La Série Surnaturelle 
La vie de William Marrion Branham

La Série Surnaturelle
La vie de William Marrion Branham

Owen Jorgensen

La vraie et la fausse vigne

Chapitre 70

1955



LE CLIMAT DE L’INDIANA AU PRINTEMPS peut être un compagnon capricieux. Parfois, le soleil réchauffe les champs de maïs pour une semaine ou deux remplies de journées douces et sans vent. Puis, la température change d’un coup et des nuages orageux assombrissent l’horizon. Des cumulus géants aux tertres blancs et mousseux, tachetés de gris au centre et noir-bleuté à la base, marchent à travers le ciel telles les armées de la guerre civile, les canons grondants d’explosions flamboyantes et martelant le sol noir d’une pluie purifiante.

La vie de William Branham, au mois de mai 1955, eut aussi quelques journées durant lesquelles le vent souffla en bourrasques. Alors que la troisième grossesse de Meda tirait à sa fin, des vents d’adversité se mirent à souffler sur Bill jusqu’à ce qu’il lui semble qu’une tornade soit en train d’essayer de détruire sa famille. Une femme avait prophétisé que Meda Branham mourrait en accouchant. Elle prétendait que Dieu l’avait envoyée pour diriger William Branham et que comme celui-ci refusait son leadership, Dieu ferait périr son épouse pour le punir de ne pas lui (la femme) avoir obéi. Elle imprima ceci sur des cartes postales qu’elle envoya partout à travers le pays.

Malheureusement, Meda eut vent de cette prophétie et comme elle était déjà nerveuse, cela la troubla davantage. En 1946, sa première fille, Rebekah, était née par césarienne. Cinq ans plus tard, sa deuxième fille, Sarah, naquit aussi par césarienne. Les deux fois, son docteur l’avait avertie que d’avoir un autre bébé serait nocif pour sa santé et qu’elle pourrait même en mourir. Et maintenant il y avait cette horrible prophétie. Elle essaya de l’ignorer pendant un certain temps, mais son courage diminuait à mesure que la date de l’opération approchait.

Le 18 mai 1955, le jour avant la troisième césarienne de Meda, Bill trouva sa femme en larmes. Il essaya de la rassurer.

«Je veux que Margie vienne avec moi, Bill, je n’ai pas envie d’aller à l’hôpital.» Meda Branham et Margie Morgan étaient des amies intimes. Margie avait été présente à la naissance des autres enfants, mais cette fois-ci, un cas d’urgence la retenait au loin, l’empêchant ainsi de venir.

Bill répondit : «Écoute, ma chérie, nous aimons Margie, mais Margie n’est pas notre Dieu. Margie est notre sœur. Nous ne dépendons pas de Margie; nous dépendons du Seigneur Jésus.»

«Bill, crois-tu que je vais mourir?»

«Je ne le sais pas, mais le bébé va naître. Tu vas avoir un petit Joseph.»

«Est-ce que c’est lui?»

«Je ne le sais pas, ma chérie. Je ne pourrais pas dire, mais Dieu a dit que tu aurais un Joseph, alors nous allons avoir un Joseph. Je ne me soucie pas de ce que les autres peuvent dire; nous aurons notre Joseph. Le même Dieu qui m’a donné toutes ces révélations me l’a dit. Il ne s’est jamais trompé auparavant, Il ne se trompera pas cette fois-ci.»

Il faisait de son mieux pour l’encourager, mais elle était si nerveuse qu’elle l’avait rendu nerveux lui aussi. Bill monta dans sa voiture et conduisit jusqu’à Green’s Mill, il allait prier dans sa grotte. Il savait que Dieu lui avait dit qu’il aurait un autre fils il y avait de cela presque cinq ans...

EN JUILLET 1950, Bill tenait une campagne de guérison sous la tente à Minneapolis au Minnesota. Pendant qu’il était dans sa chambre d’hôtel, il se réjouissait en lisant dans la Bible l’histoire de Joseph, le patriarche. Bill entra dans le placard où étaient suspendus ses vêtements, ferma la porte et donna libre cours à ses réjouissances et ses pleurs.

Il pouvait voir qu’Abraham représentait l’élection; Isaac la justification et l’amour; Jacob la grâce; et Joseph, la perfection, un type parfait de Christ. Joseph était aimé de son père et haï de ses frères parce qu’il faisait des rêves spirituels. Ses frères le vendirent pour 20 pièces d’argent, tout comme Judas trahit Jésus pour 30 pièces d’argent. Après beaucoup de misère et même l’emprisonnement, Joseph fut élevé au rang de dirigeant en Égypte; seul Pharaon était plus élevé que lui. De cette position, il lui fut possible de sauver sa famille de la mort par famine. Pareillement, Jésus fut éprouvé, condamné et envoyé dans la prison de l’enfer; mais il ressuscita des morts et fut élevé à la droite du Père, avec toute la puissance du ciel et de la terre à son commandement. Jésus pouvait maintenant sauver sa famille sur la terre de la mort éternelle. [103]

«Oh,» se réjouit Bill, «je serai si heureux le jour où je traverserai de l’autre côté et rencontrerai Joseph et lui serrerai la main. De voir Daniel et lui demander comment il s’est senti lorsque la colonne de feu s’est tenue là et a fermé la gueule des lions pendant toute la nuit. De voir les enfants Hébreux qui se sont tenus dans la fournaise ardente, en ressortant avec le vent de la pentecôte soufflant autour d’eux. Quel jour merveilleux ce sera!»

«Dieu,» pria Bill, «je veux Te remercier pour un homme comme Joseph; un homme qui a déjà vécu sur la terre; un homme de chair comme je le suis moi-même; un homme qui pouvait Te croire et prendre Ta Parole. Merci Seigneur, merci pour un tel homme.» Bill compatissait avec Joseph le patriarche. Il ne pouvait pas s’empêcher d’être spirituel. Il avait des visions. Il interprétait les rêves. Et ils le détestaient tous pour cela. Mais il ne pouvait pas s’en empêcher; c’était ce qu’il était. Continuant à prier, il dit : «Oh Dieu, si jamais Tu me donnais un autre enfant, un garçon, je le nommerai Joseph.»

Alors que Bill se réjouissait, il entendit clairement une voix à l’intérieur de lui disant, «Tu auras un fils et tu l'appelleras Joseph.» Ce n’était pas une voix audible, ni une vision; mais il entendit cela dans sa tête aussi clairement qu’il aurait entendu une portière d’automobile se fermer à l’extérieur de sa chambre d’hôtel.

Bill pensa, «Oh, c’est bien. Je te remercie, Seigneur.» Et il s’en alla, transporté de joie et de bonheur et commença à le dire à tout le monde.

Bill savait qu’il y avait trois niveaux de foi. Le premier niveau est l’espérance de base, comme lorsque vous dites, «J’espère que tu vas te rétablir;» ou, «j’essaie d’avoir le plus de foi possible.» Ceci est la foi humaine de base — la sorte que chacun a à un certain degré. Le deuxième niveau est une révélation divine, quelque chose qui t’est révélé. Tu sais dans ton cœur que cela se produira et pourtant, il n’y a rien d’autre que la révélation. Le troisième est une vision, c’est le «ainsi dit le Seigneur», cela est parfait et indéniable. Bill ressentit qu’il avait maintenant une révélation divine qu’un jour il aurait un fils au-travers Meda.

Meda tomba enceinte au cours de l’été 1950. Bill se demandait si ce bébé serait leur Joseph. Lorsque le bébé naquit, au mois de mars 1951, c’était une fille. Ils la nommèrent Sarah. Après la césarienne, le médecin expliqua : «Monsieur Branham, les os pelviens de votre femme ne s’ouvrent pas comme ils le devraient pendant le travail, ils sont solides comme ceux d’un homme. Elle ne devrait pas avoir d’autres enfants, les parois de son utérus sont trop minces. Vous feriez mieux de me laisser nouer ces trompes de Fallope.»

«Non, je ne peux pas vous laisser faire cela, docteur.»

«Elle ne devrait pas avoir un autre enfant. Porter un autre bébé pourrait la tuer. Nous avons

eu beaucoup de peine à l’opérer. Il s’en est fallu de peu.»

«Je ne peux pas vous laisser nouer ses trompes. Dieu m’a dit que j’aurais un fils.»

«Bien, peut-être allez-vous vous remarier et aurez ce fils quand même.»

«Non,» dit Bill en secouant la tête. «Dieu a dit que j’aurais un fils par Meda.» Même s’il ne

l’avait pas vu en vision, cela était écrit dans son cœur par révélation par la foi.

Tous ne partageaient pas sa foi. Après la naissance de Sarah, un homme téléphona Bill et rit de lui. «Dites, savez-vous, vous vouliez probablement dire Joséphine.» (Cet homme mourut.)

Trois personnes de son église (qui avaient quitté une certaine église ou dénomination) décidèrent qu’il était un faux prophète. «Attendez une minute,» répondit Bill, «je n’ai jamais dit quand et Dieu non plus. Dieu a dit à Abraham qu’il aurait Isaac, mais Ismaël est né entre temps. Cela n’enleva rien à la promesse. Un jour, j’aurai un fils par Meda et son nom sera Joseph, tout comme Dieu l’a dit.»

Quatre années s’étaient écoulées depuis et maintenant Meda allait avoir un autre bébé...

BILL SORTIT DE SA COUR et conduisit jusqu’à Green’s Mill. Il stationna son véhicule et prit la direction de sa grotte pour prier. Comme il amorçait le tournant, il vit cette Lumière briller au-dessous d’un buisson entre deux arbres, Elle tournoyait... «Rebrousse chemin et retourne à ta voiture. Ta Bible sera ouverte.»

Lorsque Bill retourna à sa voiture, il vit que le vent venant des quatre vitres baissées de son auto avait tourné les pages de sa Bible à 1 Chroniques au chapitre 17. Curieux, Bill lut du verset 1 jusqu’au verset 15 où il est relaté que le Roi David dit à Nathan le prophète qu’il voulait construire un temple solide pour abriter l’Arche d’Alliance (laquelle à ce temps demeurait toujours sous une tente). Impulsivement Nathan dit à David, «Va, fais tout ce que tu as dans le coeur, car l’Éternel est avec toi.» Mais cette nuit-là, le Seigneur apparut à Nathan et dit : «Va vers mon serviteur David et rappelle-lui comment je l’ai pris dans la position d’un berger et l’ai fait Roi d’Israël. J’ai été avec lui et j’ai retranché ses ennemis partout où il allait.» Nathan continua à être le porte-parole de Dieu, disant à David, «Quand tes jours seront accomplis et que tu iras auprès de tes pères, j’élèverai ta postérité après toi, l’un de tes fils, et j’affermirai son règne. Ce sera lui qui me bâtira une maison...» Aussitôt qu’il lut les mots ses fils, il pensa, «Oh my! Le voilà — Joseph!» Il sentit que le Seigneur lui disait de ne pas s’inquiéter — Joseph allait naître et tout se passerait bien. Il se mit à sangloter.

Bill monta dans sa voiture et revint à la maison. En entrant dans la cour, il vit Meda qui sortait un sac d’ordures ménagères. Elle pouvait à peine marcher tant elle était grosse, son visage avait l’air gris, elle pleurait et était toute nerveuse. Bill courut à sa rencontre et l’entourant de ses bras lui dit : «Je veux que tu aies bon courage.»

Meda ravala ses larmes. «Pourquoi dis-tu cela?»

«Sais-tu où j’étais?

«J’en ai une bonne idée.»

«J’ai le “ainsi dit le Seigneur”. Chérie, Joseph s’en vient. Joseph est en route. Ne t’inquiète plus; tout va bien aller.» Et cela régla la question.

Meda avait vécu assez longtemps avec son mari pour savoir que lorsqu’il disait «ainsi dit le Seigneur», la question était réglée. Elle avait cela se produire trop de fois pour en douter. Finalement, elle se calma.

À 7 h le lendemain matin (le 19 mai 1955), Bill conduisit sa femme à l’hôpital. Le médecin remarqua que le bébé était descendu pendant la nuit et s’exclama : «Oh, là là!» Dépêchons-nous! Allons dans la salle d’accouchement.» Bill embrassa sa femme et dit : «Chérie, ce ne sera pas long maintenant. Joseph sera avec nous dans peu de temps.»

Ils se dépêchèrent d’amener Meda dans la salle d’accouchement. Bill dû attendre et se joindre aux autres pères anxieux qui abîmaient le tapis à force de faire les cent pas. Quelques minutes passèrent et l’infirmière revint dans la salle d’attente : «Révérend Branham?»

«Oui, madame?»

«Vous avez un beau garçon de sept livres trois onces [3,25 kg]»

«Joseph, mon cœur, tu en as mis du temps. Papa est content de te voir.»

L’infirmière dit : «Vous l’avez appelé Joseph?»

«C’est son nom.»

QUELQUES JOURS après la naissance de Joseph, Miner Arganbright vint rendre visite à Bill. Miner était un petit homme. Bill avait déjà plaisanté qu’il fallait mettre Miner et sa femme bout à bout pour constituer une personne de taille normale. Mais malgré la petite taille de son ami, Bill considérait Miner Arganbright comme un géant de la foi. Il était le vice-président des Hommes d’Affaires du Plein Évangile International. Il était aussi l’éditeur de La Voix des Hommes dAffaires du Plein Évangile, la revue mensuelle de l’organisation, qui imprimait régulièrement des articles à propos des campagnes Branham. Bill connaissait Miner depuis plusieurs années et respectait le caractère chrétien de l’homme : son humilité, sa bonté, sa générosité et sa sensibilité à la conduite du Saint-Esprit.

Assis au bout de sa chaise, Arganbright dit : «Frère Branham, j’ai une grande révélation de la part du Seigneur.»

Bill se pencha en avant. «Oui?»

«Le Seigneur veut que j’aille à Zurich, en Suisse. Voulez-vous venir avec moi?»

S’appuyant de nouveau contre les coussins de son fauteuil, Bill répondit : «J’ai une soirée à Denver, puis une semaine à Macon, en Géorgie. Après cela je suis libre. Laissez-moi y réfléchir.»

Bill se sentit partagé après avoir prié pour ces réunions en Suisse. Dieu ne lui avait pas dit directement d’y aller. Pourtant, plus il y pensait, plus il se disait que si Miner Arganbright avait une révélation à propos de ce voyage, cela devait être la volonté de Dieu.

BILLY PAUL BRANHAM frappait avec persistance à la porte de la chambre d’hôtel de son père. Il n’y avait pas de réponse, pas même un mouvement provenant de l’intérieur. Billy Paul savait que son père était profondément en prière pour le service du soir. À n’importe quel autre moment, Billy Paul aurait arrêté puis serait revenu 15 minutes plus tard, mais pas ce soir. Il continua à frapper doucement, disant : «Papa, il faut que tu viennes, tu dois prêcher de nouveau ce soir; Frère Jack n’est pas là.»

Jack Moore, le gérant de campagnes actuel de Bill, avait planifié les réunions de Macon, en Géorgie, pour qu’elles débutent le vendredi 3 juin et se déroulent consécutivement pendant

10   jours. Un conflit d’horaire empêchait Jack Moore d’être présent pour les trois premières réunions. Il avait toutefois promis à Bill qu’il serait de retour le lundi. On était maintenant le mardi soir et il n’était toujours pas là. Cela signifiait que Bill allait devoir prêcher avant de prier pour les malades. Il aurait préféré que son gérant prêche le sermon d’introduction qui permettrait d’élever la foi des gens. De cette façon, Bill aurait pu se concentrer sur le service de prière et ménager ses forces. L’onction pour prêcher était complètement différente de l’onction pour donner des visions, la dernière étant beaucoup plus fatigante. Passer de l’une à l’autre était un stress supplémentaire; mais il pouvait le faire au besoin.

Cette campagne à Macon avait lieu à l’extérieur dans un stade de football. Des chaises pliantes étaient placées en rangées sur le terrain. Après quatre soirées de miracles, même la menace de pluie ne pouvait refroidir l’intérêt des gens, chaque chaise pliante sur le terrain était occupée, de même que la plupart des sièges dans les gradins. Une estrade était montée près de la ligne des buts. Lorsque Bill monta les marches du podium, il ne savait toujours pas sur quoi il allait prêcher. Ce n’est qu’après avoir salué les gens qu’un sujet lui vint.

Il ouvrit sa Bible dans le livre de Joël, à l’endroit où le prophète parle des insectes qui avaient endommagé toutes les vignes et arbres fruitiers dans le pays d’Israël. Il lut premièrement dans Joël 1:4 : «Ce qu’a laissé le ga%am, la sauterelle l’a dévoré; ce qu’a laissé la sauterelle, le jélek l’a dévoré; ce qu’a laissé le jélek, le hasil l’a dévoré.» Puis il tourna dans Joël 2:25 : «Je vous restituerai les années qu’ont dévorées la sauterelle, le jélek, le hasil et le ga%am, ma grande armée que j’avais envoyée contre vous.»

Sa voix faisait légèrement écho (à cause du petit décalage de temps que mettait sa voix pour passer d’un haut-parleur à l’autre) entre la douzaine de haut-parleurs qu’on avait suspendus aux lampadaires bordant le terrain de football. «Dieu compare son Église à une vigne. Jésus a dit : “Je suis le cep, vous êtes les sarments.”[104] Par conséquent, la vie qui est en Christ doit se trouver dans chaque sarment. Alors si Christ a prêché le royaume de Dieu en guérissant les malades, chaque sarment devrait faire la même chose parce qu’elle a en elle la même vie que la vigne.»

Jusqu’à présent, il était en terrain familier. Mais à partir de ce point, il prit un nouveau sentier et se mit à planter de nouvelles semences. Il dit qu’il y avait deux vignes spirituelles sur la terre : une vraie et une fausse. Ces deux vignes poussent côte à côte et leurs sarment s’entremêlent, de sorte qu’il est difficile de distinguer quelle branche appartient à quel arbre. Mais Jésus a dit :

«Nous les reconnaîtrons à leurs fruits.»[105]

«Rappelez-vous,» insista Bill, «l’esprit antéchrist est religieux. Jésus a dit que dans les derniers jours, les deux esprits seraient si semblables que même les élus seraient séduits, si c’était possible.»

Se référant au livre de Genèse, Bill démontra que Caïn et Abel étaient tous les deux religieux : ils étaient tous deux croyants, ils construisirent tous deux un autel et offrirent tous deux un sacrifice à Dieu. Caïn adorait Dieu aussi sincèrement que son frère Abel. En fait, l’offrande de Caïn était plus belle que celle d’Abel. Caïn offrit des fruits et des fleurs alors qu’Abel offrit un agneau immolé. La colère de Caïn s’enflamma lorsque Dieu rejeta son offrande et accepta celle de son frère. Abel avait la révélation spirituelle que ce n’était pas par un fruit que le péché était entré dans le monde; le péché était venu par le sang. Abel avait réalisé que le seul moyen par lequel le péché pouvait être expié était par le sang, annonçant le jour où l’Agneau de Dieu verserait son propre sang pour les péchés des hommes.[106]

Bill suivit ces deux vignes de Genèse à Nombres au chapitre 23, où les enfants de Moab étaient en conflit avec les tribus d’Israël. Ces Moabites, qui étaient les descendants de Lot, le neveu d’Abraham, adoraient le même Dieu que les Israélites. De même qu’Israël avait un prophète en la personne de Moïse, les Moabites se trouvèrent un prophète en Balaam. Moab offrit beaucoup d’argent à Balaam pour qu’il demande à Dieu de maudire Israël. Balaam accepta l’offre de Moab. Balaam sacrifia sept bœufs et sept béliers sur sept autels pour s’approcher de Dieu. Selon la loi des Lévites, cela était fondamentalement en règle.[107]

Ici, Bill scandalisa quelques personnes de l’auditoire en soulignant : «Vous pouvez être entièrement fondamentaux et orthodoxes et vous retrouver tout de même sur le chemin de l’enfer.» Il expliqua : «Bien que ces deux vignes poussaient côte à côte et étaient toutes deux religieuses et fondamentales, c’est uniquement par leurs fruits qu’on les reconnaîtra. Comparez Judas aux autres disciples. Pendant des années il fut aussi fondamental qu’eux tous; mais Judas montra ses fruits juste avant la Pentecôte, il n’irait pas à la Pentecôte pour naître de nouveau. Plusieurs personnes ne croient pas à la nouvelle naissance. Elles pensent que ce n’est que dans votre tête. Non, mes frères, cela se produit dans votre âme.»

«Comparez Jésus aux pharisiens. Ils croyaient tous deux au Dieu Jéhovah et aux fondements de la Loi, mais les signes surnaturels authentifiaient Jésus. Les apôtres avaient aussi cette authentification, de même que la première église. La vraie vigne sera aussi authentifiée dans chaque âge. Jésus a dit : “En mon nom ils chasseront les démons, ils imposeront les mains aux malades et ceux-ci seront guéris.”[108] C’est ça la différence entre les deux vignes. Elles croient toutes les deux aux principes fondamentaux, mais seule la vraie vigne a l’Esprit et peut voir la lumière pour son jour. Souvenez-vous que Paul a dit : “La lettre tue mais l’esprit vivifie.”[109]»

Bill savait que c’était là un sermon très différent de ses sermons habituels destinés à élever la foi des gens, mais son nouvel engagement était de prendre plus de temps lors de chaque campagne pour enseigner les principes fondamentaux de la Bible. Ce soir, il mettait l’emphase sur le principe le plus important de tous : tu dois naître de nouveau.[110] Il ne faisait aucun doute qu’il rendait certaines personnes mal à l’aise. On ne pouvait rien y faire. Il ne pouvait qu’espérer que, lorsque ces gens verraient le discernement surnaturel dans la ligne de prière, ils réaliseraient que ce qu’il leur avait enseigné était la vérité.

Un peu plus tard ce soir-là, après qu’il eut fini de prêcher et commença à prier pour les malades, les visions cascadèrent les unes après les autres, chacune d’elles allant directement au cœur même des problèmes des gens. La deuxième femme dans la ligne de prière se tenait maintenant devant lui. Avant qu’elle ait le temps de dire quoi que ce soit, Bill dit : «Attendez un moment.» Il se tourna vers l’auditoire, observant, écoutant. «C’est un mauvais esprit qui crie à l’aide. Je peux voir une bande sombre entre cette dame-ci et celle qui est assise là-bas, celle dont la jambe est relevée sur une chaise. Elles ont toutes deux le cancer. Cette dame-ci a un cancer dans sa gorge.» Il s’adressa à la femme qui était à côté de lui. «Ayez la foi, madame. Vous êtes très nerveuse. Ils ont essayé de vous opérer et maintenant votre voix sort d’un petit trou dans votre gorge. Vous n’êtes pas de la Géorgie. Vous venez de Melrose, en Floride. Votre nom est Mme E.M. Robinson.» Un murmure collectif parcourut le stade. Bill imposa les mains à Mme Robinson et chassa le démon de cancer dans le Nom de Jésus. Il s’adressa ensuite à la femme qui était assise dans l’auditoire. «Sœur, vous avez le cancer du sein. Je peux voir les examens du médecin dans la vision.» Bill chassa aussi cet autre démon de cancer dans le Nom de Jésus.

Un jeune prédicateur méthodiste observait le tout depuis les gradins. Willard Collins pensa : «Ceci n’est pas comme l’église méthodiste. Je n’ai jamais rien vu de pareil. Je suis trop loin pour voir grand-chose. Je vais devoir me trouver un siège plus près demain.»

Le lendemain soir, Willard essaya de trouver un siège vide près de l’estrade. Il ne put en trouver un. Même l’espace entre la plate-forme et la première rangée de chaises était rempli de gens en fauteuils roulants ou en civières. Willard s’arrêta pour demander à un vieil homme de couleur depuis combien de temps il était malade. «Je suis alité depuis maintenant 17 ans,» répliqua l’homme. Remarquant à quel point l’homme était atrophié, Willard le crut. Incapable de trouver un siège à l’avant, Willard s’assit encore dans les gradins.

Ce soir-là, pendant le service de prière, William Branham dit à une femme qui était dans la ligne de prière : «Vous souffrez d’une chose hideuse qui s’appelle le cancer. Il y a un esprit de mort qui se tient près de vous. Mais il y a une chose dont vous avez encore plus besoin que la guérison et c’est le salut de votre âme. Vous êtes pécheresse. Si vous vous repentez maintenant et donnez votre vie à Jésus-Christ, Il vous guérira.»

Elle fut guérie après s’être repentie. Bill la regarda descendre vivement les marches de l’estrade pour se rendre jusqu’à la pelouse verte du terrain de football. L’ange la suivait. Puis pendant qu’elle marchait le long de l’allée bordée de chaises pliantes, l’ange la quitta et se déplaça au-dessus de la section des civières et des fauteuils roulants. Soudain, Bill pointa du doigt le vieil homme de couleur auquel Willard Collins avait parlé un peu plus tôt. «Vous, monsieur, sur cette civière, croyez-vous que je suis le prophète de Dieu? Vous n’avez pas de carte de prière, n’est-ce pas? Vous n’en avez pas besoin. Allez-vous m’accepter comme son prophète et m’obéir? Alors levez-vous de cette civière, allez chez-vous et mangez votre souper. Jésus-Christ vous rétablira. Amen.»

Le vieil homme passa ses jambes grêles par-dessus le rebord de sa civière et se leva. Quelqu’un l’aida un moment à garder son équilibre. Puis il marcha toute la longueur du terrain de football sans aide et sortit en droite ligne du stade.

Willard Collins sentit son sang battre dans ses artères carotides. «Ça, c’est du vrai!» pensa-t-il. «Je veux aller dans la ligne de prière.» Willard souffrait depuis longtemps d’un ulcère d’estomac qui l’obligeait à suivre une diète très stricte d’aliments fades. Pour la première fois en plusieurs années, il croyait qu’il pourrait être guéri, si William Branham priait pour lui.

Il était difficile de faire partie de la ligne de prière. On distribuait seulement 100 cartes par soir et seulement de 15 à 30 personnes étaient sélectionnées pour aller dans la ligne. Chaque soir, des centaines de personnes arrivaient au stade d’avance pour obtenir une carte de prière. Le jeudi soir, Willard n’en reçut pas. Déçu, il essaya de trouver un siège le plus près possible de l’estrade. En plus de l’espace réservé pour les civières et les fauteuils roulants, il y avait un autre espace réservé à l’avant pour les gens qui enregistraient les réunions. Willard remarqua un petit espace vacant entre deux enregistreurs. Il courut jusqu’à sa camionnette et revint avec une chaise pliante qu’il glissa entre les enregistreurs.

Après que William Branham eut prié pour une douzaine de personnes dans la ligne de prière, il descendit sur le terrain et marcha entre les civières et les fauteuils roulants, priant pour une personne par-ci, et une autre par-là. Il s’arrêta ensuite devant Willard, mit sa main sur son épaule et pria : «Père, il est malade aussi. Guéris-le.» Après être remonté sur l’estrade, il se plaça devant le micro et dit : «Vous ne l’avez probablement pas vu, mais l’ange du Seigneur m’a guidé vers chacune des personnes pour lesquelles j’ai prié après être descendu de la plate-forme.»

Willard Collins ne vit pas l’ange, mais il sentit sa présence. Après que l’évangéliste l’eut touché et prié pour lui, une sensation étrange le parcourut. On aurait dit qu’une eau très froide avait coulé à l’intérieur de lui. À partir de ce jour, il put manger tout ce qu’il voulait. Son estomac ne lui causa plus jamais de problème.

La dernière soirée de la campagne de guérison, une certaine femme s’avança dans la ligne de prière. Bill lui dit exactement quel était son trouble et combien d’opérations elle avait subies. Il lui dit ensuite qu’elle n’était pas de Macon mais qu’elle venait d’Augusta, en Géorgie, tout en précisant son nom et son adresse, même s’il prétendait ne l’avoir jamais vue de sa vie. Même si Willard avait observé William Branham discerner des centaines de cas au cours de cette campagne, il n’en était pas moins impressionné par celui-ci. Puis quelque chose le troubla profondément. Une femme assise non loin de lui dit à sa voisine : «Frère Branham a vraiment manqué son coup cette fois-ci. Je connais cette femme et elle n’habite pas là.»

Le doute mit son doigt glacé sur la foi de Willard. Il avait entendu William Branham dire : «Si jamais je vous dis quelque chose de faux lors du discernement, alors ne croyez rien d’autre de ce que je vous dis car cela voudrait dire que je ne suis plus conduit par le Saint-Esprit.» Willard Collins comprenait bien la logique de cette déclaration. Si Branham faisait une erreur de discernement, il pouvait aussi faire une erreur doctrinale. La question était : avait-il vraiment fait une erreur? Collins devait le savoir. Il passa les jours suivants à jouer les détectives, posant des questions ici et là jusqu’à ce qu’il finisse par découvrir la vérité. La femme en question avait déménagé à Augusta deux jours avant la réunion du jeudi soir mais son amie assise dans l’auditoire ne le savait pas. Elle habitait effectivement à l’adresse mentionnée par William Branham.



[103] Genèse aux chapitres 30-50 (particulièrement 37:28), Matthieu 26:15 ; Actes 2:36; 1 Corinthiens 15:4 ; Hébreux 12:2

[104] Jean 15:1-6

[105] Matthieu 7:15-23

[106] Genèse 4:2-8

[107] Nombres 23:1 et 29:1; 1 Chroniques 15:26; 2 Chroniques 29:21; Job 42:7-8; Ézéchiel 45:23

[108] Marc 16:15-18

[109] 2 Corinthiens 3:6

[110] Jean 3:1-8



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