La Série Surnaturelle
La vie de William Marrion Branham
Owen Jorgensen
Des jambes estropiées redressées
Chapitre 24
1940
À l’extérieur, un vent tempétueux du nord projetait la neige contre les
vitres. Bill pensa aux deux pièces froides qui l’attendaient chez lui : «
D’accord, Maman, je vais rester pour la nuit », dit-il avec plaisir.
Une fois dans la chambre d’amis de sa mère, Bill se coucha de côté dans le
lit pour prier. Toute la journée, il avait senti un fardeau sur son cœur et
il avait maintenant l’occasion d’en parler avec son Père Céleste. Il
s’endormit une heure plus tard.
Il se réveilla vers deux heures du matin, sentant toujours ce fardeau
accablant son esprit. Se sentant reposé par son petit somme, il s’agenouilla
à côté du lit et continua à prier. La pièce était si sombre qu’il n’avait
pas besoin de fermer les yeux pour se concentrer. Au bout d’un moment, il
remarqua quelque chose de blanc qui luisait faiblement dans un coin de la
chambre. Il pensa d’abord que c’était la lessive de sa mère empilée sur une
chaise. Mais, comme il observait, la lueur sembla bouger et s’élever.
Maintenant, ça ressemblait plus à un nuage blanc qui s’avançait vers lui.
L’instant d’après, il se retrouva au milieu d’une brillante lumière.
Soudain, Bill ne se trouvait plus dans une chambre, mais quelque part à
l’extérieur. Devant lui se trouvait une maisonnette étroite, le type de
maison qu’il avait coutume d’appeler une « maison-fusil ». Il pénétra à
l’intérieur et se retrouva dans une pièce qui servait à la fois de salon et
de chambre à coucher. Les murs étaient couverts de panneaux en lambris à
rainures rouges. En face de lui se trouvait une porte qui donnait dans la
cuisine, qui, comme dans son propre logement, était l’unique autre pièce de
la maison. Une femme aux cheveux noirs d’environ vingt ans était appuyée
contre la porte de la cuisine et pleurait. À la gauche de Bill se trouvait
une femme plus âgée, assise dans un fauteuil rouge, et qui pleurait aussi.
Elle avait enlevé ses lunettes et s’essuyait les yeux avec son mouchoir.
Regardant sur sa droite, Bill vit un jeune homme assis sur un divan rouge.
Le jeune homme avait le visage tourné vers la fenêtre, alors, tout ce que
Bill pouvait voir de lui, c’étaient ses cheveux blonds ondulés. Plus loin à
la gauche de Bill se trouvait un petit garçon aux cheveux bruns qui portait
une salopette en velours côtelé bleue et qui était étendu sur le ventre au
milieu d’un lit de fer. Le petit garçon était horriblement estropié, ses
jambes étaient tordues en tire-bouchon et repliées contre ses hanches ; ses
bras étaient aussi tordus et repliés contre lui. Un grand homme aux cheveux
noirs, que Bill présuma être le père, se tenait à côté du lit et regardait
l’enfant.
« N’est-ce pas étrange? » pensa Bill. « Il y a un moment, j’étais chez Maman
et, maintenant, je suis dans cette maison. »
Il sentit bientôt une présence effrayante derrière son épaule droite. Bill
essaya de regarder, mais quelque chose l’empêcha de tourner la tête. Puis,
il entendit la même voix qui lui parlait toujours dans les visions.
L’ange demanda : «
Est-ce que l’enfant peut vivre? »
« Je ne sais pas, monsieur », répondit Bill.
L’ange dit : «
Demande au père de t’apporter l’enfant pour que tu pries pour
lui, et il vivra. »
Le père sortit l’enfant du lit et le porta vers Bill, qui posa les mains sur
l’estomac du garçon et commença à prier. Étonnamment, le petit garçon tomba
des bras de son père. Il heurta le sol de sa jambe gauche, qui se redressa
et devint parfaitement normale. Il fit un pas et sa jambe droite se redressa
immédiatement. Au troisième pas, ses bras se déplièrent. Puis, le garçon mit
ses mains dans les mains de Bill et leva la tête vers lui. Une moustache de
lait couvrait la lèvre supérieure du garçon. Il dit : « Frère Bill, je suis
complètement guéri. »
« Eh bien, merci, Seigneur », répliqua Bill.
L’ange, qui était toujours derrière Bill et hors de vue, dit alors : «
Je vais t’amener ailleurs. » Il transporta Bill très
loin et le déposa dans un cimetière, près d’une église de campagne. L’ange
désigna une tombe et dit : « Rappelle-toi le nom et les
dates qui sont sur cette tombe. C’est ça qui va te diriger. » Puis,
il emporta Bill rapidement dans un autre endroit, où deux magasins, une
station à essence et quelques maisons se trouvaient à un carrefour. L’un des
magasins avait une façade jaune. Un homme portant des salopettes bleues et
une casquette en velours côtelé jaune en sortit. Il avait une moustache
blanche. L’ange dit : « Il va te montrer le chemin.
»
Bill fut encore une fois enlevé brusquement de la scène. Lorsque ses pieds
touchèrent à nouveau le sol, il suivait une jeune femme corpulente à
l’intérieur d’une maison. Bill se retrouva dans une pièce au papier peint
jaune et aux motifs rouges. Une enseigne « Que Dieu bénisse notre foyer »
était accrochée au-dessus de la porte. Un poêle à bois se trouvait près du
mur gauche et un lit en laiton se trouvait contre le mur droit. Un
adolescent était étendu sur les draps, souffrant de ce qui semblait être la
polio ; ses deux jambes étaient repliées sous son corps et un de ses bras
était tout ratatiné Bill ne pouvait pas dire si c’était un garçon ou une
fille. Le visage semblait masculin, mais les longs cheveux et les lèvres en
forme de cœur suggéraient le contraire.
L’ange demanda : «
Cette personne peut-elle marcher? »
Bill répondit : « Je ne sais pas, monsieur. »
L’ange commanda : «
Va poser les mains sur l’estomac de cette personne et prie. »
Quand Bill fit ce qui lui avait été dit, la personne au lit cria : « Loué
soit le Seigneur! », alors que sa main ratatinée se redressait et que ses
jambes estropiées redevenaient normales. Elle s’assit sur le lit, ce qui fit
remonter une jambe de son pyjama, et Bill put voir un genou. Il était
maintenant sûr du sexe de la personne. Ce n’était pas le genou osseux d’un
garçon, mais le genou doux et rond d’une fille. Bill entendit quelqu’un près
de lui crier : « Oh, merci, mon Dieu! »
Au loin, Bill entendit quelqu’un qui hurlait : « Oh, Frère Branham! Frère
Branham! » Il se retrouva brusquement dans la maison de sa mère, au milieu
de la chambre à coucher. Il secoua la tête, désorienté et confus. Sa mère
l’appela de la chambre à côté : « Billy, il y a quelqu’un qui frappe à la
porte d’entrée et qui t’appelle. »
« J’entends, Maman. » Il traversa le couloir en titubant et ouvrit la porte.
Un homme jeune à l’air éperdu et aux yeux rouges et bouffis se tenait sur le
seuil. Bill le reconnut instantanément comme étant l’homme de la première
vision, celui qui avait laissé tomber le petit garçon : « Entrez » insista
Bill. « Que se passe-t-il? »
L’homme entra pour s’abriter du vent froid : « Frère Branham, vous
souvenez-vous de moi? »
« Non, je ne crois pas. »
« Je suis John Himmel. Il y a quatre ans, vous nous avez baptisés, ma
famille et moi, à la rivière près de l’usine de munitions »
« Maintenant, je me souviens de vous », dit Bill, alors qu’un vague souvenir
devenait plus clair. « Il y a quelques années, vous avez tué un homme,
n’est-ce pas? »
« Oui monsieur. Je lui ai donné un coup de poing, lors d’une bagarre, et je
lui ai cassé la nuque. J’ai fui la justice et aussi Dieu. L’an dernier, mon
fils aîné est mort de pneumonie. J’ai un autre fils et il est maintenant en
train de mourir d’une double pneumonie. Le docteur vient de quitter ma
maison parce qu’il ne pouvait plus rien faire. Soudain, j’ai pensé à vous.
Voulez-vous venir prier pour mon garçon? »
« Oui monsieur. Laissez-moi seulement mettre mes vêtements et mettre mon
auto en marche. »
« Pas besoin de prendre votre auto ; vous pouvez venir avec la mienne. Je
vous ramènerai. J’habite à seulement 11 milles [18 km] d’ici, à quelques
milles [kilomètres] d’Utica. Pendant que vous vous habillez, je vais aller
chercher Graham Snelling. C’est mon cousin et je veux qu’il prie aussi pour
mon fils. »
Comme Bill retournait dans la chambre pour se changer, Ella l’appela pendant
qu’il passait devant sa porte : « Billy, qu’est-ce que cet homme avait? »
« Maman, quelque chose est arrivé. J’étais en vision, il y a quelques
instants. »
« Oh, c’est vrai? » dit-elle, presque avec désinvolture. « Est-ce que
c’était quelque chose de bon? »
« Oui, le fils de cet homme va être guéri. Je te raconterai à mon retour. »
Dix minutes plus tard, John Himmel arriva avec son cousin. Bill connaissait
Graham Snelling, un jeune homme de son âge qui était devenu récemment
chrétien. Dès que Bill monta dans la voiture, il réalisa que Graham était le
jeune homme blond de sa vision, celui qui était assis sur le divan rouge et
qui regardait par la fenêtre. Bill se mit à brûler intérieurement par
anticipation, sachant que Dieu allait opérer un miracle.
Ils prirent la direction du nord, sur la route d’Utica Pike. Bill dit : « M.
Himmel, vous vivez dans une petite maison blanche, n’est-ce pas? »
« Oui monsieur. »
« Votre maison est bâtie sur une colline et la porte d’entrée fait face au
sud. »
« C’est vrai. »
« C’est une maison de deux pièces. L’une d’elles a des panneaux de lambris à
rainures rouges, qui couvrent les murs à la mi-hauteur. Dedans, il y a une
chaise et un divan rouges, ainsi qu’un petit lit de fer. Votre petit garçon
malade a, je dirais, environ trois ans. Il a les cheveux bruns et porte une
salopette de velours côtelé bleue. Sa mère a les cheveux noirs. »
John Himmel dévisagea son passager, la bouche grande ouverte : « Êtes-vous
déjà venu chez-moi, Frère Branham? »
« Lorsque vous avez frappé à ma porte, je venais de partir de votre maison.
»
Le visage de l’homme exprima de la confusion : « C’est étrange, je ne vous y
ai pas vu. »
« J’y étais spirituellement parlant. M. Himmel, si je vous ai baptisé,
peut-être m’avez-vous entendu dire que je vois parfois des choses avant
qu’elles se produisent. »
« Oui, je me souviens. Quelque chose de ce genre vient-il de vous arriver? »
« Oui. Et peu importe ce qui me dit ces choses, cela n’a jamais été un
mensonge. M. Himmel, votre fils va être guéri lorsque j’arriverai là-bas. »
À ces mots, John Himmel arrêta son auto, se jeta contre le volant et se
cacha le visage dans ses mains. Il lâcha ces mots : « Ô Dieu, j’ai honte de
moi. Si Tu me pardonnes, je promets que je vais vivre pour Toi le reste de
mes jours. »
Lorsqu’ils arrivèrent à destination, cela ressemblait exactement à la maison
que Bill avait vue en vision. Il entra confiant à l’intérieur. Le divan et
le fauteuil rouges étaient là, de même que la jeune mère aux cheveux noirs,
le petit lit de fer et le garçon malade.
John demanda à sa femme : « Est-ce qu’il respire encore? »
Les poumons du jeune garçon ne bougeaient pas assez pour que ce soit
perceptible, alors la jeune mère tint un morceau de papier devant le nez du
garçon pour voir s’il y avait le moindre souffle : « Oui, il est toujours en
vie, mais à peine. »
Maintenant, Bill savait que les bras et les jambes affreusement tordus dans
la vision représentaient la pneumonie qui était en train de tuer le petit
garçon : « Amenez-moi le bébé » commanda-t-il.
Le père prit son fils et le tint pendant que Bill priait. Mais au lieu de
s’améliorer, sa condition empira. Le mouvement avait éveillé ses sens. Il
étouffait maintenant à cause des glaires qui étaient dans sa gorge et finit
par arrêter complètement de respirer. Paniquant, ses parents lui tapèrent
dans le dos et le secouèrent jusqu’à ce qu’il remplisse à nouveau ses
poumons d’air. Mais chaque nouveau souffle semblait être le dernier ; il
toussait et crachait tout en luttant pour trouver de l’air, laissant parfois
échapper un faible sanglot entre ses prises d’air.
« Il y a quelque chose qui ne va pas » se dit Bill. Comme il lançait un coup
d’œil à travers la pièce, il réalisa ce qui ne marchait pas. La situation
n’était pas exactement comme celle qu’il avait vue dans la vision. La mère
n’était pas appuyée contre la porte de la cuisine ; Graham Snelling n’était
pas assis sur le divan en regardant par la fenêtre ; et il devait y avoir
une dame plus âgée assise sur la chaise rouge, essuyant ses lunettes.
Pendant que la mère tenait frénétiquement un médicament sous le nez de son
fils, Bill s’assit sur le divan, mortifié. Dans son excitation, il avait agi
avant que la vision soit accomplie et, ce faisant, avait manqué à la volonté
de Dieu. Il ne pouvait même pas dire aux Himmel ce qui n’allait pas. La
seule chose qu’il pouvait faire était de s’asseoir et attendre... et espérer
que la grâce de Dieu ne tiendrait pas compte de son erreur.
Bill resta assis en priant pendant une heure et demie, pendant que l’enfant
luttait désespérément contre la mort. Lorsque les premières lueurs de l’aube
pointèrent à l’horizon, Graham Snelling se leva et dit : « Je vais devoir
partir, car je dois être à mon travail pour huit heures. »
« Bien » dit John Himmel : « Je vais te reconduire. Frère Branham,
voulez-vous aussi partir? »
« Non, je vais rester ici. »
Le cœur lourd, Bill regarda les deux hommes revêtir leur manteau devant la
porte. Il savait que Graham Snelling était l’homme blond de la vision. Si
Graham partait maintenant, quand serait-il de retour? Ce soir? Bill se
demandait si le petit garçon allait pouvoir survivre toute la journée.
En regardant par la fenêtre, Bill vit une femme plus âgée monter le sentier
en direction de la maison. Il réalisa tout à coup qu’elle portait des
lunettes! Bill pensa : « Oh, merci mon Dieu. Maintenant, si seulement ces
deux hommes pouvaient rester ici. »
John Himmel ferma le dernier bouton de son manteau, puis se tourna vers sa
femme et dit : « Je serai bientôt de retour, je n’irai pas au travail
aujourd’hui. »
Graham était en train de mettre sa casquette, lorsque quelqu’un frappa à la
porte de derrière. La mère courut à la cuisine pour ouvrir. La femme âgée
pénétra à l’intérieur, frissonnant à cause du froid.
« Qui est là? » demanda John.
« C’est Maman », répondit la jeune mère, refermant la porte. « Maman, as-tu
pu dormir un peu? »
« Quelques heures,
tout au plus », répondit la femme plus âgée. « Comment va le garçon? Son
état s’est-il amélioré
depuis que je suis partie? »
« Non » répondit la jeune mère, la voix tremblante. « Maman, il se meurt »,
puis elle fondit en larmes. Couvrant son visage de ses mains, elle s’appuya
contre la porte de la cuisine.
« Ça y est! » pensa Bill, son excitation grandissant. « C’est exactement
comme dans la vision. Maintenant, la grand-mère doit s’asseoir sur cette
chaise et essuyer ses lunettes, et Frère Snelling doit s’asseoir ici où je
suis. »
Bill se leva pour que le divan soit libre. Graham Snelling enleva son
chapeau, s’assit à l’endroit où était Bill et regarda à travers la vitre.
« Oh, là, là », pensa Bill. « Une dernière chose doit se produire. »
La grand-mère vint dans la pièce de devant et s’assit sur la chaise rouge.
Ses lunettes étaient embuées à cause du contraste entre l’air froid du
dehors et la chaleur du salon, alors elle les retira de son nez et commença
à les nettoyer... exactement comme dans la vision.
A l’instant où toutes les choses
furent en ordre, Bill put sentir cette pression particulière sur sa
peau, comme si
quelqu’un ou quelque chose se tenait tout près. Bill dit : « Frère Himmel,
me faites-vous toujours confiance en tant que serviteur de Christ? »
« Bien sûr, Frère Branham. »
« Alors, amenez-moi le bébé. »
Les parents avaient laissé le garçon étendu parce que, chaque fois qu’ils le
prenaient, il avait des quintes de toux et manquait complètement de souffle.
Maintenant, sans le moindre doute ou crainte, le père prit son fils dans ses
bras et l’apporta à Bill.
Posant ses mains sur la peau bleutée du bébé, Bill pria : « Père Céleste,
pardonne la stupidité de Ton serviteur qui est allé au-devant de la vision.
Guéris ce bébé au Nom de Jésus-Christ. »
Le petit garçon commença à remuer. Ses joues bleues devinrent roses et ses
yeux sans vie commencèrent à bouger, puis se fixèrent : « Papa! » cria-t-il.
« Oh, Papa, Papa! » Et il se jeta au cou de son père.
Tout le monde dans la pièce se tourna vers le petit garçon en se posant la
même question : « Comment va-t-il? » Le garçon dit qu’il allait bien, mais
Bill dit : « M. Himmel, il ne va pas être complètement guéri avant trois
jours, parce que, dans la vision, il doit faire trois pas avant que ses
membres se redressent complètement. »
John Himmel reconduisit Bill et Graham à Jeffersonville juste à temps pour
qu’ils puissent aller travailler.
Le mercredi soir, Bill raconta la vision et la guérison à sa congrégation,
disant : « Demain après-midi, je veux que vous veniez tous avec moi là-bas
et que vous regardiez à travers les fenêtres. Vous verrez ce petit bonhomme
venir vers moi dans la pièce, une moustache de lait sur sa lèvre supérieure.
Il prendra mes mains dans les siennes et dira : « Frère Branham, je suis
parfaitement guéri. »
Le jeudi après-midi, l’église au complet suivit Bill jusqu’à cette
maisonnette de deux pièces à la campagne. Certains s’agglutinèrent autour
des fenêtres, d’autres se tinrent derrière Bill alors qu’il frappait à la
porte d’entrée. La mère travaillait à la cuisine à l’arrière de la maison.
Bill put l’entendre courir sur le plancher de bois pour venir ouvrir.
« Eh bien, c’est Frère Bill. Entrez et venez voir la
différence dans notre fils, maintenant. »
Bill entra sans dire un mot. À travers la porte de la cuisine, Bill pouvait
voir le petit garçon qui jouait avec des cubes dans un coin de la pièce.
L’enfant se leva et traversa la pièce en titubant. Sa lèvre supérieure était
décorée d’une moustache de chocolat au lait. Il prit les mains de Bill dans
les siennes et dit : « Frère Bill, je suis parfaitement guéri. »
À la réunion suivante de son église, Bill raconta le reste de la vision, à
propos de la fille au bras ratatiné et aux jambes estropiées qui allait être
guérie. Il souligna : « Je ne sais pas ce que ces choses signifient. Je ne
peux vous dire que ce que je vois. »
Deux semaines plus tard, lorsque Bill arriva à son travail le matin, M.
Scott, son contremaître, lui dit : « Il y a une lettre pour toi Bill. Je
l’ai mise dans ton casier. »
Comme Bill rassemblait ses affaires pour son travail de la journée, il
regarda l’adresse de l’expéditeur sur l’enveloppe. Elle venait de Mme Harold
Nail, de South Boston, Indiana. Il n’avait jamais entendu parler d’un
endroit appelé South Boston, Indiana.
Déchirant l’enveloppe et dépliant la lettre, il lut,
Cher M. Branham,
Je m'appelle Mme Harold Nail. J’habite à South Boston, en
Indiana. J’ai une fille estropiée qui est complètement alitée à cause de son
état. Elle a de l’arthrite dans ses articulations et, maintenant, elle crie
jour et nuit de douleur. Je suis méthodiste. J’étais à une réunion de
prières il y a plusieurs semaines... (Bill se sentit défaillir lorsqu' ’il
vit la date. C’était la même nuit que celle où il avait eu la vision de la
jeune fille estropiée qui avait été guérie.) ...quelqu’un m’a donné votre
petit livre Jésus-Christ le même hier, aujourd’hui et pour toujours. Après
avoir lu ce livre, quelque chose dans mon cœur m’a dit de vous écrire pour
vous demander de venir prier pour ma fille.
Bien à vous,
Mme Harold Nail
Ce soir-là, à l’église, après avoir rappelé la vision à sa congrégation,
Bill leur lut la lettre : « Je suis certain qu’il s’agit de la fille de la
vision, mais je n’ai jamais entendu parler de cet endroit. Est-ce que
quelqu’un ici sait où se trouve South Boston? »
George Wright dit : « Frère Branham, je crois que
c’est juste au sud de New Albany. »
Plusieurs personnes voulurent aller avec Bill pour voir l’accomplissement de
la vision : Jim Wiseheart, le diacre âgé ; Meda Broy, qui avait maintenant
vingt-et-un ans ; et M. et Mme Brace, un couple qui avait récemment déménagé
dans la région pour être plus près du Branham Tabernacle, après que Mme
Brace eut été miraculeusement guérie de la tuberculose par les prières de
Bill. En fin de semaine, lorsqu’ils s’entassèrent tous dans l’auto de Bill,
Bill donna à M. Brace un papier avec un nom et deux dates.
« À quoi cela va-t-il nous servir? »
« Quelque part en cours de route, nous allons croiser un cimetière. Tu vas
trouver ce nom et ces dates sur une pierre tombale. »
« Je croyais que tu avais dit n’être jamais allé à
South Boston auparavant? »
« Je n’y suis jamais allé. Ces dates m’ont été données par l’ange du
Seigneur. Lorsque nous les verrons, nous saurons que nous sommes sur la
bonne route. »
Ils prirent la direction du sud, pour découvrir finalement que George Wright
avait pensé New Boston au lieu de South Boston. Ils s’arrêtèrent à un bureau
de poste et apprirent que South Boston était une ville située au nord de
Jeffersonville, juste au-dessus d’Henryville. Redemandant leur chemin à
Henryville, on leur indiqua la direction générale.
Ils suivirent une route boueuse et sinueuse pendant six milles [10 km],
traversant des champs de maïs, passant devant des fermes et escaladant des
collines. Les routes secondaires (ou était-ce des routes principales?) se
séparaient souvent, rendant difficile de suivre toujours la bonne direction.
Soudain, quelque chose agrippa les entrailles de Bill tellement fort qu’il
en perdit presque le souffle. Il rangea son auto sur l’accotement et
s’arrêta.
« Qu’est-ce qui se passe? » demanda Jim Wiseheart.
« Je ne sais pas. Il y a quelque chose qui ne va pas. J’ai besoin d’être
seul un moment. » Bill tremblait légèrement et la sueur coulait sur ses
tempes.
Il sortit et contourna l’auto. Il mit un pied sur le pare-chocs arrière,
priant : « Père Céleste, que veux-Tu montrer à Ton serviteur? » Le vent
printanier était rafraîchissant et bientôt, la pression sur les poumons de
Bill diminua puis disparut. Comme il regardait alentour, il vit une église
loin de la route. À côté de la vieille église se trouvait un petit cimetière
de campagne. « Frère Brace » appela-t-il tout excité : « amène-moi ce
papier. »
Tout le monde sortit de l’auto et suivit Bill dans le cimetière. Juste
derrière le portail se trouvait une grande tombe en marbre. Le nom et les
dates gravés dans la pierre blanche et lisse étaient les mêmes que ceux qui
étaient sur le papier dans les mains de M. Brace.
« Je ne suis encore jamais venu dans cette région » dit Bill : « mais je
sais que nous sommes sur la bonne route. C’était l’ange du Seigneur qui m’a
arrêté. Il ne voulait pas que je manque cet indicateur. »
Sept milles [10,5 km] plus loin, ils arrivèrent à un point de vue d’où ils
purent voir en contre-bas un petit village à un carrefour.
« C’est là » dit Bill. « Voici le magasin à la façade jaune. Maintenant,
observez bien : quand nous monterons, un homme à la moustache blanche va
nous indiquer la direction. Il portera une salopette bleue et une casquette
en velours côtelé jaune. Vous allez voir. »
Mme Brace dit : « Frère Branham, je n’en reviens toujours pas à propos de la
tombe, là-bas. Je n’ai jamais rien vu de semblable arriver auparavant. Si
cet homme se manifeste comme vous l’avez décrit, je ne sais pas ce que je
vais faire. »
« S’il ne se manifeste pas » dit Bill : « alors je suis un menteur. »
Comme l’auto ralentissait pour s’arrêter au carrefour, la porte du magasin
s’ouvrit et un homme en sortit ; moustache blanche, salopette bleue,
casquette en velours côtelé jaune et tout. Mme Brace, qui était assise sur
les genoux de son mari, s’évanouit.
Bill dit : « Maintenant, regardez. Il va agir étrangement parce que la
puissance du Seigneur est si proche. » Baissant la vitre de son auto, il dit
: « Monsieur, pourriez-vous me dire où habite M. Harold Nail? »
Au début, l’homme eut l’air surpris. Puis, comme il parlait, ses yeux se
mirent à rouler d’avant en arrière, comme s’il était nerveux : « Prenez
cette route qui monte pendant environ un demi mille [800 m], ensuite, prenez
la première route à gauche. C’est la deuxième maison à gauche. Vous allez
voir une énorme grange rouge sur la colline. Pourquoi? »
« Il a une fille estropiée, n’est-ce pas? »
« Oui, et alors? »
« Le Seigneur Jésus va la guérir. »
Bill suivit les indications de l’homme à la sortie de South Boston, pendant
que M. Brace frottait le visage de sa femme. Mme Brace reprit ses esprits
juste au moment où Bill tournait dans l’allée des Nale. Bill stationna
l’auto dans la cour et tout le monde sortit. Une femme corpulente ouvrit la
porte de la maison.
« Bonjour. Je suis Frère Branham. »
« J’ai bien pensé que c’était vous. Je suis Mme Harold Nail, qui vous a
envoyé la lettre. »
« Enchanté de vous rencontrer, Mme Nail. Ces gens sont venus avec moi pour
prier pour votre fille. Elle va être guérie. »
« Quoi? » La femme ouvrit tout grand la porte. « Entrez donc. »
Une fois à l’intérieur, Bill n’attendit pas que Mme Nail lui montre le
chemin, mais traversa le couloir plein d’assurance jusqu’à la chambre de la
jeune fille. Les autres le suivirent de près. La pièce correspondait
exactement à sa vision ; le poêle à bois ; le papier peint jaune aux motifs
rouges ; l’enseigne « Que Dieu bénisse notre foyer » au-dessus de la porte ;
le lit en laiton et, couchée sur les draps, la jeune fille aux airs de
garçon, le bras ratatiné et les jambes tordues sous son corps.
Lorsque Mme Brace vit la chambre et la jeune fille exactement comme Bill les
leur avait décrits, elle s’évanouit une seconde fois. Son mari se précipita
vers elle, la souleva et lui tapota le visage, essayant de la ramener à
elle.
Il se produisit à ce moment quelque chose que Bill ne put jamais expliquer
par la suite. Il lui sembla que son esprit quittait son corps et se mettait
à flotter dans un coin au-dessus du groupe. De cette vue générale, il se vit
(ou vit son corps) traverser la pièce et dire : « Sœur, ainsi dit le
Seigneur, tu vas être guérie. » Il se vit poser les mains sur l’estomac de
la jeune fille, exactement comme il l’avait fait dans la vision. Puis, son
esprit rejoignit son corps et il se retrouva les yeux fermés en train de
prier : « Seigneur, je fais ceci en croyant que c’est là Ton commandement. »
La fille cria. Bill ouvrit les yeux et vit que la main ratatinée était
redevenue normale. Dans son excitation, elle utilisa sa main restaurée pour
se soulever sur le lit. Ses jambes se redressèrent et, ce faisant, une jambe
de son pyjama remonta, exposant son genou rond, accomplissant ainsi
parfaitement la vision.
M. Brace avait réveillé sa femme suffisamment pour qu’elle puisse se tenir
sur ses pieds. La jeune fille cria : « Maman! Maman! » : elle balança ses
nouvelles jambes par-dessus le bord du lit, les planta sur le plancher et se
mit debout. Mme Brace jeta un coup d’œil au miracle et s’évanouit de nouveau
dans les bras de son mari.
Peu après, alors qu’ils attendaient dans la pièce de devant, ils virent une
jeune adolescente vêtue d’une robe marcher sur deux bonnes jambes en se
brossant les cheveux avec la main qui avait été tordue et inutile pendant
des années. Cette fois-ci, Mme Brace conserva son sang-froid.