L’auteur rejoint l'équipe Branham
Chapitre 14
Il semble ici nécessaire, pour assurer la continuité du présent ouvrage, d'expliquer comment l'auteur en est arrivé à se joindre à l'équipe de frère Branham. Quelques années auparavant, nous avions fait la connaissance de frère Jack Moore (qui a écrit le chapitre précédent) en tenant des réunions de réveil pour son beau-père, le pasteur G. C. Lout, qui avait, à l'époque, une assemblée à Shreveport (Louisiane). À l'époque, nous avons acquis une très grande estime pour l'amitié de frère Moore. Au cours des années qui suivirent, l'entreprise de maîtrise d'œuvre en bâtiment de frère Moore se développa et devint l'une des plus importantes de sa région. Toutefois, malgré ce succès, il ne laissait pas son travail lui faire oublier le grand besoin spirituel qui régnait dans sa ville. (Pendant la grande crise économique de 1929, l'assemblée où il assistait au culte avait été privée de sa salle de réunions et les membres s'étalent dispersés.) Finalement il décida, avec ses associés, de fonder une œuvre indépendante dans la banlieue de la ville. Ils donnèrent à cette nouvelle assemblée le joli nom de «Life Tabernacle». Depuis lors, cette assemblée a énormément grandi, et récemment, le Life Tabernacle a fait construire une belle salle de réunions près du centre ville, salle qui fut consacrée par frère Branham.
Pendant ce temps, dans la ville d'Ashland (Oregon), je devins le pasteur d'une assemblée que nous avons eu le plaisir de voir grandir et devenir une église prospère. À l'époque des faits que nous allons raconter, nous étions en train de conduire une série de réunions de réveil avec l'évangéliste J. E. Stiles, au cours de laquelle une cinquantaine de personnes ont reçu le baptême du Saint-Esprit.
À ce moment-là, nous avions la nette impression - sans savoir comment cela se ferait - que Dieu allait bientôt révéler à l'église un nouveau ministère de puissance, qui manifesterait de puissants signes, des prodiges et des miracles. En fait, plusieurs années auparavant, Dieu nous avait montré par l'esprit de prophétie que cela allait arriver.
Il arriva donc, dans la providence de Dieu, qu'au moment où la série de réunions avec frère Stiles se terminait, le 24 mars 1947, nous reçûmes de frère Jack Moore une lettre dont voici les termes :
Cher frère Gordon,
Je sais que vous devez être surpris d'apprendre que je suis à Oakland, en Californie, mais voici ce qui est arrivé : Nous avons rencontré un frère du nom de Branham, de Jeffersonville (Indiana), un pasteur baptiste qui a reçu le baptême du Saint- Esprit, et qui prie pour les malades avec un succès d'une ampleur que je n'avais jamais vue auparavant. Nous avons eu une série de réunions absolument inouïes à Shreveport. C'est pourquoi frère Young Brown et moi l'avons accompagné ici pour répondre à des engagements qu'il avait pris. Nous n'avons pas trouvé de salles assez grandes, tant les auditeurs sont nombreux. Hier soir, lors de notre première réunion ici, la salle était déjà comble et il n'y avait plus de place, même pour rester debout. Nous resterons ici jusqu'au 25, puis nous irons à Sacramento pour trois soirs de réunions. Nous passerons donc plusieurs jours dans la région et je souhaite ardemment que vous y veniez pour voir ce que fait ce frère...
Avec toute ma considération,
Jack Moore
Nous lisons la lettre lentement, à plusieurs reprises, rempli d'un mélange d'émotions. Puis finalement, nous allons voir frère Stiles pour lui en faire la lecture. Son esprit témoigne avec nous sur cette question, et nous décidons tous deux de faire le voyage à Sacramento pour voir le ministère inhabituel de cet évangéliste au sujet duquel mon ami m'a écrit. Le lendemain, frère Jack Moore arrive par avion à Ashland pour nous rendre visite, et le jour suivant, nous partons tous en voiture pour Sacramento, à quelques 400 kilomètres d'Ashland. À notre arrivée, nous trouvons l'église où les réunions doivent avoir lieu déjà pleine de monde, alors qu'elle se trouve pourtant à la périphérie de la ville.
Assurément, la réunion à laquelle nous assistons ce soir-là est différente de tout ce que nous avons vu auparavant. Nous n'avions jamais connu de prédicateur qui invitait des sourds-muets et des aveugles à venir pour qu'il prie pour eux, et qu'on voie ensuite ces gens délivrés immédiatement. La dernière personne pour qui l'évangéliste prie ce soir-là est une petite enfant atteinte de strabisme. Je voyais la mère et la fille assises sur le côté, très inquiètes car il semblait que l'évangéliste n'arriverait jamais jusqu'à elles tellement il y avait de personnes pour qui prier. Le moment de la fin de la réunion arrive, alors qu'il reste encore beaucoup de personnes qui voudraient qu'il prie pour elles. L'évangéliste se prépare à partir ; il s'apprête à descendre les marches de l'estrade quand il se retourne et voit l'enfant. Tout de suite, il est pris de compassion pour elle. Il la prend, pose les mains sur ses yeux et fait une courte prière. Quand l'enfant regarde à nouveau, elle ne louche plus du tout !
Nous rencontrons William Branham
Le lendemain matin, nous avons le plaisir de rencontrer frère Branham. Ce que nous avons entendu et vu la veille au soir, ainsi que cette entrevue avec lui, nous ont convaincu qu'il y a là un homme qui, bien qu'étant humble et sans prétentions, est tout proche de Dieu et a reçu un ministère qui dépasse tout ce que nous avions jamais vu. Il y a là une foi simple qui a produit des résultats, et qui semble être ce que nous considérons depuis longtemps comme nécessaire pour produire le réveil que Dieu a prévu, nous en sommes sûr, d'envoyer avant la Venue de Christ.
En parlant avec le pasteur Branham, nous apprenons que frère Moore lui a déjà parlé de moi, et qu'il s'était réjoui de me rencontrer. C'est que frère Moore, ayant constaté la puissance exceptionnelle du ministère de cet évangéliste, voyait l'intérêt de faire bénéficier tout le peuple de Dieu de l'inspiration que représente un tel ministère. En effet, quand l'ange a donné sa mission à frère Branham, il lui a clairement dit que son ministère s'adressait à tout le monde. Comme nous avions des contacts dans les cercles les plus larges du Plein Évangile, frère Branham et frère Moore avaient pensé que je serais peut-être l'homme qui pourrait faire connaître l'évangéliste aux prédicateurs de ces groupes. Ainsi, frère Branham était tout de suite disposé à accepter notre invitation à venir dans le courant de l'automne faire une campagne chez nous en Oregon et dans les États voisins.
Nous rentrons à Ashland, convaincus que Dieu a conduit notre voyage, et que c'est là le ministère qui pourra toucher les foules. Nous commençons à penser à plusieurs petites campagnes que nous pourrions organiser pour frère Branham dans la région du Nord- Ouest.
Nous voulons cependant assister à d'autres réunions de frère Branham avant ces campagnes dans le Nord-Ouest. Notre assemblée nous autorise à assister à une campagne qui va avoir lieu à Tulsa (Oklahoma). Le consentement de l'assemblée est unanime, mais tous ont une attitude très solennelle ce matin-là, comme s'ils pressentaient que nous ne serons bientôt plus leur pasteur. En juin 1947, nous partons pour Shreveport (Louisiane). À notre arrivée, nous trouvons frère Moore prêt à partir, et avec plusieurs autres personnes, nous prenons la route vers le nord, pour Tulsa. Le soir, nous avons de nouveau l'occasion de voir le ministère de cet homme. La grande salle de réunions est comble, et de nombreux prodiges se produisent ce soir-là. Les personnes qui désirent qu'on prie pour elles sont tellement nombreuses que la réunion se prolonge jusqu'à deux heures du matin. D'ailleurs, c'est ainsi depuis un an. Quel dommage, pensons-nous, qu'alors qu'il y a des millions de malades, si peu de personnes maîtrisent réellement les démons et les maladies, et que ce pauvre frère soit obligé de s'épuiser physiquement en priant si longtemps pour les malades.
Jusqu'à présent, il n'y a eu que peu de campagnes unifiées du Plein Évangile. En effet, à cause de différences de doctrine et pour d'autres motifs, il y a de la méfiance entre les différents groupes. Pour que tous bénéficient de ces glorieuses réunions, il nous semble nécessaire que les campagnes soient organisées sur une base inter-évangélique et que tous les groupes participants consentent à ne pas engager le débat sur des points controversés, mais s'unissent dans un effort commun pour apporter ce message de délivrance à tout le monde. Une telle campagne est-elle envisageable ? À notre avis, oui. Frère Branham accueille cette idée avec enthousiasme : réunir les croyants, voilà le fardeau qui pèse sur son cœur depuis qu'il a reçu la visite de l'ange. Avant de quitter Tulsa, nous établissons un projet ferme pour une série de réunions dans l'Ouest à l'automne.
Deux mois plus tard, en nous rendant au Conseil général, à Grand Rapids (Michigan), nous faisons une halte à Calgary (Canada), où frère Branham tient une série de réunions de sept jours. Nous avons l'occasion de participer à la ligne de prière, ce qui nous permet de voir de près l'exercice du ministère de notre frère. Une fois, nous le voyons parler à un homme allongé sur une civière. Tout d'abord, l'homme ne donne aucun signe de réponse sensée. L'explication vient de son épouse, qui se tient à son côté : non seulement cet homme est en train de mourir du cancer, mais il est également sourd, et n'entend pas ce qu'on dit. Frère Branham dit alors qu'il faudra d'abord que l'homme retrouve l'ouïe, pour qu'il puisse ensuite lui donner des instructions pour la guérison de son cancer. Après un instant de prière, l'homme entend ! De grosses larmes coulent sur ses joues, alors que son visage était resté inexpressif et figé pendant toute la soirée. Très intéressé, il écoute frère Branham lui expliquer comment va se réaliser sa délivrance du cancer.
Une autre fois, c'est la guérison d'un enfant sourd- muet. Suite à la prière, il est évident que le garçon entend. L'expression de surprise qui apparaît sur son visage lorsqu'il entend ne laisse aucun doute quant au fait que l'esprit de surdité a été chassé. Le lendemain soir, je revois la mère, qui est toute heureuse de me dire que son garçon a déjà appris plusieurs mots. (Un article de journal consacré aux réunions de Calgary se trouve ailleurs dans ce livre.)
La raison pour laquelle Dieu a suscité William Branham
Nous quittons Calgary avec quelques autres amis qui nous accompagnent, et nous poursuivons notre route vers l'Est. Quelques jours plus tard, nous nous arrêtons à Oberlin (Ohio), où se trouve l'Oberlin Collège, une université fondée par Charles G. Finney. Ce grand homme de Dieu est enterré dans un cimetière non loin d'Oberlin. Il est mort il y a environ soixante- quinze ans, après un fructueux ministère qui a rarement été égalé dans l'histoire des missions. Aujourd'hui, Finney ne reconnaîtrait guère Oberlin. Certes, les splendides édifices du campus reflètent la prospérité matérielle, mais on n'y trouve plus guère de défenseurs de l'Évangile que Finney proclamait avec tant d'ardeur il y a deux générations. Les ravages du modernisme ont pris le dessus, avec un évangile social. Il n'y aurait pas de joie à Oberlin si Finney revenait et apportait ses percutantes prédications dans les salles de cette université désormais ultramoderne.
Nous réfléchissons à ce qui peut bien être la cause de ce contraste. Pourquoi, en l'espace de deux générations, un tel déclin s'est-il produit ? Nous repensons alors à l'époque de Josué : Israël avait servi l'Éternel pendant la vie de Josué, et encore pendant la vie des contemporains de Josué, de la génération de ceux «qui avaient vu toutes les grandes choses que l’eternel avait faites en faveur d’Israël... et il s’éleva après elle une autre génération, qui ne connaissait point l’Eternel, ni ce qu’il avait fait en faveur d’Israël. Les enfants d’Israël firent alors ce qui déplaît à l’Eternel, et ils servirent les baals.» (Juges 2 :7-11.)
Son ministère comparé à celui de Gédéon
Nous y voilà. Il est clair que la foi en Dieu ne peut pas se transmettre de génération en génération sans de nouvelles manifestations de la puissance de Dieu. La génération qui a succédé à Josué avait toujours des sacrificateurs, mais de toute évidence, ces derniers ne connaissaient rien de la puissance de Dieu. Le résultat principal du manque de puissance dans leur ministère était que «chacun faisait ce qui lui semblait bon». Mais à l'époque, comme maintenant, il y en a toujours qui, comme Gédéon, refusent l'explication avancée par le diable, selon laquelle l'époque des miracles est passée. Un ange lui est apparu et lui a dit : «L'Éternel est avec toi, vaillant héros !» Mais Gédéon répond : «Si l'Éternel est avec nous, pourquoi toutes ces choses nous sont-elles arrivées? Et où sont tous ces prodiges que nos pères nous racontent, quand ils disent : L'Éternel ne nous a-t-Il pas fait monter hors d'Egypte ?
Maintenant, l'Éternel nous abandonne, et II nous livre entre les mains de Madian !» (Juges 6.12-13.) Gédéon n'était pas comme les théologiens d'aujourd'hui, qui se satisfont parfaitement d'un évangile sans miracles, et qui expliquent habilement l'absence de miracles dans leur ministère en disant que «l'époque des miracles est passée», et que c'est maintenant la volonté de Dieu que les chrétiens soient opprimés par la maladie. Gédéon refusait de se leurrer. Il regardait la réalité en face. Si Dieu est avec nous, où sont donc les prodiges ? Il voulait savoir. Remarquez que l'ange ne lui a pas répondu : «Gédéon, tu es trop excité ; l'époque des miracles est passée.» Au contraire, il a honoré la foi de Gédéon en accomplissant un miracle sur place. Quand il toucha le sacrifice que Gédéon avait préparé, «il s'éleva du rocher un feu qui consuma la chair et les pains sans levain.»
L'ange dit à Gédéon : «Va avec cette force que tu as, et délivre Israël de la main de Madian ; n'est-ce pas moi qui t'envoie ?» Une fois que l'Esprit de Dieu était venu sur cet homme, ce n'était plus le même homme, et tout Israël allait bientôt assister à une prodigieuse délivrance, par la puissance du surnaturel.
Il est intéressant de remarquer que, bien que Gédéon croyait que si Dieu était réellement au milieu d'eux, alors l'époque des miracles n'était pas passée, il fut cependant surpris que l'ange l'envoie, lui, pour conduire Israël. Il n'envisageait pas que cela puisse être un choix sage : non seulement sa famille était pauvre, mais en plus, il était le plus petit dans la maison de son père. Cependant, que le premier soit le dernier et que le dernier soit le premier, voilà qui semble souvent être la façon de procéder de Dieu. Après que Dieu ait béni Gédéon en lui donnant la victoire, il est resté humble, et il a refusé la proposition qu'on lui faisait de dominer sur Israël. Il dit au peuple : «C'est l'Éternel qui dominera sur vous.» Il ramena l'harmonie entre ses frères jaloux, et le pays connut de longues années de paix et de calme.
La vie de William Branham ressemble beaucoup à celle de Gédéon. Tous les deux sont nés dans des familles très pauvres, et aucun des deux n'a eu l'ambition de devenir un grand homme. Ils ont tous les deux reçu une Visitation et une commission de l'ange de l'Éternel. Tous les deux croyaient que si Dieu était avec Son peuple, alors l'époque des miracles ne pouvait pas être passée. Les deux hommes ont été spécialement oints de l'Esprit. Les deux ont refusé de dominer sur l'héritage de Dieu, et les deux se sont attachés à apporter l'harmonie au sein du peuple de Dieu. Avec une toute petite troupe, Dieu a donné à Gédéon la victoire sur une grande armée d'ennemis. Dépourvu de l'appui d'une organisation humaine et doué de peu de qualifications naturelles, William Branham a obéi à l'appel à exercer le don que Dieu lui avait donné, et des foules se pressaient pour l'écouter, alors que beaucoup d'entre eux étaient délivrés des afflictions de l'ennemi. Gédéon a subi l'opposition de ses frères jaloux et des gens axés sur les choses charnelles. C'était aussi le cas de William Branham. Les deux hommes ont répondu avec patience à ceux qui disaient du mal d'eux, et Dieu les a tous les deux confirmés au moment qu'il avait choisi.
Le contexte de l'époque de Gédéon est également comparable à celui d'aujourd'hui. Il y a une génération, le mouvement du Plein Évangile a vu le jour, accompagné de nombreux prodiges et de miracles. Mais maintenant, une nouvelle génération s'est levée, et beaucoup de jeunes, même s'ils ont entendu parler des œuvres accomplies autrefois, n'ont jamais été témoins d'un miracle. Dans de nombreuses églises, on a eu tendance à chercher des substituts à la puissance de Dieu et à se limiter à un culte purement humain.
En rentrant dans l'Oregon, nous avons acquis une conviction très nette que la manifestation de la puissance de Dieu est la seule réponse à la question de savoir comment atteindre cette génération avec le message de l'Évangile dans le peu de temps qui nous reste avant le retour de Christ.