Chautauqua, Ohio, USA
E-70 Et juste à ce moment-là, j’ai regardé... Il y a des années j’avais un vieux chien de chasse; il s’appelait Fritz. Et il était à moitié Airdale et à moitié Newfoundland; c’était un très grand chien. Et il allait avec moi partout quand j’allais chasser; et c’était le meilleur animal que j’eusse jamais eu. Il restait avec moi, et grâce à la chasse, il me procurait des habits pour l’école, obligeant les opossums et les moufettes à se réfugier dans les arbres, et que sais-je encore que je prenais au piège. Et ainsi, il me procurait constamment des habits pour l’école. Et peu importe là où je le laissais, il retrouvait le chemin de la maison.
Et quand nous avons emménagé en ville, un jour, un policier est venu et il a jeté du poison dans la cour et l’a tué. Quand je suis rentré à la maison et que je l’ai enterré... J’avais environ seize, dix-sept ans. Et je tassais la dernière motte de terre là-dessus.
J’ai dit: «Fritz, je vais–je–je vais tuer cet homme pour avoir fait ceci.»
Je suis entré dans la maison, j’ai pris mon fusil, et je me suis mis en route vers la station de police pour chercher cet homme. Et alors que j’étais en route, une vieille petite Ford est venue à toute allure derrière moi; c’était mon père.
Il a arraché de mes mains ce fusil, c’était un tout petit homme, il m’a donné une gifle à la tempe et il a dit: «Monte dans la voiture.»
Et je suis rentré, et j’ai dit: «Fritz...» Je suis allé à sa tombe, j’ai dit: «Fritz, voici ce que je vais... Même si papa ne me laisse pas régler la chose de cette manière-là, je le trouverai un jour en train de marcher dans la rue, et je perdrai le contrôle de ma voiture. Je te promets que je lui rendrai la pareille (Voyez-vous?) pour t’avoir tué.» Et j’étais sérieux.
Et environ un an plus tard, je fus sauvé. Et j’ai conduit cet homme à Dieu, et je l’ai enterré après qu’il fut sauvé: Monsieur Short, le policier...