La Série Surnaturelle
La vie de William Marrion Branham
Owen Jorgensen
Le moment le plus traître de sa vie
Chapitre 22
1937
Mais, aussitôt que Bill franchit la porte, il sut qu’il s’était trompé.
L’endroit n’avait pas de gaieté, pas de vie, rien d’hospitalier. En entrant
dans la chambre, il regarda au-dessus du lit pliant. Sous un journal, il
trouva l’argent mentionné par Hope. Bill versa les petites pièces de monnaie
sur le lit et les compta. Il y avait 2,80 $ [2 euros]. Il ne manquait que 20
cents [0,14 euro] pour
l’acompte de cette carabine .22
dont il rêvait depuis plus d’un an. Bill décida dans son cœur de
mettre cet argent de côté pour la carabine et, malgré les centaines de
dollars qu’il devait en frais médicaux, il fit le vœu de payer les
mensualités pour cette carabine jusqu’à ce qu’elle lui appartienne en
propre, en mémoire de son épouse dévouée.
Il s’étendit sur le lit,
souhaitant ardemment s’échapper dans le sommeil. Une souris était parvenue à
entrer dans le four de la cuisine et faisait craquer le papier d’allumage
entre les grilles. Pour Bill, c’était comme si Hope était en train d’ouvrir
l’emballage de quelques friandises qu’elle aurait conservées sur une étagère
de la cuisine. Il se leva et ferma la porte de la cuisine avec le pied. La
robe de chambre de Hope était accrochée à un crochet derrière la porte. Il
réalisait maintenant qu’il aurait dû aller chez sa mère ; tout ce qui
l’entourait lui rappelait sa femme qui était maintenant à la morgue. Bill
enfouit ses joues mouillées dans le matelas et donna libre cours à son
chagrin.
Des coups furent frappés contre la
porte avec insistance. Bill sauta du lit et fit entrer Frank Broy et son
fils Fletcher dans la pièce. Frank dit : « Bill, j’ai des mauvaises
nouvelles pour toi. »
« Je sais Frank, j’étais avec Hope
lorsqu’elle est décédée. »
« Mais ce n’est pas tout. Ton bébé
est aussi en train de mourir. »
« Sharon? » haleta Bill : « Ce
n’est pas possible! »
« Si. Le Dr Adair vient de l’emmener à l’hôpital. Elle a la méningite. Le
docteur dit qu’elle n’a aucune chance de s’en sortir. Viens, je vais te
conduire là-bas. »
Au lieu de bouger, Bill s’écroula sur le plancher. Frank et son fils
l’aidèrent à se relever et monter dans le véhicule pickup de Frank.
Lorsque Bill arriva à l’hôpital, le Dr Adair le conduisit au laboratoire et
lui montra à travers un microscope un spécimen du fluide qu’il avait extrait
de la colonne de Sharon. « C’est la méningite tuberculeuse » dit tristement
le Dr Adair : « Elle l’a attrapée avec sa mère. Habituellement, le bacille
de la tuberculose s’arrête dans les poumons, mais il arrive qu’il pénètre
dans la circulation du sang et atteigne les méninges qui recouvrent le
cerveau. C’est ce qui est arrivé à ta fille. Je suis désolé, Billy, mais, à
ce stade, on ne peut absolument rien faire pour elle. »
« Où est-elle, Docteur? Je veux la voir. »
« Elle est en bas, en salle d’isolement, alors tu ne peux pas aller la voir.
Elle est contagieuse. »
« Ça m’est égal de mourir. Je dois voir Sharon encore une fois. »
Avec peine, le Dr Adair demeura ferme : « Tu ne peux pas faire cela, Bill.
C’est la méningite. Tu pourrais transporter le microbe sur ton manteau et le
transmettre à Billy Paul. »
Billy s’assit et enfouit son visage dans ses mains, sanglotant : « Amène-moi
du chloroforme et laisse-moi mourir avec elle. Qu’est-ce que la vie pour
moi, maintenant? Tout ce que j’aime est parti. »
Le Dr Adair ressentait le désespoir de son ami comme si c’était le sien : «
Bill, reste ici. Je vais demander à une infirmière de t’apporter quelque
chose qui va calmer ta douleur. »
Aussitôt que le docteur Adair eut quitté la pièce, Bill se glissa dehors par
une autre porte et descendit au sous-sol. Sharon Rose était étendue dans un
petit lit, elle gémissait et était secouée par des spasmes musculaires. On
avait recouvert son corps d’une étamine pour la protéger des moustiques,
mais le battement de ses jambes et ses torsions l’avaient repoussée et les
mouches suçaient maintenant l’humidité autour de ses yeux. Bill chassa les
mouches et replaça le linge.
« Sharon », dit-il doucement.
Lorsqu’elle se retourna pour le voir, ses lèvres frémirent. Elle avait
tellement souffert, qu’elle louchait d’un œil.
Bill tomba à genoux, ferma les yeux et joignit les mains : « Oh, Dieu bien
aimé » dit-il en pleurant : « Tu as pris mon épouse chérie et, maintenant,
Tu prends mon bébé! S’il Te plaît, ne prends pas ma petite fille. C’est moi
qui ai mal agi ; c’est moi que Tu devrais prendre. Je suis désolé d’avoir
écouté quelqu’un d’autre au lieu de Toi. J’essayerai de ne plus jamais le
refaire. Seigneur, j’irai vers ces gens qu’elle appelait de la ‘racaille’ et
des ‘gens qui vont à contre-courant’ et ça me sera égal qu’on m’appelle un
saint comédien. Je ferai tout ce que Tu me demanderas ; seulement, s’il Te
plaît, ne prends pas ma petite fille. »
Aussitôt qu’il ouvrit les yeux, il vit comme un rideau noir tomber entre
Sharon et lui. Il avait vu la même chose lorsqu’il avait prié pour Hope au
dernier Noël. Il sut que Dieu avait rejeté sa prière.
Cet instant fut le
moment le plus traître de la vie de Bill. Alors qu’il était agenouillé sur
le plancher du sous-sol d’isolement, près de sa fille de neuf mois qui était
en train de mourir devant lui, le Tentateur vint lui murmurer : «
Tu dis que Dieu est amour. Est-ce que c’est de l'amour, ça?
Tu as prêché Sa Parole et tu as essayé de toutes tes forces de vivre pour
Lui et, maintenant, alors qu' 'il est question de la vie de ton bébé, Il te
rejette! Quel genre de Dieu sers-tu donc? »
Pendant une minute, Bill chancela dangereusement sur la « Great Divide » [Note de la traduction
: ligne de partage des eaux entre l’Atlantique et le Pacifique.]. Puis sa réponse
vint, comme jaillissant d’une source de force cachée au plus profond de son
âme : « Comme Job autrefois, je dirai, “L’Éternel a donné, l’Éternel a
repris, béni soit le Nom du Seigneur. ”[20] Oh Dieu, je ne sais
pas pourquoi Tu me déchires comme cela, mais ça ne change pas ma foi en Toi.
Même si Tu me tues, je Te ferai confiance. Je crois en Ta bonté. »
Il se leva et se pencha pour la dernière fois au-dessus du petit lit de sa
fille : « Sharon, après que les anges auront porté ton âme auprès de ta
mère, je t’enterrerai dans ses bras. »
Amelia Hope Branham fut enterrée le samedi 24 juillet 1937, au cimetière
Walnut Ridge, sur une concession que son père avait achetée pour sa femme et
lui-même. Sharon Rose mourut le jour suivant. Le lundi, l’entrepreneur des
pompes funèbres rouvrit la tombe de Hope, descendit le petit cercueil de
Sharon et le déposa sur celui de sa mère. Bill avait tenu promesse ; il
avait enterré Sharon dans les bras de sa mère.
PENDANT LES SEMAINES
qui suivirent, Bill vécut dans un
profond désespoir. Ses journées lui semblaient interminables ; ses nuits
étaient souvent une torture sans sommeil. Chaque jour de semaine, il se
forçait pour aller travailler. Il savait qu’il avait l’obligation de payer
ses dettes de frais médicaux et cela lui donnait une raison de vivre. Les
après-midi, il allait chercher Billy Paul chez les Broy, faisait à souper,
puis marchait dans les rues pendant des heures, son fils sur les épaules.
Un jour, après son travail, Bill posa son fils sur les marches à l’entrée et
voulait se diriger vers la cour arrière pour aller voir son chien de chasse
qu’il gardait attaché à un chêne au fond de son terrain. Billy Paul demanda
: « Papa, où est Maman? »
Billy avait répondu à cette question des centaines de fois, mais Billy Paul,
à deux ans, était trop petit pour comprendre.
« Elle est au ciel. Elle est allée voir Jésus. »
« Quand reviendra-t-elle? Je veux la voir. »
« Elle ne reviendra pas, Billy, mais toi et moi allons la revoir un jour. »
Bill commença à marcher sur le sentier derrière la maison. Billy Paul pointa
son petit doigt vers le ciel : « Papa, regarde! J’ai vu Maman là-haut sur ce
nuage. »
C’en était trop pour Bill. Il tomba face contre terre et resta étendu là
pendant une heure, sans bouger, pendant que Billy Paul était assis sur les
marches à réclamer sa mère en pleurant. Lorsque Bill finit par retrouver la
force de se lever, il prit Billy Paul, le ramena chez les Broy, puis
poursuivit sa marche en direction de Walnut Ridge. Avant qu’il atteigne le
cimetière, une auto passa et s’arrêta. M. Isler, un sénateur de l’Indiana
qui vivait à Jeffersonville, sortit de son auto. « Où vas-tu, Billy? Au
cimetière? »
« Oui. »
« Ce n’est pas la première fois que je te vois monter cette colline.
Qu’est-ce que tu fais là-haut? »
« Je m’assieds à côté de la tombe de ma femme et de ma petite fille, et
j’écoute le vent jouer de la musique dans les arbres. »
« Quel genre de musique est-ce? »
Bill cita la première strophe d’un cantique : « Il y a un pays au-delà de la
rivière qu’on appelle éternité et nous atteignons ce rivage seulement par la
foi. Un à un, nous gagnons le portail pour vivre là-bas avec les immortels ;
un jour ils feront sonner ces cloches d’or pour toi et moi. »
Le sénateur Isler serra les mains de Bill dans les siennes : « Billy, je
veux te demander quelque chose. Je t’ai vu au coin des rues prêcher jusqu’à
ce qu’on aurait dit que tu étais sur le point de tomber raide mort. Je t’ai
vu monter et descendre les rues à toute heure de la nuit, faisant des appels
pour des malades. Mais, après toutes ces choses qui te sont arrivées,
qu’est-ce que Christ représente pour toi, maintenant? »
« Il est tout ce qui me reste, M. Isler. Il est ma vie, mon espérance, tout
ce que j’ai. Il est la seule chose solide dans la vie à laquelle je puisse
m’accrocher. »
M. Isler secoua la tête : « Après qu’Il a pris ta
femme et ton bébé, tu veux toujours Le servir? »
« Je Lui ferai confiance même s’Il me tue. »
Tôt le lendemain matin, Bill fut désigné pour réparer une ligne secondaire
endommagée, sur l’autoroute 150, près de New Albany. Fixant ses éperons et
sa ceinture de sécurité, il commença à grimper au poteau, s’arrêtant juste
au-dessous de la barre transversale. Hope et Sharon accaparaient ses
pensées. Il pouvait comprendre pourquoi Dieu avait pris son épouse, mais son
bébé? Pourquoi Dieu avait-il pris sa petite fille?
Tout en travaillant, il chanta ce vieux cantique
Gospel,
Sur une colline au loin se tenait une vieille croix
rugueuse,
L’emblème de la souffrance et de la honte ;
C’était sur cette vieille croix que Jésus a souffert,
Et c’est là qu’Il mourut pour sauver le plus vil des
pécheurs.
Juste à ce moment-là, le soleil pointa à l’horizon
et l’inonda de lumière, projetant une ombre sur la colline derrière lui,
l’ombre d’un homme accroché à une croix.
« C’est juste » sanglota-t-il : « ce sont mes péchés qui T’ont mis là,
Jésus. Je suis aussi coupable que n’importe qui d’autre. » Tout à coup, une
idée confuse lui traversa l’esprit. Profitant de cette confusion, le diable
le pressa de mettre fin à sa vie. Bill regarda ses gros gants de caoutchouc,
puis la ligne de transmission principale de 2 300 volts qui se trouvait
juste à côté de la ligne secondaire. Il considéra les possibilités. C’était
mal, très mal. Mais, à ce moment-là, en quelque sorte, l’esprit embrouillé
par le désespoir, ce qui était mal lui sembla bien. Arrachant l’un de ses
gants de protection, il dit : « Cher Dieu, j’ai horreur de faire cela, mais,
je suis un lâche. Je ne peux pas continuer à vivre sans elles. » Il tendit
sa main nue vers la ligne de 2 300 volts, en sachant qu’au moment où il la
toucherait, le courant ferait bouillir son sang et fracasserait ses os : «
Sharon, Papa va venir vous voir, toi et Maman. »
Il ne sut jamais ce qui se produisit ensuite. Lorsqu’il revint à lui, il
était assis par terre avec sa ceinture de sécurité encore attachée au
poteau. Son corps était couvert de sueur et il tremblait de façon
incontrôlable. Incapable de continuer à travailler, il lança ses outils à
l’arrière de son camion de service et retourna chez lui.
Il y avait plusieurs lettres dans la boîte aux lettres, sur la galerie
devant la maison. Bill les prit et les porta à l’intérieur, et il les étala
sur la table de la cuisine. En plus des habituelles factures mensuelles,
l’une des lettres était plutôt inattendue. Elle venait de sa banque et était
adressée à « Mlle Sharon Rose Branham ». Les mains de Bill tremblaient
tandis qu’il déchirait le rebord. Puis il comprit. La banque renvoyait les
quatre-vingts cents [0,56 euro]. Bill avait oublié le compte d’épargne qu’il
avait ouvert pour Sharon, quelques jours avant Noël. C’était juste avant
que...
Sa digue mentale s’effondra, inondant ses pensées de ces terribles
souvenirs. Il pria : « Jésus, quand j’étais un gamin, j’ai eu faim et froid
si souvent. Tout le monde se moquait de moi et me traitait de poule
mouillée. Je me sentais tellement seul. Quand je suis devenu chrétien, Tu
m’as donné une petite maison et une famille. J’ai essayé de vivre
correctement. Maintenant, Tu m’as enlevé tout cela. Je suis si tourmenté ;
je ne peux pas continuer comme cela. Oh, Dieu, pourquoi ne me prends-Tu pas
aussi? »
Encore une fois, le diable vint comme dans une brume, embrouillant la
capacité à raisonner de Billy et son bon sens. Pendant un moment, Bill
perdit de vue la main de Dieu qui le guidait. Durant ce traître instant,
Satan le pressa de prendre les mesures les plus extrêmes. Bill gardait son
revolver de garde-chasse dans un étui accroché à un clou derrière la porte
de la cuisine. Prenant en main ce pistolet, il s’agenouilla par terre, près
d’un lit de camp à côté du poêle. Appuyant le canon contre sa tête, il arma
le pistolet et commença à presser sur la détente, tout en priant à haute
voix : « Notre Père qui es aux cieux, que Ton Nom soit sanctifié, que Ta
volonté soit faite... » Il pressa de plus en plus fort sur la détente bien
huilée, mais elle ne bougea pas. Il y mit toute la force qui lui restait,
mais le croissant d’acier ne voulait pas bouger. Finalement, Bill renonça et
jeta le pistolet de côté. Lorsqu’il heurta le sol, le coup partit et une
balle transperça le mur.
Bill tomba sur le lit de camp : « Oh, Dieu, Tu me mets en pièces. Tu ne veux
même pas me laisser mourir. »
A la fin, ayant pleuré jusqu’à l’épuisement, il s’endormit et rêva. Ce
n’était pas un rêve ordinaire, aux contours brumeux et aux souvenirs vagues.
Les contours étaient clairs et distincts, et ils restèrent dans sa mémoire
aussi clairement que s’il avait été là pour vrai.
Il rêva qu’il était quelque part dans une prairie de l’Ouest, marchant le
long d’une route déserte, chantant une ballade populaire de l’ouest : « Il y
a une roue du chariot qui est brisée et l’écriteau sur le ranch dit “À
vendre... ” » Bill marchait à côté d’un vieux chariot bâché, du genre de
ceux que les pionniers appelaient un « schooner des prairies ». Une roue
avant du chariot était brisée, ce qui faisait pencher un angle du caisson au
point que l’essieu touchait le sol. A côté de la roue de bois fendue se
trouvait une jolie jeune fille qui le regardait, appuyée contre le chariot.
Le vent faisait danser sa longue chevelure blonde. Ses yeux bleus
étincelaient au soleil. En passant à côté, Bill enleva son chapeau de
cow-boy et la salua joyeusement : « Bonjour, Madame. »
Elle répondit : « Bonjour, Papa. »
Bill s’arrêta et dévisagea cette belle jeune femme vêtue de blanc. Elle
avait l’air d’avoir au moins vingt ans : « Mademoiselle, comment puis-je
être votre père, alors que vous êtes presque aussi âgée que moi? »
Son sourire s’élargit, dévoilant des dents parfaites : « Papa, tu ne sais
tout simplement pas où tu es. Sur terre, j’étais ta petite Sharon Rose. »
« Sharon? Mais tu n’étais qu’un petit bébé. »
« Il n’y a pas de bébés ici, Papa. Nous avons tous le même âge ; nous sommes
immortels. Où est mon frère Billy Paul? »
« Je l’ai laissé chez Mme Broy, il y a un petit moment. »
Sharon dit : « Je vais attendre Billy Paul ici. Pourquoi ne vas-tu pas voir
Maman? Elle t’attend là-haut, dans votre nouvelle maison. »
« Nouvelle maison? Les Branham n’ont jamais eu de maison ; nous avons
toujours été de pauvres vagabonds. »
« Tu as une maison ici, Papa. Regarde. »
Elle montra du doigt le haut de la route. Au bout du chemin se trouvait un
magnifique palais perché au sommet d’une colline. Le soleil venait juste de
se coucher derrière le toit du château et, maintenant, les rayons de soleil
étincelaient dans toutes les directions comme la lumière d’un phare qui
guide les voyageurs fatigués à bon port. Bill monta la route en chantant les
bras levés « Mon chez-moi, mon doux chez-moi... ».
Un long escalier montait du bas de la colline jusqu’au pas de la porte
d’entrée. Hope attendait sur le seuil de la porte, vêtue de blanc, ses longs
cheveux noirs chatoyant dans la brise. Bill gravit les marches d’escalier
quatre à quatre. Lorsqu’il arriva en haut, il tomba à ses pieds. Hope le
pressa gentiment de se relever. Bill dit : « Hope, je viens de rencontrer
Sharon sur la route. Elle est devenue une si belle jeune fille. »
« Oui. Bill, tu dois arrêter de t’inquiéter à propos
de Sharon et moi. »
« Chérie, je ne peux pas m’en empêcher. Je m’ennuie tellement de vous deux.
Billy Paul pleure tout le temps pour te voir ; je ne sais pas que faire avec
lui. »
« Sharon et moi sommes dans une bien meilleure situation que toi.
Promets-moi que tu ne t’inquiéteras plus à notre sujet. » Hope mit un bras
autour de son épaule et lui caressa le dos, comme elle l’avait fait si
souvent sur terre : « Bill, tu as l’air si fatigué. Tu t’épuises à aller
prier pour les malades. Viens avec moi à l’intérieur ; maintenant, tu peux
t’asseoir et te reposer. »
Il entra avec elle dans le palais. Il y avait là un fauteuil Morris vert,
exactement comme celui qu’ils avaient dû rendre à la compagnie de
financement parce qu’il ne pouvait pas payer les mensualités.
Billy Paul Branham à un jeune âge
Hope dit : « Te souviens-tu de ce
fauteuil? »
Un nœud se forma dans la gorge de
Bill : « Et comment, je me souviens. »
« Ils ne prendront pas celui-ci »
assura-t-elle : « il est déjà payé. »
« Je ne comprends pas. »
« Tu retournes là-bas, maintenant, Bill. Promets-moi
que tu ne t’inquiéteras plus pour Sharon et moi. »
« Hope, je ne peux pas te
promettre ça. »
Mais, Hope avait soudain disparu et Bill était en train de se réveiller. Il
était toujours à genoux sur le lit de camp, dans l’obscurité de sa cuisine.
Il se leva et regarda dans la pièce sombre. Il lui sembla sentir un bras
invisible autour de ses épaules : « Hope, est-ce toi? » Il lui semblait la
sentir lui caresser le dos : « Hope, es-tu ici dans la pièce? » Était-il en
train d’imaginer tout cela? Ou bien pouvait-il réellement entendre sa voix
murmurer : « Promets-moi de ne pas t’inquiéter. »
Bill dit : « Hope, je le promets. »