La Série Surnaturelle
La vie de William Marrion Branham
Owen Jorgensen
Le miracle de M-i-i-i-lltown
Chapitre 25
1940
Bill s’assit au bord du lit et pria pendant un long moment, sans ressentir
de soulagement. Levant les yeux, il remarqua une tache blanche dans un coin,
près de l’endroit où sa mère avait mis de la lessive en pile sur une chaise.
Assez étrangement, cela semblait luire doucement. Lorsque la tache blanche
s’approcha de lui, Bill sut qu’il s’agissait de l’ange du Seigneur. Ça
ressemblait à un petit nuage lumineux. La lumière sembla se fondre en lui et
il se retrouva bientôt en train de marcher dans un désert sombre. Quelque
part au loin, il entendit le bêlement d’un agneau. «
Bêêêêê. Bêêêêê. » C’était un cri tellement désespéré. Bill dit : «
Pauvre petit. Je vais voir si je peux le trouver. » Il s’avança donc en
direction du bruit pitoyable, regardant derrière les arbres et sous les
buissons, cherchant une petite boule de laine apeurée. Comme il
s’approchait, le bêlement devint de plus en plus fort et sembla changer de
hauteur et de ton jusqu’à devenir presque humain. Bill s’arrêta et écouta
attentivement. L’agneau semblait bêler : «
M-i-i-i-lltown... M-i-i-illtown. » Puis la vision le quitta.
Bill n’avait jamais entendu parler d’un endroit appelé Milltown, alors, à la
réunion du soir suivante, il demanda à sa congrégation si quelqu’un avait
déjà entendu parler de cette ville.
George Wright dit : « Je sais où c’est, Frère Branham. C’est une petite
ville à environ 35 milles [58 km] à l’ouest d’ici, non loin de chez moi. »
« Je vais m’y rendre samedi prochain » expliqua Bill. « Il s’y trouve
quelqu’un qui a besoin d’aide. » Puis, il raconta la vision à sa
congrégation.
« Je vais vous y conduire », offrit George Wright.
Milltown s’avéra être une communauté rurale typique de l’Indiana. L’endroit
le plus fréquenté de la ville était l’épicerie au centre du village, où tous
les fermiers venaient faire leurs provisions pour la semaine. Descendant la
rue principale, Bill pensait : « Je me demande ce que Dieu attend de moi. »
Comme il n’avait pas d’autre idée, Bill décida de prêcher au coin de la rue,
près du marché. Il entra dans un magasin, acheta une caisse en bois, la
retourna à l’envers au coin de la rue, monta dessus, la Bible en main, pour
prêcher aux passants. Mais bien qu’il ait fait ce genre d’évangélisation au
coin des rues à Jeffersonville des centaines de fois, il ne trouvait pas de
sujet de prédication. Il devint bientôt évident que les passants n’allaient
pas s’arrêter pour écouter un sermon hésitant et impromptu.
George Wright dit : « Frère Branham, je m’en vais en haut de la colline pour
vendre des œufs à une connaissance. Voulez-vous venir avec moi? »
« Je ferais bien d’y aller. Je n’arrive pas à faire grand-chose ici. »
En montant sur la colline, ils passèrent devant une grande église blanche.
Bill commenta : « C’est un beau bâtiment. »
« Oui » répliqua George Wright. « Vous savez, c’est vraiment dommage pour
cette église. C’était une église baptiste, mais le dernier pasteur a eu de
gros ennuis. La congrégation l’a quitté pour aller dans d’autres églises et
la ville a racheté le bâtiment. »
« Frère George, arrêtez-vous et déposez-moi ici. Je sens quelque chose qui
m’attire vers cette église. »
« D’accord, Frère Branham, je vous reprendrai au retour. »
Après le départ de l’auto, Bill monta les marches et essaya d’ouvrir la
porte. Elle était verrouillée. Il s’assit sur les premières marches, joignit
les mains, pencha la tête et pria : « Seigneur, si Tu me veux dans cette
église, ouvre ces portes pour moi. »
Bientôt, un homme arriva et dit : « Bonjour. Je vous ai vu vous asseoir ici
et je me suis demandé si vous aviez besoin d’aide. »
« Eh bien, je suis un prédicateur » expliqua Bill : « et ça m’aurait
intéressé de visiter cette église, mais la porte est verrouillée. »
L’homme dit : « J’ai la clef. »
« Merci Seigneur! » murmura Bill.
L’étranger déverrouilla les portes de l’église et fit entrer Bill dans le
petit hall conduisant à un grand sanctuaire qui pouvait asseoir près de
quatre cents personnes.
« À qui appartient cette église? » demanda Bill.
« À la ville. Je suis seulement responsable de l’entretien. On ne l’utilise
que pour des mariages ou des funérailles. »
« Serait-il possible que j’y tienne des réunions de réveil? »
« Il faut que vous en parliez à la ville. »
Lorsque George Wright revint, les deux hommes cherchèrent le maire, qui
répondit : « Bien sûr. Mais il faudra y installer un compteur ; il n’y a
plus d’électricité dans le bâtiment. »
« Cela ne sera pas un problème, dit Bill, je travaille pour la compagnie des
Services publics de Jeffersonville. J’installerai mon propre compteur. »
Le samedi matin suivant, Bill installa son compteur dans la vieille église,
puis commença à rendre visite aux gens de la région, leur parlant des
réunions de réveil qui allaient commencer le mercredi soir suivant. Son
premier contact ne fut pas très encourageant : « Bonjour monsieur Je
m’appelle William Branham. »
« Bonjour. Moi je suis M. J- »
« M. J-, nous allons tenir des réunions de réveil, mercredi prochain, dans
la vieille église blanche sur la colline. Voulez-vous venir? »
M. J- s’avéra être un type coriace : « J’élève des poulets. Je n’ai pas le
temps d’aller à l’église. »
« Eh bien, ne pourriez-vous pas laisser vos poulets un petit moment pour
aller à l’église? » insista Bill.
« Écoutez-moi bien Monsieur », coupa l’homme. « Occupez-vous de vos propres
affaires et je prendrai soin des miennes. »
« Je ne voulais pas vous offenser, Monsieur! »
Et le reste de la journée se déroula de façon similaire. La plupart des gens
se montrèrent plus courtois avec lui que M. J-, mais toutes les personnes à
qui il parla résistaient à l’idée d’un réveil. Bill se serait senti
découragé s’il n’avait pas eu l’assurance qu’il était là par la parole de
Dieu. Quelque part à Milltown, un agneau de Dieu appelait à l’aide en
bêlant. Comme la vision ne lui avait donné qu’un seul petit détail, le nom
de la ville, Bill savait qu’il devait continuer d’essayer jusqu’à ce que le
l’agneau dans le besoin arrive.
George Wright plaça une annonce dans le journal local à propos des réunions
de réveil, décrivant son pasteur comme étant « un autre Billy Sunday »,
comparant Bill au célèbre joueur de base-ball devenu un évangéliste et qui
était mort en 1935. Cette publicité aurait pu attirer une petite foule
curieuse, mais l’annonce mentionnait aussi « guérison divine » et disait que
le Révérend William Branham allait prier pour les malades. L’attitude
conservatrice de Milltown se refroidit face à des idées aussi radicales. Ce
dimanche-là, les pasteurs locaux avertirent leur congrégation de ne pas
prendre part à de telles folies. L’assemblée locale de L’Église de Christ
alla même jusqu’à menacer d’excommunier les membres de l’église qui
oseraient assister aux réunions de réveil. Avec une telle opposition, il
n’était pas surprenant que seulement quatre personnes aient pris place sur
les bancs de la vieille église baptiste de Milltown : George Wright, sa
femme, son fils et sa fille. Bill prêcha son message de la même façon qu’il
l’aurait fait si le bâtiment avait été plein.
Le jeudi soir semblait être parti pour être une répétition du soir
précédent. Mais cinq minutes avant le début du service, un homme, la pipe à
la bouche, monta les marches et regarda par les portes ouvertes.
Remarquant l’homme qui se tenait là, George Wright se dépêcha d’aller à sa
rencontre et l’invita à entrer : « Eh bien, M. Hall, c’est bon de vous voir
ici. »
L’homme avait les cheveux ébouriffés, ses vêtements étaient sales et il lui
manquait plusieurs dents. Il retourna sa pipe et la secoua contre le
bâtiment, laissant les cendres tomber sur les marches : « Où est ce petit «
Billy Sunday » dont tu vantes les mérites? Je voudrais le regarder. »
M. Hall se glissa sur le premier banc qu’il rencontra, tandis que George
Wright allait devant pour avertir son pasteur : « Frère Bill, le pire
renégat du pays vient d’entrer dans l’église. Il s’appelle William Hall. Il
dirige la carrière sur la colline. Oh, c’est un vrai faiseur de trouble. »
Bill était assis derrière la chaire en train de lire sa Bible. Il mit son
signet entre les pages et se leva.
« C’est peut-être lui que le Seigneur veut sauver. »
Comme Bill commençait à prêcher, George Wright alla à l’arrière de l’église
et invita M. Hall à s’asseoir plus à l’avant.
« Non merci, je vais m’occuper de mes affaires ici, tu peux t’occuper des
tiennes à l’avant. »
Mais, lorsque Bill eut terminé de prêcher, M. Hall s’était non seulement
approché, mais il était agenouillé à l’autel devant la chaire, pleurant et
demandant à Dieu d’avoir pitié de son âme.
Le vendredi soir, le nouveau William Hall avait contraint une douzaine de
ses voisins et employés à venir avec lui à la réunion de réveil. À la fin du
service, Bill offrit de prier pour les malades. Plusieurs s’avancèrent et
furent guéris.
Un peu plus tard, M. Hall dit : « Vous savez Frère Branham, pendant que je
parlais des réunions et invitais les gens à y assister, j’ai découvert qu’il
y avait une jeune fille ici qui vous demandait. Elle s’appelle Georgie
Carter et elle a la tuberculose ; elle l’a depuis des années. Georgie a
vingt-sept ans et si je me rappelle bien, elle est alitée depuis neuf ans et
huit mois. Elle est en piteux état ; elle n’a que la peau et les os. Elle
est tellement faible qu’on ne peut même pas la soulever pour mettre une
cuvette sous elle. Il semble qu’elle ait lu un petit livre que vous avez
écrit à propos de Jésus qui est le même aujourd’hui que hier et elle a
supplié que vous veniez prier pour elle. »
L’intuition de Bill lui dit que c’était elle, l’agneau bêlant de la vision :
« Qu’attendons-nous? Allons prier pour elle. »
« J’ai bien peur que ça ne soit pas si simple. Ses parents appartiennent à
L’Église de Christ, alors ils ne veulent rien avoir à faire avec vous. Ils
pensent que vous êtes un imposteur. »
« Dans ce cas » dit Bill : « je vais remettre son cas entre les mains du
Seigneur dans la prière. »
Les guérisons qui eurent lieu le vendredi soir suscitèrent des discussions
et des débats dans la communauté. Certains se mirent en colère, d’autres se
moquèrent ; mais quelques-uns étaient curieux. Le samedi soir, trente
nouveaux visages prirent place sur les bancs de la vieille église blanche et
une douzaine d’autres miracles attisèrent la polémique locale.
Après le service, M. Hall rapporta une bonne nouvelle : « Les Carter ont
changé d’avis et vont vous laisser prier pour leur fille ce soir, pour
autant que ni l’un ni l’autre des parents ne soit obligé de rester dans la
maison lorsque vous viendrez. »
« J’imagine qu’ils ont dû demander la permission à leur pasteur avant de me
permettre d’y aller » commenta Bill. « Bon, allons-y quand même. »
Ce que Bill vit en entrant dans la chambre de la jeune femme le bouleversa
profondément. Pendant les neuf années de sa maladie, Georgie Carter avait
perdu tellement de poids qu’elle avait maintenant l’air d’un squelette
recouvert de peau. Ses bras avaient l’air de manches à balais. Elle ne
devait pas peser plus de 50 livres [23 kg]. À côté d’elle, sur les draps, se
trouvait une copie du petit livre de Bill Jésus-Christ le
même hier, aujourd’hui et pour toujours.
Les lèvres de Georgie remuèrent, mais Bill ne pouvait pas entendre ce
qu’elle disait. Il marcha jusqu’à son lit et se pencha vers elle. Elle
murmura : « Frère Branham, je croyais vraiment que vous viendriez et que
Jésus me rétablirait. »
« Sœur, s’Il le fait, voulez-vous Le servir de tout votre cœur? »
Elle acquiesça faiblement et répéta : « De tout mon cœur. » Puis, elle se
mit à tousser. Son infirmière tint une tasse devant sa bouche, mais la
pauvre fille était si faible qu’elle n’avait pas assez d’énergie pour
cracher.
Pour encourager sa foi, Bill raconta à Georgie la guérison de la fille de
Mme Nail. Georgie demanda : « Pourquoi ne pouvez-vous pas faire la même
chose pour moi? »
« Sœur, c’était une vision. Je dois d’abord avoir une vision. Dans deux
semaines, je tiendrai de nouveau quatre jours de réunions de réveil ici en
ville. Peut-être que d’ici là, Dieu va me montrer quelque chose de plus
explicite. Pour le moment, je peux prier pour vous ; c’est tout ce que je
sais. Si Dieu me montre quelque chose de plus, je reviendrai. Mais je crois
toujours qu’une fois que nous aurons prié ensemble, vous vous sentirez
mieux. »
Lorsque, deux semaines plus tard, s’ouvrirent de nouveau les portes de la
vieille église baptiste de Milltown, Bill prêcha sur la grâce salvatrice et
la puissance de guérison de Jésus-Christ à deux fois plus de gens que la
fois précédente. La foule augmentait chaque soir et produisait plus de
conversions, amenant Bill à prévoir un service de baptême le samedi
après-midi.
Le samedi 1er juin 1940, ils se retrouvèrent à Totem Ford, près
de la rivière Blue. Bill fut surpris de constater qu’il y avait plus de gens
sur les rives de la rivière qu’il y en avait eu pour une seule soirée de
réunion de réveil. Lorsqu’il le mentionna à George Hall, celui-ci lui
répondit que le pasteur d’une congrégation locale avait encouragé ses
membres à venir observer.
Bill avança jusqu’à la taille dans l’eau froide et agitée, puis invita les
nouveaux croyants à venir sceller leur témoignage par le baptême. Une
cinquantaine de personnes répondirent. Un à un, Bill les baptisa au Nom du
Seigneur Jésus-Christ. Lorsqu’il arriva à la dernière personne, il pria : «
Seigneur, comme tu as envoyé Jean pour baptiser Jésus, Jésus nous a dit :
‘Allez dans le monde entier et prêchez la bonne nouvelle à
toute la création. Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais
celui qui ne croira pas sera condamné. Voici les signes qui accompagneront
ceux qui auront cru : en mon nom ils chasseront les démons ; ils parleront
de nouvelles langues ; ils saisiront des serpents ; s’ils boivent quelque
breuvage mortel, il ne leur fera point de mal ; ils imposeront les mains aux
malades et ceux-ci seront guéris. »
[28]
À ce moment-là, la foule se mit à crier, à hurler et à serrer et à taper des
mains comme si l’Esprit de Dieu se mouvait de l’un à l’autre. Presque tous
les gens qui avaient encore des vêtements secs firent la queue pour être
baptisés, y compris le pasteur qui était venu avec sa congrégation. Un à un,
ces personnes entrèrent dans la rivière ; des hommes en costumes et cravate,
des femmes en robes de soie, des parents avec leurs enfants. Bill continua à
baptiser des personnes jusque tard dans l’après-midi. Lorsqu’il eut terminé,
ses jambes étaient tellement gelées et engourdies qu’il fallut deux hommes
pour le sortir de l’eau.
George Wright conduisit Bill chez lui pour manger et se reposer avant la
réunion du soir. Lorsqu’ils arrivèrent, il restait encore une heure avant
que le souper soit prêt. Bill dit à son ami : « Je vais aller dans la forêt
pour prier. J’ai un lourd fardeau sur mon cœur. »
« Pas de problème, répondit George, mais venez aussitôt que je ferai sonner
la cloche, parce qu’il va falloir se dépêcher de manger si on veut arriver à
l’église à l’heure. »
Bill se fraya un chemin dans les bois et s’agenouilla près d’un buisson. Le
soleil se couchait et les ombres s’allongeaient. Bien qu’il ait le cœur
lourd, Bill n’arrivait pas à se concentrer dans la prière. L’air était frais
et il n’arrivait pas à s’installer confortablement ; des épines traversaient
ses pantalons et il était inquiet d’arriver en retard à l’église. Mais il
persévéra jusqu’à ce que les ailes de sa prière parviennent sous le vent de
l’Esprit de Dieu, élevant Bill bien au-dessus de choses aussi futiles que
les épines ou le froid. La cloche annonçant le repas sonna, mais Bill priait
trop profondément pour l’entendre. La cloche sonna et sonna sans résultat.
Bientôt, les Wright se mirent à chercher leur pasteur dans les bois à l’aide
de lampes de poche.
Ouvrant les yeux, Bill sursauta en voyant une lumière ambre briller sur lui
qui semblait rayonner du buisson. Une voix profonde résonna dans les bois,
disant : « Passe chez les Carter et Georgie va être guérie.
»
Poussant des cris de joie, Bill sauta sur ses pieds et partit en courant en
direction de la ferme des Wright. Il traversa un champ, contourna un
bâtiment et se retrouva dans les bras de George Wright.
« Frère Bill, où étiez-vous? Il y a des gens partout sur la colline qui vous
cherchent. Maman attend depuis une heure pour servir le souper »
« Frère Wright, je ne souperai pas ce soir. Georgie Carter va être
complètement guérie. C’est ‘ainsi dit le Seigneur’! »
George Wright haussa les sourcils : « Vous voulez dire qu’elle va pouvoir se
lever? »
« Elle va être normale et complètement guérie dans quelques minutes, dès que
j ’arriverai là-bas. »
« Venez, alors, dit George, je vais aller chercher l’auto pendant que vous
irez dire à Maman que vous êtes retrouvé. Elle pourra le dire aux autres. »
M. Brace était à la maison. Lorsque Bill lui annonça la bonne nouvelle, il
ne pouvait y croire : « Vous voulez dire ce paquet d’os? Puis-je y aller
avec vous? »
« Certainement. »
George arriva avec son auto et ils se retrouvèrent bientôt tous les trois
parcourant à toute allure les huit milles [13 km] de routes en terre battue
conduisant à Milltown.
AU MÊME MOMENT, Mme Carter s’inquiétait en
faisant les cents pas sur le plancher de sa maison. Plus tôt ce jour-là,
elle s’était assise au chevet de sa fille pendant que Georgie avait conclu
un marché avec Dieu. Georgie avait promis à Dieu que s’Il la guérissait ce
jour-là, elle irait à Totem Ford pour être baptisée avec les autres. Lorsque
l’après-midi passa sans qu’il y ait de miracle, Georgie fut dans tous ses
états, pleurant jusqu’à l’épuisement. Mme Carter était maintenant tracassée
par la situation. Elle alla à la cuisine, s’agenouilla et pria : « Cher
Dieu, aie pitié de Georgie. La pauvre petite est étendue là si proche de la
mort et maintenant cet imposteur est venu dans la région en prétendant être
quelqu’un qu’il n’est pas et il a rendu mon enfant toute confuse et
désemparée. Ô Dieu, aie pitié. »
Elle leva la tête et s’essuya les yeux. Les rayons du soleil couchant
inondaient la cuisine d’une lumière rouge intense. Mme Carter vit l’ombre
d’un homme bouger sur le mur. Elle pensa tout d’abord que c’était son mari
qui venait d’entrer dans la maison. Mais lorsque les contours se précisèrent
devant elle, on aurait dit l’ombre de Jésus-Christ.
Elle bégaya : « Qui-qui êtes-vous? »
L’ombre se retourna et regarda en direction de la porte. Mme Carter se
retourna aussi et fut surprise de voir ce prédicateur, Billy Branham, entrer
sans même avoir frappé à la porte. Elle savait que c’était Branham parce
qu’elle avait vu sa photo dans le petit livre qui avait rendu sa fille si
agitée. Branham tenait une Bible sur son cœur et il était suivi de deux
autres hommes. L’un d’eux était un homme de la région, George Wright, tandis
que l’autre était un homme qu’elle ne connaissait pas. Ces trois hommes
passèrent devant elle en direction de la chambre de Georgie ; mais, ils
disparurent avant d’y arriver.
Mme Carter mit sa main devant la bouche et cria : « Oh, là là, je dois être
endormie! » Elle courut à la chambre de sa fille en balbutiant : « Georgie!
Georgie! Tu ne devineras jamais ce qui vient de se produire. J’étais dans la
cuisine en train de prier et... »
Elle entendit une automobile monter l’allée et s’arrêter devant la maison.
Des portières claquèrent. Mme Carter regarda dans la cuisine par la porte
ouverte et vit le jeune Révérend Branham entrer dans la maison avec sa Bible
sur son cœur. Deux hommes marchaient derrière lui. C’était si bizarre
qu’elle n’y comprenait rien. Ses yeux roulèrent en arrière et elle
s’évanouit, frappant le plancher comme un sac de farine tombé d’une chaise.
LORSQUE BILL
sortit de l’auto devant la maison
des Carter, il sentit l’euphorie d’une confiance absolue envahir tout son
corps. Maintenant, rien ne pouvait l’arrêter. Il avait la vision. Il savait
où il se tenait. Comme il montait les marches vers la porte d’entrée, il lui
sembla que son esprit se séparait de son corps. Il se vit ouvrir la porte et
entrer sans frapper. Là, au lit, était étendue cette pauvre jeune femme,
Georgie Carter, maigre et ratatinée comme une momie égyptienne. Sa mère,
agenouillée près du lit, lui jeta un regard et s’évanouit. Bill se regarda
marcher vers le lit. Puis, son esprit retourna dans son corps.
Il se pencha au-dessus de la fragile jeune fille sous les couvertures et dit
: « Sœur Georgie, le Seigneur Jésus-Christ, que tu as aimé et à qui tu as
fait confiance tout ce temps, ce même Jésus m’a rencontré dans les bois, ce
soir, et m’a dit par vision que tu allais être guérie. C’est pourquoi je te
prends par la main en disant, au Nom de Jésus-Christ, mets-toi sur tes pieds
et sois guérie. »
Saisissant sa main osseuse, Bill la tira doucement. Mais il n’avait pas
besoin d’être doux ; Georgie cria, alors qu’une puissance surnaturelle
entrait dans son corps. Rejetant ses couvertures, elle bondit de sa prison
aussi pleine d’entrain qu’une écolière le jour de Noël.
La jeune sœur de Georgie entendit le tapage et arriva dans la pièce en
courant. Elle vit sa grande sœur qui avait été alitée depuis aussi loin
qu’elle pouvait se rappeler, danser à travers la pièce comme un petit
squelette. Le choc lui fit perdre momentanément la raison. Elle se mit à
crier et à se tirer les cheveux en courant vers la porte d’entrée qui était
toujours ouverte, hurlant : « Il est arrivé quelque chose! Il est arrivé
quelque chose! »
M. Carter arrivait de l’étable, transportant un sceau de lait. Entendant les
cris et craignant le pire, il laissa tomber le lait et courut à toutes
jambes vers la maison juste pour s’arrêter sur le seuil et regarder avec
étonnement sa fille Georgie, assise au piano, jouer un cantique qu’elle
avait appris à jouer lorsqu’elle était une petite fille,
Jésus, garde-moi près de la croix,
Là où une précieuse fontaine,
Gratuite pour tous, un flot de guérison,
Coule du mont Calvaire.
Plus tard, George Wright conduisit jusqu’en haut de la colline pour annoncer
à la foule qui attendait à l’église, pourquoi le Révérend Branham était en
retard. Tout le monde voulut être témoin du miracle. Lorsqu’ils arrivèrent à
la maison des Carter, Georgie marchait à quatre pattes dans le jardin de
devant, embrassant l’herbe et les fleurs.[29]
Bien entendu, le soir suivant, la vieille église était remplie à craquer.
Lorsque le service fut terminé, William Hall demanda : « Frère Branham,
qu’envisagez-vous de faire avec cette église maintenant? »
« Je n’en sais rien. Je n’ai pas réfléchi plus loin
que de trouver l’agneau de la vision »
George Wright observa : « Ce serait une honte de laisser ces gens s’en aller
sans leur donner une bonne base des enseignements fondamentaux de la Bible.
»
Bill acquiesça : « J’imagine que je pourrais revenir ici régulièrement en
attendant que Dieu appelle quelqu’un d’autre pour faire ce travail. »
M. Hall, qui devint plus tard le pasteur de l’Église Baptiste de Milltown,
exprima son approbation : « Ça serait bien d’utiliser cette belle vieille
église pour autre chose que des funérailles. Il semble y en avoir bien trop
ces temps-ci. Il y en aura encore d’autres lundi. »
« Oh, est-ce quelqu’un que je connais? » demanda
George.
« J’imagine que vous connaissiez M. J-. »
George et Bill échangèrent un regard. George dit : « Je suppose qu’il
n’élèvera plus de poulets. »
Bill ajouta : « C’est dommage qu’il n’ait pu trouver
le temps de s’occuper de son âme. »