La Série Surnaturelle
La vie de William Marrion Branham
Owen Jorgensen
Un mariage plein d’espoir
Chapitre 17
1934-1935
Les jeunes mariés commencèrent
leur vie commune avec très peu de biens. Bill possédait un vieux divan de
cuir et sa voiture Ford. La mère de Bill leur donna une tête de lit en fer.
Quelqu’un d’autre leur donna un vieux lit pliant. Billy acheta une
cuisinière usagée pour 75 cents [0,54 euro] chez un brocanteur, puis paya
1,25 $ [0,90 euro] pour de nouvelles grilles dans le four.
Hope alla travailler à la Fine’s
Shirt Factory, une usine de chemises, pour aider à acheter d’autres meubles.
Ils économisèrent bientôt assez d’argent pour acheter, chez Sears, une table
et des chaises de cuisine non peintes, pour le prix de 3,98 $ [2,80 euros].
Bill peignit la table en jaune avec un gros trèfle vert au centre de la
table et sur le siège de chaque chaise, parce que Hope le taquinait souvent
à propos de ses origines irlandaises. La table et les chaises améliorèrent
leur foyer considérablement. Mais les chaises rigides en bois n’étaient pas
faites pour la détente. Billy était si fatigué, ayant deux emplois pendant
la journée et s’occupant de ses obligations pastorales le soir. Il aurait
aimé pouvoir s’asseoir confortablement dans un fauteuil inclinable, relever
les pieds et se reposer en lisant sa Bible.
Avec Hope qui travaillait, Bill
pensa qu’après tout, ils pourraient peut-être s’offrir un meuble
confortable. Ils partirent donc ensemble tous les deux et traversèrent la
rivière pour aller à Louisville acheter un bon fauteuil rembourré. Ils
trouvèrent un fauteuil Morris qui ne coûtait que 16,98 $ [11,90 euros]. Cela
ne semblait pas être au-dessus de leurs moyens. Tout excité par cette
nouvelle expérience, Billy donna au vendeur un acompte de 3 $ [2 euros] et
ils retournèrent à la maison avec le magnifique fauteuil Morris vert. Ils le
placèrent dans un coin de la chambre à coucher. Bill se laissa tomber entre
ses deux bras doux comme du velours, remplissant ses poumons du parfum
rafraîchissant du tissu neuf. Il n’eut qu’un seul mot pour décrire cela :
céleste.
Cette chaise Morris était de loin
le plus grand luxe que Billy ait jamais possédé. Après avoir suivi les
lignes à haute tension toute la journée et prêché en ville une partie de la
nuit, le fauteuil Morris accueillait ses muscles fatigués sur ses coussins
reposants. Pendant le mois qui suivit, Bill s’endormit souvent dans son
fauteuil, sa Bible ouverte sur les genoux. Avec amour, Hope insistait pour
qu’il se lève et le mettait au lit.
Mais son achat créa vite un
problème auquel Billy n’était pas préparé. Selon les termes du contrat, il
était censé payer sa dette à raison d’un dollar [0,70 euro] par semaine. Il
apparut que c’était de l’argent dont il avait réellement besoin pour autre
chose. Les semaines passant, le remboursement d’un dollar [0,70 euro] par
semaine devint de plus en plus lourd à assumer. La septième semaine, Bill
sauta une échéance. Il n’avait tout simplement pas un dollar [0,70 euro] de
disponible. La semaine d’après ne fut pas mieux. Lorsque Billy manqua trois
paiements de suite, la société de financement appela. Bill s’excusa et, le
cœur lourd, leur suggéra de venir reprendre le fauteuil.
Quelques jours plus tard, lorsque
Billy revint à la maison après son travail, une odeur de tarte aux cerises
tout juste sortie du four flottait dans la cuisine. Sa préférée. Après le
souper, il mangea deux tranches de tarte baignant dans de la mélasse chaude.
Il taquina Hope : « Pourquoi es-tu si gentille avec moi ce soir? »
Elle sourit comme si elle cachait
quelque chose : « Bill, j’ai demandé au garçon de nos voisins de ramasser
des vers de terre cet après-midi. Que penserais-tu d’aller pêcher ensemble à
la rivière? »
Billy trouva la proposition
étrange parce que Hope n’aimait pas tellement la pêche. « Premièrement,
allons-nous asseoir dans l’autre pièce pour digérer cette tarte aux cerises.
»
« Non, Bill, allons pêcher tout de
suite. » Sa voix semblait implorante.
« Chérie, que s’est-il passé
aujourd’hui? »
Hope dit : « Rien », mais ses yeux
étaient humides.
Se doutant de ce qui faisait
problème, Billy répéta : « Allons d’abord dans l’autre pièce. » Lorsqu’il
vit son visage se décomposer, Bill sut qu’il avait raison. Il passa son bras
autour d’elle et ils entrèrent ensemble dans l’autre pièce. Le fauteuil
Morris n’était plus là.
Hope appuya la tête sur la
poitrine de Billy et pleura : « Oh, Bill, j’ai essayé de le garder pour toi,
j’ai vraiment essayé. »
Bill la serra gentiment contre lui
: « Je sais chérie. Ce n’est pas ta faute. On ne pouvait rien faire. Mais un
de ces jours, les choses seront différentes. Un jour, Dieu trouvera une
solution et nous aurons un beau fauteuil. »
Elle leva la tête afin de pouvoir
plonger son regard dans les yeux rassurants de son mari : « Je l’espère
Bill. »
EN DÉPIT
des difficultés
causées par la pauvreté, Bill et Hope Branham étaient très heureux ensemble.
Ils se chérissaient mutuellement et leur amour infini atténuait les
crevasses et les nids de poules rencontrés sur leur chemin. En décembre
1934, Hope devint enceinte. Ils étaient tous les deux excités à l’idée
d’avoir un bébé. Parce que Billy était de souche irlandaise et Hope de
souche allemande, Billy la taquina en disant : « Si c’est un garçon, nous
allons l’appeler Heinrick Michael. »
Hope eut le souffle coupé : « Oh,
Billy, c’est horrible. »
Le 13 septembre 1935, ce fut le
début du travail pour Hope. Ce fut difficile et elle faillit mourir pendant
l’accouchement. Billy arpenta de long en large le couloir de l’hôpital. À
trois heures de l’après-midi, le bébé pleura. Au même moment, Billy cria : «
Merci Seigneur! C’est un garçon et il s’appellera Billy Paul. »
Quelques minutes plus tard, le
médecin sortit de la salle d’accouchement. Avec un sourire il dit : «
Révérend Branham, je devrais vous facturer l’usure de mon linoléum. Mais ça
en a valu la peine ; vous avez un garçon. »
Une fois que Bill fut certain que
sa femme allait bien, il ne put s’empêcher de plaisanter. « Chérie, j’ai
changé d’idée. Je ne crois pas que nous devrions l’appeler Heinrick Michael.
Comme il est né un vendredi 13, on devrait l’appeler « Jinx » [Fam. Porte-guigne,
oiseau de malheur, N.d.T.].
»
« Mais Bill, je voulais l’appeler
comme son père », dit-elle en riant.
« Alors nous l’appellerons comme
son père ; et aussi comme le grand apôtre Saint Paul. Nous l’appellerons
Billy Paul. »
EN OCTOBRE 1935, les journaux
annoncèrent l’invasion inattendue de l’Éthiopie par Mussolini. L’Italie,
avec ses machines de guerre modernes, avait pénétré ce pays sous-développé
et anéanti la résistance éthiopienne. L’Europe exprima son indignation en
appliquant immédiatement des sanctions économiques à l’Italie.
Bill lut les nouvelles avec un vif
intérêt. Il ne comprenait pas la force étrange qui lui permettait de voir
dans le futur, mais peu importe ce que c’était, ce qu’il voyait finissait
toujours par arriver. Il se demanda encore une fois comment, selon ses amis
pasteurs, un tel don pouvait venir du diable. Il se sentait vraiment tout
embrouillé.
Un dimanche après l’église, Billy
entendit Walt Johnson dire : « Tu aurais dû entendre ces saints comédiens,
la nuit dernière... »
Billy se mêla à la conversation :
« Qu’est-ce que c’était, Frère Walt? »
Walt mâchait une pelure d’orange
séchée pour soulager son indigestion : « Les pentecôtistes, Billy. Tu n’as
jamais rien vu de pareil ; ils sautaient et se roulaient par terre. Et ils
disaient que si tu ne baragouinais pas une espèce de langue inconnue, tu
n’étais pas sauvé. »
« Où est-ce? »
« Une réunion sous tente de
l’autre côté de Louisville. Ce groupe se nomme La Maison de David et ils
appellent ces réunions, l’École des Prophètes. Des gens de couleur,
naturellement. »
« Oh, cela explique tout », dit
Billy, sachant à quel point certaines personnes de couleur étaient
fanatiques dans leur manière d’exprimer leur religion.
« Il y avait aussi beaucoup de
blancs. »
« Vraiment? Et ils faisaient aussi
cela? »
« Oui, ils le faisaient aussi. »
« C’est étrange comment les gens
se retrouvent mêlés à ces choses. » Billy hocha la tête : « J’imagine que
nous ne pouvons pas éviter ce genre de choses. »
Mais la discussion aiguisa la
curiosité de Billy et, le lundi suivant, il se rendit à Louisville, de
l’autre côté de la rivière, pour jeter un coup d’œil. Même s’il ne vit
personne se rouler par terre, la foule était certainement excitée par
quelque chose et ils semblaient avoir d’étranges doctrines.
Pendant le service, un homme
étrange, d’âge moyen, se leva pour témoigner. Il rappelait à Bill un
prophète de l’Ancien Testament, avec des cheveux gris qui descendaient
jusque sur ses épaules et une longue barbe ondulée qui lui tombait sur la
poitrine. Son témoignage était aussi frappant que son apparence. Il se
présenta comme étant John Ryan de Dowagiac, au Michigan. Il dit que le
Seigneur lui avait montré de venir à Louisville, Kentucky, pour témoigner à
cette réunion. Il parla de la puissance de Dieu, du feu de la Pentecôte et
du baptême du Saint-Esprit. Son témoignage dégageait tant d’énergie et de
conviction, que Bill décida de rencontrer cet homme particulier.
Ils parlèrent un long moment après
le service. John Ryan lui dit qu’il avait été acrobate dans un cirque,
lorsqu’il était jeune. Il avait appartenu à l’église catholique pendant de
longues années, mais il devint pentecôtiste après avoir donné son cœur au
Seigneur et, maintenant, il voyageait comme le Seigneur le dirigeait,
témoignant de la puissance de Dieu partout où il allait.
Billy lui raconta la vision en
sept parties qu’il avait vue en juin 1933. Lorsqu’il apprit qu’une des
parties de la vision concernait l’invasion de l’Éthiopie par Mussolini, John
Ryan eut de la peine à contenir son enthousiasme et demanda s’ils pourraient
en parler plus en détails, un peu plus tard. Billy n’y voyait pas
d’objection et il invita donc cet homme âgé à venir passer la nuit chez lui.
Le lendemain matin, ils restèrent
longtemps attablés à la cuisine, alors que Billy partageait certaines de ses
expériences étranges. Il se sentait plus à l’aise de parler à cet étranger
qu’à des pasteurs qu’il connaissait depuis des années.
John Ryan encouragea Billy à
prêter attention aux visions, laissant entendre que c’était peut-être la
voix de Dieu qui lui parlait. Puis, il commença à lui parler de ce qu’il
appelait « l’expérience pentecôtiste » qui, disait-il, était la puissance de
Dieu en tant que force dynamique et vivifiante dans la vie du chrétien. Bill
ne saisissait pas ce qu’il voulait dire. L’homme utilisait des termes qui
lui étaient peu familiers, des termes comme « baptême du Saint-Esprit » : «
parler en langues » et « interprétation des langues ». Mais une chose était
certaine : John Ryan croyait fermement à ce qu’il disait. Il s’animait à
mesure qu’il parlait. Tout à coup, il leva les mains en l’air et commença à
parler une espèce de charabia. Au bout d’un petit moment, il s’arrêta. Puis
il contourna la table et posa sa main sur l’épaule de Bill en disant : «
Frère Billy, voici l’interprétation. Tu n’es qu’un gamin, maintenant. Il y a
encore beaucoup de jeunesse en toi. Mais un jour, elle va se calmer et le
Dieu Tout-Puissant va t’utiliser pour réveiller les nations. »
Bill et son amie Hope Brumbach avec M. et Mme George DeArk