La Série Surnaturelle
La vie de William Marrion Branham
Owen Jorgensen
Le grand test
Chapitre 40
1947
EN NOVEMBRE 1947, William Branham commença son tour du Nord-ouest du Pacifique avec une campagne de guérison de quatre jours à Vancouver en Colombie-Britannique. La coopération entre les églises des dénominations locales surpassait tout ce que la ville de Vancouver avait vu auparavant. Le grand auditorium civique était rempli à capacité tous les soirs. Soir après soir, les réunions étaient stupéfiantes. Un évangéliste local, Ern Baxter, fut tellement impressionné que, comme Jack Moore et Gordon Lindsay, il annula ses engagements afin de pouvoir suivre les campagnes Branham de ville en ville.
Le prochain arrêt de Bill fut à Portland, Oregon. Comme à Vancouver, des centaines de ministres locaux coopérèrent pour que les réunions soient un succès. La première soirée, 7 000 personnes pénétrèrent dans l’auditorium avant que le chef du département des pompiers ordonne de fermer les portes. Des milliers de gens durent demeurer à l’extérieur.
Ce fut lors du troisième soir de la campagne de Bill à Portland que Satan essaya de le détruire. Gordon Lindsay faisait chanter, à la foule, la chanson thème de Bill « Crois seulement, crois seulement, tout est possible, crois seulement » pendant que Bill se dirigeait vers l’estrade. Après avoir salué l’auditoire, Bill encouragea les gens à avoir foi en Dieu pour les guérisons et les miracles. Pendant qu’il parlait, il remarqua un grand homme vêtu d’un complet gris qui descendait avec détermination l’allée centrale vers la plate-forme. Lorsque l’homme commença à monter les marches de l’estrade, Bill se demanda s’il était un des placiers qui avait un message important à lui transmettre. Peut-être quelqu’un s’était-il évanoui ou avait fait une crise cardiaque et avait besoin de prière immédiatement. Mais lorsque l’homme atteint l’estrade, Bill constata que quelque chose n’allait pas, vraiment pas.
Le colosse s’arrêta. Ses yeux roulaient de gauche à droite, regardant d’abord vers l’auditorium bondé puis vers les 300 personnes qui étaient sur la plate-forme. Il concentra finalement son attention sur le petit prédicateur qui se tenait derrière la chaire. Le grand homme se renfrogna. Sa mâchoire inférieure avançait et reculait, faisant grincer ses dents. Il avait levé les deux poings comme s’il s’apprêtait à les utiliser. Il fit un pas en avant, grognant : « Espèce d’hypocrite, serpent dans l’herbe. Je vais te montrer quel genre d’homme de Dieu tu es réellement. Je vais briser chaque os de ton petit corps chétif. »
Sans dire un mot, Bill se retourna et fit face à la menace. Le colosse semblait plus que capable d’exécuter sa menace. Il mesurait plus de six pieds [près de 2 m] et devait peser au moins 250 livres [115 kg]. En comparaison, le poids de Bill avait baissé à 118 livres [53 kg]. Les bras de cet homme délirant semblaient être plus gros que les cuisses de Bill.
Lentement, l’homme s’approcha. Deux policiers arrivèrent de la foule pour l’intercepter mais Bill, ignorant sa peur, leur fit signe d’arrêter et dit : « Ceci n’est pas une situation qui concerne la chair et le sang. C’est une bataille entre des puissances spirituelles. »
Les deux officiers reculèrent à contrecœur et observèrent le maniaque qui continuait toujours à avancer lentement, délibérément. Le colosse dit en grognant : « Imposteur, prétendant être un serviteur de Dieu. Je vais montrer à ces gens que tu n’es rien d’autre qu’un menteur. Je vais te battre à mort et te jeter sur leurs genoux. »
Le géant s’arrêta à six pieds [2 m] de Bill. Il était si grand que Bill devait lever la tête pour voir son visage. Silencieusement, Bill pria : « Cher Dieu, le seul espoir que j’ai est en Toi. »
Il entendit un son familier, comme le souffle du vent, whoossssh, puis sentit la présence de l’ange du Seigneur s’approcher. Instantanément, les craintes de Bill s’évanouirent, submergées par un amour profond.
Le maniaque continuait ses imprécations : « Imposteur, je vais briser chaque os de ton petit corps chétif. » Ses muscles se tendirent et ses poings se resserrèrent.
Bill pensa : « Pauvre homme, il ne sait pas ce qu’il fait. » Puis il ouvrit la bouche, ayant l’intention de dire : « Je ne ferais pas cela si j’étais vous, mon ami », mais les mots qui sortirent de sa bouche furent différents. Sans avoir planifié dire cela, il dit : « Ainsi dit le Seigneur, “Parce que tu as défié l’Esprit de Dieu ce soir, tu vas tomber à mes pieds, en courbant l’échine devant le Nom de Jésus-Christ.” »
Le colosse cracha un gros bouchon de salive et de mucus directement sur le visage de Bill. Puis il grogna : « Hypocrite, je vais te montrer qui va tomber aux pieds de qui. » Avançant d’un pas, il éleva son poing dans les airs, prêt à frapper.
Bill dit doucement : « Satan, sors de cet homme. »
Telle une statue, le bras du maniaque se figea dans les airs. Ses yeux devinrent ronds, sa bouche s’ouvrit et sa langue se mit à rouler et tourner dans tous les sens, hors de contrôle. Il gémit comme un chien battu alors que ses yeux roulaient dans leurs orbites et il s’écroula sur le sol, inconscient. Sa tête atterrit sur les souliers de Bill et son bras s’enroula autour du pied de Bill, le serrant si fort que Bill ne pouvait plus bouger.
Les deux policiers se ruèrent à l’avant et s’agenouillèrent près de l’homme inconscient. Un des officiers leva la tête et demanda : « Est-il mort? »
« Non » dit Bill. « C’était seulement Dieu montrant sa puissance pour forcer ce démon à s’incliner devant Lui, c’est tout. »
« Est-ce que tout rentrera dans l’ordre.. .là-haut? » demanda le policier en montrant du doigt la tête de l’homme.
« Non, Monsieur, répondit Bill, s’il était prêt à abandonner cet esprit, le démon ne reviendrait pas. Mais il pense qu’il a raison. Il adore cet esprit alors il le reprendrait volontiers. Pourriez-vous l’enlever de sur mes pieds? »
Les policiers soulevèrent le bras du colosse et plusieurs hommes aidèrent à le transporter hors de l’auditorium. Avant de quitter, un des policiers dit : « Je connais cet homme. Il a eu plusieurs démêlées avec la loi dans le passé suite aux ennuis qu’il créait dans les services religieux. Il avait été placé dans une institution mais il s’en est échappé. Nous avons un mandat d’arrêt contre lui. Hier seulement, il a brisé la mâchoire d’un homme, le frappant tellement fort qu’il s’était écroulé dans la rue. On dirait qu’il s’est finalement attaqué à plus fort que lui ce soir. »
Retournant sur l’estrade, Bill s’adressa à l’auditoire. « Comme vous pouvez le constater, notre Père Céleste a tout pouvoir dans les cieux et sur la terre... »
À l’avant, un homme malade étendu sur une civière cria : « Oui, c’est vrai! Il m’a guéri! » et il se leva de sa civière. À l’autre extrémité du bâtiment, un homme appuyé sur des béquilles cria : « Il m’a guéri aussi! » Lançant ses béquilles dans les airs, il se mit à courir dans l’allée sur deux bonnes jambes. Un autre homme se leva de son fauteuil roulant, s’écriant : « Moi aussi! » À partir de cet instant, la puissance de Dieu éclata dans l’auditorium, touchant chaque cœur qui s’élevait dans la foi pour croire à un miracle ou à la guérison du Tout-Puissant.
La tournée rapide de Bill dans le Nord-ouest du Pacifique se termina à Ashland, Oregon, après 15 jours seulement. Gordon Lindsay écrivit à ce sujet, disant : « En 14 jours de réunions, avec seulement un petit nombre d’annonces dans les journaux, 70 000 personnes ont entendu l’Évangile de guérison et au moins 1 000 d’entre elles étaient des ministres. » [61] C’était un accomplissement stupéfiant.
À LA FIN DE NOVEMBRE 1947, Bill s’envola pour Phœnix, Arizona, pour tenir trois réunions les vendredi, samedi et dimanche. Une fois rendu à Phœnix, Bill entendit dire que les ministres qui parrainaient la campagne, impressionnés par les comptes rendus de Calgary, avaient planifié leur propre « ligne aux miracles » pour le dimanche soir. L’ayant fait une fois auparavant, Bill ne se sentait pas mal à l’aise de le faire encore.
Une heure avant la réunion du vendredi soir, l’ange du Seigneur apparut soudainement pendant que Bill priait dans une petite pièce derrière l’estrade. Comme toujours, l’ange avait les bras croisés sur sa poitrine et ce feu surnaturel tournoyait au-dessus de sa tête. L’ange ne bougea ni ne parla. Son visage avait toujours eu l’air sévère mais cette fois-ci, on aurait dit qu’il fronçait les sourcils et le regardait d’un œil réprobateur. Rempli de crainte, Bill poussa un cri et tomba face contre terre. Entendant le cri, Gordon Lindsay se précipita dans la pièce. Aussitôt, l’ange s’évapora comme dans un brouillard et disparut.
Pendant les deux jours suivants, Bill s’inquiéta au sujet de cette visitation. Pourquoi n’avait-il pas vu l’ange pendant sept mois? Pourquoi l’ange lui était-il apparu maintenant? Et pourquoi n’avait-il pas parlé? Était-il fâché? Bill ne pouvait pas oublier le regard réprobateur de l’ange.
À chaque soir de la campagne à Phœnix, Bill prêchait environ une demi-heure avant d’appeler la ligne de prière. Son sujet portait sur les enfants d’Israël traversant le désert vers la terre promise. Le dimanche soir, alors que la foule attendait anxieusement de voir la « ligne aux miracles », Bill prit son texte dans Nombres au chapitre 22 où Dieu dit au faux prophète Balaam de ne pas aller avec le prince Balak pour maudire Israël. Balaam continuait à demander à Dieu s’il pouvait y aller quand même jusqu’à ce que Dieu le lui permette finalement. Puis l’ange du Seigneur rencontra Balaam sur sa route et l’aurait tué si l’âne de Balaam ne lui avait pas sauvé la vie en s’écartant du chemin par trois fois.
Pendant que Bill dénonçait Balaam pour sa désobéissance au premier commandement de Dieu, il réalisa soudain qu’il était coupable du même crime. Dieu ne lui avait-Il pas déjà dit qu’il mettait trop d’emphase sur les miracles? Cela pouvait-il être la raison pour laquelle l’ange lui était apparu deux soirs plus tôt? Était-ce pour l’avertir qu’il désobéissait au Seigneur en permettant à ces « lignes aux miracles » de continuer? Bill se sentit si faible à l’intérieur qu’il lui semblait que ses genoux allaient flancher. Agrippant la chaire, il essaya de continuer son sermon mais sa conscience coupable le condamnait tellement qu’il dut arrêter.
Pendant que la « ligne aux miracles » se formait, Bill pria silencieusement : « Père Céleste, si j’ai mal fait et si ce n’est pas Ta volonté divine que je me concentre sur les miracles, s’il Te plaît, montre-le moi clairement. Si une personne dans la ligne de prière n’est pas guérie ce soir, alors je saurai que je ne suis pas dans Ta volonté et je ne laisserai plus personne amener les pires cas en premier ou former une autre “ligne aux miracles.” »
Une mère et sa fille furent les premières à s’avancer. Bill demanda à la petite fille où elle vivait mais elle ne répondit pas. « Elle est dure d’oreille », expliqua la mère. « C’est la raison pour laquelle nous l’avons emmenée ici ce soir. » Élevant la voix, Bill demanda à la petite fille où elle habitait. Cette fois-ci, elle répondit : « Californie. »
Prenant la main droite de la fillette, Bill sentit des vibrations dans sa main gauche signifiant qu’une vie démoniaque était à l’origine du problème. Soit une infection avait brisé son tympan, soit une tumeur obstruait les sons. Lorsque Bill chassa le démon au Nom de Jésus, les vibrations cessèrent.
Lâchant sa main, Bill dit : « L’enfant est guérie. » Puis il lui parla, mais elle ne répondit pas. Bill éleva la voix mais il n’eut pas de réponse. Il dû battre trois fois des mains avant qu’elle fasse signe qu’elle entendait. Au lieu d’entendre mieux, elle semblait entendre moins bien qu’auparavant. Alarmé, Bill prit sa main de nouveau. Il sentait les vibrations qui étaient maintenant plus fortes que la fois précédente.
Pour une seconde fois, Bill chassa le démon au Nom de Jésus-Christ. Le démon sembla quitter plus lentement que la fois précédente, mais Bill savait qu’il était parti parce que l’enflure dans sa main avait diminué et les vibrations avaient cessé. Mais aussitôt qu’il essaya de lui parler (il tenait encore son poignet), la main de Bill enfla à nouveau et les vibrations recommencèrent plus fortes que jamais. Pire encore, elle ne pouvait maintenant plus entendre un seul mot, peu importe comment fort Bill criait. Cette pauvre enfant n’était plus simplement dure d’oreille, elle était devenue complètement sourde! Ébranlé et confus, Bill ne savait plus que faire sinon de laisser la fillette tranquille et de passer au cas suivant.
La personne suivante était un vieil homme affirmant être dur d’oreille lui aussi. Bill éleva la voix : « Croyez-vous, Monsieur? » L’homme acquiesça et pencha la tête. Bill prit la main du vieil homme. Il n’y avait pas de vibrations, ce qui signifiait que le problème n’était pas causé par un démon, mais, plus probablement, par un trouble neurologique. Après avoir prié au Nom de Jésus pour la guérison de l’homme, Bill demanda d’un timbre de voix normal : « Maintenant, Monsieur, pouvez-vous m’entendre? » L’homme, qui avait toujours la tête penchée et les yeux fermés, ne répondit pas. Bill éleva la voix et posa la question de nouveau. Toujours pas de réponse. Bill tapa des mains le plus fort qu’il pouvait. L’homme ne broncha pas. Il était maintenant complètement sourd!
Pendant que l’épouvante l’envahissait, Bill réalisa que le don de guérison n’était plus en opération! Que pouvait-il faire de lui-même? Sans la présence de l’ange du Seigneur à ses côtés sur l’estrade, il était aussi incapable que quiconque. Était-ce ainsi que s’était senti Samson après que Dalila lui eut coupé les cheveux, le laissant faible et sans ressources devant les Philistins? Se tenant devant la foule pleine d’attentes, Bill se sentit ridicule... et honteux... et condamné. La seule chose qu’il pouvait faire était de confesser son péché à l’auditoire et terminer la réunion.
Cette nuit-là, Bill ne put fermer l’œil. Dans la noirceur, il se torturait à propos de sa folle audace. Comment pouvait-il avoir été effronté au point de défier les gens : « Amenez-moi votre pire cas et je vous garantis que Jésus-Christ va accomplir un miracle devant vos yeux »? Jésus n’avait jamais lancé un tel défi. En fait, la Bible dit que Jésus ne put accomplir aucun miracle dans sa ville natale à cause de l’incrédulité des gens[62]. Si cela était vrai pour le Fils de Dieu, qu’en était-il de ses serviteurs? Maintenant, Bill réalisait à quel point il était anti-scripturaire de déclarer que n’importe qui pouvait être guéri, que la personne soit croyante ou non. Il était vrai qu’il avait arrêté de lancer de tels défis après la visite de l’ange à Vandalia, Illinois, mais il avait permis à ses partenaires de rassembler les pires cas à l’avant des lignes de prière afin que l’auditoire puisse voir des miracles dès le début des services. Et, pire que tout, il leur avait permis de former ce qu’ils appelaient la « ligne aux miracles ». Bill ne s’était pas opposé parce qu’il savait que Dieu pouvait guérir n’importe qui de n’importe quoi. Mais juste parce que Dieu peut faire quelque chose ne signifie pas que c’est Sa volonté de le faire. L’apparition de l’ange, le vendredi précédent, avait été un second avertissement.
Bill avait dénoncé Balaam avec tant de force et pendant tout ce temps, il s’était tenu dans les souliers de Balaam! Balaam avait désobéi à Dieu à cause de son amour pour l’argent. Dans le cas de Bill, il savait que ce n’était pas l’amour de l’argent qui l’avait poussé à désobéir ; c’était sa sympathie pour les gens. Mais peu importe les raisons, il est toujours mal de désobéir au Seigneur.
Le matin suivant, les yeux bouffis et l’air découragé, Bill prit l’avion pour son prochain engagement à Long Beach, Californie. Ses pensées le tourmentaient encore et son angoisse était imprimée sur son visage. Une hôtesse de l’air descendit l’allée et lui demanda : « Qu’y a-t-il, Monsieur? » Il ne pouvait le lui dire. Comment pourrait-elle comprendre? Parce qu’il avait désobéi au Seigneur, Bill craignait que Dieu lui ait retiré le don de guérison.
Lorsque Bill atterrit à Long Beach, plusieurs ministres le rencontrèrent à l’aéroport pour le conduire à sa chambre d’hôtel. Il ne leur fallut pas beaucoup de temps pour remarquer sa tristesse. Bill leur partagea son fardeau et son inquiétude.
Un de ces ministres était Ern Baxter qui se trouvait maintenant dans la position singulière d’essayer d’encourager l’homme pour lequel il avait voyagé si longtemps afin de le rencontrer. « Frère Branham, je peux vous assurer que le “don de guérison” ne vous a pas quitté. Romains 11:29 dit que “les dons et les appels sont sans repentance”, ce qui veut dire qu’ils ne sont pas basés sur nos actions. Dieu ne serait pas fidèle à Sa promesse s’Il avait enlevé ce don de votre vie. Cela ne peut pas vous quitter. Samson dormit toute la nuit avec une prostituée mais sa force ne le quitta pas. Le matin suivant, il arracha les portes de la ville et les transporta sur le sommet d’une colline.[63] Et même si les Philistins coupèrent ses cheveux, sa force le quitta seulement pour une saison ; ses cheveux repoussèrent et ses forces lui revinrent.[64] Rappelez-vous lorsque Moïse a frappé le rocher au lieu de lui parler comme Dieu le lui avait prescrit, les eaux s’y échappèrent quand même.[65] Frère Branham, peu importe les erreurs que vous avez commises, Dieu va traiter avec vous personnellement à leur propos, mais le “don de guérison” est toujours là. »
Les arguments de Baxter étaient plein de bon sens mais Bill avait de la difficulté à croire qu’ils pouvaient s’appliquer à lui. Il se sentait si vide, si solitaire, si complètement abandonné par Dieu. C’était comme l’enfer sur terre. Et si le don de guérison l’avait quitté pour toujours? Comment pourrait-il le supporter? Comment pourrait-il vivre, sachant qu’il avait trahi Dieu si misérablement? La seule façon de savoir s’il était condamné ou non était d’aller de l’avant avec la campagne de guérison.
La campagne de guérison de Long Beach devait commencer le mercredi 3 décembre pour se terminer trois jours plus tard. Le mercredi soir, à l’église, Bill expliqua à l’auditoire qu’il avait désobéi au Seigneur en mettant l’emphase sur les miracles au détriment des guérisons. Il dit aux gens qu’il ne savait pas si le don de guérison était encore avec lui, mais qu’il le découvrirait bientôt. Pendant que les gens formaient la ligne de prière, Bill avait les mains moites et pouvait sentir la sueur se former autour de son cou tandis qu’un nœud lui nouait l’estomac.
Une femme s’avança à l’avant avec sa fille de dix ans à ses côtés. Les nerfs de Bill étaient à vif alors qu’il prenait la main droite de la fillette dans sa main gauche. Les vibrations étaient là, fortes et distinctes, parcourant sa main, son bras et se rendant jusqu’à son cœur, comme un courant électrique. Bill se sentit soulagé qu’au moins cette partie du don soit encore intacte. Mais la question était : Dieu allait-Il honorer sa prière pour la petite fille en besoin? Bill étudia le modèle de petits boutons qui se formaient sur sa main enflée. « La fillette est sourde-muette, dit-il, et elle est aussi atteinte de tuberculose. Courbez tous la tête et priez avec moi. » Doucement, Bill pria : « Cher Jésus, s’il Te plaît, pardonne ma stupidité. Ne laisse pas mes erreurs empêcher la guérison de cette petite fille. » Puis, rassemblant tout son courage, il déclara : « Esprits de mutisme et de surdité, démon de tuberculose, sortez de cette fillette immédiatement au Nom de Jésus-Christ. »
C’était le moment de vérité. Bill retint son souffle. Oui, c’était en train de se produire! Au plus grand soulagement et à la plus grande joie de Bill, les vibrations cessèrent et sa main redevint normale. Même s’il savait que la tuberculose était partie, la foule, elle, ne pouvait pas le voir. Bill demanda donc à la petite fille : « Peux-tu m’entendre? » Ses yeux s’agrandirent d’excitation et il sut qu’elle le pouvait. Bill dit lentement : « Amen. » La fillette essaya de reproduire le son mais cela ressemblait plus à « ah-aaaaa. » Bill dit distinctement : « Amen! » Elle essaya de nouveau : « Ah-zi. » Bill dit : « Papa. » Elle reproduisit la forme de ses lèvres et produisit un son comme « poooppoo.»
Une foi immense envahit l’auditoire comme une traînée de poudre. Dans les heures qui suivirent, des guérisons et des miracles eurent lieu partout à travers le bâtiment. Un professeur d’une institution pour muets amena dans la ligne de prière cinq enfants qui étaient nés sourds et muets. Les cinq enfants recouvrèrent et l’ouïe et la voix. Un homme étendu sur une civière, fut instantanément guéri de sa maladie de Parkinson. Plusieurs boiteux jetèrent leurs béquilles pendant que d’autres se levaient de leur fauteuil roulant pour se mettre à courir autour du bâtiment, louant Jésus-Christ. Haute pression sanguine, glaucome, asthme, ulcères et cancers succombèrent devant à la foi des gens.
Le jeudi soir, alors que Bill commençait à prier pour les malades, un garçon atteint de polio boitilla à l’avant, les jambes emprisonnées dans des orthèses. La mère vint avec lui et dit : « Frère Branham, si vous pouviez seulement prier pour lui. »
« Très bien, sœur. Maintenant si vous ne... »
Elle l’interrompit. « Je ne désire pas un miracle. Je veux seulement que vous priiez. Je peux croire en Dieu moi-même pour la guérison. »
En une prière toute simple, Bill demanda à Jésus de guérir le garçon handicapé. Le vendredi soir, le même garçon descendit l’allée vers l’estrade, ses orthèses sur les épaules. Montrant ses orthèses à la foule, le garçon témoigna que Jésus accomplissait encore des miracles.
Ce soir-là était la dernière réunion de la campagne de Bill à Long Beach alors il voulait prier pour le plus de gens possible. Au lieu de discerner les maladies par le signe dans sa main, il forma une « ligne de prière rapide » où il offrait une courte prière à chaque personne qui passait devant lui. De cette façon, Bill pouvait prier pour des centaines de personnes par heure. Mais aussi rapide que la ligne puisse être, c’était encore trop long pour un homme qui s’était dépensé sans compter pendant un an et demi et qui n’avait presque pas dormi les jours précédents. Après avoir prié pour près de 3 000 personnes, avec des centaines qui attendaient encore leur tour, Bill s’écroula, inconscient.
Le samedi matin, encore faible et tremblant, Bill prit l’autobus pour Phœnix. Il voulait dire aux gens que Dieu lui avait pardonné. Le dimanche, à l’église, il dit : « La dernière fois que je me suis tenu derrière cette chaire, j’étais un homme condamné. Je sentais que Sa présence m’avait quitté et je réalisais à quel point je ne peux rien faire sans Lui. Aujourd’hui la grande épreuve est terminée. Je ferai de cette épreuve un tremplin (et non une entrave) qui me permettra de mieux suivre les voies du Seigneur afin de vivre plus près de Lui. En vivant plus près de Lui, je suis en mesure de vous aider davantage et d’être conduit par l’Esprit. Je veux remercier Dieu de m’avoir redonné le don de guérison et d’avoir permis plus de succès dans la prière pour les malades (à partir de dimanche passé) qu’il n’y en avait pas eu depuis des mois. Le don est encore plus béni que jamais. » Bill expliqua ensuite pourquoi il avait eu tort de lancer des défis. « J’ai déclaré qu’aucune maladie, peu importe la gravité de celle-ci, ne résisterait à la prière et qu’aucune affliction ne perdurerait, peu importe le degré de handicap, si je prenais le temps de prier pour la personne. Vous m’avez entendu mentionner cela partout où je suis allé. Et c’est encore vrai. Mais c’est moi qui faisais tout. J’empêchais les gens de participer. Vous avez quelque chose à faire vous aussi. C’est comme lorsque Jésus dit à Marthe et Marie d’enlever la pierre.[66] Vous devez faire quelque chose par vous-mêmes, vous devez croire et alors vous serez guéris. »[67]