1. Une enfance pauvre et un signe de lumière
"Dieu a choisi les choses viles du monde et celles qui sont méprisées (...) en sorte que nulle chair ne se glorifie devant Dieu" (1 Corinthiens 1:28)
Naissance (6 avril 1909)
"Je suis né dans une petite cabane, là-haut dans les montagnes du Kentucky [près de Burkesville]. L'unique pièce où nous vivions n'avait ni tapis, ni même de plancher de bois, c'était seulement un plancher de terre battue. Une tranche de souche posée sur trois pattes nous servait de table. Et tous les petits Branham s'entassaient là et nous nous traînions dehors dans la poussière comme une bande d'opossums. Nous étions neuf garçons et une petite sœur ... Il y avait deux chaises faites avec des jeunes branches et de l'écorce de noyer...
Ma mère avait quinze ans à ma naissance, et mon père dix-huit ans. J'étais l'aîné.
Nous étions très pauvres, les plus pauvres parmi les pauvres. Notre petite cabane n'avait pas de fenêtre, seulement un petit volet de bois dans la porte qu'on laissait ouvert le jour et qu'on fermait la nuit. Nous nous éclairions avec une lampe à suif.
Ma grand-mère a servi de sage-femme. Et ainsi, le matin où je suis né et où j'ai commencé à pleurer, ma mère a voulu voir son enfant, et elle n'était elle-même qu'une enfant. Et lorsque papa a ouvert le volet juste au point du jour vers cinq heures, il y avait là un petit rouge-gorge à côté d'un buisson près de la fenêtre, chantant de toutes ses forces. Et alors ma mère m'a dit que cette Lumière, de la taille d'un oreiller, est entrée en tourbillonnant et s'est arrêtée au-dessus du lit.
Mes ancêtres étaient catholiques... Mon père était strictement irlandais. Ma mère s'appelait Harvey. Son père avait épousé une Indienne Cherokee. Mon père et ma mère n'allaient pas à l'église. Ils se sont mariés en dehors de l'église et n'étaient pas religieux du tout. Là-bas dans les montagnes, il n'y avait même pas une église catholique.
Et cette Lumière les a effrayés, ils ne savaient pas quoi faire... Ils ont raconté cela partout dans les montagnes : "Cette lumière est entrée." Et ils ont essayé de comprendre ce qui s'était passé. Certains ont dit que cela devait être le soleil se réfléchissant sur un miroir dans la pièce, mais il n'y avait pas de miroir et le soleil n'était pas encore levé, car il était trop tôt, il était cinq heures. Et puis ... ils ont oublié.
Au bout de dix jours, ils m'ont emmené à une petite église baptiste appelée "Le Royaume des Opossums". Un vieux prédicateur itinérant baptiste venait là-bas environ une fois tous les deux mois. Les gens tenaient alors une petite réunion et chantaient quelques cantiques, mais ils avaient droit à une prédication chaque fois que le prédicateur passait par là. Ils le payaient chaque année avec un sac de citrouilles, ou quelque chose de ce genre, que les gens récoltaient pour les lui donner. Et ce prédicateur a prié pour moi, alors petit garçon. C'était mon premier passage à l'église...
Mon père était plutôt petit, trapu, c'était l'un des hommes les plus forts que je connaisse parmi les hommes de petite taille.
Je me souviens que lorsque papa entrait pour dîner, il retroussait ses manches pour se laver et je pouvais admirer ses courts bras trapus ; et quand il se levait pour jeter de l'eau sur son visage, les muscles de ses bras saillaient et je disais : "Vous savez, mon papa vivra jusqu'à cent cinquante ans". Il était si fort ! Mais il est mort à cinquante-deux ans.
J'ai vu mon père revenir des bois tellement brûlé par le soleil, que maman devait prendre des ciseaux pour couper la chemise collée à son dos. Il travaillait ferme. Je l'aimais tendrement quoiqu'il fût un buveur. Il me fouettait parfois, mais pas autant que je l'aurais mérité. La loi des dix commandements était inscrite sur la muraille et un grand fouet était suspendu au-dessus... Des années plus tard, il a donné son cœur à Jésus-Christ et il fut sauvé quelques heures avant de mourir dans mes bras.
Mon père était le gars typique des montagnes, qui buvait constamment. Il s'était trouvé mêlé à une rixe où deux ou trois hommes furent presque tués en se battant à coups de fusils et de couteaux. Et papa avait été l'un des meneurs de cette rixe. Il y avait là un ami qui avait été blessé et qui, à son tour, avait frappé quelqu'un avec une chaise. L'homme avait sorti un couteau et il allait frapper au cœur l'ami de papa étendu sur le sol lorsque papa s'en mêla. L'autre s'appelait Will Yarbrough. C'était un homme très fort et mauvais. Il y eut un grand combat au couteau entre lui et papa. Et mon père tua presque cet homme ; cela a dû être une bagarre terrible, parce que depuis Burkesville, à plusieurs kilomètres de là, ils ont envoyé un shérif à cheval chercher papa. Et donc il a dû s'enfuir et quitter le Kentucky et traverser la rivière pour venir en Indiana.
Il avait un frère qui vivait à cette époque à Louisville au Kentucky. C'était le sous-directeur de la scierie "Mosaïque du bois" à Louisville, Kentucky. Papa était le plus jeune des garçons d'une famille de dix-sept enfants. Et il est donc venu trouver son frère aîné et il est parti pour presque un an. Il ne pouvait pas revenir, car il était recherché par la justice. Quand nous avons eu des nouvelles de lui, par une lettre signée d'un autre nom, il disait à ma mère que ce serait ainsi qu'elle aurait de ses nouvelles.
Plus tard, nous avons déménagé en Indiana et mon père a travaillé pour un homme riche. Monsieur Wathen était multimillionnaire. Il possédait les distilleries Wathen et aussi beaucoup d'actions. Mon père était son chauffeur particulier. Papa était pauvre, cependant il ne pouvait se passer de boisson ; il allait donc fabriquer du whisky dans une distillerie.
Et alors cela est devenu une épreuve pour moi, parce que j'étais l'aîné des enfants. Je devais aller porter de l'eau à cet alambic. Ensuite, il s'est mis à le vendre. Il s'est procuré deux ou trois de ces alambics. Voyez-vous, je n'aime pas raconter tout cela mais c'est la vérité."
[ "A Man Sent From God" de Gordon Lindsay, p. 33. Footprints, p. 19 à 23, d'après "My Life Story" le 6 avril 1959 à Los Angeles, Californie, et p. 94 d'après "Early Spiritual Experiences" le 15 juillet 1952 à Hammond, Indiana]
La mère et l'enfant échappent de justesse à la mort
Le père, bûcheron, était souvent absent de la maison, surtout dans les mois d'automne et d'hiver lorsque le temps était trop mauvais pour voyager. La mère et l'enfant restaient donc seuls au logis. Un jour, ils faillirent perdre la vie tous les deux. Le bébé avait six mois environ et le père était absent lorsque survint une terrible tempête. Pendant plusieurs jours, toute la contrée fut bloquée par la neige. Il n'y avait pas beaucoup de réserves dans la petite cabane, et bientôt il n'y eut plus ni bois ni nourriture. La mère, enveloppant ses pieds de vieux sacs, partit dans les bois abattre de petits arbres qu'elle traînait dans la cabane pour essayer de garder le feu. Mais elle s'affaiblissait de plus en plus et elle dut bientôt abandonner ce travail. La mère et l'enfant restèrent alors au lit attendant la fin. Mais Dieu envoya un ange protecteur et leur sauva la vie.
A portée de vue de la petite maison vivait un voisin. Pressentant qu'il se passait quelque chose, il jetait souvent un regard vers l'humble logis et sa crainte allait croissant en ne voyant plus aucune fumée sortir de la cheminée. Après quelques jours, il eut la ferme conviction qu'il devait aller voir sur place ce qui se passait, bien que la distance signifiât pour lui un gros effort à travers la neige amoncelée.
En arrivant à la porte, ses craintes se confirmèrent, car il ne reçut aucune réponse de l'intérieur. Il n'y avait aucune trace de pas autour de la maison et la porte était verrouillée. Il la força et fut effrayé du spectacle qu'il vit : la mère et l'enfant, enveloppés de couvertures, étaient sur le point de mourir de faim et de froid. Il se procura rapidement du bois et fit un grand feu pour réchauffer le logis. Puis il retourna chez lui chercher de la nourriture.
[ "A Man Sent From God" de Gordon Lindsay, p. 28 à 30]
Première prophétie à l'âge de trois ans
"Je devais avoir environ trois ans, et mon petit frère deux ans à peine. Avec mon jeune frère de deux ans, nous étions dehors au fond de la cour où il y avait un appentis pour fendre et entreposer le bois.
J'avais un gros caillou à la main et j'essayais de lui montrer avec quelle force je pouvais jeter ce caillou dans la boue, là où une source était sortie de terre et avait rendu le sol boueux. Et j'ai entendu un oiseau qui chantait dans le haut d'un arbre. J'ai regardé cet arbre et l'oiseau s'est envolé et c'est alors qu'une Voix m'a parlé.
Maintenant, je sais que vous pensez que je ne peux pas me souvenir de cela. Mais le Seigneur Dieu qui est Juge des cieux et de la terre et de tout ce qui est, sait que je dis la vérité.
Comme un vent à travers un buisson, une Voix est venue de l'endroit où était auparavant l'oiseau dans l'arbre : "Tu vivras de nombreuses années près d'une ville appelée New-Albany". J'ai raconté cela à ma mère, mais elle a cru que j'avais rêvé. Mais j'y suis allé un an plus tard et j'ai vécu depuis l'âge de trois ans jusqu'à maintenant dans un rayon de cinq kilomètres autour de New-Albany, Indiana."
[Footprints, p. 22, 23 d'après "My Life Story" le 6 avril 1959 à Los Angeles, Californie, et p. 58, 59 d'après
"How The Angel Came To Me And His Commission", 17 janvier 1955 à Chicago, Illinois]
Premier message de l'Ange
"Un jour, transportant de l'eau de cette pompe qui était à distance d'un pâté de maisons, je rouspétais parce qu'après l'école, tous les autres garçons étaient allés pêcher à l'étang. J'aimais beaucoup pêcher et ils étaient tous partis sauf moi, parce que je devais transporter de l'eau à cet alambic. Bien sûr, cela devait rester secret, c'était pendant la prohibition...
J'étais juste sous un peuplier en train de me reposer et je pleurais. J'étais environ à mi-chemin entre la grange et la maison quand tout à coup, j'ai entendu un bruit semblable à celui que fait un tourbillon de vent : Whoooosssh, whoooosssh ...
Tout était tranquille, j'ai regardé autour de moi, pas une feuille ne bougeait. Et j'ai pensé : "D'où vient ce bruit ? Eh bien ! ça doit venir de plus loin". Je n'étais qu'un gamin. Mais cela devenait de plus en plus fort.
J'ai ramassé mes deux petits seaux en grognant encore et j'ai repris le sentier. Je ne m'étais éloigné que de quelques pas de dessous cet arbre lorsque j'ai entendu de nouveau le bruit du tourbillon.
Je me suis retourné pour regarder et, à mi-hauteur de cet arbre, j'ai vu un autre tourbillon qui faisait tournoyer et tournoyer encore les feuilles. Je n'ai rien trouvé d'étrange à cela, car c'est justement en automne que ces tourbillons se forment. J'ai regardé, mais cela ne s'en allait pas. Habituellement, c'est juste un souffle d'un instant puis cela s'en va ; mais ce tourbillon était là depuis déjà deux minutes ou plus.
J'ai repris de nouveau le chemin. Je me suis retourné pour regarder encore cela, et quand je l'ai fait, une Voix humaine aussi audible que la mienne a dit : "Ne bois jamais, ne fume ni ne souille ton corps d'aucune façon. Il y aura un travail pour toi quand tu seras plus âgé". Cela m'a donné une peur bleue ! Vous pouvez imaginer comment un petit garçon peut se sentir ! J'ai laissé tomber mes seaux et je suis revenu à la maison aussi vite que j'ai pu, criant de toutes mes forces.
Il y avait des serpents trigonocéphales dans ce pays, et ils étaient très venimeux. Ma mère a pensé que, en venant le long du jardin, j'avais peut-être posé le pied sur un trigonocéphale et elle a couru à ma rencontre. J'ai sauté dans ses bras, criant, l'étreignant et l'embrassant. Et elle m'a dit en m'examinant sur toutes les coutures : "Qu'y a-t-il? As-tu été mordu par un serpent ?"
"Non, maman ! Il y a un homme dans cet arbre là-bas !"
"Billy ! Billy ! Allons ! T'es-tu arrêté pour dormir ?"
"Non, maman ! Il y a un homme dans cet arbre là-bas et il m'a dit de ne pas boire et de ne pas fumer" .
Alors que je portais de l'eau à cet alambic, il m'avait dit : "Ne bois ni ne souille ton corps d'aucune façon". Pour autant que je sache, je n'ai jamais été coupable une seule fois d'une telle chose.
J'étais complètement hystérique. Maman a appelé le docteur et celui-ci a dit : "Eh bien, il est nerveux tout simplement" . Aussi elle m'a mis au lit. Depuis ce jour-là, je ne suis plus passé près de cet arbre car j'avais trop peur. Je passais de l'autre côté du jardin parce que je croyais qu'il y avait un homme dans le haut de cet arbre qui me parlait d'une voix grave.
Environ un mois après cela, je jouais aux billes dehors avec mes petits frères dans la cour de devant. Tout à coup un sentiment étrange est venu sur moi. Je me suis arrêté et me suis assis à côté d'un arbre. Nous étions juste sur la rive du fleuve Ohio. Et en regardant vers Jeffersonville, j'ai vu un pont s'élever et enjamber la rivière. Et sur ce pont, j'ai vu seize hommes (je les ai comptés) qui tombaient de là et perdaient la vie. J'ai couru très vite le dire à ma mère et elle a pensé encore que je m'étais endormi. Mais ils ont gardé cela à l'esprit et, vingt-deux ans plus tard, le pont municipal (que beaucoup d'entre vous traversez quand vous venez ici) enjambait la rivière au même endroit, et seize hommes ont perdu leur vie en construisant ce pont au-dessus de la rivière."
[ "Footprints", p. 23 à 25, d'après "My Life Story" le 6 avril 1959 à Los Angeles, Californie]
Une enfance pauvre
"Nous avions l'habitude d'aller tous ensemble à l'épicerie le samedi soir. Nous avions une vieille charrette ; papa mettait de la paille à l'arrière pour les petits, et lui et maman montaient à l'avant, conduisant une petite mule sur près de cinq kilomètres jusqu'à la ville. Papa gagnait environ soixante-quinze sous par jour et achetait tous les vivres pour une semaine. Quand il payait les factures d'épicerie, monsieur Grower, l'épicier, nous donnait un petit sac de bonbons à la menthe. Imaginez, peut-être six bonbons et huit petits Branham qui surveillaient ces bonbons alors qu'il fallait les partager en parties égales. Oh ! que c'était bon ! ... Et alors que tous mes frères mangeaient leur bonbon, moi, je faisais semblant de le manger et je l'enveloppais dans du papier pour le conserver dans mes poches jusqu'au lundi. Alors maman me disait : "William, va à la source chercher un seau d'eau" . Ce gros seau en bois de cèdre et cette louche pour puiser étaient pesants. Alors j'appelais mon frère Edward et lui proposais ceci : "Tu pourras lécher ce bonbon pendant que je compterai jusqu'à dix si tu vas me chercher ce seau d'eau". Je devais compter lentement et parfois recommencer si j'allais trop vite..."
["Footprints" p. 99 d'après "Life Story", 20 juillet 1951 à Toledo, Ohio]
"Tout l'argent qui restait après les achats à l'épicerie, mon père le buvait, et nous n'avions rien pour nous habiller et aller à l'école, pas de livres, pas de papier. J'avais un manteau que madame Wathen, une femme riche, m'avait donné... Je me souviens, j'étais resté tout un hiver sans chemise et le printemps était venu.
Alors qu'il commençait à faire chaud, l'institutrice, Madame Temple, m'a dit : "William, n'as-tu pas trop chaud avec ce manteau sur le dos ? Enlève donc cela".
Je ne pouvais pas l'enlever parce que j'étais torse nu en dessous. Aussi j'ai répondu : "Non, madame, j'ai froid" .
Elle répliqua : "Tu as froid par un jour pareil ?"
"Oui, madame". Alors elle m'a fait approcher du poêle, et la sueur me coulait sur la figure.
"As-tu encore froid ?" "Oui madame."
"Alors, tu ferais mieux de retourner à la maison, tu es malade." ... Je me demandais bien comment faire pour revenir à l'école, alors j'ai attendu un jour ou deux.
Il y avait une sœur de mon père qui vivait dans les collines proches. Elle avait pris l'habitude de venir chez nous, et elle avait une fille à peu près de mon âge. En voyant une robe qu'elle avait laissée, je me suis imaginé que je pouvais m'en faire une chemise. J'ai coupé la jupe, j'ai enfilé la blouse qui était pleine de volants et je suis parti pour l'école. Ils m'ont dit : "C'est une robe de fille !"
J'ai répondu : "C'est mon costume d'indien." Et les enfants se sont moqués de moi.
Je me souviens que pendant la première guerre mondiale, tous ceux qui étaient assez grands pour avoir un uniforme en avaient un, et je voulais tellement être soldat ! ... Il y avait à l'école un garçon dénommé Lloyd Ford qui avait un costume de scout. Je lui ai demandé : "Quandtu auras usé ton costume, me le donneras-tu ?"
Il a répondu : "Certainement". Eh bien, je n'ai jamais vu un habit durer aussi longtemps ! Finalement, après m'être aperçu qu'il ne le portait plus depuis quelque temps, je lui ai demandé : "Lloyd, et ce costume ?"
Il m'a appris que sa mère l'avait utilisé pour raccommoder les pantalons du père et qu'il ne restait plus qu'une jambière. Je l'ai prise et je l'ai portée comme si j'étais un vrai soldat. Pour avoir un bon prétexte de la porter à l'école, j'ai fait semblant de m'être blessé la jambe en jouant.
Un jour, j'ai dû aller au tableau noir. J'ai essayé de me tenir de façon à dissimuler ma jambe nue, mais les enfants se sont mis à rire, et moi à pleurer, et l'institutrice m'a renvoyé à la maison. Quelle lutte c'était pour moi en ce temps-là !
Je ne pouvais même pas prendre mon repas comme les autres. Mon frère et moi avions honte de manger devant les autres enfants parce qu'ils avaient des sandwichs, des gâteaux et des biscuits.
Et nous montions nous asseoir sur la colline proche de l'école, et nous mettions nos petites gamelles entre nous deux.
D'un côté nous avions un petit pot de mélasse et un pot de légumes verts, et de l'autre côté, un petit pot de fèves, un morceau de pain et une cuillère. Et nous mangions ensemble."
["Footprints", p. 99 à 103, d'après "Life Story", du 20 juillet 1951 à Toledo, Ohio]
Des pensées meurtrières
"Les garçons m'appelaient "le sauvage du Kentucky" parce que ma mère ressemblait beaucoup à une Indienne durant sa jeunesse et ils savaient qu'elle était à moitié Indienne. Deux garçons, parce qu'ils n'aimaient pas que je porte les livres d'une certaine fille, sont venus une fois vers moi et m'ont frappé tant qu'ils me laissèrent presque inconscient sur le sol...
Un jour, j'ai pris ma petite carabine 22 toute chargée et je me suis caché en bordure du chemin jusqu'à ce que passent ces cinq ou six gars...
J'ai bondi le fusil déjà armé : "Lequel de vous veut mourir le premier pour ne pas voir les autres mourir ensuite ? Ne criez pas, car vous allez tous mourir l'un après l'autre." Tandis qu'ils s'enfuyaient en hurlant, j'ai tiré, mais le coup n'a pas voulu partir. J'ai mis une autre cartouche, même chose ; j'ai chargé seize cartouches et aucune n'est partie.
Après qu'ils se furent tous enfuis, je suis resté là, tellement furieux que je riais comme un insensé, les larmes aux yeux. S'il n'y avait pas eu la grâce de Dieu, j'aurais été un meurtrier. J'ai remis ces cartouches dans ma carabine et "Pan, pan", elles sont toutes parfaitement parties ! Parlez-moi de la grâce !"
["Footprints" p. 106 d'après "Questions and Answers", le 30 août 1964 après-midi à Jeffersonville, Indiana]
Le prix de la mise à part
"A l'école j'avais fait la connaissance de jeunes filles. Vous savez, j'étais vraiment timide. Et finalement j'ai eu une petite amie comme tous les jeunes garçons de quinze ans. Oh ! elle était vraiment très jolie.
Avec un autre garçon, nous étions copains ; il a pris la voiture de son père, une vieille Ford modèle T, et nous avons eu rendez-vous avec nos amies. Nous nous sommes arrêtés à un endroit où nous pouvions acheter un sandwich au jambon pour cinq sous. J'étais riche, je pouvais en acheter quatre. Et après avoir mangé les sandwichs et bu le coca-cola, je suis allé rendre les bouteilles. Et à ma surprise, quand je suis revenu, - la femme commençait tout juste à perdre sa féminité à cette époque-là - ma petite colombe fumait une cigarette.
Quand j'ai vu cette jolie fille faire ainsi la libertine, la cigarette aux doigts, cela a failli me tuer, parce que je croyais l'aimer vraiment. J'ai pensé : "Pauvre petite" .
Et elle m'a dit : "Eh ! veux-tu une cigarette Billy ?". "Non, je ne fume pas".
"Alors tu ne danses pas, tu ne fumes pas ! Comment donc t'amuses-tu ?". J'ai répondu : "Eh bien ! j'aime la chasse et la pêche". Cela ne l'intéressait pas. Aussi elle m'a dit : "Prends cette cigarette". "Non, merci. Je ne fume pas".
J'étais assis sur le siège arrière, elle et moi. "Tu veux dire que tu ne veux pas fumer une cigarette ? Nous, les filles, nous avons plus de cran que vous !" J'ai dit : "Non, je n'en ai pas envie".
Elle m'a dit : "Quelle grosse poule mouillée !" Oh là là ! Je voulais être le gros méchant Bill et je ne voulais surtout pas être une poule mouillée ! Voyez-vous, je voulais être un boxeur professionnel, c'était mon idée de la vie.
Je ne pouvais accepter cela, aussi j'ai dit : "Donne! Je vais te montrer si je suis une poule mouillée". J'ai pris la cigarette et j'ai frotté l'allumette. Quand j'ai voulu allumer la cigarette, aussi déterminé à la fumer que je le suis à prendre cette Bible, j'ai entendu quelque chose faisant Whoooosssh ! J'ai encore essayé et je n'ai pas pu l'approcher de mes lèvres. Je me suis mis à pleurer et j'ai jeté la cigarette par terre. Ils se sont moqués moi. Je suis rentré à pied à la maison, à travers champs, et je me suis assis là en pleurant. C'était une vie terrible.
Un jour je me souviens, papa était allé à la rivière avec les garçons. Mon frère et moi devions prendre un canot et, montant et descendant la rivière, nous devions chercher des bouteilles pour y mettre du whisky. Nous en retirions cinq sous par douzaine ramassée le long de la rivière
Il y avait un arbre qui avait été renversé par le vent. Papa et Monsieur Dornbush se sont assis sur cet arbre. Papa a pris dans sa poche arrière une petite bouteille plate de whisky, la lui a tendue, et Monsieur Dornbush a bu un coup, et il l'a rendue à papa qui a bu à son tour.
Monsieur Dornbush avait un joli bateau, et je voulais gagner ses faveurs parce que je désirais utiliser ce bateau. Il avait un bon gouvernail et le mien n'en avait pas du tout. Nous avions juste de vieilles planches pour pagayer.
Monsieur Dornbush a pris la bouteille et m'a dit : "Tiens, Billy".
"Merci, je ne bois pas".
"Tu ne bois pas ?"
"Non, monsieur".
"Non" dit papa, "j'ai élevé une poule mouillée".
Mon papa m'appelant une poule mouillée ! J'ai dit : "Donnez-moi cette bouteille !" Et j'ai enlevé le bouchon, décidé à boire, et quand j'ai commencé à la lever, Whoooosssh ! Je lui ai rendu cette bouteille et suis parti en pleurant à travers champs, aussi vite que possible. Quelque chose ne voulait pas me laisser faire cela. Voyez-vous ? Je ne peux donc pas dire que j'étais bon - j'avais décidé de faire ces choses - mais c'est Dieu, sa grâce qui m'en a préservé."
[ Footprints", p. 26 à 29 d'après "My Life Story" le 6 avril 1959 à Los Angeles, Californie]