La Série Surnaturelle
La vie de William Marrion Branham
Owen Jorgensen
Comme une chauve-souris sortie de l’enfer
Chapitre 16
1933-1934
Le prix total du projet s’éleva à
2 000 $ [1 400 euros], avec un crédit bancaire sur vingt ans. C’était
beaucoup d’argent pour une congrégation pauvre, au milieu de la Grande
Dépression. Pour être sûr que le Branham Tabernacle puisse assumer ses
obligations mensuelles, Bill refusa de prélever les dîmes et les offrandes
pour couvrir ses propres dépenses, préférant plutôt reverser cet argent pour
le bâtiment.
Bill conserva son emploi aux
Services Publics de l’Indiana, bien qu’il ait été transféré dans un autre
département. Il avait pour mission de patrouiller le long des lignes
électriques à haute tension qui traversaient la campagne boisée. Ce travail
allait tellement bien avec ses tâches de garde-chasse, qu’il pouvait souvent
faire les deux en même temps. C’était une bonne chose, car il ne gagnait
toujours pas d’argent en tant que garde-chasse.
Un des moyens que Billy avait
trouvés pour économiser sur les frais de construction du Branham Tabernacle,
c’était de laisser le plancher en terre battue. Lorsque le sol gela, le
plancher de l’auditorium gela aussi. Un mercredi soir, Billy arriva en
avance à l’église pour allumer les deux poêles à charbon afin de réchauffer
l’air avant que la congrégation commence à arriver. Les gens entrèrent dans
l’église sur un sol gelé. Mais, à la fin du service, le sol était devenu
boueux et collant. Les grands-mères, de même que les petites-filles,
s’enfoncèrent dans la boue jusqu’aux chevilles, alors qu’elles essayaient de
sortir. Même si, par la suite, ils rirent tous de bon cœur de cet incident,
ils couvrirent le sol de sciure afin que cela ne se reproduise plus.
Billy embrassa ses nouvelles
tâches de pasteur avec l’énergie de la jeunesse et le zèle d’un jeune homme
qui a finalement découvert sa passion. En plus des tâches normales
consistant à prêcher, conseiller et prier pour les malades, il dirigeait
aussi les chants, payait les dettes et retirait les cendres des poêles.
Chaque fois qu’il y avait quelque chose à faire, Billy offrait son temps.
Le fait d’être un jeune pasteur en
plus d’un jeune chrétien remplissait les journées de Bill d’expériences
enrichissantes, quelques-unes prévisibles, d’autres très étranges.
Retournant chez lui, un samedi soir, dans sa voiture, les phares de Bill
éclairèrent un homme saoul titubant dans la rue. Il s’avéra que c’était
Wayne Bledsoe, un jeune homme qui avait été l’ami d’Edward, le frère de
Billy. La prohibition étant encore en vigueur, Bill mit Wayne dans son auto
et emmena l’ivrogne chez lui avant qu’il tombe entre les mains de la
justice. Il aida Wayne pour entrer dans la maison, le coucha dans son propre
lit et se prépara un lit sur le divan.
Billy le réprimanda : « Wayne,
n’as-tu pas honte de toi? »
« Ne - ne dis pas ça, Bi - Billy.
»
« Boire n’est pas une solution. Ça
va te tuer avant l’heure. Tu devrais donner ta vie à Jésus-Christ. Cela
allongerait tes jours jusque dans l’éternité. »
« Ah, Billy. »
Billy imposa les mains sur le
front de Wayne. « Je vais prier pour toi Wayne. »
À l’extérieur, un taxi s’arrêta.
La porte du taxi claqua et Billy entendit les pas de quelqu’un qui courait
sur le trottoir. Une femme frappa frénétiquement à la porte en criant : «
Frère Bill! Frère Bill! »
Billy pensa : « Ça alors,
quelqu’un doit être en train de mourir. » Il alluma d’une chiquenaude,
s’habilla et courut ouvrir la porte.
Nellie Sanders, une jeune fille de
dix-huit ans, se tenait à la porte, le visage pâle, les yeux rouges et
gonflés.
« Entre, Nellie. »
Nellie pénétra à l’intérieur : «
Oh, Billy, je suis perdue, je suis perdue. »
« Qu’est-ce qui se passe Nellie?
Tu as eu une crise cardiaque? »
« Non, Frère Bill. Je descendais
la rue Spring et, honnêtement Frère Bill, je ne voulais rien faire de mal. »
L’esprit de Billy tournait dans
tous les sens, se demandant ce qu’il fallait faire avec cette fille
hystérique. « Allons, calme-toi, sœur. Raconte-moi ce qui s’est passé. »
Nellie était une jeune chrétienne,
une des personnes qui s’étaient converties avec Bill, lors de ses réunions
sous tente en juin. Avant de donner son cœur au Seigneur, elle avait été
l’une des meilleures danseuses en ville et son partenaire, Lee Horn, avait
encore les trophées pour le prouver.
Nellie respira profondément afin
de calmer ses mains qui tremblaient. Elle essaya de parler lentement et
distinctement, mais ses mots prirent de la vitesse, si bien que le dernier
mot fut presque inaudible : « Je passais à pied près du Redman’s Hall et
j’ai entendu de la musique de danse. Je me suis arrêtée un instant pour
écouter. La musique retentissait de mieux en mieux. J’ai dit : “Seigneur, Tu
sais que je T’aime, mais je me souviens si bien du temps où Lee et moi
gagnions toutes ces coupes et ces prix. Peut-être que si je gravis ces
marches, je pourrai témoigner à quelques personnes.” Alors je suis montée et
avant même que je me rende compte de ce que je faisais, j’étais dans les
bras d’un garçon, en train de danser. Oh, Billy, est-ce que je suis perdue
pour de bon, maintenant? Je ne veux pas finir comme Margie. »
Billy se souvint de Margie, la
fille portant un minuscule costume de bain qui avait refusé de sortir de son
canot à rames, lorsqu’il lui avait demandé de partir, le jour où il
baptisait des nouveaux convertis, après ses réunions de réveil sous tente.
Lorsque la mystérieuse étoile était tombée du ciel, Margie s’était évanouie.
Par la suite, elle s’était mise à boire. Pendant une bagarre dans un bar,
quelqu’un l’avait frappée au visage avec une bouteille cassée, provoquant
une terrible balafre. Selon les dernières nouvelles que Bill avait eues
d’elle, elle se trouvait dans un asile de fous.
Nellie était tellement tourmentée,
qu’elle tremblait. Billy essaya de la consoler : « Non, sœur, tu n’es pas
perdue. Mais tu as fait une erreur lorsque tu t’es arrêtée pour écouter la
voix du diable qui t’appelait à retourner à ce que tu étais avant de
rencontrer Jésus. Je ne suis pas un chrétien depuis bien longtemps, mais je
sais que la plus grande bataille jamais livrée est dans l’esprit humain.
C’est la bataille entre la foi et le doute. Vas-tu croire la Parole de Dieu
ou douter d’elle? Tu dois faire ton propre choix. »
« Oh, Billy, je veux choisir la
foi en Jésus. »
Wayne Bledsoe avait dessoûlé un
peu et il était assis au lit, curieux, observant ce qui se passait.
« Je ne connais pas bien la Bible,
dit Billy, mais je crois que Jésus a dit ceci,
“en
mon nom, ils chasseront les démons”[17] » Posant la main sur l’épaule de Nellie, il pria : « Démon, je ne sais pas
qui tu es, mais c’est ma sœur et tu n’as pas le droit de la retenir. Tu vas
devoir la quitter, maintenant. Tu m’entends? »
La porte moustiquaire commença à
s’ouvrir et se fermer rapidement toute seule,
bing badaboum, bing
badaboum.
Nellie écarquilla les yeux : «
Billy, regarde là. Que se passe-t-il? »
Bill était aussi surpris : « Je ne
sais pas. » Il se tourna de nouveau vers Nellie et dit : « Satan, quitte-la.
Au Nom de Jésus, sors d’elle. »
Aussitôt que Bill mentionna le Nom
de Jésus, l’ombre d’un spectre jaillit de derrière Nellie Sanders, une ombre
qui ressemblait à une chauve-souris géante avec de longs poils qui pendaient
de ses ailes et ses pattes. Elle émit un grognement guttural «
rrrrrrrrrr » et fonça sur Bill, qui cria : « Sang de Jésus, protège-moi! » Le démon
changea de direction et vola vers le lit où Wayne était assis. Il fit un
tour, puis disparut dans le lit. Les yeux écarquillés et aussi sobre qu’un
homme d’église, Wayne cria, sortit des couvertures et courut dans l’autre
chambre.
Billy reconduisit Nellie chez
elle. Lorsqu’il revint, sa mère et lui démontèrent le lit et secouèrent les
draps. Il n’y avait rien.
Troublé, Bill raconta l’incident à
plusieurs pasteurs. Ils lui dirent tous à peu près la même chose : « Billy
Branham, le temps de chasser les démons est révolu. Et puis, de toute façon,
un homme ne peut pas voir un démon. Cela devait être ton imagination. »
Billy aurait peut-être mis cela sur le compte de son imagination, sauf que
Wayne et Nellie avaient aussi vu l’apparition. Est-ce que c’était ce démon
qui le poursuivait tout le temps? Est-ce qu’il le suivait toujours? Était-il
responsable de toutes les choses étranges qui se passaient dans sa vie, y
compris les visions? Des pensées comme celles-ci le tourmentaient
continuellement. Il se demandait pourquoi sa vie semblait si différente de
celle des autres pasteurs qu’il connaissait.