La Série Surnaturelle 
La vie de William Marrion Branham

La Série Surnaturelle
La vie de William Marrion Branham

Owen Jorgensen

Résurrection d’un garçon mort selon une vision

Chapitre 48

1950



WILLIAM BRANHAM atterrit à Helsinki, Finlande, le 14 avril 1950. Un groupe de ministres s’était rassemblé pour l’accueillir, incluant le Pasteur Manninen qui avait envoyé à Bill la première invitation et Mme May Isaacson, une Finlando-Américaine qui allait être l’interprète de Bill.

Les réunions commencèrent ce soir-là dans le plus grand auditorium d’Helsinki, le Messuhalli Hall, qui pouvait asseoir 25 000 personnes. La première soirée, seulement 7 000 personnes assistèrent au service. Toutefois, le don de discernement fit une telle impression sur la foule que le soir suivant, de bouche à oreille seulement, l’assistance tripla.

Bill fut étonné de constater à quel point la Finlande était différente de l’Amérique. La deuxième guerre mondiale s’était terminée cinq ans auparavant, mais l’économie finlandaise ne s’en était pas encore remise. Les gens étaient pauvres. Les denrées étaient rares. Encore plus évident que le reste était l’absence d’automobiles. Même si 20 000 personnes remplissaient le Messuhalli Hall, Bill compta seulement dix automobiles à l’extérieur. Les gens venaient à pied ou à bicyclette.

Malheureusement, au lieu de pouvoir continuer les réunions à Helsinki consécutivement, il y eut une période de cinq jours pendant laquelle le Hall ne pouvait pas être utilisé, ayant été loué par un autre groupe. Pendant cet intervalle, une vieille locomotive à vapeur amena le groupe Branham à 220 milles [355 km] vers le nord, à Kuopio, une autre grande ville finlandaise non loin du cercle polaire arctique.

Le vendredi 21 avril, la deuxième journée de Bill à Kuopio, les ministres locaux qui parrainaient sa campagne amenèrent Bill à un restaurant sur le sommet du Mont Puijo. À cause de la dure bataille spirituelle qu’il avait combattue la veille lors de son premier service à Kuopio, Bill jeûnait afin d’amener son corps dans une communion spirituelle plus proche de Dieu pour la réunion du soir. Grâce à son interprète, May Isaacson, Bill avait très peu de difficulté à comprendre et à parler aux 30 ministres assis autour de la table de banquet. Le gouverneur en chef de Kuopio était aussi présent, de même que d’autres officiers civiques importants.

Gordon Lindsay le pressa : « Allez, Frère Branham, mangez un peu. »

« Non, Frère Lindsay, je ne veux pas manger avant six heures [18 h]. Mais je vais vous dire ceci ; quelque chose est sur le point de se produire. Je ne sais quoi, mais je le sens dans mon esprit ; quelque chose de spirituel va prendre place. »

Le déjeuner se termina à 3 h de l’après-midi [15 h]. Avant de prendre la route pour Kuopio, Bill et quelques ministres montèrent les marches jusqu’à un observatoire pour admirer le paysage environnant. Près de la ville, ils pouvaient voir plusieurs lacs et forêts de pins qui s’étendaient à l’horizon. Regardant en bas, Bill vit du remue-ménage se produire au pied de la montagne. Une auto semblait être dans le fossé. Des gens couraient autour de l’auto dans toutes les directions, mais Bill était trop loin pour voir ce qui se passait. De son nid d’aigle, les gens avaient l’air de fourmis courant autour d’un jouet.

Il n’y avait que deux autos au sommet du Mont Puijo. La plupart des ministres étaient venus en taxis tirés par des chevaux. Bill monta dans une des automobiles avec Gordon Lindsay, Jack Moore, May Isaacson et le pasteur finlandais Vilho Soininen. Il leur fallut presque 20 minutes pour descendre la route sinueuse jusqu’au pied de la montagne. Lorsqu’ils arrivèrent au lieu de l’accident, l’auto que Bill avait vue dans le fossé n’était plus là. De l’autre côté de la rue, une foule s’était rassemblée autour d’une petite forme étendue dans l’herbe.

« On dirait qu’il y a eu un accident », dit le Pasteur Soininen. « Nous pourrions peut-être leur apporter de l’aide. » Arrêtant la voiture, Vilho Soininen sortit pour aller voir ce qui s’était passé. Mme Isaacson le suivit. À leur retour, Mme Isaacson leur raconta l’histoire. Deux petits garçons avaient été frappés par une automobile alors qu’ils revenaient de l’école. Comme il y avait si peu d’autos en Finlande, les garçons n’étaient pas habitués à la circulation à grande vitesse. Ils n’avaient pas fait attention en traversant la rue et une automobile Ford 1938 les avait surpris en descendant la colline. Les deux garçons s’étaient séparés, l’un allant au nord et l’autre au sud. Essayant de les éviter, le conducteur fit une embardée vers le nord en tentant d’appuyer sur ses freins. Malheureusement, son pied manqua la pédale de frein et il appuya sur l’accélérateur.

Les deux gamins n’avaient eu aucune chance de s’en sortir indemnes. Le garçon courant vers le sud avait été frappé par le devant de l’auto, propulsé dans les airs pour se fracasser la tête contre un arbre. Même s’il était sérieusement blessé, il était toujours en vie et ils l’avaient emmené à l’hôpital dans l’automobile. Le deuxième garçon, courant vers le nord, n’avait pas été aussi chanceux. L’auto l’avait frappé de plein fouet, de telle façon qu’il avait roulé sous les pneus et avait été projeté dans les airs pour retomber sur le dos. Il était mort sur le champ.

La loi finlandaise ne permettait pas que le corps du garçon soit déplacé sans la permission des parents ; alors quelqu’un était allé les chercher à leur travail dans les champs. La foule flânait maintenant en attendant leur arrivée.

Lindsay et Moore sortirent de l’auto pour jeter un coup d’œil au gamin. Ils revinrent à l’auto drôlement secoués. Jack Moore dit : « Je n’ai jamais vu un garçon si mutilé. Je ne peux m’empêcher de penser, et si c’était mon garçon? Frère Branham, vous devriez aller jeter un coup d’œil. »

Bill pensa à son propre fils, Billy Paul, qui avait maintenant 14 ans. Et si un télégramme lui arrivait d’outre-mer lui annonçant que son fils avait été tué dans un accident d’auto? Cette pensée lui fit réaliser ce que la pauvre maman finlandaise allait ressentir lorsqu’elle verrait son enfant chéri étendu froid et rigide sur le sol, un manteau sur le visage. Bill sortit de l’auto et marcha jusqu’au groupe rassemblé autour du petit garçon mort. Lorsque la foule le vit, les gens se mirent à murmurer entre eux.

Mme Isaacson dit à Bill : « N’est-ce pas terrible? Les gens disent : “Voici ce faiseur de miracles d’Amérique. Je me demande ce qu’il va faire à propos de ce cas.”

Bill écarta le commentaire, le considérant sans importance. « Ils ne comprennent pas, c’est tout. »

Un grand nombre de femmes, vêtues de longues jupes épaisses et portant de grosses bottes de travail laissaient libre cours à leur émotion. Un homme s’agenouilla et retira le manteau qui couvrait le gamin. L’enfant avait l’air d’avoir environ de huit à dix ans. Son visage était ensanglanté et couvert de bleus. Sa bouche était ouverte et sa langue pendait. Ses yeux avaient roulé dans leurs orbites et on n’en voyait que le blanc. Il portait le costume finlandais typique, une culotte qui lui allait à mi mollet et d’épais bas blancs côtelés. L’accident lui avait fait perdre un

soulier et on pouvait voir ses orteils par le trou à l’extrémité de son bas.

C’était un spectacle pitoyable, spécialement pour Lindsay et Moore qui avaient tous deux des garçons de cet âge. Gordon Lindsay était secoué de sanglots. Bill avait la gorge nouée. Il se retourna et se mit à marcher vers l’auto. Soudainement, il sentit une main le retenir. Bill s’arrêta et se retourna pour voir qui c’était. Étrangement, il n’y avait personne qui se tenait assez près de lui pour le toucher. Il fit un autre pas vers l’auto. Encore une fois, la main invisible le retint. Lorsque Bill se retourna vers la victime de l’accident, la main le lâcha. Bill pouvait maintenant entendre le sifflement du vent comme un tourbillon. L’ange du Seigneur était proche. Bill réalisa qu’il devait y avoir quelque chose de particulier à propos de l’accident. Il regarda le petit garçon de nouveau. Il lui semblait qu’il l’avait déjà vu quelque part. Bill se tourna vers Mme Isaacson. « Demandez à ces

ministres si ce garçon était dans la ligne de prière hier soir. »

Aucun des ministres ne reconnut le gamin.

« J’ai déjà vu ce garçon quelque part, mais je ne peux me rappeler à quel endroit. » Pendant que Bill fouillait dans sa mémoire, ses yeux se posèrent sur de longs rochers superposés les uns sur les autres. Cela le frappa comme la foudre. Il savait maintenant où il avait vu cet enfant auparavant. Tremblant d’excitation, il appela ses compagnons : « Frère Moore, Frère Lindsay, vous souvenez-vous de cette vision que je vous ai racontée en Amérique à propos d’un petit garçon qui ressuscitait des morts? Ouvrez vos Bibles et lisez-moi ce qui est écrit à ce sujet sur la page de garde. »

Jack Moore ouvrit sa Bible et lut rapidement ce qu’il y avait écrit deux ans auparavant... « Cheveux bruns, yeux bruns... entre huit et dix ans... pauvrement vêtu de vêtements ayant l’air étrangers... défiguré par un accident... un pays avec de grandes plaques rocheuses superposées les unes sur les autres. de grands pins... Frère Branham, ça correspond exactement à la description. »

« C’est lui », affirma Bill. Son cœur battait d’excitation alors qu’il se souvenait de la vision. « Et ainsi dit le Seigneur, “Ce garçon reviendra à la vie.” »

Gordon Lindsay ne pouvait y croire. « Vous voulez dire que ce garçon mutilé va respirer de nouveau? Comment cela pourrait-il se produire? »

Bill se sentait plein de confiance. Peu lui importait que le garçon soit mort depuis plus d’une demi-heure ; les visions ne faillaient jamais. Il déclara : « Si ce gamin n’est pas vivant dans les minutes qui vont suivre, vous pourrez épingler une pancarte sur mon dos qui dit que je suis un faux prophète. Maintenant, essayez de voir si vous pouvez calmer ces femmes. »

Pendant que Mme Isaacson demandait aux femmes d’essayer de se contrôler, Bill s’agenouilla près du garçon mort, faisant bien attention de faire exactement ce qu’il avait vu dans la vision. Il pria : « Père Céleste, je me souviens lorsque ton Fils a dit à ses disciples, “Guérissez les malades, purifiez les lepreux, ressuscitez les morts, chassez les démons. Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement.”[87]  Il y a deux ans, Tu m’as montré ce moment par vision. Agissant selon Ta Parole, Ta Parole écrite comme Ta Parole parlée par vision, je dis à la Mort, “Tu ne peux plus retenir cet enfant. Laisse-le revenir. Au Nom de Jésus-Christ.” »

Quelque part le long de ce mystérieux voyage au-delà de cette vie, une âme s’arrêta et rebroussa chemin. La poitrine du gamin se souleva comme si ses poumons s’étaient remplis d’air. Ses paupières battirent puis ses yeux s’ouvrirent pour regarder le monde à nouveau. Il tourna la tête.

Cela changea les pleurs des femmes en cris stridents d’étonnement. Quelques minutes plus tard, le garçon était assis pour qu’on l’examine. Pas un seul os de son corps n’était brisé. Au-delà des bleus et cicatrices superficielles, le gamin semblait en parfait état.

LES NOUVELLES de ce miracle se répandirent dans la province de Kuopio comme un feu de forêt dévorant tout sur son passage. Ce soir-là, l’auditorium de Kuopio était rempli à pleine capacité. La foi des gens était à son comble et les miracles abondèrent. Le soir suivant, il y avait tellement de gens voulant assister aux réunions que l’immense bâtiment ne put les contenir tous. Les portes durent être verrouillées de bonne heure, laissant des milliers de gens dans la rue. Le gouvernement finlandais demanda même à la Garde nationale d’aider à maintenir l’ordre.

Après la réunion, Bill s’apprêtait à entrer dans son hôtel lorsqu’un couple finlandais attendant aux portes se jeta sur lui, parlant si vite que même Mme Isaacson ne put les comprendre. Ils étaient complètement frénétiques, surtout la jeune femme qui était accrochée à Bill comme si sa vie en dépendait. Lindsay, Baxter et Moore durent littéralement arracher Bill des mains de ces gens pour le conduire à l’hôtel en toute sécurité. Bill en perdit presque son manteau.

Mme Isaacson resta pour découvrir ce que le couple voulait. Dix minutes plus tard, elle monta à la chambre de Bill pour le lui dire. « Ce sont les parents du deuxième petit garçon qui était dans l’accident de l’autre jour. Leur fils est toujours dans le coma et les médecins ne pensent pas qu’il va survivre. Les parents veulent que vous alliez à l’hôpital prier pour lui. »

« Vous ne pouvez certainement pas faire ça, Frère Branham », dit Ern Baxter. « Cela a toujours été notre règle depuis que Frère Bosworth et moi-même avons commencé à organiser vos réunions. Si vous allez prier pour une personne à l’hôpital, les journaux vont faire circuler la nouvelle et vous allez être inondé d’autres requêtes de gens désespérés voulant que vous alliez prier pour eux à l’hôpital ou chez eux. Comme vous ne pourrez pas prier pour tous ces gens, cela causerait du ressentiment et porterait dommage aux réunions. Non, aussi désolé que je puisse être pour cette pauvre mère, je crois que notre politique est sage : ils doivent amener les malades et les affligés aux réunions où tout le monde a la même chance de recevoir la prière. »

Bill acquiesça tristement mais ajouta : « Je voudrais au moins leur parler et leur expliquer. Faites-les monter. »

La mère et le père avaient l’air d’être dans le début vingtaine. Il était facile de voir à leurs vêtements qu’ils étaient pauvres. La mère, pleurant toujours, répéta sa requête avec agitation. Mme Isaacson traduisit : « Venez guérir notre bébé. Il est toujours inconscient et les médecins disent qu’il va mourir. »

Bill dit : « Je suis désolé mais je ne peux pas guérir votre bébé. »

« Vous avez guéri l’autre garçon. »

« Non, Jésus-Christ l’a guéri, pas moi. Je n’avais rien à y voir. Il y a deux ans, Dieu m’a montré dans une vision que l’autre garçon ressusciterait des morts. Il ne m’a jamais rien montré à propos de votre fils. »

« Alors voyez une vision de notre fils. »

Bill secoua la tête. « Je ne peux pas décider d’avoir une vision. Je ne peux les voir que lorsque Dieu me le permet. Mais je vais prier pour que Dieu guérisse votre fils. Néanmoins, le fait qu’il vive ou qu’il meurt ne dépend que de Dieu et de votre foi. Êtes-vous chrétiens? »

Aucun des deux n’était chrétien. Bill leur expliqua l’évangile en des termes simples. « Vous savez, vous vous attendez à beaucoup en demandant à Dieu de guérir votre fils alors que vous ne Lui avez pas donné vos vies. Pensez à cela - si votre fils meurt, Dieu va le prendre au ciel avec Lui parce qu’il est trop jeune pour être responsable pour sa vie. Mais si vous mourez pécheurs, vous ne pourrez jamais le revoir. Mais si vous acceptez Jésus-Christ comme votre Sauveur, alors même si votre fils meurt, vous allez le revoir de nouveau dans le ciel parce que c’est là que vont les chrétiens lorsqu’ils meurent. Pourquoi ne donnez-vous pas vos vies à Jésus-Christ dès maintenant? Une fois que vous êtes chrétiens, vous pouvez aller vers Dieu avec confiance et Lui demander de guérir votre fils. Peut-être Dieu l’épargnera-t-il? »

Cela semblait être un marché auquel ils n’avaient rien à perdre. Ils s’agenouillèrent sur le plancher et Bill guida le couple en une simple prière qui demandait à Jésus-Christ d’être le

Seigneur de leur vie. Aussitôt qu’ils eurent terminé, la mère sauta sur ses pieds en babillant hystériquement. « Maintenant, ayez une vision de notre fils. »

« Je vous l’ai dit, je ne peux pas forcer Dieu à me montrer une vision. S’Il ne m’en montre pas, Il ne m’en montre pas. S’Il le fait, je vais vous appeler à l’instant. Laissez-moi un numéro de téléphone où je peux vous joindre. »

Cela n’était pas assez pour la mère désespérée. Le jour suivant, dimanche le 23 avril, elle appela à l’hôtel à toutes les 15 minutes, demandant à Mme Isaacson : « A-t-il eu une vision? »

LES NOUVELLES de la résurrection du garçon s’étaient répandues à travers chaque lac et rivière du nord de la Finlande jusqu’à ce qu’elles atteignent la région reculée de Laplander. Des gens des quatre coins de la province arrivaient à Kuopio, remplissant l’auditorium dès le milieu de l’après-midi. Lorsqu’il fut temps pour Bill de faire son apparition, il découvrit qu’il ne pourrait pas s’approcher à plus de trois pâtés de maisons du bâtiment. Le gouverneur en chef envoya un détachement de la Garde nationale à son aide. Ces hommes formèrent une flèche humaine autour de l’évangéliste et se mirent en marche, épée en main. La foule recula d’une bonne distance.

Les gardes escortèrent Bill jusqu’au sous-sol de l’auditorium et verrouillèrent les portes derrière lui. La plus grande partie de la troupe demeura à l’extérieur pendant que quatre gardes, deux à l’avant et deux à l’arrière, restèrent avec Bill pour s’assurer qu’il se rende jusqu’à la plate-forme sans anicroche. Le grand sous-sol du bâtiment était vide, sauf pour quelques personnes qui attendaient d’utiliser les toilettes. On entendait la musique qui était jouée à l’étage, des paroles finlandaises chantées en clefs mineures. Sachant qu’il était bientôt temps d’y aller, Bill traversa le sous-sol pour monter l’escalier.

Il n’avait marché qu’une petite distance lorsque la porte de la salle de toilettes des femmes s’ouvrit et qu’une fille infirme en sortit à l’aide de ses béquilles. Elle avait environ dix ans. Ses cheveux tombaient en désordre sur ses épaules ; on aurait dit qu’elle les avait coupés elle-même avec des ciseaux. Sa robe pendait en lambeaux en bas des genoux. Mais ce qui arrêta Bill pour la dévisager étaient ses orthèses : elle était la fille la plus infirme qu’il ait jamais vue étant encore capable de se déplacer. Une de ses jambes était forte et en santé tandis que l’autre pendait, molle et inerte, de plusieurs pouces [cm] trop courte, soutenue par un soulier à la semelle épaisse. Sa jambe infirme était enrobée d’une grosse orthèse qui s’articulait à un harnais de métal cintré à sa taille. Il y avait autre chose que Bill ne comprenait pas : une petite corde attachée à l’extrémité de son soulier surélevé passait pardessus son épaule et était attachée au harnais derrière son dos.

Dès que la fillette vit Bill l’observer, elle baissa la tête et une larme roula sur sa joue, reluisant sous l’éclairage électrique cru des plafonniers. Bill était certain que cette fillette savait qui il était. Il avait la nette impression qu’elle voulait aller vers lui, mais qu’elle n’osait pas, de peur que ce ne soit un geste déplacé de sa part.

Les soldats qui marchaient devant Bill s’arrêtèrent pour voir pourquoi il ne suivait pas. Les deux soldats derrière lui donnèrent un petit coup de coude pour qu’il continue d’avancer. Comme aucun des quatre soldats ne parlaient anglais, Bill leur fit signe avec sa tête et ses mains qu’il désirait attendre un moment. Lorsque la petite fille le regarda de nouveau, Bill lui fit signe de s’approcher. Elle boitilla jusqu’à lui. Bill comprenait maintenant à quoi servait la cordelette tendue entre son épaule et ses orteils : elle plantait d’abord ses deux béquilles devant elle puis, s’appuyant sur celles-ci, elle relevait son épaule pour tendre la cordelette et faisait avancer sa jambe infirme. C’était un principe laborieux mais ça fonctionnait. Bill sentit son cœur fondre de pitié.

Lorsque la petite infirme arriva jusqu’à lui, elle prit le rebord du veston de Bill, le releva jusqu’à son petit visage, l’embrassa puis le laissa retomber. Des larmes coulaient de ses yeux bleus. Penchant la tête et relevant sa jupe en lambeaux, elle lui fit une révérence maladroite et dit « merci » en finlandais.

Bill vit une ombre au-dessus de sa tête qui se transforma en image de la même petite fille, mais marchant dans les airs sur deux bonnes jambes. « Ma chérie, dit-il tout excité, tu peux enlever ces orthèses maintenant. Dieu t’a guérie. »

Bien sûr, elle ne comprenait pas l’anglais et comme il n’y avait personne pour traduire, ces mots lui étaient inutiles. Les gardes derrière lui décidèrent qu’il prenait trop de temps et commencèrent à le forcer à marcher vers l’escalier. Impuissant, Bill pensa : « Oh, Dieu, sûrement qu’elle comprendra un jour. »

Ce soir-là, lorsque ces robustes Laplandais virent le don de discernement prouver que Jésus-Christ était vivant, des centaines de gens n’eurent pas besoin de s’avancer dans la ligne de prière pour recevoir leur guérison. Du haut de l’estrade, Bill pouvait les voir lancer leurs béquilles et se lever de leur chaise roulante.

Lorsque Bill eut terminé de prier pour le deuxième groupe qui avait des cartes de prière, Howard mit la main sur l’épaule de son frère : « C’est probablement assez pour la soirée, Bill. Il reste encore plusieurs réunions à ce voyage et on ne voudrait pas que tu t’épuises. »

« J’ai encore des forces, Howard. Appelons dix autres numéros, en commençant par le numéro 45. »

Pendant que Howard assemblait les dix derniers patients en une ligne de prière, Bill fit dos à la foule pour boire un verre d’eau. Il entendit des cliquetis venant de derrière lui. En se retournant, il vit la même fillette infirme à laquelle il avait parlé au sous-sol un peu plus tôt. Elle essayait maintenant de monter les marches de l’estrade. Son numéro de carte de prière était 45.

Le cœur de Bill se remplit de joie. Il se tourna vers Mme Isaacson et dit : « Je veux que vous répétiez exactement ce que je dirai, même si vous ne comprenez pas pourquoi. » Tout en boitillant vers lui, la petite fille lui sourit. Il lui manquait une dent à l’avant. Bill dit : « Tu es la petite fille que j’ai rencontrée au sous-sol avant la réunion, n’est-ce pas? »

« Oui », répondit-elle. « Mon nom est Veera Ihalainen. Je suis une orpheline de guerre. Mes parents furent tués par les Russes. J’habite maintenant dans une tente à Kuopio. Pensez-vous que Jésus va me guérir? »

« Jésus t’a déjà guérie, ma chérie. Il t’a guérie au sous-sol avant la réunion. Va t’asseoir là et demande à quelqu’un de t’aider à enlever tes orthèses, puis reviens me voir. »

Pendant qu’un ministre finlandais enlevait les orthèses de Veera, Bill se mit à parler au patient suivant. Soudainement, un cri perçant se fit entendre et Veera arriva en hurlant, tenant une béquille dans sa main et ses orthèses dans l’autre, courant pieds nus sur la plate-forme en bois, sautillant comme un jeune renne. Bill joignit sa propre voix à l’harmonie de louanges qui s’élevaient de l’auditoire.

Après le service, Howard aida Bill à retourner à l’hôtel. Pendant qu’ils marchaient dans le hall, Howard bavardait de tout et de rien, essayant de ramener son frère de l’onction au monde physique. « Bill, te souviens-tu lorsqu’on était à Prince Albert et que tu as mangé ces horribles bonbons durs canadiens? »

« Uh-huh. »

« Si tu pensais que ces bonbons étaient mauvais, tu devrais goûter ces friandises finlandaises. J’imagine que le sucre, comme toutes les autres denrées, est plutôt rare ici alors ils font les bonbons avec de l’amidon. Tiens, goûte donc ces deux-là. » Howard mit deux bonbons dans la main de son frère mais Bill ne les mangea pas.

En quittant l’ascenseur, ils passèrent devant l’unique téléphone de l’étage. C’était un téléphone ancien, avec un micro en forme de cloche fixé solidement à une boîte de bois, une manivelle pour appeler l’opératrice et un écouteur qui avait l’air d’une cloche au bout d’une corde.

« Vous savez, commenta Mme Isaacson, le second garçon de l’accident est toujours dans le coma. Toute la journée aujourd’hui, la mère a téléphoné à l’hôtel, à toutes les quinze minutes, pour savoir si vous aviez eu une vision. Si elle rappelle encore comme cela demain, elle va me rendre folle. » Mme Isaacson déverrouilla la porte de sa chambre.

« Le Seigneur ne m’a encore rien montré à propos de lui », dit Bill alors qu’il déverrouillait sa porte et entrait dans sa chambre.

Posant sa Bible et ses deux bonbons sur une table antique au-dessus de marbre, Bill marcha jusqu’à la fenêtre. Il regarda à l’est vers la Russie. Même s’il était près de minuit, le ciel ressemblait plutôt à un crépuscule en Indiana ; il faisait encore assez clair pour lire un journal. C’était le pays du soleil de minuit, si près du cercle polaire arctique que le trajet du soleil en avril ne touchait que brièvement à l’horizon avant de reprendre son cours pour une autre journée. Les rues étaient bondées de gens qui revenaient de l’auditorium en parlant. Il ne faisait aucun doute qu’ils parlaient des choses merveilleuses dont ils avaient été témoins pendant la réunion. Puis, Bill vit avec étonnement un groupe de soldats finlandais donner l’accolade à un groupe de soldats russes. Bill pensa : « Ce qui peut pousser un Finlandais à mettre son bras autour d’un Russe est assez puissant pour régler toutes les guerres du monde. Jésus-Christ est la réponse, oui Monsieur. »

Bill leva ses bras et adora : « Père Céleste, Tu es si merveilleux. Combien je t’aime pour avoir guéri cette orpheline infirme ce soir. Oh, Grand Jéhovah, comme Tu es merveilleux. Un jour Tu vas briser ces cieux de l’Est et descendre dans la gloire. Des milliers de ces Finlandais vont s’avancer dans la vie éternelle à cause des décisions qu’ils ont prises ce soir. Oh, Jésus-Christ, mon Maître et mon Seigneur, comme je T’adore, comme j’apprécie travailler pour Toi. »

Un tintement se fit entendre derrière lui. Bill se retourna et fut surpris de voir l’ange du Seigneur se tenir près de la table antique. L’ange était toujours pareil ; grand, les épaules larges, imberbe, la peau olivâtre, d’épais cheveux noirs tombant sur ses épaules et portant une tunique blanche qui ne couvrait pas totalement ses pieds nus. Comme toujours, il avait l’air sévère. Au-dessus de l’ange tournoyait cette lumière qui l’accompagnait toujours. Les bras de l’ange étaient croisés, comme d’habitude, mais il venait probablement tout juste de les croiser puisque sur la table se trouvait un vase en verre qui n’était pas là auparavant. Le son que Bill avait entendu était probablement celui du vase lorsque l’ange l’avait déposé sur la surface en marbre. Bill savait que ceci n’était pas une vision ; l’ange et le vase étaient aussi substantiels que lui-même. Si Bill avait osé, il aurait pu étendre la main et les toucher physiquement.

Mais il ne l’osa pas.

Dans le vase se trouvait deux jonquilles, l’une penchée vers le sud, l’autre vers le nord. L’ange regarda les fleurs et demanda : « De quelle sorte de fleurs s ’agit-il? »

« Elles me semblent être des fleurs de Pâques », répondit Bill.

« Ces deux fleurs représentent les deux garçons qui étaient impliqués dans l ’accident d ’il y a trois jours. Le garçon qui est tombé vers le nord est mort instantanément mais sa vie lui fut redonnée. Le garçon qui fut projeté vers le sud est en train de mourir. »

Pendant que Bill regardait, la fleur penchée vers le nord tomba sur la table pendant que le fleur penchée vers le sud descendait lentement, comme la trotteuse d’une horloge, tombant un peu plus à chaque tic.

L’ange demanda : « Qu' ’est-ce que ton frère t ’a donné? »

« Deux bonbons. »

« Mange-les. »

Les deux bonbons étaient de part et d’autre du vase, en ligne avec les fleurs. Bill prit celui qui était au nord et le mit dans sa bouche. Il goûtait bon. Pendant que Bill mangeait le bonbon, la jonquille qui était tombée sur la table se retrouva soudainement toute droite dans le vase. Mais la fleur au sud continuait à descendre lentement, tic, tac, tic, tac.

« Maintenant, mange l’autre bonbon. » lui ordonna l’ange.

Mettant l’autre bonbon dans sa bouche, Bill commença à le croquer. Il goûtait terriblement mauvais. Il était tellement amer et pâteux que Bill le cracha dans sa main.

L’ange l’avertit : « Si tu ne manges pas ce bonbon, l ’autre garçon va mourir'. »

La jonquille penchée vers le sud était maintenant presque tombée sur la table. Bill remit le deuxième bonbon dans sa bouche. Ça goûtait terriblement mauvais mais il le mangea quand même. Lorsqu’il l’avala, la fleur fanée se redressa aussi droite que sa compagne. Inclinant légèrement la tête, l’ange reprit le vase de fleurs puis se volatilisa à même le tourbillon de lumière au-dessus de sa tête et disparut.

Pendant quelques minutes, Bill demeura immobile, se sentant tout engourdi. Il tituba finalement jusque dans le corridor en criant : « Sœur Isaacson, venez vite! »

Mme Isaacson ouvrit brusquement sa porte et se précipita dans le corridor. « Frère Branham, qu’y a-t-il? Que s’est-il passé? »

« L’ange du Seigneur vient juste de me rencontrer dans ma chambre et m’a dit ce qu’il adviendrait du deuxième petit garçon de l’accident. Je veux que vous appeliez cette jeune mère et lui disiez : Ainsi dit le Seigneur : “Votre fils vivra.” »

Mme Isaacson courut au bout du corridor, tourna la manivelle du téléphone et demanda à l’opératrice de rejoindre la maison des parents. Mme Isaacson parla brièvement en finlandais, écouta un moment puis raccrocha. « C’était la gardienne. Le couple est parti à l’hôpital il y a environ une demi-heure. Il semble qu’ils aient reçu un appel disant que leur fils était en train de mourir. »

« D’accord, dit Bill, alors nous appellerons à l’hôpital parce que je lui ai dit que je l’appellerais aussitôt que Dieu me montrerait quelque chose. »

Mme Isaacson rappela l’opératrice pour qu’elle établisse la communication avec l’hôpital. Peu après, elle annonçait la bonne nouvelle à la mère en finlandais. « Frère Branham a dit, Ainsi dit le Seigneur : “Votre fils vivra.” »

Mme Isaacson écouta une minute, puis regarda Bill avec un sourire surpris. « La mère dit qu’elle le savait. Lorsqu’ils arrivèrent à l’hôpital, les battements de cœur de leur fils diminuaient rapidement. Puis, il y a environ cinq minutes, alors qu’ils se tenaient près du lit en attendant son dernier souffle, son cœur s’est soudainement remis à battre aussi fort que normal. Il ouvrit les yeux et leur parla. Il était cohérent et semblait bien portant. Les docteurs sont stupéfaits. Ils disent que s’il se porte aussi bien qu’il en a l’air, il pourra retourner à la maison demain matin. »

Bill hocha la tête avec satisfaction. « Dis-leur à quel point nous sommes heureux pour le petit garçon. Et rappelle-lui que ce n’était ni moi ni la vision qui a guéri son fils ; c’était sa foi dans le Seigneur Jésus-Christ qui l’a fait. »

APRÈS LA FINLANDE, le groupe Branham se rendit en Suède puis en Norvège. Le deuxième jour en Norvège, Bill se réveilla en sursaut à cinq heures du matin. L’ange du Seigneur se tenait près de son lit et le regardait. Il avait les bras croisés, comme d’habitude. La lumière surnaturelle tournoyait au-dessus de sa tête, projetant une lueur étrange, presque lugubre, sur les murs de la chambre d’hôtel.

« Mets tes vêtements », ordonna l’ange. Puis l’ange se fondit dans la lumière et disparut.

Bill s’habilla et attendit. Rien ne se produisit. « Qu’est-ce que cela signifie? » songea-t-il. « Je me demande ce que le Seigneur veut que je fasse. »

Comme il ne recevait pas d’instructions plus précises, Bill décida d’aller prendre une marche matinale et de prier à ce sujet. Il marcha pendant trois milles [5 km] dans la ville norvégienne et aboutit sur le bord d’une rivière.

Se blottissant sous un arbre, il relaxa et pria tandis que le soleil s’élevait de plus en plus haut dans le ciel. À neuf heures, il commença à se tracasser en songeant à l’inquiétude que les autres ressentiraient lorsqu’ils s’apercevraient qu’il n’était plus dans sa chambre. À ce moment, Bill entendit la voix de l’ange dire sévèrement : « Lève-toi et retourne. »

Bill marcha environ un mille [1,5 km], puis de nouveau, il entendit la voix de l’ange de façon audible : « Tourne à droite. » Bill tourna à droite. Après quelques pâtés de maison, l’ange dit : « Tourne à gauche. » Bill obéit, se demandant à quel endroit le Seigneur le dirigeait. Il aperçut ensuite le Norvégien qui avait été son interprète le soir précédent.

L’homme vit Bill aussi et se dirigea vers lui pour lui serrer la main. Le Norvégien avait un

regard très surpris. « Frère Branham, c’est étrange, je... »

« Juste un moment », interrompit Bill. Une vision s’était formée entre eux. Bill vit le problème de l’homme. Puis il se vit lui-même en train de conclure le service de la veille. Dans la vision, il se vit pencher la tête, fermer les yeux et conduire l’auditoire en prière. Bill voyait maintenant quelque chose se produire dont il n’avait pas été conscient hier soir. Lorsque la vision se termina, Bill dit à l’homme : « Vous revenez de l’hôpital, n’est-ce pas? »

« Euh, oui. Comment l’avez-vous su? »

« Vous n’avez qu’un seul rein et vous vous inquiétez de le perdre. »

« C’est vrai. Je pouvais à peine me tenir debout hier. La seule chose que j’ai faite de toute ma journée fut d’aller sur l’estrade interpréter pour vous. »

Bill acquiesça. « Il y a trois ou quatre ans, vous étiez censé faire quelque chose pour le Seigneur et vous ne l’avez pas fait. N’est-ce pas juste? »

L’étonnement de l’homme parut sur chaque ride de son visage. « Frère Branham, c’est la vérité. »

« Après cela vous avez subi une chirurgie où l’on vous a enlevé un de vos reins. Depuis ce temps, cela s’est répandu dans l’autre rein et a commencé à vous inquiéter. La nuit dernière, pendant que je priais pour l’assemblée, n’avez-vous pas tenu légèrement le bord de mon veston en priant : “Guéris-moi Seigneur, s’il Te plaît?” »

L’homme leva un bras vers le ciel. « C’est juste, frère Branham. J’ai aussi demandé à Dieu de confirmer si j’étais réellement guéri. Il y a environ une demi-heure, j’ai eu ce sentiment étrange que je devrais venir ici et me tenir sur le bord de la rue. Et voilà que je vous ai rencontré! Je suis maintenant certain que Jésus-Christ m’a guéri. »

Lorsque Bill retourna à l’hôtel, Lindsay, Moore, Baxter et le pasteur hôte norvégien étaient tous prêts à prendre leur petit déjeuner. Ils marchèrent ensemble vers le centre-ville et s’arrêtèrent pour regarder la vitrine d’un magasin avant d’aller au restaurant.

Se tournant vers les autres, Bill dit : « Ainsi dit le Seigneur : “Un homme sortira d’un bâtiment et nous arrêtera. Il portera un costume foncé et un chapeau pâle. Il me demandera de monter chez lui pour prier pour sa femme malade ; seulement, je ne pourrai pas le faire parce que son heure est venue.” »

Jack Moore demanda : « Quand cela se produira-t-il? »

« Probablement sur le chemin de retour vers l’hôtel, répliqua Bill, parce que la vision a montré clairement que cela se passerait ce matin. »

Après le petit déjeuner, les cinq hommes flânaient sur le chemin de retour, faisant du lèche-vitrine, lorsqu’un homme sortit brusquement d’un magasin, excité de les voir. Grâce au pasteur norvégien qui servait d’interprète, ils apprirent qu’il vivait dans l’appartement au-dessus de son magasin et que sa femme y était au lit, mourante. L’homme supplia le « grand évangéliste américain » de venir prier pour sa femme.

Bill détestait refuser sa requête mais il devait dire non. Il savait qu’il devait obéir aux visions, qu’elles lui plaisent ou non. C’était le prix élevé qui se rattachait à son don et à son appel.



[87] Matthieu 10:8



Up