La Série Surnaturelle
La vie de William Marrion Branham
Owen Jorgensen
Satan fait jouer son piège
Chapitre 58
1951
LA VILLE DE JOHANNESBURG fut secouée par le choc sismique du ministère de William Branham, envoyant des secousses spirituelles à travers toute l’Afrique du Sud. Ceux qui avaient assisté à la première réunion appelèrent leurs familles et leurs amis pour leur raconter ce qu’ils y avaient vu. Les foules étaient plus nombreuses à chaque soir. Le mardi soir 8 octobre 1951, le troisième soir de Bill en ville, plus de 17 000 personnes s’entassèrent au parc Maranatha pour assister au discernement. Plusieurs y arrivèrent malades pour en repartir guéris. Presque tous en revinrent excités, répandant la nouvelle qu’un prophète visitait l’Afrique et que Jésus-Christ était dans ce prophète, accomplissant les mêmes œuvres qu’Il faisait alors qu’Il marchait en Palestine, guérissant les malades, les boiteux, les sourds, les muets, les aveugles et révélant les secrets des cœurs. Rien ne semblait impossible.
Le mercredi matin, l’Association Médicale de l’Afrique du Sud invita Bill à prendre le petit-déjeuner. Leur porte-parole dit : «Révérend Branham, plusieurs médecins d’Afrique du Sud sont chrétiens. Nous sommes devenus médecins parce que nous voulions aider les gens. Au début, nous nourrissions des soupçons à votre égard, pensant que vous prêcheriez peut-être la doctrine de la Science Chrétienne par laquelle les médecins et les médicaments sont mauvais et doivent être évités. Il est maintenant évident que vous donnez votre appui aux médecins. Nous croyons dans la guérison divine de la façon dont vous la prêchez. Révérend Branham, même si la période d’incubation de votre vaccin contre la fièvre jaune n’est pas terminée, nous vous donnons quand même la permission de voyager à travers le pays. Non seulement cela, mais nous ouvrons les portes de nos hôpitaux et si certains de nos patients veulent assister à vos réunions, nous prendrons les dispositions nécessaires pour qu’ils puissent s’y rendre.»
Après le repas, Ern Baxter vint rencontrer Bill et lui dit : «Frère Branham, j’ai des nouvelles pour vous. Je sais que vous voulez aller à Durban, mais au lieu de nous y rendre tout de suite après Johannesburg, le Comité National a préparé un itinéraire qui va nous amener à 1 000 milles [1 600 km] au sud, à Capetown, puis le long de la côte est vers Durban. Qu’en pensez-vous?»
«Cela ne me dérange pas» dit Bill, «en autant que nous allions à Durban parce que c’est là que je me sens conduit à aller. Quand partons-nous?»
«Après-demain.»
Là, Bill sentit que quelque chose clochait puisqu’ils venaient tout juste de commencer les réunions à Johannesburg. Ils avaient non seulement l’appui de l’association médicale locale mais ils bénéficiaient aussi de bons rapports avec la presse ; quelque chose qui se produisait rarement. Les réunions se déroulaient extrêmement bien. Les foules étaient plus nombreuses à chaque soir et le nombre de miracles et de guérisons allait en s’accroissant. Pourquoi devraient-ils partir si tôt? Cela n’avait pas de sens selon Bill, mais il n’en parla à personne. Après tout, il était l’invité de l’association ministérielle de l’Afrique du Sud et il lui semblait normal qu’il les laisse faire les arrangements.
Cette nuit-là, après la réunion, Bill s’endormit d’un sommeil agité. Un cri strident le réveilla vers 2 du matin. Il se dirigea vers la fenêtre de sa chambre d’un pas chancelant pour voir quelle sorte d’oiseau pouvait bien avoir un sifflement aussi étrange. Tout ce qu’il put voir fut le balancement des roseaux dans la brise. Il retourna donc dans son lit mais il ne parvint pas à s’endormir. Pensant qu’un peu de lecture l’aiderait à s’endormir, il alluma la lampe de chevet et ouvrit sa Bible.
Soudainement, sa peau se mit à lui picoter et il put sentir les cheveux de sa nuque se hérisser. Levant les yeux de sa Bible, il vit l’ange du Seigneur se tenant dans le centre de la pièce, sa tunique blanche scintillant dans la lumière émise par la lampe de chevet. La brise pénétrant par la fenêtre ouverte faisait ondoyer la longue chevelure noire de l’ange. Même dans la dimension du naturel, il avait une carrure imposante : mesurant six pieds [1,80 m] et pesant au moins 200 livres [90 kg]. Dans la dimension surnaturelle, il était carrément intimidant. Bill sentit sa poitrine se resserrer sous l’effet de la peur.
L’ange croisa ses bras sur sa poitrine, regarda Bill sévèrement et dit : «Ne va pas à Capetown avec ces hommes. Demeure à Johannesburg pour deux autres semaines de réunions. Demain tu rencontreras un homme...»
Pendant que l’ange parlait, la pièce devint floue, comme une aquarelle sur laquelle on aurait appliqué trop d’eau. Lorsque les couleurs figèrent, Bill se retrouva en face d’un caucasien bronzé et vigoureux, d’environ 50 ans. Il avait de petites oreilles et un nez large et plat. Il portait un chapeau safari penché sur un côté de sa tête avec un ruban de chapeau en peau de léopard. La vision montrait cet homme en train de faire un rêve choquant.
L’ange dit : «Son nom est Sidney Jackson et il a une ferme dans le nord. Il est un excellent chasseur et peut t’emmener faire un safari. Après les deux semaines à Johannesburg, tu dois prendre dix jours pour aller à la chasse avec Sidney Jackson. Puis rends-toi directement à Durban et restes y jusqu’à ce que je te le dise. Si tu fais ces choses, je te donnerai le pays.»
«Comment ferai-je pour convaincre les autres? Leur itinéraire est déjà établi.»
«Afin qu’ils sachent que c’est la volonté du Seigneur, demain le Révérend Schoeman t’amènera à Johannesburg...» La scène changea et Bill vit le coin d’une rue près d’un parc. Les parois d’un fossé étaient bordées de fleurs colorées. Une femme noire vêtue de mauve se tenait près du coin de la rue. L’ange dit : «Fais remarquer cette scène au Révérend Schoeman. Après cela, ils t’emmèneront à Pretoria...» La scène changea et ils se retrouvèrent près d’une autoroute sur le bord de laquelle une jeune fille noire vendait des perles. Ses cheveux étaient rasés sur un côté de sa tête, révélant une vilaine cicatrice. Pendant qu’il regardait ses perles, Bill entendit le cri perçant d’un oiseau qui traversait la rue en volant. L’ange dit : «Rappelle à Ern Baxter que tu lui avais dit que ces choses allaient se produire afin qu’il sache que c’est le “Ainsi dit le Seigneur ”. Lorsque vous serez rendus à Pretoria, ils t’,amèneront prier pour un homme qui pense avoir le cancer de la hanche, mais il se trompe. Il souffre d’une erreur chirurgicale. Lors d’une opération récente, le scalpel du chirurgien a glissé et a sectionné la mauvaise partie. Ne prie pas pour cet homme car il va mourir.»
La vision se dissipa et Bill se retrouva là où tout avait commencé, assis dans son lit, le dos appuyé contre la tête de lit, la Bible ouverte sur ses genoux et la sueur coulant le long de ses tempes. L’ange du Seigneur était parti.
Bill courut à la chambre voisine pour raconter la vision à son gérant de campagne. «Frère Baxter, réveillez-vous. L’ange du Seigneur vient de me rencontrer et il m’a dit de ne pas suivre l’itinéraire établi par le Comité National.»
Les yeux mi-clos, Ern Baxter acquiesça et marmonna : «Eh bien, vous allez devoir le dire à Frère Schoeman demain matin.»
Le lendemain matin, Bill partit à la recherche du Révérend Schoeman. Il le trouva juste au moment où celui-ci s’apprêtait à aller faire une course. Bill demanda s’il pouvait y aller avec lui. Lorsqu’ils eurent terminé et furent sur le chemin du retour, Bill raconta à son hôte la visite de l’ange. «Alors vous voyez, Frère Schoeman, vous allez devoir annuler votre itinéraire.»
Schoeman se passa la main sur son front chauve. «Frère Branham, je ne peux pas faire cela. Toutes les dates sont établies et les arrangements sont pris. Nous partons demain pour Klerksdorp. Nous ne pouvons pas annuler sans raison valable.»
«Mais nous avons une bonne raison, une très bonne raison. Le Seigneur m’a dit de ne pas y aller.»
«Je suis désolé Frère Branham, mais nous devons garder cet itinéraire. Nous avons déjà dépensé des milliers de dollars en publicité et les gens vous y attendent.»
Bill insista sur le fait que l’itinéraire devait être annulé mais Schoeman ne voulut rien entendre. Ils tergiversèrent longtemps, répétant chacun les mêmes arguments. Finalement, Bill se mura dans un silence frustré. Pour l’instant, il tournait en rond, mais il n’avait pas encore eu recours à la preuve que l’ange lui avait donnée. Il gardait ça pour le petit-déjeuner.
Lorsqu’ils arrivèrent à sa propriété, Schoeman tourna dans son entrée de cour et ils se mirent à descendre la longue allée. Avant qu’ils n’atteignent la maison, ils croisèrent un couple entre deux âges qui marchait dans la direction opposée. Aussitôt qu’ils arrivèrent vis-à-vis du couple, Bill reconnut l’homme. «Frère Schoeman, arrêtez!»
Surpris, Schoeman freina brusquement. Bill bondit hors de la voiture et alla se présenter au couple. «Bonjour, je suis Frère Branham.»
«Frère Branham, je suis venu ici pour vous rencontrer. Mon nom est...»
«Je sais» l’interrompit Bill. «Votre nom est Sidney Jackson. L’ange du Seigneur m’a dit que je devais aller me reposer à votre ferme pour un certain temps. Il m’a également dit que vous m’aviez vu en train de fumer lors d’un rêve ; mais je vous assure que je n’ai pas fumé de cigarette. Par ce rêve, le Seigneur vous montrait que je Lui serais désobéissant si je faisais ce que le Comité National veut que je fasse. Je vous raconterai cela plus en détails un peu plus tard. Pourquoi ne viendriez-vous pas prendre le petit-déjeuner avec nous?»
«Avec plaisir» répondit Jackson, la stupéfaction imprimée sur son visage.
«Très bien. En passant, Marrion est mon deuxième nom.»
Sidney Jackson ouvrit la bouche comme s’il s’apprêtait à dire quelque chose, mais il était trop ébahi pour dire quoi que ce soit.
Après le petit-déjeuner, Bill déclara : «J’ai une annonce à faire. Nous ne devons pas prendre l’itinéraire vers Klerksdorp. Le Seigneur m’a dit de demeurer à Johannesburg pour deux semaines de plus puis d’aller à la ferme de M. Jackson et de chasser avec lui pour me permettre de me reposer pendant dix jours. Je dois ensuite aller directement à Durban pour y rester jusqu’à ce que le Seigneur m’appelle. J’ai le pressentiment que je demeurerai à Durban environ un mois.»
Ce fut un moment où tout le monde se sentit mal à l’aise. Ern Baxter dit : «Frère Branham, je n’y vois aucun problème, mais vous allez devoir obtenir l’assentiment du Comité National.»
«Je l’ai dit à M. Schoeman et il est le président du comité ; alors ils doivent bien le savoir.»
Bill se tourna vers le Révérend Schoeman et dit : «Afin que vous sachiez que ceci est la vérité, aujourd’hui, lorsque nous nous rendrons en ville, nous verrons une femme noire vêtue d’une chemise mauve.»
Une expression incrédule se dessina sur les traits du Révérend Schoeman. «Frère Branham, j’ai vécu ici toute ma vie et je n’ai jamais vu de femme indigène portant du mauve.»
«Eh bien, vous en verrez une aujourd’hui. Elle se tiendra près d’un parc où il y a beaucoup de bancs et de gens vendant des fleurs.»
Schoeman sourcilla. «Je sais où se trouve ce parc.»
«Nous passerons près de ce parc aujourd’hui» dit Bill. «Un peu plus tard, Frère Baxter et moi, nous nous rendrons à Pretoria et nous arrêterons sur le bord de la route où une jeune fille noire vendra des perles. Elle aura un côté de la tête rasé, dévoilant une vilaine cicatrice. Pendant que nous achèterons des perles à son stand, un drôle d’oiseau volera au-dessus de la route. Ces signes vous démontreront que je vous dis la vérité. Le Seigneur ne veut pas que nous prenions cet itinéraire vers le sud.»
Le Révérend Schoeman tenta de s’esquiver en disant : «J’en parlerai aux autres membres du comité et je verrai ce qu’ils en diront.»
Ils furent ensuite occupés à autre chose. Vers 10 h, M. Schoeman demanda à Bill s’il voulait venir avec lui au centre-ville. Ils arrêtèrent au bureau de Schoeman en passant. Sur le chemin du retour, Bill remarqua le parc qu’il avait vu dans la vision de la veille. Tapotant l’épaule du
Révérend, Bill lui fit remarquer une femme indigène vêtue de mauve. Tout ce que Schoeman trouva à dire fut : «Dites donc!, comme c’est particulier.»
Lorsqu’ils arrivèrent à la propriété de Schoeman, Bill rencontra Justus du Plessis, l’homme qui allait lui servir d’interprète en Afrikaans pour le reste de son séjour en Afrique du Sud. Du Plessis était élégamment vêtu d’un complet trois pièces. Avec son front chauve et ses joues creuses, il ressemblait beaucoup à M. Schoeman, sauf pour les lunettes et la moustache. Du Plessis et Schoeman s’en allaient à Pretoria (qui était à environ 29 milles [47 km] de Johannesburg) prier pour un homme mourant. Ils demandèrent à Bill s’il voulait les accompagner. Bien sûr qu’il le voulait. Ern Baxter se joignit au groupe. Pendant le trajet, Justus du Plessis expliqua à ses passagers américains quelques coutumes de la culture sud-africaine. «Il y a habituellement des douzaines de vendeurs autochtones le long de cette autoroute. Ils montent des stands le long de la route en espérant vendre aux automobilistes leurs petites fabrications artisanales. Nous allons nous arrêter pour parler à quelques-uns d’entre eux et voir ce qu’ils ont à vendre. Vous aimeriez peut-être y acheter des souvenirs.»
Sidney Jackson et son épouse
Bill donna malicieusement un petit coup de coude à son gérant, mais il ne dit rien à Justus du Plessis à propos de la vision qu’il avait eue la veille. Ils couvrirent mille sur mille [kilomètre sur kilomètre] sans croiser le moindre vendeur. «C’est étrange» dit du Plessis. «Il y a habituellement plusieurs kiosques à cet endroit.» La conversation dévia ensuite vers d’autres sujets. Plusieurs milles [kilomètres] plus loin, ils croisèrent une jeune fille assise près d’un petit stand le long de l’autoroute. Du Plessis était tellement occupé à parler qu’il passa tout droit sans même la remarquer. À un demi-mille [800 m] plus loin, il arrêta de parler assez longtemps pour que Bill puisse lui mentionner la vendeuse qu’ils avaient croisée. Se rappelant sa promesse, du Plessis fit demi-tour.
La jeune indigène vendait des perles sculptées à la main. Son visage était assez difficile à oublier dû à une cicatrice qui plissait la peau sur un des côtés de son front. Ern Baxter prit une photo d’elle. Il entendit alors un cri perçant et se retourna pour apercevoir un oiseau multicolore volant au-dessus de la route. Il dit : «Regardez, Frère Branham, n’est-ce pas là un drôle d’oiseau?»
«C’est un paon sauvage» dit Schoeman.
Montrant du doigt la jeune fille à la cicatrice, Bill demanda à ses compagnons : «Vous souvenez-vous de la vision que je vous ai racontée ce matin?»
Baxter enleva ses lunettes. Ses yeux étaient arrondis d’étonnement. «Frère Branham, c’est exactement comme vous nous l’aviez prédit.»
Regardant le président du conseil directement dans les yeux, Bill déclara : «Frère Schoeman, je ne peux pas prendre cet itinéraire demain. Je suis désolé si cela interfère avec vos ministres et leurs plans, mais le Seigneur m’a dit de ne pas y aller.»
M. Schoeman soupira d’exaspération. «Frère Branham, nous devons suivre cet itinéraire.»
«Oh, vous le devez peut-être, mais pas moi.» Bill leur tourna les talons et se dirigea vers la voiture.
Ern Baxter le rattrapa et lui murmura : «Frère Branham, si nous étions en Amérique, j’aurais l’autorité en tant que gérant de campagne de dire non, nous ne suivrons pas cet itinéraire vers le Sud. Mais nous sommes ici à la merci de ces ministres. Ils ne comprennent pas comment le Seigneur vous guide par visions. Je suis avec vous à 100 pour cent ; mais que ces hommes puissent comprendre cela, c’est tout à fait différent.»
«Eh bien, qu’ils le comprennent ou non, je sais ce que le Seigneur m’a dit et c’est ce que j’ai l’intention de faire.»
Le lendemain matin, vendredi le 12 octobre 1951, Bill se réveilla au son de moteurs qui tournaient. Toujours vêtu de son pyjama, il déambula lentement vers le couloir d’entrée pour voir ce qui se passait. Il fut surpris d’apprendre que ses escortes étaient arrivées pour le conduire dans le Sud.
Justus du Plessis était aussi surpris. «N’êtes-vous pas prêt à partir, Frère Branham?»
«Non, monsieur. Je n’ai même pas fait mes bagages. Je n’ai pas l’intention d’aller où que ce soit.»
«Vous feriez mieux de faire vos bagages» dit le Révérend Schoeman. «Nous partons pour Klerksdorp aussitôt que vous serez prêt.»
Bill tint bon. «Je n’ai pas besoin de faire mes bagages avant au moins deux semaines et lorsque je le ferai, ce sera pour aller à la ferme de Jackson chasser le lion. En attendant, je continuerai de tenir des réunions ici à Johannesburg.»
Schoeman secoua la tête. «Nous avons déjà annulé les réunions ici.»
«Vous avez annulé les réunions?» Cela laissa Bill sidéré. Il n’avait pas prévu cette tactique et se sentait complètement désarçonné. «C’est ridicule. Le Seigneur nous a bénis ici et nous a dit de rester. Notre place est ici.»
«Il est trop tard pour changer les plans maintenant» dit du Plessis. «Tous ces gens sont retournés chez eux. Mais il y a d’autres foules qui nous attendent à Klerksdorp.»
«Klerksdorp compte combien d’habitants?»
«C’est une petite ville d’environ 30 000 habitants» répondit Schoeman.
Bill en fut bouche bée. Était-il possible de manquer de perspicacité à ce point? «Johannesburg compte 500 000 personnes» leur fit-il remarquer. «Pourquoi allons-nous dans un endroit aussi petit que Klerksdorp?»
«Nous avons promis au Frère Fourie que nous vous amènerions dans sa ville» expliqua le Révérend Schoeman, ajoutant à la hâte : «mais nous nous attendons à des foules de dix à quinze mille personnes, la plupart d’entre elles venant de la campagne environnante.»
Cette nouvelle renversa Bill davantage. «Où allez-vous les installer? Où vont-ils manger?»
Les ministres se mirent à remuer et à se lancer des regards embarrassés. Le Révérend Schoeman finit par admettre : «Nous ne le savons pas, mais nous avons promis au Frère Fourie que nous serions là pour le 12 octobre ; alors nous devons partir aujourd’hui. Et comme les réunions ici sont officiellement terminées, vous feriez aussi bien de venir avec nous.»
Bill ne savait plus que faire. À quoi bon demeurer à Johannesburg si les réunions étaient annulées? Il monta à sa chambre et fit ses bagages à contrecœur.
Ils étaient trois voitures à parcourir les 100 milles [160 km] au sud-ouest jusqu’à Klerksdorp. Ern Baxter, Fred Bosworth, Julius Stadsklev et Billy Paul Branham voyageaient dans la deuxième automobile. Bill était dans la voiture de tête avec Justus du Plessis, le Révérend Schoeman et deux autres membres du Comité National. C’était une magnifique journée ensoleillée. Le Révérend Schoeman, Justus du Plessis et les deux autres membres du comité parlaient avec animation des choses merveilleuses que Dieu avait accomplies à Johannesburg. De son côté, Bill était assis tranquille et ruminait sa désobéissance à la volonté du Seigneur. Il pria silencieusement : «Père Céleste, je veux aller à Durban comme Tu me l’as montré, mais je suis à la merci de ces hommes. Veux-tu me pardonner ma désobéissance?»
Il ne se sentait pas pardonné. Son sentiment de culpabilité augmentait à chaque mille [kilomètre] qu’ils parcouraient, jusqu’à ce qu’il ne soit plus capable de le supporter. «Arrêtez!» ordonna-t-il.
Le chauffeur arrêta la voiture sur le bord de la route. «Que se passe-t-il Frère Branham?»
«Je ne peux pas aller plus loin. Frère Schoeman, vous allez devoir me ramener à Johannesburg. Le Seigneur me dit de ne pas continuer.»
Les deux autres autos s’étaient arrêtées derrière la première voiture. Le Révérend Schoeman alla à la rencontre de Baxter et Bosworth et leur dit : «Il refuse d’aller dans le Sud. Vous allez devoir lui faire entendre raison.»
Ern Baxter et Fred Bosworth sortirent de l’automobile et rejoignirent Bill. Les autres ministres se rassemblèrent autour d’eux. Baxter demanda : «Frère Branham, quel est le problème?»
«Frère Baxter, je suis sensé tenir des réunions à Johannesburg pour les deux prochaines semaines, puis je dois aller chasser avec le Frère Jackson pendant dix jours et par la suite, je me rendrai directement à Durban. Si je vais à Klerksdorp, je serai désobéissant au Seigneur.»
Personne dans ce groupe ne croyait au ministère de Bill avec plus de ferveur que Fred Bosworth, un ministre vétéran de 74 ans qui avait lui-même tenu de grandes campagnes de guérison divine dans les années vingt et trente. Après avoir assisté à une des réunions de Bill en 1948, il avait été si impressionné qu’il avait abandonné toute idée de retraite pour devenir le gérant de campagnes de Bill. Et maintenant, contrairement à son habitude, il prit pour l’autre parti. «Frère Branham, vous faites erreur. Si vous allez dans le Sud avec ces hommes, je crois que vous allez voir infiniment au-delà de tout ce que vous pourriez demander ou penser.» Citant les écritures en Éphésiens 3:20.
Bill ressentit ces paroles comme un traître coup de couteau entre les côtes. «Papa Bosworth, je n’en reviens pas! De toutes les fois où vous vous êtes tenu sur l’estrade pour m’entendre dire “ainsi dit le Seigneur”, me suis-je jamais trompé?»
Détournant ses yeux du regard accusateur de Bill, Bosworth murmura : «Eh bien, cette fois-ci, je crois que vous faites erreur.»
Les ministres sud-africains commencèrent à se sentir vexés. Un homme dit avec colère : «Pensez-vous être le seul à qui Dieu parle?»
Bill répondit sèchement : «Korée eut cette idée un jour et il dit la même chose à Moïse, mais la terre se fendit et engloutit Korée[24]. Je ne sais pas ce que Dieu vous a dit à vous, mes amis. Tout ce que je sais est ce qu’Il m’a dit à moi.»
«Dieu nous a dit de suivre cet itinéraire» coupa le ministre.
«Et Dieu m’a dit de ne pas le suivre» insista Bill.
Et la dispute continua. Finalement, Ern Baxter prit Bill à part et lui murmura : «Frère Branham, nous sommes dans une situation délicate. Nous n’avons ni argent ni autres ressources, alors nous devons régler ce différend de façon diplomatique. J’aimerais que vous ne parliez pas autant de ce voyage de chasse parce qu’ils vont vraiment commencer à penser que vous n’êtes venu en Afrique que pour faire un safari. La moitié de ces ministres pensent qu’il est mal pour un chrétien de chasser. Lorsque vous mentionnez la chasse, ils songent aux milliers de gens désirant la prière et ils pensent que vous êtes dans l’erreur.»
Bill répondit d’une voix assez forte pour que tous l’entendent : «Si je ne chassais plus de toute ma vie, cela ne me dérangerait pas. Tout ce que je veux est de faire ce que Dieu m’a montré. Frère Baxter, vous avez été avec moi assez souvent pour savoir que lorsque j’ai une vision et que je vous dis quelque chose dans le Nom du Seigneur...»
Ern Baxter l’interrompit : «Frère Branham, si vous suivez une vision, je ne ferai plus d’oppositions. Peu importe ce que vous déciderez, je serai de votre côté.» Il jeta un coup d’œil nerveux au groupe de ministres qui se tenaient près des voitures. «Mais comme vous êtes pris avec ce Comité National et qu’il se fait tard en après-midi, ne pourriez-vous pas continuer jusqu’à Klerksdorp et prier pour les gens là-bas? Vous pourriez ensuite retourner à Johannesburg si c’est ce que vous voulez.»
Un bosquet de caroubiers projetait de l’ombre sur cet endroit précis où l’autoroute amorçait une courbe. Bill étendit la main et arracha les feuilles d’une branche un peu plus basse, les enferma dans son poing, retourna vers les automobiles qui attendaient et les lança aux pieds des ministres qui s’y trouvaient. «D’accord» dit-il les larmes aux yeux, «nous nous rendrons à Klerksdorp pour la réunion de ce soir. Mais rappelez-vous, ainsi dit le Seigneur : “À partir de maintenant, nous sommes en dehors de la volonté de Dieu et nous ne rencontrerons rien d’autre que des problèmes jusqu’à ce que nous retournions à Johannesburg.”»
Aussitôt qu’ils arrivèrent à Klerksdorp, ils découvrirent à quel point la campagne de Bill à Johannesburg avait remué le reste de l’Afrique du Sud. Plus de 10 000 personnes (de descendance européenne) s’étaient rendues dans cette petite ville provinciale, dépassant de beaucoup la capacité de la communauté à rencontrer leurs besoins. En apercevant les centaines de tentes et de petits campements improvisés dressés un peu partout sur les collines et dans les champs, le chauffeur de Bill commenta, tout excité : «Il semble que nous allons avoir une bonne réunion ce soir.» Bill secoua la tête, se sentant désolé pour ces pauvres gens ; plusieurs d’entre eux étant malades, se tenant à découvert à la merci du climat.
Ils se rendirent chez le Pasteur P.F. Fourie où ils allaient séjourner. Ce soir-là, le frère Bosworth entama la campagne de Klerksdorp. Toutefois, avant même que Bill ne puisse quitter la maison de Fourie pour se rendre à la réunion, une tempête tropicale s’abattit sur la contrée. Le tonnerre retentissait comme des coups de canons et une pluie torrentielle martelait les pelouses. La réunion fut annulée à la hâte mais il était tout de même passé minuit lorsque Baxter, Bosworth et les autres ministres revinrent.
«Oh, là, là, nous avons essayé ce soir,» dit Fred Bosworth en retirant son manteau et son chapeau détrempés.
«Ne vous avais-je pas dit que cela arriverait?» dit Bill. «Le Seigneur m’a dit de ne pas venir ici. Je suis en dehors de Sa volonté. Je dois retourner à Johannesburg.»
Les ministres sud-africains n’étaient pas d’accord. L’un d’eux répondit : «Nous ne pouvons pas retourner. Nous avons fait des promesses et nous devons les tenir.»
«De plus» ajouta un deuxième, «nous sommes accoutumés aux tempêtes de ce genre. Celle-ci se déchaînera toute la nuit mais demain, tout sera revenu à la normale.»
La tempête fit bel et bien rage pendant la nuit mais le petit matin se montra clair et prometteur. Ce soir-là pourtant, alors qu’ils s’apprêtaient à amener Bill à la réunion, une masse d’air froid anormale pour la saison s’abattit sur la ville. La température descendit presque jusqu’au point de congélation et un vent glacial se mit à souffler avec force. La réunion fut annulée de nouveau.
«Ne vous l’avais-je pas dit?» demanda Bill. «Demain soir, ce sera un tremblement de terre.»
Les membres du Comité National se regardèrent nerveusement. Ils prenaient maintenant en considération les mises en garde de cet homme inhabituel qui disait avoir été visité par un ange. Justus du Plessis demanda : «Voulez-vous vraiment dire qu’il y aura un tremblement de terre demain?»
«Je ne sais pas s’il y en aura un ou pas» rectifia Bill. «J’ai seulement voulu dépeindre la situation. Assurément, quelque chose de grave se produira parce que nous sommes en dehors de la volonté de Dieu.»
Mme Fourie leur servit à boire puis s’assit à la table pour écouter la conversation. Bill se pencha vers l’avant et dit que plus tôt en après-midi, il avait eu une vision concernant Mme Fourie mais qu’il ne pouvait pas en parler avant que tout le monde ne soit assis autour de la table, exactement comme la vision l’avait montré. Il raconta quelques événements qui s’étaient produits pendant l’enfance de Mme Fourie puis, il lui dit qu’elle avait une maladie cardiaque et des maux d’estomac dus à sa condition nerveuse, mais de ne pas s’inquiéter parce que le Seigneur Jésus-Christ l’avait guérie.
Des louanges étonnées s’échappèrent des lèvres des ministres sud-africains. Bill demanda : «Me croyez-vous maintenant? Dieu m’a dit de retourner à Johannesburg, d’y demeurer pendant deux semaines, puis d’aller me reposer à la ferme du frère Jackson pour ensuite aller directement à Durban. Ensuite je retournerai à la maison.»
Fred Bosworth dit : «Frère Branham, si vous faites cela, vous ne pourrez pas prêcher à autant d’Africains autochtones que si nous voyageons dans ces petites villes.» (Les ministres sud-africains demeurèrent silencieux à ce sujet, sachant que la majorité des réunions qu’ils avaient organisées étaient pour la population d’origine européenne. Bill n’apprit que plus tard que Durban était le seul endroit en Afrique du Sud où les Africains de race noire seraient admis dans les mêmes réunions que les Africains de race blanche.) Bosworth continua : «Frère Branham, si vous suivez cet itinéraire, je crois toujours que Dieu va accomplir infiniment au-delà de ce que nous pouvons penser ou demander.»
Posant une main fatiguée sur l’épaule de son ami, Bill dit : «Frère Bosworth, après toutes les batailles que nous avons combattues ensemble, vous doutez maintenant de ma parole? Je vous dis dans le Nom de Jésus que nous sommes hors de Sa volonté et qu’à partir de maintenant, nous ne rencontrerons rien que des problèmes.»
«Malgré tout» dit le Révérend Schoeman, «nous avons des engagements à respecter et devons par conséquent poursuivre cet itinéraire.»
Comme ils ne voulaient pas accepter les arguments de nature surnaturelle, Bill essaya de leur faire entendre raison par le bon sens. «Regardons avec logique pendant une minute. À Johannesburg nous avons l’approbation de la presse et de l’association médicale et il s’y trouve des centaines de milliers de gens, avec des endroits pour manger et dormir. Mais ici, les gens sont rassemblés à l’extérieur et n’ont même pas d’endroit où aller prendre leurs repas. Hier soir, ils ont failli périr noyés et ils sont maintenant en train de geler. Si vous ne faites que considérer le naturel, n’est-il pas plus logique de retourner à Johannesburg?»
Des toussotements nerveux se firent entendre avant que Schoeman ne reprenne la parole. «Frère Branham, nous avons investi des milliers de dollars dans cette tournée. Les terrains et auditoriums sont déjà loués. Les dates des réunions sont établies, de même que les heures. Les gens ont déjà fait leurs plans et certains ont voyagé de loin pour venir ici. Nous avons fait des promesses et ne pouvons revenir sur notre parole.»
Bill dit : «Eh bien, je n’ai rien promis à personne et je pars pour Johannesburg demain matin.»
Justus du Plessis demanda : «Qu’allez-vous faire une fois rendu là-bas?»
Il était pris au piège. Bill n’avait pas d’argent et ne pouvait rien faire par lui-même. Alors, même s’il retournait à Johannesburg, il allait avoir besoin de la collaboration de ces hommes qui s’y opposaient. Il était dans le pétrin. Pendant qu’il était assis là à méditer son dilemme, il se rappela soudain la prophétie qui lui était venue à Shreveport en Louisiane, lorsque le Seigneur l’avait averti que Satan lui avait tendu un piège en Afrique du Sud. Bill avait présumé que ce piège aurait à voir avec des sorciers ou des démons. Mais ce n’était pas cela du tout. C’était ça le piège! Ici même au milieu de ses frères chrétiens! Les mâchoires de leur système dénominationnel s’étaient refermées sur lui, le tenant fermement entre leurs dents froides et inflexibles, l’empêchant de faire ce que le Seigneur lui avait dit de faire. Sa situation semblait désespérée.
Bill avertit ses commanditaires : «Comme Paul l’a dit il y a longtemps, “vous auriez dû m’écouter et ne pas aller en Crête et causer tous ces problèmes.”[25] Mes frères, Dieu a une volonté permissive, mais je n’aime pas être dans Sa volonté permissive. Je veux être dans Sa volonté parfaite.»
Les membres du comité aimaient bien l’idée de la volonté permissive de Dieu. L’un d’eux dit : «Je crois que ce cas-ci est un cas où il sera bien d’être dans la volonté permissive de Dieu. Frère Branham, pourquoi ne demandez-vous pas à Dieu si vous le pouvez?»
Il était maintenant 2 h du matin. Ils avaient commencé la discussion à 10 h. Fatigué et découragé, Bill dit : «D’accord, je vais prier à ce sujet une dernière fois.»
Billy Paul Branham, qui avait assisté silencieusement à cette discussion de quatre heures, suivit son père dans sa chambre et ferma la porte derrière eux. Il observa son père traverser la pièce pour se placer devant la fenêtre et regarder la tempête qui faisait toujours rage. Son père se tenait les épaules basses, comme un homme défait. Billy Paul alla le rejoindre, mit sa main sur son épaule et dit : «Papa, n’écoute pas cette bande de prédicateurs. Fais ce que le Seigneur te dit de faire.»
«Billy, je suis déchiré. Je ne sais pas comment faire ce que Dieu me demande de faire. Je n’ai pas d’argent. Même si je retournais à Johannesburg, je ne sais pas comment je pourrais tenir des réunions sans la collaboration de ces hommes. Et comme tu as pu le constater, ils ne coopéreront pas. Je suis vraiment pris entre l’arbre et l’écorce.»
«Papa, même si aucune autre personne dans ce pays ne prenait pour toi, je serai toujours de ton côté.»
Bill donna l’accolade à son fils. «Prie avec moi, Billy.»
Ils s’agenouillèrent entre les deux lits jumeaux et prièrent ensemble. Mais bientôt, Billy Paul fut trop fatigué. Il se blottit dans son lit et s’endormit. Bill, de son côté, était trop troublé pour dormir. Ses pensées oscillaient entre l’arbre et l’écorce qui le tenaient pris au piège. Il devait trouver un moyen pour résister aux gens mêmes qui l’avaient invité en Afrique du Sud. Comment pourrait-il les persuader de l’écouter? Et s’il ne parvenait pas à les convaincre? Comment pourrait-il accomplir la volonté de Dieu à Johannesburg et Durban sans l’aide de ces gens? Son dilemme lui semblait insurmontable. Il se sentait comme un linge à vaisselle mouillé que l’on tord et retord pour en extraire l’humidité, et il pouvait maintenant sentir cette humidité mêlée de sel dans le coin de ses yeux.
Vers 3 h du matin, Bill sentit la présence de l’ange du Seigneur. L’instant d’après, une lumière se forma dans les airs puis s’éleva jusqu’au plafond en auréolant la tête de l’ange du Seigneur de sa flamme ambrée. Dehors, le vent soufflait avec force, ses bourrasques faisaient battre les volets contre les fenêtres. Bill était tremblant de crainte. Il ressentait cette peur paralysante à chaque fois qu’il rencontrait l’ange du Seigneur face à face. Le surnaturel ne lui était jamais devenu chose commune. C’était une dimension impossible à comprendre et difficile à supporter pour ses sens humains. Mais, même s’il était tout tremblant, il était reconnaissant de la venue de l’ange. Peut-être pourrait-il le sortir de son impasse.
Bill demanda : «Qui sont ces hommes et que veulent-ils?»
L’ange se tenait les bras croisés. Quoique Bill ne l’ait jamais vu sourire, son regard perçant était maintenant austère. «Va avec eux» dit l’ange sévèrement. «Puisque tu as amorcé le voyage avec eux, tu devras maintenant le compléter. Mais rappelle-toi, si tu descends dans le Sud avec eux, tu en souffriras les conséquences. Réveille Billy Paul et dis-lui : ainsi dit le Seigneur, la journée de demain sera chaude et belle. Ils amèneront Billy Paul à l'école du dimanche de bonne heure. Mais comme les réunions ont été tant retardées, Ern Baxter enverra Billy Paul te chercher pour que tu pries pour les malades ; sois prêt à partir. Ton fils arrivera avec un jeune homme dans une voiture noire. Il s’arrêtera en route pour embarquer un autre jeune homme. Après cela...» Ici, Bill vit deux hommes de couleur se tenant sous un eucalyptus près d’un pont. L’un deux, vêtu d’un habit de safari blanc, avait le bras dans les airs et s’apprêtait à frapper l’autre avec un bâton. L’ange dit : «Billy Paul va te rappeler ces choses. Par ces signes, tu sauras que je t’ai donné la permission d’aller dans le Sud. Mais souviens-toi, tu en souffriras les conséquences.»
Lorsqu’il sortit de la vision, l’ange était parti. Bill réveilla son fils et dit : «Billy, l’ange du Seigneur vient de me visiter.» Il raconta à Billy Paul ce que l’ange lui avait dit puis se rendit à la course dans la chambre que partageaient Baxter, Bosworth et Stadsklev. «Frères, réveillez-vous. J’ai le “ainsi dit le Seigneur”. Il m’a donné la permission d’aller dans le Sud avec vous, mais je vais en souffrir les conséquences parce que ce n’est pas la volonté parfaite de Dieu. En fait, nos réunions n’auront pas autant de succès qu’elles auraient pu avoir parce que nous ne devrions pas y aller. Demain matin, cette tempête sera terminée...» Puis il leur raconta les autres détails de la vision.
L’aube du dimanche matin fut aussi claire, calme et chaude que l’ange l’avait décrite. Billy Paul se rendit à l’école du dimanche avec Ern Baxter et les autres membres du Comité National. Peu de temps après, deux jeunes hommes ramenèrent Billy Paul dans une voiture noire pour qu’il aille chercher son père. Bill était prêt. En route vers la réunion, ils traversèrent un pont étroit. Non loin de là se trouvaient deux hommes de couleur se tenant sous un eucalyptus. L’un d’eux portait un ensemble de safari blanc.
Billy Paul montra les deux hommes du doigt. «Regarde, Papa, cet homme a un bâton et s’apprête à frapper l’autre indigène.»
Bill acquiesça. «Rappelle-toi ce que je t’ai dit la nuit passée, Paul. Je peux suivre cet itinéraire vers le Sud mais je vais en souffrir les conséquences.»