Cleveland, Ohio, USA
E-42 Et je me rappelle, juste un tout petit cas. Je me rappelle, une année, j’ai fréquenté l’école toute l’année sans chemise. Il y avait une femme riche pour qui mon papa travaillait, elle m’avait donné un manteau. Je n’oublierai jamais cela. Au début, quand je suis allé à l’école, maman m’avait confectionné une paire de... des habits, je pense que c’était fait à partir du manteau de mariage de papa [Espace vide sur la bande–N.D.E.]... avait d’énormes boutons blancs dessus. [Espace vide sur la bande–N.D.E.]... une espèce de vêtement composé d’une chemise et un pantalon boutonné ensemble à la taille, vous savez. Tous les enfants se moquaient de moi, ils disaient que j’avais l’air d’un mollasson. Peu m’importait ce qu’ils disaient. Si c’était le manteau de mon papa, si cela avait été assez bon pour papa, c’était assez bon pour moi. J’aurais souhaité l’avoir aujourd’hui.
Je me rappelle cet hiver-là, je n’avais pas de manteau à porter pour aller à l’école. Je me rappelle un jour, en allant... C’était vers mars. Je portais ce vieux manteau et je l’attachais avec des épingles comme ceci. Qu’il pleuve ou quoique ce soit à l’école, je devais porter ce vieux manteau. Je ne portais rien, car je ne pouvais rien avoir. Je me rappelle, la monitrice m’a dit, elle a dit: «William, pourquoi n’enlèves-tu pas ce manteau-là?»
J’ai dit: «Monitrice, je–j’ai froid.» Je n’avais pas froid. Je ne pouvais pas l’enlever.
Elle a dit: «Va là-bas au poêle.» Elle a allumé ce poêle-là, la sueur me dégoulinait sur le visage. Elle a dit: «N’as-tu toujours pas chaud?»
J’ai dit: «Non, madame.» Eh bien, je ne pouvais pas l’enlever; je ne portais rien en dessous de cela (Voyez?), j’avais attaché cela en haut comme ceci.
Alors, elle a dit: «Eh bien, il te faut ... un rhume, il te faut rentrer à la maison.» Et elle m’a renvoyé à la maison.