La Série Surnaturelle 
La vie de William Marrion Branham

La Série Surnaturelle
La vie de William Marrion Branham

Owen Jorgensen

L’arrêt d’un blizzard

Chapitre 91

Automne 1963



MAINTENANT QUE LEURS VACANCES d'été étaient terminées, Rebekah, Sarah, et Joseph Branham retournèrent à leurs écoles respectives en septembre 1963. Un après-midi, Meda devait se rendre faire des emplettes pour acheter des vêtements et des fournitures scolaires pour les enfants. Bill la conduisit chez J.C. Penny, un des grands magasins au centre-ville de Tucson. Pendant que Meda parcourait les allées de vêtements féminins au premier étage, Bill prit l'escalier roulant qui se rendait au deuxième, pour se chercher une chemise. Lorsqu'il eut terminé ses achats, il alla s'asseoir sur une chaise près du palier de l'escalier roulant, pour attendre son épouse. Le magasin était très achalandé et un flot continu de clients montait et descendait les deux escaliers roulants. Tels des globules rouges et blancs qui circulent dans les vaisseaux sanguins, ces clients étaient en quelque sorte le sang, ou l'âme, de l'entreprise. Plusieurs femmes portaient leurs cheveux courts et bouffants, selon la mode rendue si populaire par Jacqueline Kennedy, l'épouse du président des États-Unis. Trois adolescents montèrent l'escalier roulant : leurs cheveux étaient longs et tout en broussaille, avec une frange qui leur pendait jusqu'aux sourcils, selon la mode des Beatles, ces vedettes du rock and roll britannique. Les cheveux de l'un d'eux étaient si longs, qu'ils lui couvraient les épaules. Une fois rendus à l'étage, les ados se rassemblèrent autour d'un étalage de chemises pour vérifier les étiquettes et comparer les prix.

Une femme aux cheveux courts descendit de l'escalier roulant juste derrière eux. Elle s'assit sur la chaise juste à côté de celle de Bill et déposa ses sacs à provisions par terre. Inclinant un peu la tête vers les garçons aux cheveux longs, elle demanda : «Qu'est-ce que vous pensez de ça?»

Personnellement, Bill pensait que les garçons ressemblaient à des espèces de mauviettes, mais il répondit à la femme : «Honte à vous de vouloir les critiquer! Ils ont tout autant le droit de se laisser pousser les cheveux que vous en avez de couper les vôtres. Selon la Bible, ni l'un, ni l'autre est en règle.»

Surprise par une telle réponse, la femme reprit ses sacs et s'en alla. Les garçons aux cheveux longs s'en allèrent aussi. Bill continua d'observer les gens monter et descendre les escaliers roulants. Quelques adolescentes étaient vêtues de petits hauts étriqués et décolletés. Peu de femmes portaient des robes. La plupart portaient des pantalons ou des shorts et elles portaient presque toutes les cheveux courts. Une telle tristesse envahit Bill qu'il en avait la nausée. Comme le monde s'était éloigné de ce qui était vertueux, saint et décent!

Il remarqua aussi que le visage de la plupart des clients était dur et peu expressif. Il devint graduellement conscient du tintamarre qu'ils faisaient avec leurs pieds, avec leurs sacs de provisions, avec leurs marmonnements... le tout faisant un son lancinant «Euh. euh. euh. euh. «Un peu comme un avion à hélice... non, un moteur d'automobile... non, plutôt plusieurs moteurs d'automobile qui grondent sans réussir à démarrer. Non, ce n'était pas tout à fait ça... cela lui rappelait quelque chose qu'il avait entendu longtemps auparavant... mais il n'arrivait pas à l'identifier tout à fait. La prochaine femme à descendre de l'escalier roulant lui paraissait étrangement familière. C'était une Caucasienne qui s'adressait en espagnol à la dame hispano-américaine qui l'accompagnait. Derrière ses lunettes à monture d'écailles, ses paupières étaient fardées de vert émeraude criard, évoquant la peau des lézards verts. La couleur de son ombre à paupières déclencha alors un souvenir enfoui dans les tréfonds de sa mémoire... Maintenant, il savait où il l'avait déjà rencontrée!

Soudainement, il s'était retrouvé en enfer — l'enfer qu'il avait visité à l'âge de 14 ans, lorsqu'il avait failli mourir des suites d'une blessure aux jambes après la décharge accidentelle d'un fusil. Il y avait ce même terrible «Euh. euh. euh «à l'arrière-plan. Et ces mêmes personnes sans vie, aux visages indifférents, impassibles. Et cette même femme aux paupières d'un bleu verdâtre hideux, comme si elle souffrait d'une quelconque ulcération purulente. Il avait vu tout ceci lorsqu'il était descendu aux régions des âmes perdues, cela faisait quarante ans déjà. Il ne pourrait jamais oublier cet endroit répugnant, tant et aussi longtemps qu'il vivrait sur cette terre.

Se sentant faible et pris de nausées, il descendit l'escalier roulant à la rencontre de son épouse. Aussitôt que Meda l'aperçut, elle lui demanda : «Bill, qu'est-ce qui ne va pas? Es-tu malade?»

«Pas vraiment, mais si cela ne te dérange pas, j'aimerais rentrer à la maison tout de suite. J'ai l'impression d'être un homme mort. «Lorsqu'elle lui lança un regard perplexe, il rajouta : «Quelque chose s'est produit là-haut, mais je ne peux pas t'en faire part tout de suite. Je vais attendre de pouvoir en parler à l'église de Jeffersonville.»

WILLIAM BRANHAM ne voulait mettre aucune réunion à son programme pendant tout l'automne de 1963, afin de se garder du temps pour faire deux grandes expéditions de chasse. En septembre, Bill et Billy Paul, accompagnés de Fred Sothmann, se rendirent dans le nord de la Colombie-Britannique pour y chasser le mouflon d'Amérique. Ils campèrent le long de la rivière Toad, au niveau de la borne 442, sur la route de l'Alaska. En début d'année, Bud Southwick avait embauché Oscar, un jeune Amérindien de la tribu Mountain Indian Beaver, pour lui prêter main-forte lors des grandes expéditions de chasse. Lorsque Bill arriva à la cabane de Bud, Oscar vint demander si le guérisseur accepterait de venir prier avec lui pour sa mère malade. Elle avait fait une crise cardiaque et se mourait. Bill et Bud suivirent Oscar qui les conduisit à son village, jusqu'à la cabane où sa mère était alitée, blême et affaiblie. Son mari et plusieurs de ses enfants (elle en avait 22) se tenaient à ses côtés. Comme la mourante ne parlait pas l'anglais, sa fille, Louise, fit la traduction. Bill parla à la femme jusqu'à ce qu'il puisse contacter son esprit. Le Saint-Esprit se mit à révéler des détails intimes de sa vie, au grand étonnement de tous ceux qui

étaient présents dans la chambre. Dans le nom de Jésus, Bill implora la guérison de cette mère. Son visage se détendit et elle s'endormit paisiblement, respirant profondément et librement. Elle se réveilla quelques minutes plus tard, se sentant comme une neuve. Bill récita le «Notre Père «et se retira. Bud repartit avec lui.

Le lendemain matin, Oscar arriva très tôt pour aider à charger les chevaux de bât. Dès le milieu de la matinée, les chasseurs dirigeaient déjà leurs montures vers le nord. Comme ils devaient passer non loin du village d'Oscar, Bill voulut arrêter s'enquérir de sa mère. Elle et sa fille étaient à l'extérieur de la cabane en train de seller deux chevaux. Oscar avait récemment tué un orignal et les deux femmes s'apprêtaient à aller en couper des lanières de viandes pour les faire sécher.

Bill dit à la sœur d'Oscar : «Louise, tu pensais que nous faisions une prière catholique lorsque nous avons récité le “Notre Père” hier soir. Mais ce n'est pas une prière exclusivement catholique. Jésus nous a enseigné à prier : “Notre Père qui est aux cieux, que Ton nom soit sanctifié.” C'est valable pour tous les chrétiens. Cependant, je ne suis pas venu réciter une prière toute faite ce matin, je veux prier avec toi pour remercier Dieu d'avoir guéri ta mère.»

«Dorénavant, nous ne sommes plus catholiques. «Lui répondit Louise. «Nous croyons ce que vous croyez. Nous voulons être baptisées dans le nom de Jésus-Christ. Nous voulons recevoir le Saint-Esprit.»

Une fois les baptêmes complétés, les chasseurs remontèrent à cheval et poursuivirent leur route dans les grandes étendues sauvages. Ils avaient mis le cap sur une certaine lointaine vallée nichée dans les montagnes, à quelque 40 milles [65 km] de la route la plus proche. Ce soir-là, pendant qu'ils mangeaient autour d'un feu de camp, Oscar leur raconta comment il avait perdu quelques-uns de ses poneys, quelques mois auparavant. C'était entièrement de sa faute, une négligence flagrante de sa part. Bud Southwick le réprimanda en disant : «Oscar, tu aurais dû savoir qu'on ne délaisse pas des chevaux de cette façon! Tu les as perdus, à coup sûr. Les ours les ont probablement déjà dévorés. Des chevaux domestiqués, ça ne sait pas comment se tirer d'affaire avec un grizzly! «À cette réprimande, Oscar fut tout décontenancé et penaud. Pendant plusieurs jours, il ne faisait que suivre Bill comme une ombre ; là où Bill allait, Oscar allait aussi. Un bon soir, Oscar demanda : «Puis-je vous poser une question?»

«Bien sûr, Oscar», répondit Bill. «Qu'est-ce?»

«Frère Branham, demanderiez-vous à Dieu de m'aider à retrouver mes poneys?»

Bill, ne sachant pas trop si cela était encore possible, répondit : «Bud a dit que les ours les avaient probablement déjà dévorés.»

«Frère Branham, si vous le demandez à Dieu, je crois que Dieu me les rendra.»

«Crois-tu vraiment cela, Oscar?»

«Je le crois. Dieu a guéri ma mère. Dieu vous a dit où le caribou se trouvait et Il vous a montré cet ours grizzly, lorsque nul autre ne pouvait le voir. Dieu sait où se trouvent mes poneys. Il est capable de les protéger et Il est capable de vous montrer où ils se trouvent.»

Plus tard ce soir-là, pendant qu'ils se reposaient autour du feu de camp, le Saint-Esprit vint sur Bill et la nuit noire se transforma soudainement en une journée éclatante de soleil. Il regardait un canyon coincé entre des sommets élevés. Il vit un groupe de chevaux serrés les uns contre les autres. Il y avait tellement de neige dans ce canyon que les chevaux ne pouvaient guère se déplacer. Ils avaient l'air un peu maigres, mais autrement en bonne santé. Dans la vision, Bill vit quelqu'un se rapprocher d'eux en faisant crisser ses raquettes en traversant l’étendue de neige profonde. Dès que Bill reconnut celui qui marchait en raquettes, il se retrouva brusquement au camp, le regard fixé sur les flammes crépitantes du feu. Relevant la tête pour admirer la voûte étoilée, il dit : «Oscar, tu retrouveras tes poneys. C'est un “Ainsi dit le Seigneur.”»

«Où, Frère Branham?»

«Je ne sais pas. Le Seigneur ne me l'a pas révélé. Mais tu les retrouvas. Ils seront debout dans la neige.» 1

PENDANT LE MOIS D'OCTOBRE 1963, Bill se rendit à son emplacement préféré des montagnes Rocheuses du Colorado, pour la chasse au chevreuil. Cette année, plusieurs hommes étaient de la partie : Welch Evans et son fils, Ronnie ; Banks Wood et son fils, David ; Earl et John Martin ; Jack Palmer, Vernon Mann, Carl Wheeler et Billy Paul Branham. À environ 80 milles [130 km] au nord-ouest de Denver, ils firent escale dans la petite ville de Kremmling pour acheter des vivres et faire le plein d’essence. Ils prirent ensuite une route de terre qui longeait la rivière Troublesome. Cela les amena en direction nord, jusqu'à leur camp de base situé dans le parc forestier de Corral Peaks, directement sur la ligne de partage des eaux entre l’océan Pacifique et l’océan Atlantique, surnommé le Continental Divide. Non loin de là, un peu plus à l’ouest sur l’autoroute 80, se trouvait le col Rabbit Ears ainsi nommé pour la forme distinctive de l’amas rocheux au sommet de la montagne Rabbit Ears (Note : d’après leur forme en oreilles de lapin).

La saison de chasse au chevreuil commençait le lendemain, dès l’aurore. Lorsque les onze chasseurs eurent installé le camp et allumé un feu de camp, ils sortirent leurs fusils de chasse et se mirent tous à parler de chasse ; tous, sauf Vernon Mann. Vernon avait apporté une canne à pêche au lieu d’un fusil de chasse. Bill l'informa qu'il pourrait taquiner la truite de l'autre côté de la digue de castor située non loin de là. Avant le coucher du soleil, Vernon était revenu au camp avec huit belles truites.

Comme la température avait chuté sous le point de congélation pendant la nuit, les campeurs furent obligés de briser la glace qui s'était formée à la surface du ruisseau pour y puiser de l'eau. Pendant le petit-déjeuner, ils planifièrent leur journée de chasse — qui ferait équipe avec qui, et dans quelle direction chaque équipe devait se déployer. Bill aimait bien que les apprentis fassent équipe avec les chasseurs d'expérience lorsque c'était possible.

Jack Palmer lui dit : «Frère Bill, si tu fais mouche le premier, ne te gêne surtout pas, tu pourras continuer à chasser et en tuer un pour moi. Je n'aurai qu'à remplir ma vignette de validation et l'affaire sera réglée. Je n'ai pas besoin de tuer l'animal moi-même pour être satisfait d'une partie de chasse. C'est n’est pas tellement le sport qui m’intéresse, c’est plutôt la viande.»

Poliment, mais fermement, Bill refusa d'acquiescer à sa requête. Dans le passé, il avait l'habitude de tuer du gibier pour les autres chasseurs de son expédition de chasse. Lors d'une de ces expéditions, à la fin des années 1950, il avait même tué 19 wapitis pour des hommes d'affaires chrétiens, pendant qu'ils étaient restés assis autour du feu à s'échanger des histoires de chasse. Après ce voyage-là, il s'était senti lourdement condamné et avait promis au Seigneur de ne plus jamais abattre du gibier pour quelqu'un d'autre, à moins qu'il ne s'agisse d'une véritable urgence où quelqu'un aurait absolument besoin de cette viande pour subsister.

Le mardi, Bill et Billy Paul aperçurent Big Jim — un vieux mâle futé qui avait réussi à les déjouer et à s'esquiver d'eux pendant bien des années. Big Jim s'arrêta et fit une pause entre deux pins. Bill mira le cœur du gros mâle et tira. Dès qu'il fit feu, le vieux mâle bondit et disparut dans les sous-bois. Bill était certain de l'avoir touché, mais lorsqu'il se rendit sur place avec Billy Paul, l'animal n'y était plus. Ils durent suivre sa piste sanglante pendant plus d'une heure avant de trouver le cadavre. La balle l'avait frappé un peu trop haut pour le tuer avec humanité. Bill en avait mauvaise conscience. Bien qu'il avait pris soin de tester son fusil au champ de tir à Tucson, avant de partir à la chasse, il semblait que le changement de température et d'humidité avait déréglé sa lunette. Tandis qu'ils préparaient la viande, ils manipulaient la tête de l'animal avec soin, Bill comptait la faire empailler. Avec ses six pointes sur chaque rameau de son panache, Big Jim ferait un magnifique trophée.

Le mercredi matin était 23 octobre, soit le 22e anniversaire de mariage de Meda et de Bill. En ce matin frisquet d'automne, pendant que Meda était à la maison, occupée à préparer les enfants pour l'école, Bill était en pleine montagne, occupé à se réchauffer les mains sur une tasse de café, tout en contemplant la buée formée par la condensation de son haleine. Les chasseurs quittèrent le camp très tôt le matin ; chaque groupe de son côté. Comme Bill avait déjà tué son cerf, il servait de guide aux autres, les aidant à tuer le leur. Ce matin-là, il n'y avait pas un chevreuil en vue. Bill regagna le camp vers midi. Les autres y étaient déjà. Toutes les conversations étaient centrées sur la météo. Pendant qu’ils étaient partis à la chasse, un garde forestier était passé par le camp pour avertir Vernon Mann qu'une tempête approchait. Ouvrant la radio d'un des camions, ils écoutèrent le rapport Juin Огшт météorologique qui les avertissait qu'un imposant front froid descendait depuis le Canada, entraînant de grands vents et de fortes précipitations de neiges. Les météorologues s'attendaient à ce que le front gagne le Colorado au cours de la journée du lendemain.

Toute la matinée, les chasseurs se hâtèrent d'évacuer les plateaux les plus élevés. Des douzaines de pick-up et de jeeps avaient déjà défilé devant le campement de Bill, en route vers le pied de la montagne. Bill expliqua à ses compagnons pourquoi tout le monde se sauvait à la hâte. Dans une région montagneuse comme celle-ci, une personne qui n'était pas assez préparée s'exposait à périr dans un de ces blizzards. En effet, en une seule nuit, une telle tempête pouvait déverser suffisamment de neige pour complètement recouvrir une tente. De plus, dépendant de la rigueur de la tempête, il était possible de rester pris au camp pendant plusieurs jours. Bill ne devait prêcher à Tucson que dans six jours ; il était alors disposé à rester, si un ou plusieurs d’entre eux désiraient continuer à chasser. Earl et John Martin, Jack Palmer et Carl Wheeler décidèrent de plier bagages. Mais Welch Evans, Banks Wood et le Révérend Mann voulaient rester encore un peu de temps afin de tuer leur chevreuil avant la tempête. (Billy Paul Branham, David Wood, et Ronnie Evans, pour leur part, n'avaient d'autre choix que de suivre la volonté de leurs pères.)

Bill et Vernon retournèrent acheter des vivres à Kremmling, à 30 milles [50 km] de là, car, sait-on jamais, la tempête pourrait les piéger quelques jours dans les montagnes. Bill téléphona à Meda pour lui souhaiter un joyeux anniversaire et s'enquérir de sa santé. (Le kyste ovarien avait continué de grossir tant et si bien, qu'au dernier examen médical, il avait atteint la taille d'un pamplemousse — un bilan qui était devenu vraiment alarmant.) Meda n'était pas à la maison, alors il passa un coup de fil à Mme Evans, lui demandant de transmettre ses salutations et de lui laisser savoir qu'il pensait à elle en ce jour de leur anniversaire de mariage. Pendant qu'il était au magasin, il acheta l'édition du soir du journal local. À la une, une manchette météorologique annonçait l'approche menaçante du blizzard.

Très tôt le jeudi matin, Bill fit bouillir du café tout en étudiant les nuages noirs qui ceinturaient l'horizon. Après le petit-déjeuner, les hommes planifièrent leur trajet, fusils en bandoulières, prêts à partir. Bill leur dit : «Je monterai jusqu'à la “selle” de la montagne et je repousserai tout chevreuil qui s'y trouvera vers le bas du canyon où vous vous situerez. Soyez alertes et vigilants, toujours en mesure de pouvoir rapidement reprendre le sentier qui mène au camp. Au premier flocon de neige, retournez immédiatement au camp ; en moins de quinze minutes, il pourrait neiger si fort que vous ne verriez plus rien à 20 pieds [6 m] devant vous.»

En dépit de l'air frisquet d'automne, Bill était en sueur à force de peiner pour escalader la pente escarpée. Environ 4 milles [6,5 km] plus haut, il arriva à l'endroit appelé «la selle «— un col de montagne, tel un dos cambré à même le flanc de la montagne — qui lui permettait de traverser aisément dans la vallée adjacente. Il étudia attentivement les pics accidentés des Corral Peaks qui l'entouraient. Un flocon de neige lui frôla la joue. Bientôt, il y en avait partout — de gros flocons duveteux, tourbillonnant autour de lui, poussés par un vent vif du nord. Il cacha son fusil sous son manteau pour empêcher la condensation d'embrouiller sa lunette. Puisque les ours se déplacent pendant les blizzards, il était essentiel de garder sa lunette d'approche bien propre, dans l'éventualité d'avoir à se défendre contre l'un d'eux. Un soupir s'échappa de ses lèvres et c'est à regret qu'il fit volte-face et commença à descendre la montagne. À peine cinq minutes plus tard, les flocons de neige étaient devenus de la taille de grosses pièces de monnaie. Tout était devenu blanc et glissant. Les nuages gris foncé remplissaient maintenant tout le ciel et un vent violent poussait la neige en diagonale. Bien que Bill ne voyait qu'à 20 ou 30 pieds [6 ou 9 m] devant lui, il ne craignait pas de se perdre. La crête le guiderait jusqu'au ruisseau, et, de là, le ruisseau le guiderait jusqu'au camp.

Il avait marché peut-être un demi-mile [800 m], lorsqu'il entendit quelqu'un lui dire : «Arrête. Remonte. «Il poursuivit son chemin en se disant que les hurlements du vent violent à travers les arbres devaient lui jouer des tours en lui faisant entendre des choses, mais il demeura vigilant et garda l'oreille tendue. Par-dessus les gémissements et les sifflements du vent, il entendit quelqu'un répéter : «Arrête. Fais demi-tour et remonte là-haut.»

Soudainement, ses jambes devinrent molles et presque aussi inanimées que le fusil qu'il cachait sous son manteau. Il arrêta et regarda sa montre. Il était presque 10 h. Il sortit un sandwich à la mortadelle tout détrempé de sa poche et en prit une bouchée tout en réfléchissant à ce qu'il devait faire. Pourquoi Dieu lui demandait-Il de retourner à cette selle et d'affronter un tel blizzard? Cela lui paraissait complètement ridicule. Par contre, Dieu ne lui avait jamais fait prendre la mauvaise direction. Ce serait certainement un moment idéal pour mettre sa foi en action. Il fit donc demi-tour et commença à remonter la crête en prenant garde à ses pas. Il s'arrêta de nouveau sur la base rocheuse de la selle. La neige tourbillonnait furieusement tout autour de lui. «Mais qu'est-ce que je fais ici?», se demanda-t-il.

Malgré les hurlements du vent, il pouvait maintenant clairement entendre une voix lui dire : «Je suis le créateur du ciel et de la terre. J'ai fait le vent et la pluie. La nature m'obéit.»

Enlevant son chapeau de cow-boy, Bill regarda tout autour. Le Seigneur lui parlait souvent du milieu d'une grande lumière, que Bill savait être la Colonne de Feu, mais il ne s’agissait pas du même genre de lumière, cette fois-ci. La voix semblait plutôt venir de la cime d'un groupe d'arbres. Bill demanda : «Grand Jéhovah, est-ce Toi?»

«Je suis Celui qui a calmé les vents et les flots sur la mer de Galilée. Je suis Celui qui t'a dit de prononcer les écureuils à l'existence. Je suis Dieu. Parle à cette tempête et elle t'obéira.»

Comme ces Paroles s'accordaient avec les Écritures, il crut que c'était vraiment son créateur qui lui parlait. «Je ne douterai point de Toi, Seigneur. «Bill déclara : «Nuages, neige, verglas et vent, votre présence m'indispose. Au nom de Jésus-Christ, je vous renvoie à vos places d’origine. Je dis que le soleil doit sortir immédiatement et qu'il devra briller tous les jours, jusqu'à la fin de mon excursion de chasse.»

Soudainement, le vent changea de direction. Maintenant, il venait du sud et il soulevait les nuages et les refoulait à leur lieu d'origine. La neige cessa et un rayon de soleil se glissa à travers les nuages. À peine cinq minutes plus tard, le soleil s'était complètement dévoilé et la neige qui jonchait le sol avait commencé à s'évaporer, se transformant en nuages de brume. Le flanc de la montagne chatoyait maintenant tandis que la vapeur d'eau s'élevait et que le beau ciel bleu s'étirait et prenait toute sa place. En quelques instants, l'automne s'éclatait dans toute sa splendeur dorée.

Bill, rempli d'une crainte mêlée d'admiration et de respect, se sentait tout engourdi. Il pensa : «Le Dieu de la création Lui-même est tout près de moi. Tout est entre Ses mains. Que me dira-t-Il encore?»

Dieu répondit : «Pourquoi ne viendrais-tu pas faire une marche avec Moi à travers cette nature sauvage?»

«Oui, Seigneur, le privilège serait tout pour moi. Faire une marche avec Toi est certainement une des plus grandes choses qui me serait accordée.»

Le vent violent s'était maintenant transformé en une douce et agréable brise. Bill enfila son fusil en bandoulière sur l’épaule et descendit allègrement la montagne en empruntant une piste de gibier pour se frayer un chemin à travers la futaie vierge. Lorsqu'il arriva à une clairière, il sentit les rayons de soleil traverser ses vêtements et lui chauffer la peau. Il remit son chapeau sur sa tête, afin de donner de l'ombre à ses yeux.

Ses pensées se promenaient entre la bonté de son Seigneur et son anniversaire de mariage et la bonté de sa femme. Il pensait aux plus belles caractéristiques de Meda : il admirait sa piété, sa patience, sa fiabilité et qui plus est, elle était si travaillante! Elle tenait maison et elle s'occupait de leurs enfants pendant que lui voyageait et prêchait, une campagne évangélique après une autre. Bien souvent, il n'était pas aussi tôt revenu à la maison que, tel un aimant, il attirait des douzaines de personnes à venir le consulter à domicile, occasionnant stress et fatigue pour toute la famille. Et oust! Il était reparti à la chasse ou à la pêche, principalement pour s'éloigner des foules et trouver du repos pour son esprit. Malgré tout, elle ne se plaignait jamais, sauf une fois l'automne dernier. Elle était une femme tellement admirable, un véritable diamant.

Si l'on pouvait lui trouver un défaut, ce serait peut-être sa timidité, ou son côté propret. La dernière fois qu'il était à la maison et qu'il aurait aimé, par un bel après-midi, juste s'asseoir au salon avec elle pour causer un peu, elle avait été distraite parce qu'elle était au beau milieu de faire la lessive et qu'elle ne voulait pas s'arrêter. Tout en descendant la montagne d'un pas joyeux, Bill pensait : «Elle aime peut-être que je sois souvent absent, comme ça elle a le temps de faire tout ce qu'elle a à faire. «Mais au fond, il savait bien que ce n'était pas vrai. «Seigneur, dit-il, Tu sais que c'était notre anniversaire de mariage hier. Si Tu n'as pas d'endroit spécifique où Tu préfèrerais m'emmener, j'aimerais me rendre à ce bosquet de trembles là-bas, et rendre hommage à ma femme pour ces nombreuses années de bonheur ensemble.»

Le bosquet se trouvait non loin de la selle et lui rappelait l'endroit dans les montagnes Adirondack, dans l'état de New York, où il avait amené Meda vingt-deux ans auparavant, pour leur lune de miel/expédition de chasse. En effet, chaque mois d'octobre, lorsqu'il venait chasser ici dans le Colorado, il venait visiter cet endroit, prendre un moment pour honorer leur anniversaire de mariage. Comme il se rapprochait du bocage, il songeait au fait que Meda avait beaucoup changé et qu'elle n'était plus la jeune fille aux cheveux foncés qu'il avait épousée ce jour-là. Certes, elle était encore belle, mais sa chevelure foncée était maintenant striée de mèches grises. Bill sortit son fusil qu’il avait caché sous son manteau et se mira dans la vitre circulaire de la lunette de son fusil. À 54 ans, en y regardant de plus près, sa barbe de trois jours laissait entrevoir pas mal de gris. Tandis qu'il contemplait sa réflexion dans la lunette, les poils gris de sa barbe devinrent de plus en plus foncés jusqu'à ce qu'ils redeviennent aussi noirs que le matin de son mariage. Relevant la tête, il fut étonné de voir Meda debout dans le sentier, devant lui — pas la Meda qu'il avait laissée à Tucson, mais bien la Meda qui avait descendu l'allée centrale de l'église avec lui pour échanger les vœux et les alliances du mariage.

«Mais, que se passe-t-il? «Puis il réalisa : «Oh, c'est vrai, je marche avec le Maître.»

La jeune Meda ouvrit les bras pour l'inviter à se rapprocher, mais comme il s'approchait d'elle, la vision s'évapora... et sa joie fit de même. Il se sentit soudainement profondément nostalgique, sans pouvoir se l'expliquer.

Une fois arrivé au bosquet de trembles, il se coucha à plat ventre sur un épais tapis de feuilles mortes. Il ferma les yeux et pria : «Cher Dieu, Tu as été si bon pour moi. Je ne suis pas digne d'être Ton serviteur, mais je Te remercie du privilège que j'ai de Te servir. Je suis désolé pour toutes les erreurs que j'ai commises. Je ressens le poids d'un mystérieux fardeau depuis tant d'années. Je croyais qu'il s'allègerait après l'ouverture des sept sceaux, mais cela ne s’est pas produit. Selon moi, je me suis repenti de mon mieux. Je ne suis même pas certain de la signification de ce fardeau. Je T'en prie, enlèverais-Tu ce fardeau qui pèse tant sur mon cœur?»

Il entendait un ploc, ploc, ploc de gouttelettes d'eau qui dégouttaient non loin de là. En ouvrant les yeux, il réalisa que le son provenait de ses propres larmes qui tombaient sur le tapis de feuilles. S'assoyant, il s'adossa à un arbre et prit le temps de considérer la nature qui l'environnait. Les trembles font partie de la famille des peupliers. Les petits troncs de ces trembles-ci étaient recouverts d'une écorce blanche et s'élançaient dans les airs comme des flèches. Durant l'été, leurs feuilles sont d'un beau vert tendre, mais elles avaient maintenant viré au jaune et au brun avec la venue de l'automne. Il ne restait peut-être que la moitié des feuilles qui s'agrippaient encore aux branches, flottant dans la brise légère comme des petits drapeaux.

Un crouche, crouche, crouche, régulier sur le tapis de feuilles lui fit tourner la tête. Trois chevreuils s'étaient aventurés dans le bosquet — une biche et deux faons presque matures. C'est sûr qu'ils le voyaient! Comme ils ne distinguent pas bien les couleurs, ils auraient pu manquer le bandana rouge vif dont il avait décoré son chapeau, mais alertes comme ils sont, ils n’auraient pas pu manquer le mouvement de sa tête, ou encore sa silhouette qui contrastait fortement avec les troncs pâles des trembles en arrière-plan. Et pourtant, sa présence ne semblait pas les inquiéter outre mesure. Comment cela se pouvait-il? Hier encore on pouvait entendre les coups de fusil résonner et faire écho de haut en bas de tous ces canyons. Ils devraient plutôt être très méfiants.

Lentement, Bill épaula son fusil en se disant : «En voici un pour Frère Evans, un pour Frère Wood et un pour Frère Mann. Cela ne me prendra pas plus de trois balles — trois secondes, peut-être quatre. «Puis il s'arrêta. «Je ne peux pas faire ça. J'ai promis au Seigneur que je ne tuerais plus de chevreuils pour les autres, alors je ne le ferai pas. «Les chevreuils passèrent si près de lui qu'il aurait pu les toucher pour peu qu'il se soit étiré le bras. Ils déambulèrent lentement vers l'orée du bois, puis, inexplicablement, ils rebroussèrent chemin pour passer devant lui à nouveau. Dans sa tête, une pensée s'écriait : «Tue-les! Le Seigneur les a livrés entre tes mains! «Bill résista à cette pensée grâce à un exemple biblique : «Quelqu'un avait suggéré la même chose à David, un soir qu'il était caché dans une grotte, et que le roi Saül s'était endormi à l'ouverture de la grotte», pensait-il. «Mais David avait refusé de le faire.2 Moi non plus, je ne tuerai pas ces chevreuils. «À voix haute, il dit : «Mère, ta vie est entre mes mains, mais je vais t'épargner. Pars et emmène tes petits avec toi.»

Elle releva la tête et le regarda d'un air perplexe en dressant les oreilles et en donnant des petits coups de queue. Puis elle dirigea nonchalamment ses petits hors du bosquet.

Quelque part au-dessus de sa tête, la voix majestueuse lui dit : «Tu t'es souvenu de la promesse que tu M'avais faite. Moi aussi Je me souviens de la promesse que Je t'ai faite : jamais Je ne te quitterai ni t'abandonnerai.»

Son mystérieux fardeau le quitta sur-le-champ et ne revint jamais plus. Au cours des quatre prochains jours, tous les chasseurs de son groupe tuèrent leur chevreuil. Le soleil et la belle température furent de la partie, tout le temps de leur expédition. En route vers la civilisation, ils s'arrêtèrent à un poste d'essence pour faire le plein. Tout en bavardant avec le propriétaire, Bill dit : «Nous avons profité d'une température clémente tout au long de notre expédition de chasse. Les montagnes me semblent plutôt desséchées cependant ; elles bénéficieraient sûrement d'un peu de pluie ou de neige.»

Le propriétaire se gratta la tête et répliqua : «Savez-vous quoi? Il s’est produit une chose des plus étranges ici, l’autre jour. La semaine dernière, les météorologues prédisaient qu'un blizzard s'abattrait sur notre région. Le jeudi, il commença à neiger, puis d'un coup, ça s’est tout arrêté. Quand j'ai lu le journal du vendredi pour en savoir plus, les météorologues n'en savaient rien. Ils n'en avaient pas la moindre idée!»

«Comme c'est étrange», lui répondit Bill pour mettre fin à la conversation ; il croyait qu'il devait en faire part à son église avant d'en parler à qui que ce soit.

À LA MI-NOVEMBRE, Bill devait prêcher pendant une semaine entière à New York où plusieurs églises pentecôtistes s'étaient réunies pour parrainer sa campagne. En route depuis Tucson vers New York, Bill s'arrêta à Jeffersonville vers midi, le vendredi 8 novembre 1963. Naturellement, Orman Neville lui demanda de monter à la chaire pour les services du dimanche. Pendant la réunion du matin, Bill leur parla de sa visite étonnante aux enfers pendant qu'il était tout bonnement assis dans le magasin à rayons, J.C. Penny. Qu'est-ce que cela représentait? Il n'en était pas certain, mais il en avait tout de même une idée. Il intitula son sermon : «Les âmes qui sont maintenant en prison. «Pour ce sermon, il emprunta le même genre de cheminement que dans «Monsieur, est-ce le signe de la fin?», c'est-à-dire qu'il mettait en lumière certains événements que les Écritures prédisaient pour l'avenir, pour ensuite spéculer sur la possibilité qu'ils en étaient déjà rendus là.

Jésus a dit dans Matthieu 24:36 et 37 : «Pour ce qui est du jour et de l’heure, personne ne le sait, ni les anges des cieux, ni le Fils, mais le Père seul. Ce qui arriva au temps de Noé arrivera de même à l'avènement du Fils de l'homme. «Au verset 36, il le savait maintenant, c’était une référence au septième sceau. Ce qui fit que Bill étudia le verset 37 jusqu’à la fin du chapitre, avec un nouveau regard. Exactement comme les jours de Noé établissaient un parallèle avec les jours de la fin.

Pendant qu'il construisait un navire sur la terre ferme, Noé avait averti les gens de se repentir de leurs mauvaises voies et de se préparer pour le déluge dévastateur qui s'en venait. Cela semblait si fantastique que ses voisins ne voulurent pas y croire. Lorsque Noé eut achevé son projet, il entra dans l'arche avec sa famille, et Dieu ferma la porte. La Bible dit que Noé avait attendu sept jours avant qu'il ne pleuve.3 Pendant ces sept jours, tous ceux qui étaient à l'extérieur de l'arche continuaient à vivre normalement, ne réalisant pas qu'ils avaient manqué leur chance d'échapper à la destruction. La seule porte menant à la sécurité était fermée.

L’arche de Noé est un type de Christ, qui est la seule sécurité pour l’âme de l’homme. Après la mort de Jésus à la croix, pendant les heures où le corps de Jésus-Christ reposait dans la tombe, Son âme descendit en enfer pour prêcher aux âmes en prison. Pourquoi? Il était allé proclamer Sa victoire sur la mort et l'enfer. Pierre affirma que lorsque Jésus était descendu en enfer, Il avait prêché aux âmes de ceux qui avaient refusé le message de Noé.4

«Ce qui arriva au temps de Noé... «Bill se demandait jusqu’où il pouvait transposer le type aujourd’hui. Effectivement il y avait un parallèle entre le mal dans les jours de Noé et le péché et la corruption dans la société d’aujourd’hui. En outre, ce parallèle pourrait-il inclure aussi la «porte de l’arche «se refermant et les croyant attentant à l’intérieur de l’arche avant que le jugement de Dieu ne commence?

Le chapitre 5 de l'Apocalypse montre Christ, l'Agneau de Dieu, prenant le livre de la main de Son Père. Le livre de la Révélation renferme les noms de tous ceux qui seront sauvés. Apocalypse 13:8 dit que l'Agneau de Dieu fut immolé dans la pensée de Dieu avant même la fondation du monde et que c'est à ce moment-là qu'Il avait écrit les noms de Ses enfants dans le livre de la Rédemption. Au commencement de son périple terrestre, l'homme s'était égaré et était devenu séparé de Dieu. Jésus-Christ, l'Agneau de Dieu, avait totalement payé le prix du rachat de l'humanité lorsqu'Il Se sacrifia Lui-même sur une croix romaine, vers l'an 33 apr. J.-C. Cependant il y avait un grand nombre de prédestinés au salut qui n'étaient pas encore nés. Alors, après que Jésus-Christ eut ressuscité des morts, Il prit le rôle de médiateur entre Dieu et les hommes jusqu'à ce que le dernier ou dernière prédestiné(e) naisse, accepte Christ et naisse de nouveau. Lorsque le dernier fils de Dieu recevra le Saint-Esprit, Christ n'aura plus besoin d'agir comme intermédiaire.

Sachant qu'il s'agissait d'un moment extraordinaire quand l'Agneau de Dieu avait ouvert les sept sceaux, en mars dernier, Bill se demandait si «la porte de l'arche «n'était pas en train de se refermer. Le septième sceau parlait d'un laps de temps, d'une mystérieuse «demi-heure de silence «au sujet de laquelle Dieu ne révélait aucun secret. Jésus avait dit qu'Il était la seule porte d'entrée au Royaume de Dieu.5 Cette porte avait été ouverte pour les Gentils, pendant environ 2 000 ans. Bill dit alors que la porte donnant accès à la miséricorde de Dieu se fermerait définitivement, quelque part entre l'ouverture du septième sceau et le commencement de la septième trompette. Christ aurait terminé son ministère en tant qu'Agneau de Dieu. Lorsqu'Il reviendra en Israël et que Ses pieds toucheront le Mont des oliviers, Il le fera en tant que Lion de la tribu de Juda.

Dans ce sermon, Bill ne mettait pas tant l'accent sur la peur, il s'acharnait plutôt sur la question cruciale, à savoir : êtes-vous né de nouveau? Si vous êtes né de nouveau, votre nouvelle nature vous conduira au message que Dieu a envoyé pour votre heure. Le reste de l'église dormira pendant tout ce temps-là. Puis à un moment donné, la «porte de l'arche «se fermera. Ceux qui resteront à l'extérieur se feront prendre dans une sorte de prison, celle qu'ils se seront, en quelque sorte, construite d'eux-mêmes.

Bill fit le témoignage suivant : «En vision, j'ai visité les deux endroits — la région des perdus et la région des rachetés. Que nul n’aspire à entrer dans la région des perdus! Le cerveau humain est incapable d'en saisir toute l'horreur! Quiconque entend ma voix, si vous n'êtes pas encore sauvé, repentez-vous maintenant et mettez votre âme en ordre avec Dieu. Joignez-vous au nombre des rachetés. Je veux que vous vous retrouviez dans cet endroit béni où les rachetés vivent en paix. La perfection qui règne en cet endroit dépasse tellement tout entendement humain que nos mots sont insuffisants pour en faire la description.6 Dieu est mon Juge, je crois solennellement avoir visité les deux endroits. Je vous dis la vérité.»

En soirée, Bill prêcha : «Celui qui est en vous. «Pendant ce sermon, il raconta à sa congrégation l'expédition de chasse au Colorado où il avait parlé à la tempête et qu'elle lui avait obéi. De nouveau, il insista sur la signification de Marc 11 :23 — Si tu dis à cette montagne «Ôte-toi de là «et que tu crois en ton cœur que cela arrivera. Bill dit : «Si seulement nous réalisions ce que cette Écriture veut dire : “Celui qui est en vous est plus grand que celui qui est dans le monde.”7 Nous savons que c'est la vérité, mais nous ne le comprenons pas entièrement. Qu'y a-t-il de plus grand en vous? C'est Christ, l’Oint! Le Dieu qui était en Christ est également en vous. Alors, s'Il est en vous, ce n'est plus vous qui vivez, c'est Lui qui vit en vous. Voyez-vous? Cela ne veut pas dire qu'Il doive opérer des miracles à travers chaque croyant. Lorsque Moïse conduisit les enfants d'Israël hors d'Égypte, il fut le seul à opérer des miracles. Les autres n'ont fait que suivre son message. Mais Dieu est en vous exactement comme Il était en Jésus-Christ. Souvenez-vous que tout ce que Dieu était, Il le versa en Christ ; et tout ce que Christ était, Il le versa dans Son église.»

En revenant de New York, il passa la fin de semaine des 23 et 24 novembre à Jeffersonville. Le dimanche matin, au Branham Tabernacle, il prêcha : «Que ferons-nous de ce Jésus qu'on appelle Christ? «Il se référait à la question du gouverneur romain, Ponce Pilate.8 Il voulait leur faire réaliser qu'ils ne devraient pas condamner Pilate trop rapidement — chaque individu se trouve confronté à la même question : «Que dois-je faire avec Jésus-Christ? «À la réunion du soir, il prêcha : «Trois sortes de croyants «en démontrant comment le monde était divisé en trois groupes : les croyants, les soi-disant croyants et les incroyants. Les soi-disant croyants sont ceux qui professent avoir la foi en Dieu, mais dont le fruit de leur vie ne concorde pas avec leurs paroles.

Plus tard en soirée, il décida de téléphoner à son épouse. Il pensait bien que Meda ne se serait pas encore endormie. En effet, à cause du décalage horaire entre les fuseaux horaires, il était deux heures plus tôt en Arizona, là où elle se trouvait, qu'en Indiana, d'où Bill lui téléphonait. Bill se faisait du souci au sujet de la santé de Meda. Au cours des 12 derniers mois, le kyste sur son ovaire gauche était passé de la grosseur d'une noix de Grenoble à celle d'un pamplemousse. Ils avaient prié ensemble pour une guérison miraculeuse, mais jusqu'à présent, leurs prières étaient restées sans réponse. Bill savait qu’il ne pourrait pas repousser l'opération indéfiniment. Le docteur Scott leur avait vivement conseillé de faire enlever la tumeur chirurgicalement, avant qu'elle ne devienne maligne.

Bill n’avait rien contre les médecins ; en fait, il tenait souvent des propos élogieux à leur endroit devant ses auditeurs. Mais il leur rappelait toujours que Dieu était le seul guérisseur et que les médecins ne faisaient que prêter main forte aux processus naturels de guérison que Dieu avait instaurés pour nous.

En répondant, Meda s’empressa de lui annoncer ses mauvaises nouvelles : «Oh! Bill, cette semaine fut la pire d'entre toutes. Je peux à peine me déplacer. Mon côté est tellement enflé qu'il excède de 2 pouces [5 cm]. Je ne peux même plus endurer la friction de ma robe à cet endroit. J'ai dû rester couchée presque toute la semaine.»

«Quand dois-tu voir le médecin?»

«Demain matin. Sœur Norman m'y conduira»

«Chérie, lui demanda Bill, penses-tu être capable d'attendre encore quelques semaines avant de subir cette opération? Ce serait tellement agréable de pouvoir amener les enfants à Jeffersonville pour les vacances de Noël. Tu pourrais subir l'opération tout de suite après Noël.»

«Je demanderai la permission au Dr Scott.»

«Je pars pour la Louisiane dès demain matin. Cela me prendra deux jours pour arriver à Shreveport.»

Elle lui dit alors : «Téléphone-moi mercredi soir après la réunion, tu seras alors en mesure de me donner des nouvelles de nos bons amis.»

Le lendemain matin, Bill s'agenouilla face au pouf du salon. Au cours des nombreuses années où la famille avait habité au presbytère de Jeffersonville, ils s'étaient toujours réunis autour de ce même pouf pour prier avec lui avant qu'il ne parte en tournée. Ce matin, il pria brièvement pour la campagne à venir, puis il se concentra sur l'affliction de Meda.

«Seigneur Jésus, je Te prie d'être miséricordieux envers elle. Ne permets pas à cette tumeur de devenir maligne. Seigneur, elle ne voulait pas dire ce qu'elle a dit ce matin-là. Elle ne s'est jamais plainte du fait que j'étais constamment parti en voyage pour prêcher, ou pour aller à la chasse, ou encore à la pêche. Elle a toujours vu à ce que mes vêtements soient propres et prêts à partir. Elle a toujours été une si grande aide pour moi, et je l'aime tant. Si ce kyste doit être enlevé chirurgicalement, fais en sorte que le médecin accepte d'attendre au mois de janvier pour le faire. Elle a déjà subi plusieurs incisions pour donner naissance à nos enfants. Je déteste la voir être obligée de subir encore une autre opération.»

Bill pensait avoir entendu quelqu'un lui dire : «Lève-toi. «Comme il était seul dans la maison, il conclut qu'il avait tout simplement imaginé la chose, alors il continua à prier. Puis il l'entendit de nouveau : «Lève-toi. «Il leva les yeux vers le tableau de Jésus qui était accroché au mur. C'était une reproduction de la toile d’Heinrich Hoffman ; Bill aimait prier au pied de cette représentation parce que cela l'aidait à rester concentré et à se rappeler que Jésus écoutait vraiment chaque mot qu'il prononçait. En levant les yeux, il vit la réflexion de la Colonne de Feu dans la vitre qui protégeait le tableau. La même voix lui commanda une troisième fois : «Lève-toi.»

Il se leva et se retourna pour faire face à une colonne de feu qui flamboyait au milieu de son salon. Sa poitrine se resserra et il se mit à haleter rapidement en cherchant à se remplir d'oxygène. Du centre de ce brasier, une voix lui dit : «Demande ce que tu voudras, et il en sera ainsi. «Puis, la Colonne de Feu se replia sur Elle-même et disparut complètement.

La pièce était devenue si calme et silencieuse qu'un soi-disant croyant aurait probablement douté que quelque chose de surnaturel venait de se produire. Mais William Branham était un authentique croyant et il n'avait aucune envie de douter. Il dit à haute voix : «Avant que la main du chirurgien ne puisse toucher à mon épouse, la main de Dieu enlèvera ce kyste, et l'on ne pourra même plus le trouver.»

Confiant que Meda allait se tirer d'affaire, Bill passa par la maison pour cueillir Billy Paul et Loyce et les emmener avec lui, direction sud pour Shreveport, en Louisiane. Après le service du mercredi soir, ils se réunirent tous les trois autour d'un téléphone pour appeler Meda à Tucson. Bill dit à son fils : «Écoute attentivement et vois si les choses ne se seront pas passées telles que je les ai prédites.»

Lorsque Meda répondit, sa voix était toute douce et joyeuse. «Bill, j'ai quelque chose de merveilleux à te raconter. Le kyste a disparu. Je ne sais pas ce qui est arrivé. Lorsque je suis entrée dans la salle d'examen, mon côté me faisait si mal que j'arrivais à peine à me déplacer ; Sœur Norman a dû m'aider à monter sur la table d'examen. Mais au moment où le docteur Scott est entré dans la pièce, j'ai senti quelque chose de froid me traverser le corps et le kyste a cessé de me faire mal. Puis, lorsque le Dr Scott a voulu vérifier le kyste, il n'y en avait plus. Il refit donc tous les examens, mais il ne pouvait même plus le trouver!»

Banks Wood, Billy Paul Branham, Ronnie Evans, William Branham, Welch Evans, Carl Wheeler et Vernon Mann (accroupi) pendant l’expédition de chasse où la tempête s’est produite.

1 Le 12 Juin 1964, William Branha recut une letter de Louise a l'effet qui son frere avait trouve ses poneys se tenant debout dans un canyon rempli de neige, exactement comme Bill l'avait dit. En effet, la neige etait si epaisse dans la region montagneuse ou ils s'etaient egares qu'Oscar n'avait pas pu les recuperer tout de suite; il avait du leur apporter de la nourriture a l'aide de luge.

2 1 Samuel 24

3 Genèse 7:6-10

4 1 Pierre 3:18-20

5 Jean 10:1-18

6 1 Corinthiens 2:9 ; 2 Corinthiens 12:1-4 ; Apocalypse 21 et 22

7 1 Jean 4:4

8 Matthieu 27:22



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