qu’on devrait aller à la rivière, pêcher un petit moment?”
    J’ai dit: “Oui, mais…”

226     Elle a fondu en larmes. Je savais que quelque chose n’allait pas. Je m’en doutais un peu, parce qu’on m’avait déjà envoyé un avis comme quoi ils allaient venir le chercher. Nous n’arrivions pas à faire ce paiement d’un dollar par semaine. Nous n’y arrivions pas, nous ne… nous n’avions tout simplement pas les moyens. Elle m’a entouré de ses bras, je suis allé vers la porte, et mon fauteuil n’était plus là.
    Elle m’a dit Là-haut, elle a dit: “Tu te souviens de ce fauteuil, Bill?”
    Et j’ai dit: “Oui, chérie, je m’en souviens.”
    Elle a dit: “C’est à ça que tu pensais, hein?
    Oui.”
    Elle a dit: “Eh bien, celui-ci, ils ne le reprendront pas, celui-ci est payé.” Elle a dit: “Assieds-toi un petit instant, je voudrais te parler.”
    J’ai dit: “Chérie, je ne comprends pas.”
    Elle a dit: “Promets-moi, Billy, promets-moi que tu ne te feras plus de souci. Tu vas retourner maintenant.” Elle a dit: “Promets-moi que tu ne te feras pas de souci.”
    J’ai dit: “Je ne peux pas faire ça, Hope.”

227     Et juste à ce moment-là, j’ai repris connaissance, il faisait noir dans la chambre. J’ai regardé autour de moi, je sentais son bras qui m’entourait. J’ai dit: “Hope, es-tu ici, dans la chambre?”

228     Elle s’est mise à me tapoter. Elle a dit: “Vas-tu me faire cette promesse, Bill? Promets-moi que tu ne te marieras… ne te feras plus de souci.”
    J’ai dit: “Je te le promets.”

229     Et à ce moment-là, elle m’a tapoté deux ou trois fois, et elle était partie. Je me suis levé d’un bond et j’ai allumé la lumière, j’ai regardé partout, elle était partie. Mais elle avait seulement quitté la pièce. Elle n’est pas partie, elle est toujours vivante. C’était une chrétienne.

230     Billy et moi, nous sommes allés à la tombe, là, il y a quelque temps, il apportait une petite fleur à sa mère et à sa soeur, un matin de Pâques, et nous nous sommes arrêtés. Le petit bout de chou s’est mis à pleurer, il a dit: “Papa, ma maman est là-dessous.”

231     J’ai dit: “Non, chéri. Non, elle n’est pas là-dessous. Ta soeur n’est pas là-dessous. Ici, nous avons une tombe fermée, mais très loin, de l’autre côté de la mer, il y a une tombe ouverte, là où Jésus est ressuscité. Un jour Il viendra, Il amènera ta soeur et ta maman avec Lui.”

232     Je suis sur le champ de bataille aujourd’hui, mes amis. Je—je ne peux vraiment plus vous en raconter. Je… [Frère Branham pleure.—N.D.É.] Que Dieu vous bénisse. Courbons la tête un instant.

233     Ô Seigneur! Très souvent, Seigneur, j’en suis sûr, les gens ne comprennent pas, quand ils s’imaginent que ces choses-là vont toutes seules. Mais un grand jour vient, et alors Jésus viendra et tous ces chagrins seront effacés. Je Te prie, Père Céleste, de nous aider à être prêts.

234     Et cette dernière promesse, quand je l’ai embrassée sur la joue ce matin-là, en lui disant que je la rejoindrais là-bas ce jour-là. Je crois qu’elle sera postée là, à crier mon nom. Depuis, je suis resté fidèle à cette promesse, Seigneur. Tout autour du monde, à toutes sortes d’endroits, j’ai essayé d’apporter l’Évangile. Je prends de l’âge maintenant, je suis fatigué, je suis épuisé. Un de ces jours, je vais fermer cette Bible pour la dernière fois. Ô Dieu, garde-moi fidèle à la promesse. Entoure-moi constamment de Ta grâce, Seigneur. Que je ne regarde pas aux choses de cette vie, mais que je vive pour les choses qui sont de l’autre côté. Aide-moi à être honnête. Je ne demande pas à avoir la vie facile, non, Seigneur, alors que mon Christ est mort dans la souffrance là-bas, et que tous les autres sont morts de cette manière. Je ne demande pas la facilité. Permets-moi seulement d’être honnête, Seigneur, de dire la vérité. Fais que les gens m’aiment, pour que je puisse les conduire à Toi. Et, un jour, quand tout sera terminé, et que nous nous rassemblerons sous les arbres toujours verts, je veux la prendre par la main et l’emmener, la présenter aux gens de l’Angelus Temple et à tous les autres. Ce sera un grand moment que celui-là.

235     Je prie que Ta miséricorde repose sur chacun de nous ici. Et ceux qui sont ici, Seigneur, il se peut qu’ils ne Te connaissent même pas. Et peut-être qu’eux ont un petit être cher de l’autre côté de la mer là-bas. S’ils n’ont jamais accompli leur promesse, puissent-ils le faire maintenant, Seigneur.

236     Pendant que nos têtes sont inclinées, je me demande, dans cette grande, immense salle, cet après-midi, combien d’entre vous diront: “Frère Branham, moi aussi, je veux rejoindre mes bien-aimés. Je—je—j’ai des bien-aimés juste de l’autre côté du fleuve là-bas”? Peut-être que vous avez fait la promesse de les rejoindre. Peut-être que, quand vous avez dit au revoir à votre mère là-bas à la tombe ce jour-là, peut-être que, quand vous avez dit au revoir à votre petite soeur, ou à votre papa, ou à d’autres, à la tombe, vous avez promis de les rejoindre, et vous—vous ne vous êtes encore jamais préparé pour ça. Ne pensez-vous pas que ce serait une bonne occasion de le faire maintenant?

237     Excusez mes larmes. Mais, oh! la la! vous ne vous rendez pas compte, mon ami. Vous ne savez pas ce qu’il y a eu de—de sacrifices! Ça, ce n’est même pas une parcelle, pratiquement, de l’histoire de ma vie.

238     Combien d’entre vous aimeraient se lever maintenant, et s’avancer pour qu’on prie pour eux, dire: “Je veux rejoindre mes bien-aimés”? Levez-vous, dans l’auditoire, et avancez-vous ici. Voulez-vous le faire? Si quelqu’un ne s’est encore jamais préparé pour ça. Que Dieu vous bénisse, monsieur. Je vois un homme de couleur âgé qui s’avance, d’autres qui viennent. Quittez vos places, vous qui êtes au balcon, là-haut, sortez simplement dans l’allée. Ou levez-vous, vous qui désirez qu’on pense à vous dans un mot de prière en ce moment. C’est ça. Levez-vous. C’est bien. Levez-vous, partout, vous qui voudriez dire: “J’ai un père là-bas, j’ai une mère ou un bien-aimé là-bas. Je veux aller les voir. Je veux les revoir en paix.” Voulez-vous vous lever, vous n’avez qu’à vous lever, partout dans l’auditoire. Levez-vous, dites: “Je veux accepter.”

239     Que Dieu vous bénisse, madame. Que Dieu vous bénisse, là-bas au fond. Qu’Il vous bénisse, là-haut. Que le Seigneur vous bénisse, ici, monsieur. C’est ça. Là-haut au balcon, que le Seigneur vous bénisse. Maintenant, de tous côtés, partout, levez-vous, nous allons prononcer un mot de prière, pendant que le Saint-Esprit est ici, et qu’Il touche nos coeurs, pour—pour—pour nous briser.

240     Vous savez, ce dont l’église a besoin aujourd’hui, c’est d’être brisée. Nous avons besoin de descendre dans la Maison du Potier. Notre théologie raide, de notre propre fabrication, parfois, ça ne marche pas tellement bien. Ce dont nous avons besoin, c’est d’un brisement à l’ancienne mode, de se repentir dans nos coeurs, de s’adoucir devant Dieu. Est-ce tous ceux qui sont prêts à se lever maintenant?
    Alors, courbons la tête pour prier.

241     Ô Seigneur, qui as ramené Jésus pour les… d’entre les morts, pour nous justifier tous par la foi, en croyant. Je prie, Seigneur, que ceux qui sont debout en ce moment pour T’accepter, je prie que le pardon leur soit accordé. Et, ô Seigneur, je prie qu’ils T’acceptent comme leur Sauveur, leur Roi, et leur Amoureux. Et peut-être qu’ils ont une maman, ou un papa, ou quelqu’un, juste de l’autre côté de la mer. Une chose est certaine, ils y ont un Sauveur. Puissent leurs péchés leur être pardonnés, et toute leur iniquité être effacée, pour que leur âme soit lavée dans le Sang de l’Agneau, et qu’ils vivent en paix à partir d’aujourd’hui.

242     Et, un jour glorieux, quand tout sera terminé, puissions-nous nous rassembler dans Ta Maison, et nous y trouver, des familles entières, pour y revoir nos bien-aimés qui attendent de l’autre côté. Nous Te les confions, en sachant ceci, que “Tu garderas dans une paix parfaite celui dont le coeur s’appuie sur Lui”. Accorde-le, Seigneur, alors que nous Te les confions. Au Nom de Ton Fils, le Seigneur Jésus. Amen.
    Que Dieu vous bénisse. Je suis sûr que les assistants voient où vous êtes, et ils seront avec vous dans quelques instants.

243     Et maintenant, quant à ceux qui vont recevoir des cartes de prière. Billy, où sont Gene et Leo, sont-ils au fond? Ils sont ici pour distribuer les cartes de prière, dans quelques petits instants. Le frère va terminer la réunion par la prière, ensuite les cartes de prière seront distribuées. Nous reviendrons dans un petit moment, prier pour les malades. Très bien, frère.

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